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Kyushu l’île aux volcans

(réalisé)
Traversée de l’île de Kyushu sur un mois dans le cadre de notre grand voyage en famille de 15 mois (trois enfants de 9 ans 7 ans et 5 ans) 
vélo de randonnée
Quand : 01/05/24
Durée : 30 jours
Distance globale : 694km
Dénivelées : +15510m / -15523m
Alti min/max : 2m/1654m
Carnet publié par Helococo le 22 juin
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Le topo (mise à jour : 22 juin)


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Le compte-rendu (mise à jour : 22 juin)

Depuis Shikoku la traversée en ferry jusque l’île de Kyushu est assez courte. Prendre le ferry est à chaque fois un vrai plaisir : excitation de découvrir une nouvelle île , ambiance portuaire ou l’animation règne .
Les employés des ferry sont aux petits soins pour nos vélos : nous embarquons comme les voitures par la soute du ferry , les employés nous font de grands signes avec leurs bâtons rouge luminescents pour nous montrer le chemin où poser les vélos , nous lâchons le guidon et ils s’occupent d’attacher le cadre avec une cordes et de stabiliser les vélos avec des petites cales . L’organisation à la japonaise , le sens du service !!
Sur certaine traversée ce sont même tous les véhicules qui ont le droit aux petites cales sous leurs roues , incroyable!

Usuki, la ville côtière où nous débarquons, baigne dans un soleil estival. L’air est plus chaud et plus humide qu’à Shikoku. La générosité japonaise semble être la même sur toutes  les îles : à peine débarqués , installés pour notre petit pic nic une mamie qui nous observe depuis un bon moment vient à notre rencontre pour offrir 1000 yen a chaque enfant (7€ environ). Nous sommes gênés , nous refusons , elle insiste et nous nous inclinons … les enfants sont bons pour quelques sucreries ! Nous la remercions chaudement toujours touchés de ses attentions spontanées.

Comme à l’habitude nous ciblons un parc ou une zone arborée le jour même pour poser notre bivouac du soir.
Et chaque soir ces parcs sont des campings 4 étoiles à l’aménagement parfait ! D’énormes espaces herbeux bien tondus , des jeux dignes de parcs d’attractions pour les enfants , des toilettes à la propreté impeccable et de l’eau !
Pour la douche nous sortons la vache à eau que nous installons à un arbre ou dans les toilettes handicapés (il y a seulement au Japon que l’on peut faire ça ! Les toilettes étant tellement impeccables !)
Un soir En se tenant la vache à eau pour la douche on se regarde avec Aure et on se demande si l’on sera dans cette situation a 60 ans à se tenir la vache à eau dans des WC handicapés pour se doucher . Et on se dit que oui en rigolant . Y’a pas mieux pour se sentir bien vivant !

Le relief a changé les montagnes sont plus arrondies moins hautes et les vallées plus ouvertes. Les feuillus ont remplacés les pins . Nous entamons notre premier col avec 7km de montées sous une chaleur nouvelle à gérer. Manon a une petite forme , Axel ajuste la selle du vélo et prend le relais sans rechigner ! Nous n’arrivons d’ailleurs pas à le suivre , il nous épate encore une fois.
Après le col nous débarquons dans un camping en pleine Golden Week (semaine de vacances populaires ou tout le japon se retrouve en congé).
Les japonais aiment camper et s’équipent pour ! Leur campement sont dignes d’un catalogue outdoor : grande tente avec lit de camp , immense tarp pour installer la table , le barbecue (absoluement incontournable pour tous les campeurs sans exception ) , les glacières , les lanternes vintages , les malles à l’ancienne mais à la mode etc etc . Et bien sûr tout est impaccable rien ne dépasse . On détonne un peu avec notre barda dépareillé.
Le gérant du camping nous convie au grand feu de camp prévu à 19h30. À 19h30 petantes la petite sonnerie retentie nous nous rassemblons tous autour du feu de camp magnifiquement et parfaitement monté (zut alors ces japonais sont décidément bons pour tout !). Les animateurs sont là pour donner le tempo , une en particulier se fait un devoir de s’assurer que les petits frenchies ont bien compris les jeux et animations !! On se retrouve à taper sur nos jambes à un rythme plus plus en plus endiablé puis on enchaine avec un chifumi géant . A ce stade ça rigole ça crie et c’est un sacré bazar on a du mal à tout comprendre . Le groupe finit par une chorégraphie dansante où les enfants s’en donnent à cœur joie. Pour les adultes tout ça est légèrement infantilisant , c’est le côté Kawaï des japonais ! Mais on se marre bien et nous sommes à la ramasse sur le tempo ! Le responsable finit par un solo à la guitare éclairé par le feu de bois . Puis c’est le volte face , l’activité terminée (a 20h30 tapante) tout le monde repart sous sa tente. Les moments festifs improvisés ne sont pas dans les mœurs japonaises . On s’amuse mais dans un cadre bien précis et délimité .


