(Demi-)Tour des Géants
Rendu célèbre par l'ultra-trail éponyme, le Tor des Géants juxtapose deux itinéraires italiens d’envergure : les Alta Via n°1 et 2, de part et d’autre du val d'Aoste. À la clef, des panoramas sur quelques géants emblématiques des Alpes : Gran Paradiso, Monte Rosa, Cervino et Monte Bianco. De ces trois derniers sommets, artificiellement découpés par les frontières du pays, je n'observerai que la face italienne : c’est pourquoi je me suis permis d’utiliser la graphie de la langue de Dante. Voilà donc un itinéraire alléchant sur lequel je m’aventure sans objectif précis ni date de retour…
When : 7/25/23
Length : 6 days
Length : 6 days
Guidebook created by Anthony
on 02 Oct 2023
updated on 17 Oct 2023
updated on 17 Oct 2023
Eco travel
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Possible with
train
bus
hitch-hiking
Crush !
1461 reader(s)
-
Alta Via 1
Report : Alta Via 1 (updated : 17 Oct 2023)
– Ça y est j’ai pris mes billets pour partir en vacances !
– Cool, tu pars quand ?
– Demain.
– Ah ah, j’en étais sûr ! Et tu vas où ?
– Je crois que j’ai trouvé un itinéraire sympa autour du val d’Aoste, j’y vais et puis on verra bien comment ça se passe. Je n’ai pas pris de billet retour
Voici l’échange de texto avec ma compagne, la veille de mon départ pour l’Italie. Replaçons-le dans le contexte : fin juin, je me suis bloqué le dos. De quoi chambouler les envies de crapahuter tout l’été ! Qu’à cela ne tienne, j’ai pris mon mal en patience et un mois plus tard, avec des hauts et des bas, le dos s’est détendu. Ouf ! Tout (re)devient possible, je suis aux anges. Le fameux contraste : il suffit d’être privé d’une chose, même élémentaire, pour se rendre compte à quel point elle est importante, n’est-ce pas ?
Je cherche alors un itinéraire pour partir marcher sans date de retour : le où, le quand et le comment sont autant de degrés de liberté. Pour concentrer ma recherche, je pose quelques envies sur le papier : échapper à la chaleur, voir de nouveaux horizons, et surtout, s’y rendre en mobilité douce. Le Tor des Géants semble s'y prêter parfaitement ! Deux hautes routes, les Alta via 1 et 2, idéales pour trouver la fraîcheur d’altitude, et a priori bien balisées. La météo est annoncée correcte et je trouve des transports en commun pour me rendre sur place. Je prépare mon sac en une petite heure et préviens ma compagne par texto de mon départ le lendemain. Je crois n’avoir jamais été aussi rapide pour préparer un voyage !
– Cool, tu pars quand ?
– Demain.
– Ah ah, j’en étais sûr ! Et tu vas où ?
– Je crois que j’ai trouvé un itinéraire sympa autour du val d’Aoste, j’y vais et puis on verra bien comment ça se passe. Je n’ai pas pris de billet retour
Voici l’échange de texto avec ma compagne, la veille de mon départ pour l’Italie. Replaçons-le dans le contexte : fin juin, je me suis bloqué le dos. De quoi chambouler les envies de crapahuter tout l’été ! Qu’à cela ne tienne, j’ai pris mon mal en patience et un mois plus tard, avec des hauts et des bas, le dos s’est détendu. Ouf ! Tout (re)devient possible, je suis aux anges. Le fameux contraste : il suffit d’être privé d’une chose, même élémentaire, pour se rendre compte à quel point elle est importante, n’est-ce pas ?
Je cherche alors un itinéraire pour partir marcher sans date de retour : le où, le quand et le comment sont autant de degrés de liberté. Pour concentrer ma recherche, je pose quelques envies sur le papier : échapper à la chaleur, voir de nouveaux horizons, et surtout, s’y rendre en mobilité douce. Le Tor des Géants semble s'y prêter parfaitement ! Deux hautes routes, les Alta via 1 et 2, idéales pour trouver la fraîcheur d’altitude, et a priori bien balisées. La météo est annoncée correcte et je trouve des transports en commun pour me rendre sur place. Je prépare mon sac en une petite heure et préviens ma compagne par texto de mon départ le lendemain. Je crois n’avoir jamais été aussi rapide pour préparer un voyage !
