Rando bivouac dans le Jurassique Polonais

5 Avril 

Nous quittons Cracovie sous un grand soleil qui devrait nous accompagner les prochains jours. Nous rejoignons rapidement les premières balises avant de nous laisser guider : rouge et blanc pour Orlich Gniazd, puis la jolie coquille jaune et bleue de Saint-Jacques-de-Compostelle qui partagera un bout de chemin avec nous. Je suis étonné de la facilité de sortir de la ville ; tout paraît fluide. Il n'y a pas de grandes zones industrielles bruyantes, les gens sont calmes, c'est propre et très vert, notamment grâce à de nombreux parcs. Nous qui n'aimons pas les villes, je dois avouer qu'il règne à Cracovie une atmosphère agréable.
Nous avalons rapidement 10 kilomètres et la ville nous paraît déjà bien loin. On se croirait presque dans les Alpes, avec une architecture rustique, montagnarde, et de très belles maisons en bois. Des jolis quartiers résidentiels s'offrent à nous. Nous faisons halte dans une petite épicerie au pied d'une magnifique église vieille de plus de cent ans, toute en bois. La Pologne est un pays très pieux, avec beaucoup d'églises et de croix le long des routes, toujours fraîchement ornées de bouquets de fleurs colorés. Je note que les cimetières eux aussi sont très soignés; toutes les tombes sont recouvertes de fleurs, aucune d'entre elles n'a l'air d'avoir été oubliée.
Nous faisons le plein d'eau pour le casse-croûte et reprenons la route en direction du Parc National d'Ojców, où nous devrions voir notre premier château.

Nous rentrons peu à peu dans un large canyon bordé de falaises aux roches calcaires et aux formes abstraites, presque vivantes. Une petite rivière glisse gentiment au milieu du décor, et de vieilles maisons en bois, dont certaines datent du début du siècle, apparaissent de temps à autre. On se croirait dans Alice au pays des merveilles !
Nous croisons très peu de monde cet après-midi. C'est la basse saison, la plupart des restaurants et des gîtes sont encore fermés. L'ambiance est calme, paisible.

Le château rénové d'Ojców apparaît au loin à travers les arbres, perché sur un socle de roches calcaires. Il fût construit au 14ème siècle. 
Déjà 18h et il est temps de trouver un petit coin pour la nuit.

Plus loin, nous trouvons un endroit discret dans une belle forêt avec une vue qui surplombe légèrement le château que nous apercevons au loin, ce qui donne une tout autre dimension au bivouac. L'ambiance est au rendez-vous et nous faisons un grand saut dans le passé.

Une fois le camp en place, je descends filtrer de l'eau à la rivière. Le coin regorge de points d'eau, ce qui facilite la logistique. C'est ensuite l'occasion de tester mon Khukuri népalais fraîchement rapporté de notre dernier périple himalayen. De petite taille, avec une lame pleine légèrement courbée et esthétiquement magnifique avec un joli manche en bois, il fait très bien le job et me permet de fendre rapidement quelques bûchettes. Les flammes viennent éclairer le bivouac déjà plongé dans l'obscurité. Nous mettons un peu de lard à griller et préparons la semoule. À travers les arbres, nous apercevons l'ombre du château. Une très belle première soirée au coin du feu.