Nous longeons de nouveau la côte , et retrouvons les zones très urbanisés . Décidément nous sommes vite mal à l’aise dans ses grandes bandes urbaines sans fin! Bien qu’il soit facile d’un camper on leur préfère la nature sauvage de l’intérieur des îles.
Nous mettons le cap sur les montagnes. L’île de Kyushu est parsemées d’une multitude de sources d’eau chaudes liées à l’activité volcanique bien présente sur l’île .
Les onsen (bains publics) jalonnent notre route et deviennent vite un point incontournable de notre itinéraire . Un vrai moment de détente après nos journées de vélos et un bon moyen de prendre un douche (pour seulement 6 à 12€ pour toute la famille). Il y a plusieurs bassins (chauds et froids ) , un hamam, des bassins à jet et suprême plaisir des bassins extérieurs arborés de bonsaï et beaux érables face de jolies vues sur les montagnes.
La nudité obligatoire est vite oubliée , les japonais sont complètement à l’aise à ce sujet et vont très régulièrement au Onsen même dans leur vie quotidienne.


Les petites route choisies nous embarquent rapidement dans des vallées plus escarpées qui nous font monter jusqu’à 1000m . Les rivières jalonnent de nouveau la route , les forêts épaisses s’invitent à nouveau , la nature est retrouvée.
Les japonais sont toujours sympathiques curieux et viennent autour des vélos pour discuter . Les grands signes de bras associés au «  Kyutskete » (prenez soin de vous) accompagnent chacun de nos redémarrage. Les mamies à la vue des enfants ont toujours une sucrerie à donner !

D’ailleurs les seniors si nombreux dans le pays , nous les croisons très souvent dans les parcs où nous campons: ils y pratiquent tôt le matin le gateball. Sport inspiré du criquet , il se joue avec une canne et une balle que l’on doit envoyer dans plusieurs trous cibles. Dynamique et populaire , il permet de conserver la forme physique et de maintenir un lien social . Régulièrement invités à taper la balle , les enfants s’exercent sous le regard malicieux des joueurs . Dès que la partie est  clôturée , le groupe de joueurs s’éparpille. On repart aussi vite que l’on est venu pas de place pour un moment social improvisé ou en dehors du cadre.


La route est fine et suit les lignes onduleuses de la montagnes. Les habitations se font les rares et comme sur Shikoku les villages sont désertés . Les maisons sont inhabitées et certaines sont déjà au sol. Un soir impossible de trouver quelqu’un pour nous autoriser à camper dans un minuscule hameau , le lieu déserte donne un peu le cafard , nous décidons de continuer malgré la montée et l’heure tardive . Sur la route nous croisons Koki et sa petite fille de retour de sa journée de travail. Il nous interpelle pr curiosité ; 5 minutes plus tard il nous propose de poser les camps dans son jardin! Nous adorons ces moments où les sentiments les émotions et le scénario de la journée basculent par le simple fait d’une rencontre !

Nous peinions à trouver un bivouac , prêts à se poser sur un bout d’herbe en bord de route et nous voilà finalement attablés autour d’un dîner avec nos hôtes du soir !
La tente est plantée devant la maison , nous faisons un brin de toilette à la rivière en contrebas et les rejoignons pour passer la soirée ensemble. Koki et sa femme Masako sont le contre pied de cet exode rural et à contre courant de la jeunesse provinciale . Originaire d’Osaka ils se sont installés dans la dernière maison avant la montée au col tout au fond de la vallée. Ils ont fait ce choix il y a 6 ans afin de retrouver un rythme plus simple et un environnement plus sain. Ils ont eut depuis 2 petits de 4 ans et 18 mois et attendent le 3ème. On admire leur parcours et leur énergie , Masako parle bien anglais et nous pouvons parler facilement . Le repas se termine par un petit verre de saké puis un thé tandis que les enfants jouent joyeusement  tous ensemble.
Masako dégage une énergie spontanée , très expressive elle nous inonde de sourire et de sa bonne humeur . Nous rejoignons la tente dans ce bout de vallée où la pollution lumineuse n’existe pas , le ciel étoilé est fabuleux nous nous sentons décidément bien chanceux .

