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Kayak Groenland

(réalisé)
330 km de kayak de mer en autonomie complète et en solitaire sur la côte est du Groenland, dans la région de Kulusuk.
kayak de mer
Quand : 03/08/19
Durée : 14 jours
Distance globale : 313km
Dénivelées : +155m / -155m
Alti min/max : 0m/72m
Carnet publié par ASEMA le 26 févr. 2020
modifié le 27 févr. 2020
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Le topo (mise à jour : 26 févr. 2020)


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Le compte-rendu (mise à jour : 26 févr. 2020)

 
330 km en kayak au Groenland
  
Côte Est au départ de Kulusuk
Seul et en autonomie
 
 
Genèse du projet
 
Depuis toujours je suis passionné par l’aventure. J’ai commencé en pratiquant des raids multisports au 4 coins de la planète, plus extrêmes les uns que les autres. Puis je me suis tourné vers l’alpinisme où j’ai découvert une autre forme du dépassement de soi. J’ai toujours eu une attirance pour les régions polaires, mais ces contrées me paressaient inaccessibles. Jusqu’au jour où j’ai pris la décision de me lancer en kayak de mer dans un tour des îles Lofotens. Cette première aventure m’a permit de me roder avant d’entreprendre des aventures plus sérieuses. Etant le seul maitre de mes rêves, je me suis lancé dans la préparation de cette expédition au Groenland dès mon retour de Norvège, où l’envie de repartir était très forte. Je voulais explorer un lieu hors norme, peu visité et naviguer au milieu des icebergs, où l’on ne joue pas avec la nature, mais  où l’on compose avec ses humeurs, ses caprices pour obtenir en retour des sensations immenses.
Des contraintes professionnelles m’ont fait retarder mon voyage d’une année. Et puis début 2018, la date du départ a été fixée. Il me restait un an et demi pour me préparer au mieux physiquement et techniquement.
J’allais enfin pouvoir partir explorer une contrée dont j’ai beaucoup rêvé au fil de mes lectures.
 
Première étape : 25 km – 5h30
Ensoleillé, vent nul, 8°C, mer peu agitée.
 