Pont-Saint-Martin, à prononcer avec un accent italien. La toponymie est très francophone dans le coin, puisque le val d’Aoste était rattaché à la Savoie jusqu’en 1860. À cette époque, moins de 20% de la population était italophone. On y parlait plutôt le valdôtain, une langue francoprovençale. Désormais, ce sont surtout les anciennes générations avec qui j’ai échangé en français. Les habitants du val d’Aoste sont aussi appelés valdôtains.
Malgré le départ tardif, je pars sur un rythme régulier pour rejoindre les hauteurs, heureux de quitter la chaleur suffocante des vallées. Et j’arrive à la tombée du jour à un premier lieu de bivouac, vers 2000 m. La fraîcheur s’invite aussitôt, j’enfile ma doudoune… quel bonheur ! Je savoure un autre détail : 48 heures plus tôt, je commençais tout juste à prévoir ce voyage. Que cette simplicité est délicieuse !
En approchant de Gressoney-Saint-Jean, j’aperçois un premier “géant” : le Monte Rosa, qui semble surveiller toute la vallée. Petite émotion car je suis venu skier ici presque 20 ans plus tôt, avec mes parents. J’avais environ 10 ans et parmi les rares souvenirs, l’un nous a tous marqué : la rupture d’un ligament du genou de ma mère. Plutôt cocasse d’y repenser pendant cette marche à l’allure thérapeutique !
Je savoure les paysages parcourus en avançant au gré de mes envies, de ma forme et des éléments naturels. Zéro contrainte, liberté totale. Au risque d’utiliser un terme galvaudé, je cherche une forme de déconnexion dans ce voyage. Un peu comme nous tous n’est-ce pas ? Concrètement, je la ressens d’abord par contraste : mes voyages en bikeraft ou en bike&fly nécessitent organisation et anticipation, pour l’éternelle quête d’être au bon endroit au bon moment. Météo, débits, températures… les paramètres à surveiller sont nombreux. Là, sur les sentiers, je me sens débarrassé de ce besoin, et tout me semble plus fluide.
C’est d’ailleurs l’idée d’évoluer sur un tracé balisé : je n’ai quasiment pas besoin de sortir mon téléphone pour consulter la carte, ni pour anticiper la météo, et encore moins pour voir l’heure ! Oui, mon rythme n’a rien à voir avec celui des 600 coureurs qui s’élancent chaque année sur cet itinéraire. Eux doivent boucler les 330 km et 24000 m de dénivelé en moins de 150 heures. Les premiers le terminent souvent en moins de 72 heures (3 jours). Clairement, je vais prendre un peu plus de temps
C’est d’ailleurs l’idée d’évoluer sur un tracé balisé : je n’ai quasiment pas besoin de sortir mon téléphone pour consulter la carte, ni pour anticiper la météo, et encore moins pour voir l’heure ! Oui, mon rythme n’a rien à voir avec celui des 600 coureurs qui s’élancent chaque année sur cet itinéraire. Eux doivent boucler les 330 km et 24000 m de dénivelé en moins de 150 heures. Les premiers le terminent souvent en moins de 72 heures (3 jours). Clairement, je vais prendre un peu plus de temps
Bon, c’est le moment de me confesser. Dans ma désorganisation de dernière minute, je n’ai pas répertorié les épiceries, bars et petits restaurants qui ponctuent le tracé. J’avoue avoir utilisé mon smartphone régulièrement pour arriver dans les villages lorsqu’ils étaient ouverts. Et voilà, la déconnexion totale a échoué sur l’autel de ma gourmandise. Mon point faible, véritable talon d’Achille (spoiler de la suite !).
Mais entre nous, qui préfère manger une purée froide plutôt qu’une bonne mozzarella di burrata accompagnée de légumes frais ? Scamorza, pizzicanti, torcetti al burro… Que d’arguments gustatifs justifiant d’accélérer la cadence pour rejoindre un village… Puis de remonter sur le versant opposé le sac à dos rempli de victuailles, pour un festin au bivouac !
