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La dernière frontière : trek en Alaska

par Mathieu Normand
12 mars
197 lecteurs

Into the wild. Aux portes de l'Arctique

Pas de chemins, pas d’humains. S’aventurer à pied en solo dans les grands espaces sauvages d’Alaska, c’est un peu comme se retrouver dans la peau d’un explorateur : découvrir un territoire et ne compter que sur soi. Mathieu est allé se perdre dans un micro-échantillon au nord de cet immense État dont la seule évocation suffit à nous plonger dans l’aventure. Il nous raconte.

Armure naturelle. Le premier jour, impossible de mettre la main sur ma moustiquaire. Je m’enduis le visage de boue pour limiter les assauts des moustiques.
Armure naturelle. Le premier jour, impossible de mettre la main sur ma moustiquaire. Je m’enduis le visage de boue pour limiter les assauts des moustiques.
Débonnaire ? Malgré les apparences, la progression dans la toundra se révèle particulièrement éprouvante.
Débonnaire ? Malgré les apparences, la progression dans la toundra se révèle particulièrement éprouvante.

Je découvre l’existence des « Gates of the Arctic » un soir pluvieux d’automne grenoblois, alors que je parcours négligemment la carte satellite de l’Alaska sur Google Earth pour échapper aux révisions des partiels qui approchent. La région me semble particulièrement reculée et sauvage, traversée par une seule et unique route, la Dalton Highway reliant Fairbanks aux installations pétrolières de Prudhoe Bay. Je ne sais pas encore comment me rendre là-bas, mais le désir d’explorer la zone croît au fur et à mesure de mes recherches. Quelques semaines plus tard, j’apprends que je suis sélectionné pour un échange universitaire à Bozeman, dans le Montana, à « quelques pas » seulement de l’Alaska ! C’est décidé, je pars pour l’Arctique !

« The Last Frontier »

D’aussi loin que je me souvienne, l’Alaska m’a toujours fasciné. 750.000 habitants sur un territoire grand comme trois fois la France, dont plus de la moitié habite dans la seule aire urbaine d’Anchorage. Autant dire que la majorité de l’État abrite une nature que l’on pourrait qualifier de préservée, où il est plus probable de croiser un ours qu’un être humain. En observant la carte satellite de la région, on remarque aisément une chaîne de montagnes qui s’étend de la mer des Tchouktches jusqu’au territoire du Yukon, ayant l’air de marquer la transition entre la forêt boréale au sud et la toundra au nord. C’est la chaîne Brooks. 1100 km de long pour 240 de large et culminant à 2736 m d’altitude. En son cœur, le parc national des Gates of the Arctic, plus vaste que la Belgique et entièrement situé au nord du cercle polaire arctique. Sans routes ni sentiers, il s’agit de l’une des dernières grandes étendues sauvages intactes du monde, intégralement préservées des ravages perpétrés par les compagnies minières et pétrolières que l’on peut malheureusement observer dans de nombreuses régions de l’Arctique. Le village nunamiut d’Anaktuvuk Pass, situé aux confins nord du parc, constitue un point de chute logique pour y débuter une expédition.

... et la suite ?