Le jour du départ est enfin arrivé. 2 ans que j'attendais ce moment,  partir vers des horizons différents, défiants tous mes points de repère. Ou tous ne sont que des imaginations. En route pour un voyage avec plusieurs inconnues et des situations jamais vécus. D'abord avec les bagages supplémentaires, qui sont la plus grande inquiétude et la moins maîtrisable. Car je dois amener mon kayak, l’équipement de navigation et de bivouac, la nourriture pour 15 jours. Soit au total, 65 kg de bagages.
Je quitte enfin la chaleur du Sud pour rejoindre des températures plus convenable. Mais, il me faudra attendre encore de longues heures, un wagon non climatisé, une arrivée dans le hall de gare avec une chaleur étouffante. J'ai hâte d'arriver en Islande pour avoir des températures clémentes, arrivé à 2h du matin. Le départ pour le Groenland est prévu à 10h30 de l'aéroport local de Reykjavik pour enfin atteindre la ville de Kulusuk. Après une courte nuit passée à proximité de l'aéroport, j’apprends que mon vol aura une heure et demie de retard, encore une attente qui vient s'accumuler et toujours l'inquiétude de savoir si je vais pouvoir transporter  tous mes bagages sans problème . Après avoir déambuler en long en large dans les environs, fait le plein d'essence pour le réchaud. Je vais m'enregistrer pour ce dernier vol, et une grande surprise lorsque j'annonce mon bagage supplémentaire, l'hôtesse me fait un signe de la tête en me disant : « OK, no problems ». Maintenant, c’est parti, j’ai hâte de faire les premiers coups de pagaie.
Après deux heures de vol, j'aperçois par le hublot les premiers icebergs.
L'aéroport de Kulusuk est une simple piste en terre battue avec un petit aérogare. Ici pas de tapis roulant pour récupérer les valises, tout est posé sur un transpalette qui va déposer simplement les baguages à l’extérieur de l'aérogare. Je prends mes sacs et en route pour le bord de mer ou une piste m'y conduit. Il y a environ 2 km.
Je cherche un endroit correct pour essayer de monter le kayak, mais à ma triste surprise les environs sont extrêmement salle, bout de ferraille abandonné, morceaux de verre… Je me retrouve avec deux contraintes, avoir une mise à l’eau possible avec mon kayak mit sur chariot et une zone propre. Je trouve enfin un endroit pour me préparer.
2h plus tard, tout est prêt pour la première mise à l'eau. Le temps est idéal pas un souffle d'air, le soleil rayonne sans partage et une douce température de 8°C. Je me dirige vers l'ouest, je contourne une île et arrive ma première traversée de fjord, ce sera une des plus grandes avec plus de 15km en pleine mer.
Je pagayais depuis 1h30 quand j'entends sur ma gauche un souffle! Je suppose très vite que ça doit être celui d'une baleine, immédiatement je regarde dans cette direction et à ma grande surprise je la vois sortir à une cinquantaine de mètres de moi. Je sors à la hâte mon appareil photo mais il est déjà trop tard elle a plongée. Quelques secondes plus tard là voilà qui ressort, cette fois je me dis je vais attendre le prochain retour pour enfin la voir et tu pourras la prendre en photo voir la filmer, mais rien. Puis quelques minutes plus tard de nouveau juste en face de moi là voilà qui ressort ou peut-être une autre? le spectacle est saisissant, je comprends qu’il y en a plusieurs sur les côtés devant à droite à gauche, il doit y en avoir 5 ou 6. Le spectacle en aussi impressionnant que stressant car si l'une d'elles venait à me renverser la situation pourrait être critique. Car je suis à plusieurs km de la côte et l'eau avoisine les 0°C. J’entends comme des cries aigus, c’est surement le chant des baleines qui communique entre elles. J’ai l’impression d’être entre réalité et fiction. Quelles étranges sensations que de vivre, de voir et d’entendre des choses que je ne connaissaient qu’au travers des reportages ou des livres.
Voilà déjà 5h que je pagaie je commence à avoir les bras lourd je cherche en vain, une plage pour débarquer, mais toutes les côtes sont des falaises, impossible d'accoster alors je continue en me disant que je vais bien trouver un endroit plus loin, mais  dans combien de temps ? Puis, j'arrive à l’embouchure d’une baie au fond de laquelle le débarquement semble possible. J'ai une autre contrainte, il me faut de l'eau pour pouvoir manger mon repas lyophilisé  ce soir. Tout est réuni, même si l’accostage semble compliqué, je m’en accommoderai. Ce qui se confirme, les vagues accentuent la difficulté et je dois sortir le bateau de l'eau, le hisser à plusieurs mètres de haut. Car avec les icebergs à quelques mètres. Il se pourrait qu'en se brisant, ils fassent une vague qui vienne emporter toutes mes affaires et me contraindrai à l’abandon dès le premier jour ! Après mes 25 km et mes 5 heures de navigation, j'en ai plein les bras et la tâche est difficile et je me refroidis très vite car, sous ma combinaison étanche je ne me suis pas rendu compte de l’effet de la condensation immédiatement, mais je suis entièrement mouillé ? A un tel point que j’ai cru qu’elle était percée. Pour l’avenir je vais devoir surveiller mon rythme pour ne pas transpirer.
Mon premier bivouac n'est pas vraiment idéal je suis sur un terrain en pente juste à côté d'une cascade. Le lieu est très bruyant.
En voulant sortir mon kayak de l'eau pour le mettre plus haut, une vague vient me submerger jusqu'aux genoux. Je me retrouve avec plus qu’une tenue sèche. J’espère pouvoir faire sécher demain.
Le début est intense, il falloir être très prudent pour la suite et faire attention de bien gérer la fatigue pour rester lucide et pouvoir faire front aux imprévus.
En pleine nuit, j'entends un énorme craquement,  je reconnais le bruit typique de la glace qui vie. Un craquement encore plus fort que les autres me fait bondir de ma tente. Un des trois iceberg de la taille d'une énorme maison, vient de se briser puis tourne sur lui-même en soulevant une grandes masse d'eau. Heureusement, mon kayak ne crains rien, sur son abri plus de 20 mètres au-dessus du niveau de l'eau. La première journée a été très riche en émotions, mais, c'est ce que je suis venu chercher!
 
 
Deuxième étape : 40 km - 8h
Nuages éparses, vent faible, 5°C, mer agitée.
 
