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La révolte des premiers de la classe

par Anthony dans Livres et Films 08 avr. 2018 302 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 2 min.

Métiers à la con, quête de sens et reconversions urbaines

De Jean-Laurent Cassely

Combien de mots faut-il pour expliquer votre métier à un profane ? Si tout ceux qui exercent votre métier se mettaient en grève pendant un mois, la civilisation s’effondrerait-elle ?
Derrière ces questions tournées de manière volontairement provocatrice se cache une réelle crise de conscience de plus en plus généralisée dans le monde du travail : quel est le sens de ce que je réalise dans mon quotidien professionnel ? Il n’est pas question ici de remettre en cause les salaires, les horaires, les tickets-restaurant… Non, seulement la finalité même de sa vie professionnelle : je travaille pour quoi ? Qui devient petit à petit : pourquoi je travaille ?

La révolte des premiers de la classe

Cette problématique a été soulevée en 2013 par l’anthropologue David Graeber sous le terme de “bullshit jobs” (“métiers à la con” littéralement). Son observation se base sur la théorie de l’économiste Keynes (dont on a parlé dans l'extraterrestre du CA#49), qui prédisait en 1930 que le temps de travail allait chuter à 15 heures hebdomadaire en raison des avancées technologiques. Or on constate aujourd’hui que si les avancées ont bien eu lieu (automatisation, robotisation…), le temps de travail n’a que faiblement réduit. Alors pour quoi travaille-t-on ? Sa thèse, corroborée par la quête de sens généralisée dans les travailleurs de bureau, stipule que sont apparus de nombreux métiers d’abstraction, dont la mission frôle parfois l’inutile, du moins sans réel intérêt pour la société. Une forme d’aliénation où le travailleur est totalement déconnecté de la vacuité de sa tâche.

Néanmoins, aujourd’hui au premier plan, cette quête de sens ébranle de nombreux actifs, et parmi eux de nombreux Bac+5. Qui n’a pas entendu parler de ce banquier devenu boulanger ? Ou de cette directrice du marketing devenue caviste ? Ces reconversions sont de plus en plus visibles, par des médias connus et même de nouveaux médias spécialisés sur la question.

Très documenté, cet ouvrage pose toutes les questions de fond sur le sujet : est-ce une mode ou une réelle tendance ? Quelles sont les motivations profondes des candidats à la reconversion ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Abandons ? Désillusions ? Comment se manifeste cet artisanat 2.0 ? Au-delà des titres racolleurs habituels ("il plaque tout pour ouvrir une microbrasserie artisanale", ou encore "qui sont ces élites qui font une croix sur leurs diplômes"), ce livre décode sous tous les angles ces personnes qui souhaitent renouer avec le concret.

Une lecture très intéressante - quel que soit son métier ! - on se sent naturellement concerné par cette évolution, quelque peu inquiétante, de notre quotidien. Et si l'on prolonge la réflexion, que quitte-t-on lorsqu'on part quelques jours dans la nature ?

 

Éditions Arkhé
17,50 €
186 pages
20,5 x 1,5 x 14 cm

 

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