A suivre sur: ultimaterra.com (n'existe plus...)
Voici les nouvelles envoyées par Christian Clot le 25 octobre 2006:
Bonjour à tous,
Le 25 octobre 2006, je quitte Punta Arenas pour la seconde partie de l'expédition Ultima Cordillera 2006 : La traversée de la partie inexplorée de la Cordillera Darwin, Terre de Feu chilienne. Une tentative que je ferai en solitaire -suite à l'impossibilité de venir de Karine Meuzard pour cause de grossesse- ce qui sera, au-delà de la découverte de la partie inexplorée, une première dans ces montagnes.
Il aura fallu de nombreuses démarches auprès des autorités chiliennes pour que ce départ puisse finalement voir le jour. Ces montagnes restent une zone officiellement interdite, et si obtenir un permis est déjà peu évident, pour une personne seule, cela devient une gageure. Entre les autorisations nécessaires des Limites et Frontières, du ministère des parcs naturels, de la capitainerie qui elle-même demande une lettre de l'armada et des forces aériennes, sans oublier l'autorisation de débarquement en mer et. Après avoir retardé le départ d'une semaine -ce qui m'a permis de nouveaux repérages- j'ai enfin obtenu le dernier tampon indispensable, après avoir tout de même du passer la licence de patron de mer (en version accélérée heureusement). juste pour conduire un Zodiac !
Car cette année, mon accès a changé ! D'un accès nord, je tente cette fois une entrée par le sud, ce qui m'empêche d'utiliser le bateau Cabotamar qui jusque-là nous emmenait sans histoire au fond d'un fjord. Cette année, je dois utiliser les services d'une ligne presque régulière entre Punta Arenas et Puerto Williams, par le canal de Beagle, qui ne peut ni n'a le temps d'entrer dans les fjords déposer des andinistes. Je me ferai donc débarquer de nuit au centre du canal Beagle, au niveau d'un fjord. Après m'être amarré au mieux sur la côte du Beagle pour le reste de la nuit, je m'enfoncerai jusqu'au fond de la Bahia Espana, celle-là même où, pour la première fois en 2002, nous avons découvert avec Karine Meuzard, à bord du voilier de Thierry Deroy, les glaciers de la Cordillera Darwin ! Une boucle qui se ferme....
Ensuite. ce sera les portages (je pars avec près de 120 kilos de matériel et nourriture) l'ouverture d'une route, le froid et la pluie, le soleil et les vents. Mais c'est une autre histoire.
Arrivé au Chili début octobre, j'ai rencontré à Santiago et Punta Arenas nos partenaires scientifiques de l'expédition, afin de compléter les données collectées en mars de cette année : A Santiago, au muséum d'Histoire Naturelle, trois spécialistes chiliens des plécoptères -ordre des insectes découverts dans les montagnes- particulièrement intéressés par nos échantillons et qui espèrent bien m'en voir ramener d'autres. A Punta Arenas, ce sont les scientifiques de la CEQUA (Centre d'Etude du Quaternaire) qui m'ont demandé des observations au niveau glaciologique et météorologique supplémentaires, afin de pouvoir mieux prévoir la mise en place d'études à long terme. Enfin, pour terminer avec cet aspect, j'ai aussi repris mes feuilles de tests physiologiques et psychologiques, afin d'être bien certain que je ne suis pas si fou que cela..
Si toutes ces études et compléments de connaissance concernant ces montagnes sont passionnants, le but de cette seconde partie reste avant tout une envie de découverte plus sensitive, plus intime avec ce milieu. En y vivant plusieurs semaines, augmenté des deux expériences vécues avec Karine Meuzard en 2004 (accompagnés de Raphaël Escoffier) et début 2006 (accompagnés des scientifiques Bernard Francou, José Araos et Marcelo Arévalo ainsi que Roland Théron) j'espère mieux comprendre l'incroyable attirance qu'ont exercé ces montagnes sur tous ceux les ayant approchées au fil des siècles. J'espère aussi, dans un certain sens, pouvoir me faire accepter d'elles. Car si je vais tenter cette première traversée du centre de la Cordillera Darwin, en solitaire, j'y vais aussi pour y vivre une expérience unique, pour apprendre à vivre dans un milieu de prime abord hostile mais particulièrement touchant. Et Jorge, le capitaine du Cabotamar me dit à chaque fois que je le vois, alors qu'!
il m'aide dans mes préparatifs : Cette fois, tu as intérêt à la trouver, notre citée perdue dont les légendes parlent.. Je ferai de mon mieux !
Avec le téléphone Iridium, je tenterai de donner des nouvelles, qui seront retranscrites sur le site d'Ultimaterra et newsletters. Je tiens cependant à rappeler à tout le monde (et bien-entendu plus particulièrement à mes proches) qu'un téléphone satellite reste tributaire de nombreux facteurs (passage des satellites, couverture nuageuse (sic), sans parler de l'électronique qui peut avoir un problème ou plus simplement du manque d'énergie.) et que nul n'est donc besoin de s'inquiéter en cas de silence, qui a bien plus de chance d'être un problème de communication qu'autre chose.
Mon retour est prévu pour la fin de l'année. En attendant, je vous souhaite à tous un excellent début de période hivernale. Moi au moins j'ai le plaisir d'aller vers l'été. Enfin quoi que.
De Punta Arenas,
Christian Clot