Après cette première nuit interrompue à plusieurs reprises . Je suis définitivement réveillé à 5h du matin et décide de partir au plus vite car la marée basse me libère une zone dégagée pour embarquer, la tâche sera nettement plus facile que le débarquement de la veille. Me voilà donc sur l'eau à 6h pour une étape que je vais faire en trois sessions de 15 km chacune .
La sortie de la baie m'accueille avec une forte houle et des courants, pas très rassurant pour la suite.
J'arrive enfin dans le fjord de Sermilik,  je suis saisie par l'immensité des icebergs hauts de plusieurs dizaines de mètres!
En fin de matinée, arrive ma première pose, je vais pouvoir tous faire sécher et me restaurer.
Pour ma dernière session, la traversée du fjord s'annonce longue environ 8km au milieu des icebergs. Il va falloir vigilant car ils sont énormes, plusieurs centaines de mètres pour certains. L'un d'eux vient de libérer un gros bloc de glace qui forme immédiatement une grosse vague. Je mets mon kayak aussitôt face à cette dernière. Puis quelques secondes après cet événement à une vingtaine de mètres de moi le souffle d'une baleine qui  plonge. Je sors immédiatement mon appareil photo, attend, mais rien. Elle ressortira à une centaine de mètres. Je me croirais dans un reportage de Discovery Chanel!
Cette fin de journée, je passe plus d'une heure à trouver un endroit pour débarquer avec mon kayak. Il faut dire que j'ai des contraintes il me faut un lieu où je peux le faire rouler et peux le monter suffisamment haut pour éviter une éventuelle vague ou simplement la montée des eaux dû aux marées.
Lorsque je trouve une petite plage je tire mon kayak laborieusement, il y a beaucoup de rochers qui empêches mon chariot de rouler correctement.
Enfin, je suis récompensé car je trouve un bivouac sur le haut d'un rocher qui surplomb toute le fjord. Je vais pouvoir dormir au sec et au calme.
 
 
Troisième étape : 35 km - 9h
Ciel couvert, puis ensoleillé, vent nul, 4°C, mer calme.
 
Départ à 7h du matin pendant la nuit la mer s'est retiré, je vais devoir tirer mon kayak sur une cinquantaine de mètres. Chargé, il est beaucoup trop lourd pour être tracté. Je dois faire plusieurs aller-retour pour transporter mon chargement et le charger au bord de l'eau.
Je me dirige en direction du fond du fjord John Petersen. Où je projet d'aller voir un glacier qui arrive directement dans la mer.
Plus j'approche, plus je me rends compte que de petits blocs sont de plus en plus dense. Je décide donc de m'arrêter sur une île au milieu du fjord. Je ferai le reste à pied. Je prends l'option de débarquer et de continuer la traversée cette île à pied.
Je me dirige en marchant a vu en direction du glacier ou s'enchaîne une succession de colline qui ne finiront jamais. Après chacune d'elles, il y en a une autre, puis, le spectacle est grandiose, le glacier et enfin là.
La vue du sommet est absolument à couper le souffle.
Je reprends mon kayak en direction du fjord de Sermilik. Je croise un iceberg avec une arche et un bassin à l'intérieur. L’envie de passer dessous est grande…, mais il y a des interdits qui sont importants de respecter surtout lorsque l’on évolue en solitaire. Je fais une vidéo avec mon drone pour voir l'ensemble vue du ciel.
Sur la carte, il y a un petit chenal dérobé. Il peut se franchir uniquement à marée haute. Plus j'avance, plus cela me semble compliqué quand tout à coup j'aperçois un minuscule passage, environ 2 mètres de large. J'ai même la chance de trouver de l'autre côté une petite plage sur laquelle je vais pouvoir débarquer et passé la nuit. Il y a un bruit ininterrompu d'icebergs qui craquent. Après avoir monté la tente,  je gravi une colline d'où la vue sur le fjord et ses icebergs est magnifique. Je prends aussi conscience de l'immensité des lieux. Je peux même voir la traversée qui m'attend pour demain matin. Je me demande bien comment je vais pouvoir faire avec tous ces blocs poussés par le vent et qui viennent bloquer la baie ou je suis.
Après cette journée, malgré la lumière persistante du soleil qui ne se couche qu'une heure par jour et le bruit incessant des icebergs,  je m'endors aussitôt après avoir mangé mon lyophilisé.
 
 
Quatrième étape : 30 km - 7h
Ensoleillé vent en fin de vent journée,  5°C, mer calme puis agitée.
 
