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par David Manise
14 mars
26 lecteurs

Prévenir, anticiper, se préparer : pourquoi ?

Quand on discute survie, surtout avec des gens qui n’y ont jamais réfléchi ou qui ont en tête certains clichés sur le sujet, le mot « paranoïa » arrive souvent assez vite. Pour certaines personnes, qui ont une vision « Rambo » ou « bunkers et bazookas » de la survie, le concept semble frôler la parano, et est absolument et totalement exagéré. Alors, spoiler : si j’avais la même vision « ramboesque » de la survie que ces gens-là, je trouverais ça totalement disproportionné aussi. Heureusement, la survie, et a fortiori la survie que nous enseignons et que nous pratiquons au CEETS, est tout autre chose.

Le mot « survie » est forcément un peu galvaudé, voire « putaclic ». Nous avons bien tenté de remplacer le terme « survivalisme » par « survivologie », afin d’en faire davantage une science qu’une idéologie. Mais nous n’avons pas encore trouvé de terme qui traduise directement et simplement ce que nous faisons, et surtout aucun qui traduise notre approche, notre posture, nos valeurs correctement. « Éducation bienveillante à la gestion autonome des risques en milieu naturel » serait plus précis, mais c’est carrément moins sexy. Pourtant, c’est exactement ce que nous faisons : nous formons les gens à gérer et à prévenir les risques en autonomie pendant leurs sorties nature. Accessoirement, ces principes, ces méthodes et ces outils transversaux qui servent à se préparer aux problèmes qu’on peut rencontrer dans la nature ou en milieu isolé s’appliquent absolument partout. On peut aussi les utiliser en ville, au bureau, en cas de panne de courant, en milieu catastrophé, coincé dans un TGV ou simplement pour préparer ses bagages avant de partir en vacances. Globalement, notre algorithme fonctionne partout. Seules les applications techniques des principes varient selon le milieu et le matériel à disposition.

Toutes proportions gardées

Par ailleurs, si les préparatifs et la gestion des risques de certains peuvent sembler un peu exagérés, le terme paranoïa ne correspond absolument pas. À la limite, on pourrait parler de troubles obsessifs-compulsifs, pour les cas les plus lourds qui essaient réellement de tout anticiper, et qui auront des kits, des procédures et des plans d’urgence pour les moindres scénarios de la vie courante. Un peu comme ceux qui verrouillent et re-verrouillent plusieurs fois leur porte, ou se lavent les mains de nombreuses fois par jour ; ces gens ont plutôt des élans d’hypercontrôle. Et même s’ils savent bien que leurs procédures de contrôles sont un peu (ou beaucoup) disproportionnées, tant que ces comportements ne sont pas un problème pour eux, tout va bien. Autrement dit, pour certains, c’est apaisant et positif d’avoir toujours un kit de survie complet avec eux, ou d’avoir des procédures pour tout. Aussi, même si ça peut sembler disproportionné, tant qu’ils ne nuisent à personne et que ça leur fait du bien à eux, pourquoi s’en inquiéter ? A contrario, quand le niveau de préparation, la charge mentale, le poids des kits ou le coût financier de tout ça deviennent pour eux davantage un problème qu’une solution, alors on peut choisir de lever un peu le pied, ou de se demander si on n’a pas besoin d’une petite thérapie pour voir ce qui se cache derrière tout ça.

... et la suite ?