Eté 2020 : Seatrekking en presqu'île de Crozon (BZH)
Nage en eau libre itinérante sur 3 jours avec bivouacs dans la Presqu'île de Crozon.
(15-20 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
(15-20 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
randonnée aquatique
apnée
randonnée/trek
nage
/
Quand : 27/08/2020
Durée : 3 jours
Durée : 3 jours
Distance globale :
40.6km
Dénivelées :
+572m /
-526m
Alti min/max : 0m/93m
Carnet publié par Barbenoire
le 30 mai 2020
modifié le 05 mai 2022
modifié le 05 mai 2022
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 2 (mise à jour : 06 nov. 2021)
Distance section :
11.1km
Dénivelées section :
+73m /
-107m
Section Alti min/max : 0m/59m
Description :
Deuxième jour du seatrek : La Tavelle --> Kersiguenou --> Goulien --> Château de Dinan
Conditions météorologiques : Fort vent et trombes marines le matin puis mer bien formée l'après-midi sous le soleil
Marées : coefficient 44 / 46
Vent : Plein Ouest toute la journée, force 5 à 7 en rafales sur l'échelle de beaufort
Houle : Ouest période 12s et hauteur 2,1 m
Température de l'air : 15-20°C
Température de l'eau : 17-18°C
- Mise à l'eau au pied des falaises de la pointe de la Tavelle via des éboulis et un passage escarpé (marche 613 m),
- Nage jusqu'à la plage de Kersiguenou en longeant la côte (nage 4,8 km),
- Repas midi dans les dunes de l'anse de Dinan,
- Randonnée sur le sentier côtier via la plage de Goulien jusqu'à la crique de Kerguillé (marche 4,6 km),
- Nage / exploration de l'arche sous le Château de Dinan (850 m),
- Remontée de la falaise jusqu'au Château de Dinan et recherche d'un abri pour la deuxième nuit de bivouac (marche 189 m).
Conditions météorologiques : Fort vent et trombes marines le matin puis mer bien formée l'après-midi sous le soleil
Marées : coefficient 44 / 46
Vent : Plein Ouest toute la journée, force 5 à 7 en rafales sur l'échelle de beaufort
Houle : Ouest période 12s et hauteur 2,1 m
Température de l'air : 15-20°C
Température de l'eau : 17-18°C
- Mise à l'eau au pied des falaises de la pointe de la Tavelle via des éboulis et un passage escarpé (marche 613 m),
- Nage jusqu'à la plage de Kersiguenou en longeant la côte (nage 4,8 km),
- Repas midi dans les dunes de l'anse de Dinan,
- Randonnée sur le sentier côtier via la plage de Goulien jusqu'à la crique de Kerguillé (marche 4,6 km),
- Nage / exploration de l'arche sous le Château de Dinan (850 m),
- Remontée de la falaise jusqu'au Château de Dinan et recherche d'un abri pour la deuxième nuit de bivouac (marche 189 m).
Le compte-rendu : Section 2 (mise à jour : 06 nov. 2021)
03h16 : Mon matelas gonflable est à plat. Encore 4 heures à tenir avant les premiers rayons du soleil, ça va être long .
07h00 : Quelques oiseaux chantonnent discrètement au loin. Chacun émerge petit à petit de sa nuit (sauf moi) et étire ses muscles dans son duvet, ce cocon bien chaud. La métamorphose est en cours. Nos âmes et nos corps font désormais partie intégrante de l'environnement qui nous entoure.
L'un d'entre nous s'active et met de l'eau à bouillir pour le thé/café. Nous nous asseyons un à un en cercle autour du réchaud, le regard vague et les yeux encore un peu gonflés. La scène pourrait paraître ancestrale. Homo Seatrekus qui se questionne sur le sens de sa vie en admirant la pâle lueur des flammes danser devant lui.
Nous sommes rejoint une demi-heure plus tard par deux valeureux swimrunneurs du Far Ouest, curieux de découvrir une nouvelle discipline : le seatrekking. Nous avions convenu avec eux la veille de l'heure et du lieu de rendez-vous. A voir leur sourire et leur couenne enjouée, on sent qu'on va passer un bon moment tous ensemble. Les gars se sont quand même levés à 5 heures du matin pour être là à l'heure, au fin fond d'un bosquet sur le sentier côtier. Respect. Et cerise sur le gâteau, les mains pleines de viennoiseries. La classe.