Ce matin, le soleil brille à travers quelques nuages éparses. Les icebergs gros comme des immeubles dépassés de l'épaisse couche de brume qui est posée sur la mer.
Un peu de bricolage avant de repartir. Le palonnier qui me permet d'actionner le gouvernail c'est cassée. J'en profite aussi pour optimiser la fixation qui tient mon appareil photo sur mon gilet de sauvetage.
Je quitte la baie et j'arrive très vite face à un obstacle composé de nombreux icebergs qui me barre le passage. Je ne vois pas comment faire pour me frayer un chemin. C'est gigantesque, tout semble calme et immobile mais c'est tout le contraire. La glace craque en permanence comme le bruit du tonnerre sans discontinuer. Je vois des blocs tomber en permanence. Sur la droite, je vois un passage large de 4 à 5 mètres et bordé de murs d’une vingtaine de mètres. Je m'y engouffre aussitôt sans m’y attarder. Après quelques centaines de mètres le chenal s'élargit la densité des icebergs diminue. Je continue m'a traversé en longeant des icebergs de la longueur d’un terrain de foot, ce sont des dimensions totalement hors norme. Je n'avais jamais vu pareil un spectacle. Au bout de deux heures, je commence à apercevoir les petites maisons du village de Tiniteqilâq. Non loin du port un endroit propice au débarquement me permet de faire une pause restauration et visite de ce village inuit. On se demande, quelle activité peut il y avoir. On trouve une école, une supérette, un bureau de poste, l'équivalent d'une mairie. Pour venir ici, il n'y a pas de route, l'accès se fait par bateau ou hélicoptère. Une seule rue principale et des chemins qui vont d'une maison et l'autre. Les maisons et leur accès sont sur pilotis. A l'extrémité sur trouve l'héliport et en bord de mer à l'opposé le port avec quelques petits bateaux qui servent essentiellement pour la pêche. Dans le village, je croise quelques habitants, mais, impossible d'échanger tous parle uniquement la langue Inuit et en anglais mise à part « hello », il n'y a pas d'autre échange possible. Je constate qu'il est possible de communiquer avec le monde extérieur, j'en profite pour donner quelques nouvelles à ma famille.
Je repars en direction du passage que j'ai longtemps étudié sur la carte. Je le connais parfaitement, mais uniquement sur la carte. Il ressemble à une botte. Je sais que ce sera long. Je prévois 4 heures pour faire la vingtaine de kilomètres. Un banc de phoques vient s'amuser à quelques mètres du kayak comme si, ils me souhaitaient la bienvenue. J'ai le vent dans le dos et j'avance à un bon rythme puis le fjord fait un virage à 90° à l’Est et là ! tout prends une autre dimension. La fin est très loin, une ligne droite de 20km et maintenant j'ai le vent de face. Ma vitesse chute considérablement. Je vais devoir revoir mon étape et prévoir un bivouac beaucoup plus tôt si je ne veux pas être épuisé pour la suite . Je repère un lieu sur l'autre rive à 3 km. Il me faudra 1h pour m'y rendre tellement le conditions sont difficiles.
Une fois arrivé sur la plage, je constate d'une part, rien n'est plat et d'autres part ce ne sont que des tourbières. Je réussi à trouver une petite zone sèche pour mettre ma tente et passer la nuit.
C'est avec beaucoup de déception que je constate toute la pollution de cette plage, canettes, sac en plastique je me dis qu'elle doit être un lieu de bivouac fréquenter et suis surpris de voir l'état d'esprit des gens.
Le vent souffle fort. J'avale mon repas lyophilisé regroupe toutes mes affaires et me réfugie dans la tente en espérant qu'Éole va cesser pendant la nuit, car à ce rythme. Je vais commencer à prendre du retard sur le programme que j'avais prévu. Dans tous les cas j'essaierai d'avancer un maximum, si il souffle trop, je ferai plus de poses pour récupérer.
 
 
Cinquième étape : 30 km - 6h
Nuageux, vent nul puis modéré, 4°C, mer agitée.
 