Au petit matin la tente est humide de la rosée montagnarde . Nous partageons un dernier café avec nos hôtes avant leur départ au travail. Une belle rencontre qui nous donne un peu d’espoir pour les campagnes japonaises.


Dans la foulée de notre départ nous attaquons le fameux col de 9km à 1000m d’altitude. Nous évoluons au milieu d’un forêt fournie et croiserons une seule voiture de toute la matinée. Nous nous sentons bien dans ces montagnes nous n’avons pas envie de nous presser, , en raclant le fond des sacoches nous avons assez pour le repas du soir; aussi une fois le col franchi nous stoppons à une rivière turquoise pour poser notre bivouac. Nous posons le camp , nous passons l’après midi à nos activités et le soir nous profitons d’un joli feu de bois sous un ciel étoilé.

Enfin le temps est plus stable , les belles journées se succèdent et c’est bien appréciable car au Japon les journées de pluie sont très denses! La vallée qui nous suivons lors de notre descente vers Kumamoto est en reconstruction depuis 4 ans . Un typhon a tout détruit sur son passage , les travaux s’enchaînent sans discontinuer sur 20km.

La côte est récupérée avec son lot de trafic . Nous souhaitons en sortir et aller nous perdre dans les dizaines de petites îles attenantes et y trouver le calme. Cela n’empêche pas les rencontres . Un soir une dame nous guide en voiture vers un lieu pour camper sur les hauteurs dû village. Elle reviendra bien trois fois pour nous nourrir et s’assurer que tout va bien. Le voisin d’en bas lui débarque de nuit à 21h avec un collègue,  2 grosses poches pleines de nourriture dans chaque main, il veut nous aider à sa manière . Nous sortons de nos duvets , renfilons un short pour réceptionner le tout. Les enfants restent en slip pour la séance photo! On le remercie pour toutes ces attentions et nous rigolons autour du traducteur parfois hasardeux de son collègue !

Sur un petit îlot au bord d’une eau très belle , face au volcan Unzen nous trouvons un camping tenu par un couple de 84 ans. Le lieu est improbable au bout d’une route en cul de sac , c’est paisible et nous décidons de poser nos sacoches pour 6 jours de farniente durant lesquels nous lancerons les premières baignades de la saison.


Nous sommes dans une zone très volcanique chaque île est en fait un volcan encore actif ! En rejoignant l’île principale de Kyushu nous contournons le volcan Unzen , les onsens sont innombrables , la ville d’Obama en est l’exemple parfait . Il y a des fumerolles partout dans le ville qui sortent des toits des hôtels et des bâtiments , des bouches d’égouts et des rivières . Il y a meme des fours mis à disposition ou nous faisons cuire nos œufs à la vapeur pour le plus grand plaisir des enfants. En attendant la fin de cuisson nous nous prélassons dans les sources d’eaux chaudes pour les pieds aménagés à côté face à la baie . L’art de vivre à la japonaise !

Nous y stoppons 2 nuits le temps d’aller à Nagasaki en bus pour visiter le musée de la bombe atomique. L’arme nucléaire et l’es rapport de forces entre le pays la détenant est malheureusement encore d’actualité . La visite du musée nous fait réaliser l’ampleur de la tragédie , de la brutalité de l’attaque et de l’horreur de la guerre. La ville entière est rasée sur plusieurs kilomètres ne laissant que souffrances et terreur. Les enfants ont milles questions à nous poser auxquelles nous tentons de répondre du mieux que nous pouvons. Nous visitons également le mémorial pour toutes les victimes de la bombes. Le lieu est grave chargé d’émotion et l’on en ressort silencieux .

De retour à Obama nous mettons le cap vers Fukuoka d’où nous prendrons le ferry pour la Corée du Sud. 5 jours pour atteindre la ville , une dernière chaîne de montagne nous attend avec un joli col vers l’es plateau côtier. Ce dernier camping japonais  aurait moins de charme dans un bel orage ! Nous n’étions plus en alerte depuis deux semaines avec le beau temps au rendez vous et bien ous en prenons pour notre grade ! En 1h nous sommes complètement sous l’eau , le sol est hermétique et ne prend pas sa part de l’offrande . Résultat nous abandonnons la tente à sa triste condition et nous filons poser matelas et duvets dans les douches du camping à 20h! Heureusement nous sommes au Japon ; les douches sont impeccables , avec un joli petit sol en parquet , du chauffage et même de quoi charger nos appareils! Bref on dort comme des loirs (et on pense à nos amis de Caroulepournous 😉)

Le lendemain nous filons jusque Fukuoka pour attraper le ferry en direction de la Corée du Sud.

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