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Extraterrestre CA46 : Label Loup

par L'extraterrestre dans Billets et éditos 23 déc. 2016 mis à jour 15 juin 2017 942 lecteurs Soyez le premier à commenter
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Label Loup

 

Chronique publiée dans Carnets d'Aventures n°46.
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Sur la Terre les humains ont mis la priorité sur la productivité. La création massive de biens de toutes sortes. Pour réaliser cela, il leur a fallu maitriser la nature, la faire plier. Le résultat de cette production massive est d’un côté l’accès au plus grand nombre à ces biens – les classes moyennes se sont considérablement enrichies au cours des 100 dernières années (je ne parlerai pas ici des problèmes de répartition de ces richesses entre les citoyens, car elles dépendent des politiques nationales et il y aurait beaucoup à dire, peut-être un prochain rapport ?). La contrepartie de cet enrichissement est l’épuisement de certaines ressources, et le rejet dans l’environnement de nombre de polluants en quantités élevées (le C02 en fait bien entendu partie). D’autre part, la libéralisation de l’économie qui a été mise en place crée des conditions compétitives dures entre les producteurs. L’évolution de l’agriculture est un exemple des effets positifs et négatifs de cette libéralisation. Pour rester compétitifs, les agriculteurs ont dû augmenter leur rentabilité. Le remembrement(1) des terres agricoles a eu pour objectif (atteint) de faire baisser les coûts et d’augmenter la productivité. Pour les éleveurs d’ovins, le seul moyen de rester compétitif et de continuer à vivre de leur production était de regrouper un maximum de têtes pour un même berger. Toujours dans cette logique invisible mais très puissante de compétitivité. Actuellement, un berger gère souvent à lui seul mille à quelques milliers de brebis(2). Le loup reconquérant les territoires de montagne change la donne car il oblige à repenser la façon dont on s’occupe d’un troupeau dans ces milieux. Il faut des chiens spécifiques pour protéger les brebis – les patous – et le berger doit travailler différemment. Il doit rassembler et surveiller les brebis pour la nuit. Il est donc plus difficile pour un berger de s’occuper du même nombre de brebis que s’il n’y avait pas le loup. Le « coût » par animal augmente naturellement puisqu’il y a davantage de pertes (croquées par le loup) et/ou de travail et d’investissements pour les limiter.
Si les éleveurs sont dans leur ensemble contre le retour du loup, il semble que la population y soit plutôt favorable, suivant une logique de respect de la nature. Comment concilier ces volontés divergentes ? Vu que c’est la population qui consomme la production des éleveurs, elle a aussi le moyen de les aider… Pourquoi ne pas créer un « Label Loup(3) », comme il existe le Label Rouge, pour les brebis élevées en territoire de loup ? Ce label permettrait de justifier un prix de vente un peu plus élevé qui compenserait les problèmes que rencontrent les éleveurs. L’acheteur aurait le sentiment d’aider une agriculture plus respectueuse de la nature et saurait que la brebis a été élevée au grand air, dans des territoires sauvages, ce qui est pour lui un gage de qualité. Voila qui pourrait peut-être réconcilier définitivement pro et anti loups ?…

L’extraterrestre

Notes :

(1) Remembrement des terres agricoles : suite à un choix de politique agricole, la France a rassemblé les terres (de manière intensive entre 1960 et 1980) afin qu’un agriculteur puisse cultiver une grosse pièce de terre plutôt qu’une multitude de petites. La productivité s’en est trouvée améliorée au détriment de la biodiversité des cultures (monoculture sur de grands espaces, disparition des haies favorables à la faune sauvage).
(2) Cf. p. 28 et 29 de Carnets d'Aventures n°46.
(3) Une association a créé un label « en alliance avec les loups » mais peut-être un peu trop activiste pour séduire les éleveurs. Il faudrait sans doute un label issu du milieu des éleveurs pour qu’il soit adopté.

Extraterrestre CA46 : Label Loup
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