Au réveil tout est calme, le fjord est comme un miroir. Je plie mes affaires et reprend mon kayak, les premiers coups de pagaie sont un pur plaisir, mais rapidement au bout d'une trentaine de minutes, le vent se lève. La navigation devient moins agréable mais il faut en finir avec ce fjord. Il faut aller jusqu'au bout où j'espère pouvoir faire une pause pour déjeuner, mais rien n'est sûr. Les rives ne sont que des falaises et des gros rochers. Plus j'approche de l'embouchure plus les vagues sont grosses et le vent se renforce. Encore un dernier effort puis je changerai de cap. Je serai peut-être poussé.  A la sortie du fjord, tout s'élargit, c'est immense,  je dois trouver ma route pour la suite mais il est difficile d'avoir  des repères.  Je change de cap, 90° Nord et j'ai le vent dans le dos. J'ai l'impression d'aller vite le compteur GPS indique 7km/h contre 3 il y a quelques minutes. J'ai besoin de m'arrêter pour me restaurer et me dégourdir les jambes. Je trouve une petite baie à l'abri du vent. Mais, impossible de sortir le kayak de l'eau. Je le tiens par un boute car il n'y a rien pour amarrer.  La pose sera courte. Je repars donc pour au moins 2h car il me faut faire une traversée pour rejoindre une baie ou j’ai prévu de débarquer pour passer la nuit. La traversée est agrémentée par les souffles des baleines qui sont dans les environs.
Voilà maintenant 6h que je pagaie quasiment sans m'arrêter et arrive enfin au point de mon bivouac attendu. Je trouve de grandes dalles qui arrives dans l'eau c'est l'idéal pour débarquer et faire rouler le kayak jusqu'à un point sûre hors de portée des vagues. Je débarque, installe mon campement à proximité du bateau peu de marche à faire pour une fois. Mais, en m'approchant de ces grande dalles je m'aperçois qu'elles n'avance que d'un mettre dans l'eau puis descendes brusquement. Donc je suis contraint de partir à marée haute soit à 2h du matin au plus tard. Dans la baie, je vois le souffle des baleines, mais il est  difficile de les prendre en photo elles sont un peu loin et le ciel est très couvert.
Je passe ma soirée et m'endors avec elles !
 
 
Sixième étape : 30 km - 6h
Très nuageux froid et humide, vent faible, 3°C, mer calme.
 
Comme prévu je mets le réveil à 1h30. Mais 1h25 je suis réveillé par le souffle d'une baleine venu dans la baie ou se trouve mon campement. Lorsque je sors de la tente, c'est la pénombre. Je ne la distingue pas tout de suite puis je la voir apparaître un nouveau une centaine de mètres puis souffle à nouveau. Je la vois en train de s'éloigner en direction de mon itinéraire. Je vais aller déjeuner préparé mes affaires et embarquer. Je commence un naviguer avec la frontale car il ne fait pas suffisamment jour pour distinguées les détails. Je traverse la baie avec une petite appréhension de voir une baleine à côté et me renversé. Le fjord est tout droit et ne demande pas d'orientation précise. Mon objectif est une petite cabane bleu qui se trouve à environ 12 kilomètres d'ici sois un peu plus de deux heures. Le ciel est gris, c'est austère. Le fjord fini par s'élargir et tout devient plus calme le vent est tombé, il n'y a plus un souffle, un iceberg se promène au milieu. Tout est complètement calme quand soudain le souffle d'une baleine vient rompre ce silence un instant magique elle est entre l'iceberg et moi je saisi mon appareil photo et essaie d'immortaliser le moment avec une petite séquence vidéo. J'arrive enfin à la cabane bleu une petite maison de pêcheur sur le bord, un bel endroit mais très austère à cause du ciel gris et bas. Il fait très froid la fatigue se fait ressentir je me change rapidement et  me prépare un bon repas chaud. Après 4 heures de repos je repars pour mon étape finale. En chemin je passe devant une ancienne base militaire de l'US air force. Il y a de vieux bidons rouillés sur le sol par centaines l'endroit a été totalement abandonné. Je décide de faire une petite pause pour visiter les lieux intéressant mais pas très jolie. La suite de mon parcours se fera la première moitié vent de face et pour terminer le vent dans le dos . J'arrive sur une plage ou le débarquement est aisé mais, le soleil va vite passer derrière la montagne. Je vais passer la soirée à l'ombre. L'humidité commence à arriver le froid commence à être saisissant.
 
 
Septième étape : 33 km - 7h
Ensoleillé, vent faible puis nul, 2°C, mer calme.
 