07h00 : Quelques oiseaux chantonnent discrètement au loin. Chacun émerge petit à petit de sa nuit (sauf moi) et étire ses muscles dans son duvet, ce cocon bien chaud. La métamorphose est en cours. Nos âmes et nos corps font désormais partie intégrante de l'environnement qui nous entoure.
L'un d'entre nous s'active et met de l'eau à bouillir pour le thé/café. Nous nous asseyons un à un en cercle autour du réchaud, le regard vague et les yeux encore un peu gonflés. La scène pourrait paraître ancestrale. Homo Seatrekus qui se questionne sur le sens de sa vie en admirant la pâle lueur des flammes danser devant lui.
Nous sommes rejoint une demi-heure plus tard par deux valeureux swimrunneurs du Far Ouest, curieux de découvrir une nouvelle discipline : le seatrekking. Nous avions convenu avec eux la veille de l'heure et du lieu de rendez-vous. A voir leur sourire et leur couenne enjouée, on sent qu'on va passer un bon moment tous ensemble. Les gars se sont quand même levés à 5 heures du matin pour être là à l'heure, au fin fond d'un bosquet sur le sentier côtier. Respect. Et cerise sur le gâteau, les mains pleines de viennoiseries. La classe.
Nous rassemblons les déchets récoltés sur la grève la veille et les prenons en photo, un par un, afin d'alimenter les bases de données scientifiques du programme de recherche franco-britannique PPP (Preventing Plastic Pollution), piloté en partie par le laboratoire public LABOCEA. 40 litres ramassés pour une douzaine de kilos !
09h30 : Les trois binômes sont constitués. Nous sommes débout face à la mer, blanche d'écume. En voyant les rouleaux s'éclater sur une bande 300 mètres et les rochers affleurants entre deux séries, on se rend compte à quel point nous étions abrités dans notre bosquet ce matin. L'un d'entre nous se lance sous l’œil attentif et un brin taquin des autres. Petit "rétamage" en bonne et due forme. 9/10 pour la note artistique. Son masque et son tuba doivent y être encore pour ceux que ça intéresse .
Par sécurité nous embarquons avec nous toujours plus de masques et de tubas que nécessaire, on sait pourquoi maintenant.
Suite à cette belle introduction et devant l’impatience de chacun de s'y jeter une bonne foi pour toute, la décision est prise d'adopter cette technique que vous connaissez tous maintenant car vous avez lu le début de ce récit, un bon TDPB (tout droit pleine balle) ! Banzaïïïï !
Vous ne le devinerez jamais mais comble du hasard, j'avais la chevauchée des Walkyries en tête au moment de me mettre à l'eau lorsque, surgit de nulle part dans le ciel, un super Puma de la Marine Nationale qui passe en rase-motte au-dessus de nos têtes. Sûrement le CROSS qui lui a demandé de venir voir si tout allait bien après notre appel pour signaler le départ de l'expédition. Impressionnant.
Par sécurité nous embarquons avec nous toujours plus de masques et de tubas que nécessaire, on sait pourquoi maintenant.
Suite à cette belle introduction et devant l’impatience de chacun de s'y jeter une bonne foi pour toute, la décision est prise d'adopter cette technique que vous connaissez tous maintenant car vous avez lu le début de ce récit, un bon TDPB (tout droit pleine balle) ! Banzaïïïï !
Vous ne le devinerez jamais mais comble du hasard, j'avais la chevauchée des Walkyries en tête au moment de me mettre à l'eau lorsque, surgit de nulle part dans le ciel, un super Puma de la Marine Nationale qui passe en rase-motte au-dessus de nos têtes. Sûrement le CROSS qui lui a demandé de venir voir si tout allait bien après notre appel pour signaler le départ de l'expédition. Impressionnant.
