Des "cums" à l'écume
Vol bivouac dans l’atlasTexte et photos : Alexandre Jofresa, Martin Bonis et Fred Pieri Le projet était constitué de deux parties. |
Jojo, à la barre de notre Hobie Cat 20, pour le passage du cap Creus. Une très bonne allure pour ce premier jour de navigation, le deuxième sera même meilleur : 100 km dans la journée… Quatrième jour, la mise à l’eau est un peu plus délicate… Malgré des conditions excellentes, il y a ces vagues un peu grosses qui viennent s’écraser contre la plage ! Comment les franchir ? La plage d’Agadir ! Une petite photo de groupe, et hop c’est parti ! Direction les montagnes, il est temps de se déplier les ailes qui commencent à s’ankyloser dans les sacs ! Les 4 jours qui suivent sont pour nous involables : nous nous trouvons du « mauvais » côté de la chaîne, en face sud ; il faudrait être en face nord, car un vent de nord-ouest souffle en altitude. Alors, on marche, on marche, dans les paysages secs, et on profite de la rosée sur la tente pour se laver un peu le visage… Nous faisons de belles rencontres. Cette nuit, nous serons invités dans une maison plus que typique, et nourris avec un bon repas qui nous permettra de prendre des forces, car demain on bascule de l’autre côté de la chaîne ! Ce matin départ à 5 h. Il est midi et nous montons toujours… Quand nous arrivons enfin sur la crête, il est plus de 17 h ! Le vent semble bon… vole-t-on tout de suite, ou bien mise-t-on sur les thermiques¹ de demain en dormant ici ? Puis le soleil disparaît emportant avec lui les derniers thermiques. Nous posons de façon à être placés au mieux pour redécoller le lendemain. Moment tactique du soir : le choix de la route. Voler, c’est tout simplement la chose qui nous obsède ! Toutes les options tactiques sont prises avec le vol comme paramètre principal et prioritaire. C’est le principe du vol bivouac : survoler de beaux paysages, imaginer l’aérologie et jouer avec elle pour aller le plus loin possible ! Il faut parfois jouer avec les nuages, un petit slalom entre les cumulus ! Pas toujours évident de voler groupés… En même temps, la répartition de notre matériel nous interdit de nous séparer… Alors nous communiquons énormément en radio, et nous nous surveillons mutuellement en permanence. Le parapente est, par la curiosité qu’il suscite, un fabuleux vecteur d’échange. Les accueils sont toujours magiques quand on pose près d’un village. Cette fois-là, tous les enfants s'étaient réunis entre le moment où le premier d’entre nous a atterri et où le troisième arrivé ! Une des belles soirées avec les locaux très accueillants. À chaque fois que l’on s’approche d’un village (et d’autant plus en parapente), se lève une vague de curiosité immédiatement suivie par un tsunami de générosité ! Partout on nous invite à boire du thé, manger des biscuits, et souvent le célèbre tajine !! Merci ! C’est le matin les gars ! Dans le gaz ? Allez gaz !!! Survol d’une magnifique cascade ! Non elle n’est pas dans le brouillard, c’est le pilote qui est au plaf² !! Et parfois, lorsque l’on ne vole pas, place au gonflage ! Du jeu avec la voile dans le vent, les pieds au sol. Et sur cette photo, un peu de barefoot³ sur la neige fondante. Au moment de décoller, toujours cette question : où serons-nous ce soir ?! Peut-être à 100 km de là, ou tout simplement au fond de la vallée ! Nous partons tous les jours en connaissant notre direction mais pas l’avancement ! Le soir venu, nous parlons de la journée pour la savourer encore, ou au contraire pour en tirer des conclusions et poursuivre notre amélioration, en vue de lendemains plus efficaces. Puis nous nous endormons souvent en même temps que le soleil, moment où la beauté du paysage contraste énormément avec l'odeur dans la tente ! Des paysages secs sur les crêtes, et verts en fond de vallée près des ruisseaux. Quel accueil au réveil ! Un des plus chaleureux. Des hommes du village voisin nous apportent de l’huile et du pain pour le petit déj ! Un paysage où le vent a l’habitude de souffler apparemment ! Jojo en approche piste 4 ! Petit parapente au milieu de grosses montagnes !
Fred25 ans, origine pyrénéenne (face sud ! j’insiste:-)), habite maintenant à Gourdon (06), concepteur/testeur chez Ozone. Il n’aime pas le fromage, et adore le chocolat et les plafs stratosphériques ! Sa préoccupation en vol bivouac, la météo et les stocks de bouffe ! Jojo25 ans, made in Haute Savoie. Compétiteur en coupe du monde. Ferblantier/couvreur. Souvent derrière l’appareil photo, il est le dernier à poser ! C’est notre 4x4 en l’air, toutes les conditions lui vont bien ! Martin25 ans, pyrénéen face sud aussi ! Compétiteur en coupe du monde. Moniteur de ski l’hiver, moniteur de parapente l’été, charpentier entre les deux ! Le premier en haut à chaque fois que l’on marche ! Il aime les grandes faces caillouteuses, les thermiques forts et tirer la langue sur les photos ! Petit Lexique : ¹ Thermique : en fait courant thermique ; l’air chauffé par le soleil s’élève dans le ciel sous forme de bulle ou de colonne. Les parapentistes les traquent pour pouvoir, en restant dedans un maximum, regagner de l’altitude. Le fait de faire des ronds dans le ciel pour rester dans une ascendance s’appelle « enrouler » ! ² Plaf ou plafond : c’est l’altitude maximale à laquelle un aéronef non motorisé peut monter grâce aux ascendances. Souvent il correspond à la base des nuages. ³ Barefoot : Skier sans ski. Le parcours effectué en parapente dans l'Atlas. Les points indiquent l'emplacement des bivouacs. PartenairesSans eux il nous serait beaucoup plus difficile de partir ! Nous remercions donc Ozone, Sup’air, MSR, RAB, CJ Service. Nous remercions aussi tous ceux qui nous donnent des coups de main pendant la préparation (surtout pendant le rush final !!), à Marco pour les prévisions météo (par téléphone mobile, texto ou appel). MatérielDu light ! Oui mais tout est une question de compromis… Xrid'air Nos précédents vols bivouac
Des vols racontés dans, respectivement, CA n°8, 13, 19 et 23 ! |