Ce matin le temps est dégagé, mais toujours très humide la tente est totalement mouillé, je suis contraint de la plie ainsi, et j'espère pouvoir la faire sécher ce soir. Le départ est glacial mais je suis optimiste pour le reste de la journée car le ciel est bien dégagé. Il va y  avoir un peu de navigation à l'ombre puis le soleil fera son apparition. J'attends avec impatience ce moment. Lorsque j'avance en direction du glacier. Effectivement, il doit faire très froid l'eau commence à cristalliser autour des petits blocs de glace. Ce phénomène s'explique avec la fonte de ces blocs qui est de l'eau douce, et cette dernière gèle à 0°C alors que l'eau de mer gèle à -2°C. Il s'agit d'une fine pellicule que j'arrive à casser avec le kayak et la pagaie. Le glacier a énormément reculé il s’est retirer de 10 km par rapport à l'emplacement indiqué sur la carte qui date de 2003. Je vais essayer de me rapprocher au maximum mais je ne suis pas sûr de vouloir aller jusqu'au bout c'est vraiment beaucoup trop loin et je n'aurais pas grand-chose de plus. Sur ma droite un magnifique glacier arrivé directement dans la mer. C'est ce que je suis venu voir. Je vais me diriger dans cette direction, et espère pouvoir trouver un endroit assez facile pour débarquer. Lorsque j'arrive sur les lieux que des falaises rien, ça va être compliqué. Puis en m'approchant, j'aperçois une petit plateforme du dizaine de mètres carrés qui arrive à fleur d'eau. C'est idéal, et confirmé en regardant les horaires des marées,  il me reste encore deux heures de marée descendante  ce qui va me laisser 4 heures pour faire une pause. Je mets mon kayak sur la plateforme et je vais m’installer sur les rochers quelques mètres plus haut. La mer va descendre pendant 2h puis remonter. Je n'aurais plus qu'à embarquer. Par contre , la contrainte est que je vais devoir rester vigilant et ne pas m’éloigné. Le glacier à proximité avance continuellement en déversant des blocs de glace. A chaque fois qu'il tombe dans l'eau raz de marée ce forme. Voilà 5 minutes que je suis arrivée et un énorme bloc vient de se détacher. Je me précipite pour tenir le kayak et éviter qu'il se fasse emporter. Avec la marée ce phénomène va s'atténuer de plus en plus puisque ma plateforme sera de plus en plus hautes par rapport au niveau de l'eau. Je vais pouvoir m'installer tranquillement et commencer mon déjeuner. L'endroit est parfait pour observer le glacier et pour prendre un petit peu de repos. Le temps est magnifique, je profite pleinement des lieux. Vers 11h je reprends mon chemin, il fait chaud sous la combinaison en Gore tex, très vite je commence à transpirer, je pagaie moins vite mais rien à faire. Je décide donc exceptionnellement de quitter le haut. Je peux enfin respiré et augmenter la cadence. Mais dès l’arrivée à la confluence des deux fjords, je dois faire face à un vent catabatique qui arrive du glacier. Plus de possibilité de remettre ma combinaison, malgré le soleil le froid est saisissant et me refroidit très vite. De l’autre côté du fjord j’aperçois une zone propice au débarquement. Mais ici il faut pas oublie que les distance son plus longues qu’elles ne paressent. Il me faudra presque une heure pour venir à bout de cette traversée. Je finirais mon étape transit de froid et une bonne leçon pour l’avenir, toujours être vigilant sur la suite du parcours quand l’on se découvre.
Dès mon arrivée, je monte la tente pour la faire sécher avec les derniers rayons du soleil et passez une bonne nuit au sec. Ce soir le bivouac est 4étoile avec vu imprenable sur le glacier.
J'entends le glacier qui ne cesse de craquer et déverser ces morceaux de glace plus ou moins gros dans le mer.

 
Huitième étape : 33 km - 7h
Ensoleillé puis brumeux, vent soutenu, -1°C, mer agité.
 
Il est 2h30 du matin quand j'entends un animal roder autour de ma tente. Je sors immédiatement et j'aperçois un renard polaire qui m'avait déjà maraudé une basket avec laquelle il était en train de s'amuser. Ma nuit s'arrêtera là. Je me prépare avec ma nouvelle compagnie, mets le kayak à l'eau et c'est partie pour au 3 heures de navigation.
Je passe à côté d'un iceberg d'un bleu magnifique et qui se déleste d'une partie sous mes yeux. Il apparaît alors un phénomène surprenant. Toutes les bulles d'air emprisonnées sous libérées avec la fonte le tout dans un immense bruit semblable à de l'huile qui frit dans une poêle. Je respire de l’air vieux de plusieurs millier d’année !
J'arrive au village de Sermiligâq où je fais une pose pour me restaurer et visiter les lieux.
Le temps se couvre, une grande traversée m'attend. Je me lance dans le brouillard et navigue en gardant mon cap 270°, c'est le même que celui de mes premiers coups de pagaies,  il indique le trajet du retour. Mais il me reste 90km à parcourir dans un dédale de fjord. Je traverse sans voir ou je vais autour de moi, tout est blanc. Suivant mes calculs dans 1 h je devrais revoir la côte. Puis tourner 90°au sud et longer pendant 8km pour arriver dans une baie ou je pourrais bivouaquer.
4h je plus tard, j’y suis, une plage de gros galets, pas idéal pour débarquer mais je vais m'en contenter.
Le baromètre chute depuis 24h, ce n'est pas bon signe et j'espère que les conditions ne vont pas trop se dégrader pour la fin du parcours.
 