10h00 : Ces premières émotions passées, la mer reste tout de même bien formée. Autant, voire plus que notre virée de la veille à la Pointe de Pen Hir. Nous passons au large de la pointe de la Tavelle pour contourner les brisants et nous évoluons désormais dans des creux de près d'un mètre. Le gerbomètre oscille entre 2/10 et 4/10 pour l'ensemble du groupe.
Une demi-heure de nage plus tard, ce léger sentiment de fragilité gastrique devient une gène pour certains. Les binômes sont réorganisés en mer et nous nous scindons en deux groupes. Quatre d'entre nous choisissent de continuer la navigation et deux autres partent chercher une sortie le long de la côte.
A voir la houle éclater sur les parois, difficile de dire lequel d'entre nous a choisi la meilleure option.
Ce n'est que quelques heures plus tard que nous apprendrons à quel point cette sortie fut plus épique encore que la mise à l'eau de tout à l'heure. Pour faire court, un mélange de moustique écrasé sur un pare-brise et de pingouin austral rejeté par hasard sur une singularité de la falaise. Une technique qui reste à peaufiner.
10h15 : Le ciel gris au-dessus de nos têtes laisse place à un lourd nuage noir et massif. L'eau prend une couleur d'encre de Chine. Le vent se lève encore plus et nous percevons au loin le fracas des gouttes d'eau, lourdes, tombant sur la mer et arrivant progressivement vers nous.
Regroupés loin de la côte par sécurité, le déluge nous tombe dessus. C'est l'euphorie, le spectacle est dément. L'amplitude des vagues est telle que nous faisons du rodéo sur cette masse d'eau.
Des hurlements incontrôlés s’échappent de nos poumons pour exprimer notre joie de vivre un tel moment. Chacun se regarde, les mains battent la surface de l'eau avec frénésie pour tenter de faire plus de bruit que les impacts de gouttes sur nos masque et cagoules. Avachis sur nos sacs gonflés à bloc, nous vivons un grand moment fusionnel avec les éléments.
Une demi-heure de nage plus tard, ce léger sentiment de fragilité gastrique devient une gène pour certains. Les binômes sont réorganisés en mer et nous nous scindons en deux groupes. Quatre d'entre nous choisissent de continuer la navigation et deux autres partent chercher une sortie le long de la côte.
A voir la houle éclater sur les parois, difficile de dire lequel d'entre nous a choisi la meilleure option.
Ce n'est que quelques heures plus tard que nous apprendrons à quel point cette sortie fut plus épique encore que la mise à l'eau de tout à l'heure. Pour faire court, un mélange de moustique écrasé sur un pare-brise et de pingouin austral rejeté par hasard sur une singularité de la falaise. Une technique qui reste à peaufiner.
10h15 : Le ciel gris au-dessus de nos têtes laisse place à un lourd nuage noir et massif. L'eau prend une couleur d'encre de Chine. Le vent se lève encore plus et nous percevons au loin le fracas des gouttes d'eau, lourdes, tombant sur la mer et arrivant progressivement vers nous.
Regroupés loin de la côte par sécurité, le déluge nous tombe dessus. C'est l'euphorie, le spectacle est dément. L'amplitude des vagues est telle que nous faisons du rodéo sur cette masse d'eau.
Des hurlements incontrôlés s’échappent de nos poumons pour exprimer notre joie de vivre un tel moment. Chacun se regarde, les mains battent la surface de l'eau avec frénésie pour tenter de faire plus de bruit que les impacts de gouttes sur nos masque et cagoules. Avachis sur nos sacs gonflés à bloc, nous vivons un grand moment fusionnel avec les éléments.
12h00 : Nous avons nagé 2h30 et parcouru près de 5 km dans de rudes conditions. Le soleil a la bonne idée de pointer le bout de son nez pile au moment où nous débarquons sur la plage de Kersiguenou.
Nous sommes rejoints aussitôt par nos deux cormorans aguerris ayant débarqué quelques temps auparavant. Le timing est parfait.
Nous sommes rejoints aussitôt par nos deux cormorans aguerris ayant débarqué quelques temps auparavant. Le timing est parfait.
14h00 : Le casse-croûte est englouti et nous faisons plus ample connaissance avec nos deux swimrunners du Far Ouest.
