Le Verdon à vélo
Balade en familleTexte : Jean-Guillaume Clabaut Note : le témoignage de ces 2 familles concernant la partie logistique avec les enfants est publiée dans le grand dossier "Voyager avec ses enfants" de Carnets d'Aventures n°15 (voir le sommaire de ce numéro ; commander ce numéro) Voir aussi le hors-série Voyager à vélo #2 paru en mai 2009, dans lequel est publié, entre autres (!), un test de 7 remorques vélo enfants. Actu de fin 2009 : début janvier 2010, les familles Clabaud et Steiner vont s'élancer à 8 pour un grand voyage à vélo à travers l'Asie ! C'est en train qu'ils se rendront à Hanoi pour ensuite parcourir, au rythme de vie des 4 enfants, 5000 km à vélo au Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande. Le printemps invite au voyage !À Théoule-sur-mer, ce mois de mai 2007 annonce de toute évidence un nouvel été radieux sur la Côte d’Azur. Cela fait plusieurs semaines en effet que short, t-shirt et sandales sont de rigueur. Ça tombe bien car avec nos amis Chantal et Jacques, nous avons prévu de parcourir l’arrière-pays grassois, et notamment le canyon du Verdon, une semaine durant à vélo-bivouac. |
Les remorquesPour trimballer nos apprenti-baroudeuses, nous avons fait l’acquisition de 2 carrioles dont seules les couleurs sont différentes : rouge et noire pour Jeanne et jaune et bleue pour Cylia. Elles vont avoir fière allure dans leurs carrosses ces deux-là ! Cela dit, elles n’en sont pas à leur première sortie puisque Jeanne a étrenné la sienne autour du cap Corse et Cylia dans l’arrière-pays grassois ainsi qu’en Guadeloupe, mais c’est la première fois qu’elles se retrouveront côte à côte. Premiers tours de roue de 2 apprenti-baroudeusesLe jour du départ est arrivé, nous nous faisons déposer quelques kilomètres plus loin dans l’arrière-pays, du côté de Bargemon. Cette option a été choisie pour éviter de commencer le circuit par une portion trop circulante, et démarrer ainsi directement dans un cadre plus sauvage, histoire de se faire plaisir dès le début. Par contre, le retour se fera à la force du mollet jusqu’au pas de notre porte, c’est promis ! L’objectif est d’installer notre premier bivouac aux environs du village de Comps-sur-Artuby où l’on devrait pouvoir trouver de l’eau. Une fois nos réserves faites, nous nous installons peu après la sortie du village sur un promontoire en contrebas de la route. L’endroit est idéal : vue dégagée, vaste espace herbeux pour y planter nos tentes et laisser Jeanne et Cylia gambader en sécurité, et nous ne sommes, en plus, visibles ni du village, ni de la route, ce qui va nous permettre de faire un beau feu de camp. Le saut des grands sotsLe lendemain, nous nous retrouvons pour le petit-déjeuner sur la bâche étalée au sol. Nous avons emporté cette bâche en cas de pluie pour nous abriter, mais ce matin nous sommes convaincus qu’elle servira plutôt de nappe pour le reste du séjour… Ayant participé à son organisation, ça n’est plus une surprise pour moi et j’ai ce matin pour responsabilité de nous y faire arriver à 14h, heure de rdv pour ce saut initiatique. Ça y est, la descente est finie, nous arrivons à un croisement. Je sors de mes pensées et consulte la carte. Gloups… « Bon, alors, comment dire… Heu, les loulous, je crois que je me suis planté, désolé mais on a pris la mauvaise route ! » De retour sur le pont, nous retrouvons nos femmes et nos enfants en train de finir le goûter. Allez, tout le monde a eu sa dose d’émotions pour aujourd’hui, allons bivouaquer dans les environs ! Nous trouvons un endroit très agréable en nous enfonçant un peu dans le maquis. Quand la pluie s’y met...La nuit est agitée. Le temps a tourné et il se met à pleuvoir des cordes. C’est quand même un comble, cela faisait près d’un mois qu’il n’était pas tombé une goutte ! Au milieu de la nuit, Cylia se réveille et commence à gémir. Nous nous rendons compte que le haut de son matelas, qui est en contact avec la toile de tente, est mouillé. Cette tente que nous nous sommes fait prêter n’est apparemment pas parfaitement étanche. Nous décalons donc le petit matelas au milieu de la tente et le retournons afin que la partie humide ne soit plus au niveau de sa tête. Cylia sombre à nouveau dans les bras de Morphée, le visage détendu. Le bas de nos duvets ainsi que nos chaussures ont subi le même sort et sont également trempés… Pourvu qu’il s’arrête de pleuvoir demain pour faire sécher tout ça ! Cependant, lorsque nous