 
Neuvième étape : 25 km  -  5h
Brouillard visibilité réduite bruine, vent faible, 4°C, mer peu agité.
 
Le baromètre descend toujours, pour la première fois j'ai du mal à me réchauffer dans la nuit il y a quelque chose de différent. Tout est mouillé tellement l’air est humide lorsque je sors de la tente la visibilité nuls. Le temps n’incite pas beaucoup au départ. Tout est entièrement mouillé. Je prends quand même le départ. La navigation n'ai pas compliqué pour cette première étape de la journée. Il me suffit de suivre la côte. Heureusement car la visibilité porte à quelque dizaines de mètres seulement. Je dois traverser un fjord d'environ 2km de large, je me lance totalement à l'aveugle. Autour de moi aucun repère rien, tout est gris. Je fais entièrement confiance à ma boussole et suis le cap 255° que j'ai défini. Avec toujours, l’inquiétude d'une dérive et de me retrouver complètement perdu. Quand soudain, la ligne d'horizon devient plus sombre, la rive est là! Il me reste plus qu'à me repérer précisément et continuer jusqu’à la prochaine traversée.  Par chance le brouillard ce dissipe en fin de journée ce qui me permettra de pouvoir faire facilement ma dernière traversée a vu et de pouvoir repérer un endroit pour débarquer et bivouaquer.
Ce soir -5° dehors et 1° dans la tente, tout est humide voir mouillés et impossible de faire sécher. J'avale mon repas lyophilisé et me couche en espérant une meilleure journée demain.
 
 
Dixième étape :  25 km - 5h30
Visibilité 50 à 100m puis dégagé et nuageux, vent fort l’après-midi, 1°C, mer calme puis très agitée.
 
Ce matin, pas de changement, tout sont mouillés. Rien n'est encourageant pour le départ,  mis à part le fait de rejoindre l'île de Kulusuk a temps pour mon retour. Le baromètre chute toujours. La visibilité est nul et je vais avoir 2 traversées de fjord et un itinéraire pas simple. Je sais qu'une fois éloigné de quelques mètres du rivage tout sera blanc. Je vais devoir me repérer avec le cap de ma boussole et estimer la distance au temps écoulé.  Cette navigation est très épuisante et stressant car le doute est constant, aucun repère visuel de déplacement. Par chance, quelques heures après mon départ, la visibilité augmente et le brouillard s'estompe. Enfin plus détendu,  je cherche un point pour débarqué et faire une pose de quelques heures pour déjeuner.
Je repart pour ma dernière section jusqu’à l'île de Kulusuk. Le vent est nul puis en débouchant dans le chenal qui m'amènera à la fin de mon étape. Je suis accueilli par un fort vent de face et une houle très formée avec 1m à 1,5m de creux. Je traverse puis longe la côte en espérant trouver une zone de débarquement, mais il y a que des falaises et des gros rochers. Au bout de 2h, je vois une plage de très gros galets.  Elle fera l'affaire même si le débarquement compliqué. De plus je vais devoir tire mon bateau sur plusieurs mètres pour cause de marée basse.
Je m'installe prend un repas, puis pour me détendre et changer d'horizon, je pars me balader sur un sommet voisin, d'où la vue est saisissante.


Onzième étape : 10 km - 2h
Ensoleillé, vent nul, 3°C, mer calme.
 