Mais entre nous, qui préfère manger une purée froide plutôt qu’une bonne mozzarella di burrata accompagnée de légumes frais ? Scamorza, pizzicanti, torcetti al burro… Que d’arguments gustatifs justifiant d’accélérer la cadence pour rejoindre un village… Puis de remonter sur le versant opposé le sac à dos rempli de victuailles, pour un festin au bivouac !
Dans le val d’Aoste, les alpages à vache sont nombreux. Un soir, je pose la tente à proximité d’une ferme d’altitude qui fabrique et vend ses fromages sur place. Il est déjà tard mais un écriteau indique une plage d’ouverture XXL : 6h-22h ! Timidement, je m’avance pour tenter de trouver une bonne âme. Et voilà mon repas encore agrémenté de produits locaux.
Malgré la joie profonde d’évoluer sur ce trek à un rythme de croisière, une petite contrariété s’invite. Une épine dans le pied, presque littéralement : une douleur titille mon tendon d’Achille. Aucun choc ni torsion pourtant. Alors, aurais-je trop pressé le pas par gourmandise ? Mon talon d’Achille disais-je ! Je m’en tiens à ma promesse d’écouter mes envies et ma forme en adaptant mon programme. J’opte donc pour le repos dans un camping proche de Courmayeur. Au programme : farniente. Wiktionnaire précise : de l’italien fare niente (« ne rien faire »).
La douleur n’évoluant pas, je prends la (sage !) décision de rentrer. Sans regret. La fin du tour des Géants attendra volontiers. À peine remis d’un blocage de dos, il me semble primordial de savoir renoncer… pour mieux revenir !
La douleur n’évoluant pas, je prends la (sage !) décision de rentrer. Sans regret. La fin du tour des Géants attendra volontiers. À peine remis d’un blocage de dos, il me semble primordial de savoir renoncer… pour mieux revenir !
Le trajet retour promet une nouvelle aventure en soi : la meilleure (moins pire ?) option consiste à prendre un bus aux aurores pour Aoste, puis les deux bus FlixBus que je devais prendre à l’aller, dans le sens inverse (Aoste-Turin puis Turin-Grenoble). J’arriverai trop tard à Grenoble (ni train ni bus pour Gap après 18h…) mais je me dis que je trouverai bien des solutions (covoiturage, autostop ou même bivouac en périphérie de la métropole, les montagnes ne sont pas loin !).
Tout juste arrivé à Aoste, FlixBus me prévient d'un retard sur le premier bus. Une heure, ce qui me ferait rater la correspondance pour Grenoble. L’expérience FlixBus commence : pas de guichet, personne pour me renseigner, pas de numéro de téléphone à appeler. Me voilà bien seul dans mon pétrin, clopinant avec ma cheville en vrac. Je trouve une alternative tant bien que mal grâce au train. Et voilà comment, 12 heures plus tard, j’arrive à la maison : un bus pour Aoste + un train pour Turin + un train pour Oulx + un bus pour Clavière + du stop pour Montgenèvre (pas de TC). De là, je pouvais encore prendre un bus + un train mais l’autostop est si facile dans les Hautes-Alpes, que je suis arrivé plus vite en tendant le pouce !
Tout juste arrivé à Aoste, FlixBus me prévient d'un retard sur le premier bus. Une heure, ce qui me ferait rater la correspondance pour Grenoble. L’expérience FlixBus commence : pas de guichet, personne pour me renseigner, pas de numéro de téléphone à appeler. Me voilà bien seul dans mon pétrin, clopinant avec ma cheville en vrac. Je trouve une alternative tant bien que mal grâce au train. Et voilà comment, 12 heures plus tard, j’arrive à la maison : un bus pour Aoste + un train pour Turin + un train pour Oulx + un bus pour Clavière + du stop pour Montgenèvre (pas de TC). De là, je pouvais encore prendre un bus + un train mais l’autostop est si facile dans les Hautes-Alpes, que je suis arrivé plus vite en tendant le pouce !