décidons de nous arrêter pour la pause de midi, il se remet à pleuvoir. Nous nous abritons alors sous notre bâche tendue entre deux arbres… quel est l’imbécile qui a dit qu’elle ne servirait pas pour nous abriter de la pluie ? Et c’est bientôt un violent orage de grêle qui s’abat, nous imposant de prolonger la pause sous cet abri de fortune. Les filles sont sympas et restent tranquillement sur nos genoux ; c’est à croire qu’elles comprennent que ça n’est pas le moment d’aller gambader. Nous finissons par nous demander si nous n’allons pas devoir installer les tentes pour passer la fin de journée ici, car il est vraiment impossible de continuer à rouler sous une telle pluie ! Vers 4h de l’après-midi, elle s’arrête enfin et nous enfourchons à nouveau nos vélos avec grand plaisir. Une belle nouvelleLe lendemain le soleil est enfin au rdv, et nos affaires sont sèches ! Bizarrement Caro se sent fatiguée et demande à ce que l’on s’arrête dans une pharmacie tout en restant mystérieuse à propos de son problème de santé : étrange, ça ne lui ressemble pas… Mais rapidement une belle nouvelle va réchauffer nos cœurs ! Caro nous dévoile le motif de cet arrêt mystérieux à la pharmacie de Moustier Saint-Marie : un test de grossesse positif… Le petit Clément commence tout juste à prendre forme ! Nous quittons les vertigineuses falaises calcaires du Verdon au profit de grands champs fleuris. Ça sent bon le printemps, et on a plaisir à pique-niquer au milieu des coquelicots. De plus, la pluie et le froid semblent définitivement partis : le rêve ! 1ère bougie soufflée sur la route !Aujourd'hui est un grand jour pour Cylia puisqu'elle fête son premier anniversaire. 1 an, en virée sur la route avec sa copine, ça nous plaît bien, et à elle aussi visiblement ! Pour l'occasion, nous avons rendez-vous ce midi avec ses grands-parents, au restaurant d'un petit village sur notre trajet, et ça tombe vraiment bien vu l'orage qui nous arrive dessus ! Nous entamons alors un sprint avec les nuages. Ils seront les plus forts ! Nous arrivons à Mons après avoir essuyé une belle averse, trempés comme des soupes, accueillis par mes parents qui nous regardent arriver d'un œil amusé. Nous prenons possession du restaurant quasiment désert en cette période de l'année. La pluie ne s'arrête plus de tomber et nous avons l'impression d'être un après-midi d'automne. Nous nous voyons mal chercher un lieu de bivouac sous ce déluge, sachant que nous avons déjà testé les limites de l'étanchéité de notre tente. Les propriétaires du restaurant nous prêtent un annuaire téléphonique pour que l'on cherche un abri au sec pour passer la nuit. Mais en cette saison, rien n’est ouvert et nous commençons à désespérer ... Plongeon dans la Grande BleueLe lendemain est la dernière journée de cette belle randonnée. Cette ultime étape s'annonce sous de bons hospices : descente vers la mer sous le soleil ! Il s'agit également d'une étape chrono, car ce soir, nous avons organisé une surprise pour Caro et avons rendez-vous avec famille et amis pour fêter ses 30 ans. Fayence, Tourrettes, Callian, qu'ils sont beaux ces villages provençaux de l'est varois et qu'il est agréable de rouler sur les routes sinueuses qui les relient ! On a du mal à croire que l'on n'est qu'à quelques encablures de l'activité frénétique de la Côte d'Azur. Et quel bonheur que ce cerisier qui courbe généreusement ses branches au-dessus de la route, croulant sous de succulentes cerises ! Nous ne résisterons que quelques secondes. Hop ! Courte échelle, et les bouches se remplissent de ces fruits délicieux. Après avoir fait un peu de tout terrain avec les carrioles en empruntant une piste défoncée, nous nous arrêtons au bord du lac de Saint-Cassien pour la pause de midi. Nous observons les pêcheurs qui ont installé de véritables campements, prêts à patienter de longues journées pour attraper leurs trophées. Il est vrai que les carpes peuvent atteindre 30 kg dans ce lac. En descendant les dernières pentes de l'Estérel, nous avons l'impression de prendre notre élan pour plonger dans la Méditérrannée. Plus que quelques kilomètres et ce périple sera terminé. Tout en admirant les superbes roches rouges du massif, les images de ces sept derniers jours défilent dans mon esprit. Des paysages grandioses, des bivouacs sauvages, une amitié qui se renforce de jour en jour, deux petites filles épanouies, une future maman pédalant joyeusement : quelle belle aventure ! |