La nuit a été agitée,  vers 23h, un fort vent c'est levé,  je parviens à me rendormir. Puis, vers 4h le vent c'est arrêté, j'entends roder autour de la tente. Un renard polaire c'est invité, et cause quelques dégâts, un sac étanche percé, mon sac poubelle dispersé. Il est allé à l’intérieur du kayak et éventrant mon sac de déchets. Heureusement, il n’y a pas de dégâts sur le bateau.
En face de mon bivouac, ce trouve plusieurs icebergs que je décide d’aller voir pour faire quelques prises de vue. Je sors mon drone, car je me doute que ces trois blocs de glace ont une face cache vu du ciel. En effet, qu’elle surprise ! La vue est extraordinaire. Je les film sous tous leurs angles. Le spectacle est magique, comme si pour cette dernière journée j’avais droit au bouquet final. Au fil du temps, la lumière change, et m’offre des visions différentes. La pénombre de la nuit laisse place au soleil qui commence à tangenter l’horizon. Je profite de cette météo ensoleillée pour faire mes dernières prise de vues.
Puis direction une baie ou se trouve un petit glacier venant si déversé.  Au fil des coup de pagaies, je vois de plus en plus de petit blocs de glace, signe que le glacier vers lequel je me dirige est très actif. Le fjord se divise en deux, un coté qui finit par un glacier recouvert de moraine et qui n’arrive plus à la mer, l’autre côté est cachée par une colline.
Je choisi de m’engager en direction du premier fjord car l’expérience me fait dire que j’aurais plus de chance de trouver un endroit pour mon bivouac. La suite a confirmé mon intuition. Je m’arrête puis après avoir monté le campement, je me dirige vers le glacier du second fjord.  La découverte est magnifique! un mur de glace qui ne cesse de déverser des glaçons avec à chaque fois des bruits de craquement énormes. Je reste contemplatif, de ce spectacle qui m’est offert pour cette dernière journée.
 
 
Douzième étape :  6 km - 1h15
Ensoleillé pas de vent, 5°C, mer calme.
 
Je range mon campement et charge le kayak pour la dernière fois, tout est calme. Départ 4h30, je navigue face à la pleine lune en le bien éclairé. J'espère voir une dernière fois les baleines,  mais rien je pagaie et profite de ce dernier instant.
Au milieu du fjord je prends mon petit déjeuner.  Pour prolonger encore un peu le plaisir d’être ici. Puis, cap à l'est et direction le point de débarquement pour replier le kayak et rejoindre le petit aéroport de Kulusuk. Je profite du temps qu'il me reste avant le décollage pour faire une visite de Kulusuk,   ou je découvre sur le toute une activité.  En effet un pêcheur viens de ramener deux poissons qui sont en train d'être découpé. Une expédition se prépare pour une traversée du Groenland. Je regarde toute cette agitation puis déambule dans le village. Dans l'aérogare un guide qui m'avait repéré vient me demander qu'elle a été mon trip. Il parcours la région en kayak depuis 10 ans. Nous échangeons et me donnent d'autres idées de parcours avec de nouvelles zones à aller explorer dans des trips futur.
 
 
 
Épilogue :
 
Une expédition qui à été d’une très grande richesse aussi bien sur le plan des découvertes, essentiellement la faune marine que le plan de mon apprentissage.
Je suis venu voir et naviguer en kayak à travers les icebergs, et finalement j’ai vu beaucoup plus. Mes rencontres avec les baleine étaient totalement inespérées. Ce sont des moment magiques que de pouvoir pagayer à leurs côtés ! Ou de vivre avec ce contraste, ces iceberg qui semble inoffensif et sans danger et pourtant leur bruit nous rappels qu’il sont bien vivant.
On se rend compte à quel point nous somme petit et que tout peux très vite basculer. Il faut pas laisser de place au hasard, l’anticipation et la vigilance sont la clé.
 
 
 
 
 
Informations :
Date :
-      Du 4 aout 17 aout 2019
Vol :
-      Paris – Rekjavik – Kulusuk
Equipement :
-      Kayak Nautiraid – Grand Narak
-      Combinaison étanche Kokatak
-      Tente autoporté Salwa – 2p
-      Réchaud à essence MSR, 1,5l d’essence (utilisé 800ml)
-      Communication Garmin – Inreach mini
-      Image & vidéo Sony DSC90 ; Cyber shot 3 étanche ; drone Parrot Anafi

Commentaires
Rikou - 13 mai 2020
139 messages
Excellent ! Super trip et super retour. Merci du partage. Les photos, le texte, la vidéo. Tout me donne envie de vivre la même expérience.

Nuage - 05 oct. 2022
5 messages
Magnifique et inspirant !