1 membre et 14 invités en ligne

Orage et foudre

par Guillaume Blanc
13 mars
55 lecteurs

Un claquement, fort, puissant, ébranle la sarabande des masses d’air. Une presse, celle du ciel, se met en contact avec une autre, celle de la terre et j’ai la sale impression d’être écrasé entre les deux. Fugitive vision d’un éclair blanc qui sort de mes pieds, paralysie qui me saisit, m’engourdit, rigidifie tous mes membres, bloque la course du sang dans mes artères. Instantanément, je me durcis comme du verre. Dans un ralenti qui semble infiniment amer, quelqu’un me fauche les jambes, je pars en arrière, heureusement l’arête est large à cet endroit, et je ne chute pas dans le vide mais sur une caillasse saturée d’électricité et d’ozone. Le verre se brise, je m’avachis, comprends ce qui m’arrive, recouvre ma mobilité, hurle, un mélange de colère et de peur dans la voix : « La foudre ! J’ai pris la foudre ! Remonte, vite ! »
Lionel Daudet, Le tour de la France exactement

Décryptons la foudre et les orages.

Par Guillaume Blanc
Référence : La foudre, nature, histoire, risques et protection, Claude Gary, 3e édition, 2004, Dunod.


 

La charge et autres délices électriques

Les constituants élémentaires de la matière possèdent une propriété physique qui s’appelle la charge électrique, qui peut avoir trois états : positive, négative ou neutre. Cette particularité fut mise en évidence à partir du XVIIIe siècle grâce à la force induite entre deux objets chargés : ils se repoussent si leurs charges sont de mêmes signes, ils s’attirent si elles sont de signes contraires. Rien ne se passe entre deux objets neutres. Au fur et à mesure que les connaissances ont progressé, on s’est rendu compte que la matière est constituée d’atomes, eux-mêmes constitués d’électrons orbitant autour d’un noyau. Les électrons sont des particules élémentaires de charge négative, tandis que les noyaux sont de charge positive. Dans un atome, il y a autant de charges négatives que de charges positives, il est neutre. La matière est donc neutre. Il est néanmoins possible de la charger, en arrachant des électrons superficiels par frottement. C’est ce qui se passe quand on frotte un ballon de baudruche avec un chiffon : des électrons sont arrachés, le ballon devient ainsi chargé. En l’approchant de petits bouts de papier (ou des cheveux), ceux-ci sont attirés : la charge du ballon les polarise, c’est-à-dire qu’elle induit une répartition non uniforme des charges dans le petit bout de papier. Le côté dont la charge est opposée à celle du ballon est donc attiré par lui ; si le morceau de papier est suffisamment léger, une force « électrique » le soulève en dépit de son poids et le « colle » au ballon.

... et la suite ?