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Les Landes à vélo pliant et packraft

par Alexis dans En France 31 oct. 2014 6691 lecteurs 3 commentaires
Lecture 5 min.

Complément à l'article sur la Leyre de CA #37

Dans les Landes avec mon Brompton pliant

Vous venez de lire l'article "Tout près, si loin... La descente de la Leyre" dans le CA #37, et les propos de Frédéric Gilbert vous ont tentés ? Voici un petit complément. En effet, j'ai moi-même descendu la Leyre cet été, mais en solo, et dans une embarcation différente, et surtout j'avais un vélo avec moi. Ce qui m'a autorisé le plaisir d'une randonnée un peu plus étendue dans la région, et la (re)découverte de toutes les pistes cyclables, étangs et "courants" de la région landaise.

Texte et photos : Jean-Patrice Veilhan

Départ de Royan, où le bac, par un temps bien orageux, m'amène de l'autre côté de l'estuaire. Début des Landes, des pistes cyclables, du paradis !

Je descends tranquillement en évitant autant que faire se peut la piste cyclable Vélodyssée, forcément un peu encombrée en juillet. Je lui préfère les petites pistes défoncées réservées aux piétons et VTTistes. Bien sûr, le Brompton et ses 25 kg de bagages ne sont pas à la fête, mais c'est le prix à payer pour un peu de solitude. Bon, ce n'est pas l'horreur non plus : de temps en temps, la piste défoncée ou un banc de sable m'obligent à pousser le vélo sur quelques dizaines de mètres.

J'oscille entre les lacs et l'océan, au hasard, sans itinéraire prévu. Je me retrouve à faire la jonction entre les lacs d'Hourtin et de Lacanau en packraft (à moins que ce ne soit celle entre Cazaux et Biscarosse, je ne sais plus): au milieu du canal, j'ai la joie un peu infantile de rentrer en kayak dans l'unique écluse... et je suis tout content car c'est la première fois!

Sur les plages des Landes

Le temps est plutôt beau, mais les orages jamais bien loin, et le froid étonnant pour un mois de juillet. Je ne trouve pas cela "normal" d'avoir de la buée qui sort de ma bouche, même au petit matin, en juillet et à 0 m d'altitude! (mais bon, si vous êtes un lecteur français, vous savez déjà qu'on s'est gelés pendant tout l'été !)

Pour dormir, j'ai le choix entre le bivouac sauvage et les campings surchargés. Mon choix est vite fait : bivouac ! Sauf que c'est interdit partout : on ne peut pas dormir sur la plage par arrêté municipal, on ne peut pas dormir en forêt parce que c'est une forêt domaniale, ou alors on se trouve au cœur du Parc Régional et c'est interdit aussi. "Euh, dormir, c'est autorisé?" Alors je me cache, loin de tout. Un soir pourtant, sortie de restaurant un peu tardive, je n'ai pas le courage de rouler, alors je monte ma tente juste à côté de la piste cyclable et un peu trop près de la ville. La police municipale passe sur le coup d'1h30 du matin, me voit, me réveille... mais aura la souplesse de me laisser finir ma nuit en échange de la promesse d'avoir tout plié à 7h du matin; merci à eux.

Bivouac dans les Landes

Je finis par arriver au Cap Ferret. La Dune de Pilat m'attend de l'autre côté, majestueuse. Il est 21h00 et je compte bien traverser juste avant la nuit, mais la navette est dans longtemps et inutilement chère : hop, je choisis de gonfler le packraft. Un peu anxieux quand même car je ne connais pas les courants dans le Bassin mais me doute qu'ils peuvent être forts. Heureusement, c'est l'étal de haute mer, il n'y a aucun vent, et les amers pris régulièrement m'indiquent que j'avance tant bien que mal. En fin de compte, j'arrive de l'autre côté alors qu'il ne fait pas encore trop sombre. Deux heures de discussion avec un jeune très sympa, enthousiaste, plein de projets. Quand la discussion s'achève, la nuit est là et bien là : je rejoins la Dune de Pilat à vélo. Je voulais dormir là-haut, mais il est trop tard désormais : j'irai au lever du jour... Nantes - Dune de Pilat, c'était l'objectif de ma toute première randonnée à vélo, il y a 24 ans : ce voyage a un goût de commémoration, mais aussi de jeunesse retrouvée !