Peu de mots suffisent pour se rendre compte que sommes forgés mentalement et physiquement dans le même alliage et que nous que nous partageons la même passion de la mer.
Les rayons du soleil nous ont réchauffés, les batteries sont rechargées, il est temps de continuer. Nous sommes à la moitié de ce carnet d'aventure.
Peu de mots suffisent pour se rendre compte que sommes forgés mentalement et physiquement dans le même alliage et que nous que nous partageons la même passion de la mer.
Les rayons du soleil nous ont réchauffés, les batteries sont rechargées, il est temps de continuer. Nous sommes à la moitié de ce carnet d'aventure.
16h00 : Nous tombons sur un petit escalier qui mène vers une grève propice à notre à une remise à l'eau. Dès les premiers coups de palme nous prenons conscience des conditions météo qui sont bien moins clémentes que ce qu'elles laissaient paraître, quelques minutes auparavant, du haut de la falaise. Qu'à cela ne tienne, en avant Guingamp ! On n'est pas venu là pour enfiler des perles.
La silhouette des touristes venus découvrir la splendeur des lieux se fige sur le trait de côte à la vue de notre évolution dans ces eaux tumultueuses. Spectacle garanti et gratuit.
Ça remue, les vagues sont hachées car elles rebondissent sur la côte et nous devons étirer nos mouvements de bras pour ne pas taper continuellement dans le clapot formé.
L'eau est trouble, un "cassoulet" de petites particules en suspension perturbent notre vision. Il nous arrive de ne voir qu'au dernier moment les rochers du fond.
Mais nous aimons ça, nous faisons désormais partie de cette nature et le groupe est uni. THIS IS SEATREKKING !
La silhouette des touristes venus découvrir la splendeur des lieux se fige sur le trait de côte à la vue de notre évolution dans ces eaux tumultueuses. Spectacle garanti et gratuit.
Ça remue, les vagues sont hachées car elles rebondissent sur la côte et nous devons étirer nos mouvements de bras pour ne pas taper continuellement dans le clapot formé.
L'eau est trouble, un "cassoulet" de petites particules en suspension perturbent notre vision. Il nous arrive de ne voir qu'au dernier moment les rochers du fond.
Mais nous aimons ça, nous faisons désormais partie de cette nature et le groupe est uni. THIS IS SEATREKKING !
17h00 : Notre projet initial était de contourner à la nage la pointe de Dinan pour terminer la journée aux alentours de Lostmarc'h. Mais en mer comme en montagne il est vital de bien savoir lire son environnement afin de prendre les bonnes décisions.
D'un commun accord, nous débarquons sous l'arche du château de Dinan et réussissons à remonter la falaise avec nos sacs pour chercher un endroit ou bivouaquer à l'abri du vent.
Nous connaissons bien les lieux. Je l'ai dis en introduction, la presqu'île de Crozon est un sanctuaire qui nous a vu grandir et gambader aux différents âges de notre vie.
Le spectacle qui se dévoile sous nos yeux et le soleil couchant emplissent mon âme d'une émotion difficilement descriptible.
"J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux."
Merci Charles.
D'un commun accord, nous débarquons sous l'arche du château de Dinan et réussissons à remonter la falaise avec nos sacs pour chercher un endroit ou bivouaquer à l'abri du vent.
Nous connaissons bien les lieux. Je l'ai dis en introduction, la presqu'île de Crozon est un sanctuaire qui nous a vu grandir et gambader aux différents âges de notre vie.
Le spectacle qui se dévoile sous nos yeux et le soleil couchant emplissent mon âme d'une émotion difficilement descriptible.
"J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux."
Merci Charles.
19h00 : L'émotion est retombée. Nous attendons patiemment le départ des derniers visiteurs pour ne pas gâcher leurs photos et perturber la sacralité des lieux.
"On s'apercevra vite que la nuit à la belle étoile est néfaste. La voûte céleste rend insomniaque : trop de beauté, trop de grandeur pour songer à dormir." (Sylvain Tesson)
Continuez à lire le récit de la troisième journée dans la section n°3.
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