Je continue à descendre. Comme je m'appelle Veilhan, je décide de poursuivre ma route jusqu'au lac d'Aureilhan vu sur la carte. C'est stupide et vaguement nombriliste, je sais ! Mais je ne regrette pas, car j'y rencontre un kayakiste très sympa, un certain Olivier, avec lequel nous allons explorer les différents courants qui mènent au lac ou qui en partent. Lui avec son kayak de mer bien profilé, moi avec ma grosse bouée boudinée : sur le lac face au vent, il a clairement l'avantage; dans les sinuosités de la rivière, je me faufile partout là où il peine avec ses 6 mètres. La Fontaine aurait pu en faire une fable. Finalement, je découvre ainsi le courant qui va de Pontenx à Aureilhan : sinueux à souhait ! En fait, tous les 10 mètres, il y a une manœuvre à faire. Ce n'est pas de l'eau-vive, mais c'est presque plus amusant ! Ca demande une navigation assez fine, de tenir compte de toutes les branches coupées ou non, visibles ou à fleur d'eau ou franchement traîtresses, d'estimer si ça passe en largeur, si ça passe en hauteur (eh oui !). J'adore !

Finalement, je poursuis encore un peu au sud : le courant de Contis vaut le coup, l'étang de Léon me déçoit un peu car le courant d'Huchet qui en part est strictement réservé à une navigation commerciale, à 6 ou 8 sur une barque manœuvrée par un homme au gros bras : ce n'est pas trop pour moi.

Il est temps de bifurquer vers Mexico... Non pas la mégapole, vous l'aurez compris, mais la base qui constitue le départ de la Leyre. Je ne vais pas décrire cette descente, que Frédéric Gilbert a fait très bien. J'ajouterais juste quelques commentaires:

Le premier, c'est que j'ai eu la surprise d'une image improbable: un banc suspendu à 3 mètres au-dessus de l'eau. A croire que la troupe de théâtre de rue Royal de Luxe était passée par là un peu plus tôt !

Rencontre improbable

J'ai aussi copiné avec plein de libellules, dont une qui a bien voulu se laisser photographier de très près ! Je ne suis pas avec un appareil très sophistiqué et un zoom de folie : la photo est prise avec mon téléphone, donc en mode "loupe" à 3 cm de la bestiole ! Pas farouche la miss...

Rencontre improbable

Allez, je ne résiste pas à une petite photo de mes Brompton et Alpacka chéris. Ca donne une idée de l'étroitesse de la rivière en amont.

Mon packraft et vélo pliant

Sur la Leyre

Quatre jours plus tard, j'arrive dans l'Estuaire. Pas facile face au vent. Heureusement que la marée descendante m'aide un peu. Le prix à payer, c'est de vite me retrouver bloqué dans la vase, à attendre que l'eau remonte. Je sais, ce genre de choses, ça s'anticipe ! Mais je suis plutôt du genre à préférer rester bloqué quelques heures qu'à prendre la peine de me renseigner sur les horaires de marée puis à me fixer des horaires pour arriver au bon moment.

C'est d'ailleurs grâce à cette attente que je rencontre un gars du coin, qui me fait partager "son coin à huîtres", un vieux parc désaffecté. Et ça tombe bien: il a deux couteaux ! Une cinquantaine d'huîtres plus tard (chaudes, un peu laiteuses... et pourtant les meilleures du monde parce que mangées les genoux dans la boue, à papoter dans un temps suspendu !), les cygnes reviennent lentement, signe que l'eau remonte. Je vais bientôt pouvoir rejoindre le port, et continuer encore quelques jours mon périple à vélo jusqu'à Bordeaux.

Restes d'un festin d'huîtres

Bien sûr, pour cette randonnée mixte, l'ensemble Brompton + Packraft était l'idéal. Mais du matériel moins spécifique (un brave VTT ou VTC + n'importe quel kayak gonflable) aurait fait l'affaire. Et il est vrai que cette région se prête magnifiquement à cette alternance: comment profiter, autrement, et des pistes cyclables innombrables, et des lacs, et de l'océan, et du Bassin, et des courants, et des rivières?

Commentaires
06 nov. 2014
mis à jour le 07 nov. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Jean-Patrice,
Bien sympa cette intermodalité, n'aurais-tu pas un lien vers un album photos ou un .gpx ?
As-tu vu tes collègues sur le Forum Brompton ? Ils sont à fond.

Bonnes divagations en B.

24 nov. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Bonjour Bixente,
Oui, je vais de temps à autre sur le forum Brompton. Ils sont à fond, en effet; mais je ne suis pas aussi amoureux de mon Brompton que la plupart !
Non, je n'ai pas de lien vers un album photo. Je ne sais pas utiliser Picassa ou autres sites de dépôt de photos. J'imagine que ça ne doit pas être sorcier...
.gpx, c'est une trace GPS ? j'utilise de moins en moins mon GPS. De toutes les façons, la meilleure trace, c'est celle que l'on a envie de se faire. En fait, le grand plaisir d'avoir Alpacka et Brompton, c'est justement d'être très libre de l'endroit où l'on veut aller, de décider cela au dernier moment, selon l'inspiration. Mes parcours sont improvisés et à peine préparés: je me contente de choisir la région à l'avance.
Bons voyages à tous!

07 déc. 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Super! moi aussi ..... https://www.youtube.com/watch?v=bVtHaRfhQcM