Au pied du mont Ararat, frontière entre la Turquie et l'Arménie, juste avant l'Iran
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Physio on Hand : à vélo en route vers la Nouvelle-Zélande
sans date de retour !
C'est à l'occasion du dossier "Voyager sans date de retour" de Carnets d'Aventures 52 que Romain Auclair a écrit un article passionnant dans lequel il explique la genèse du voyage à vélo sans date de retour qu'il a débuté en été 2017, et livre les nombreuses pensées et réflexions qu'il mène au fur et à mesure de sa nouvelle vie nomade...
Romain est kinésithérapeute originaire de Briançon (Hautes-Alpes). Son itinérance mêle vélo, parapente (qu'il transorte dans ses sacoches, et kinésithérapie puisqu'il va à la rencontre des kinés de différents pays afin d'apprendre sur leurs pratiques.
Ce voyage a comme destination la Nouvelle-Zélande, et la particularité de ne pas avoir de durée définie. La raison ? Une probable « routinite » aiguë. Cette affection qui touche de plus en plus de gens dans le monde : « traîner la désagréable impression d’avoir tout pour être heureux, mais pas la clé pour en profiter ».
Par Romain Auclair
Fin 2018, il nous donne de ses nouvelles depuis l'Asie du Sud-Est, à lire ci-dessous !
Suivez-le sur son site Physio on Hand et sa page Facebook !
Extraits de l'article de Romain dans CA52 :
« Chaque histoire a un début. J'ai découvert le voyage à vélo lors de conférences sur les bancs de l'université, me promettant qu'un jour je réaliserai un voyage de telle envergure. Mais le mode de vie contemporain m'a vite rattrapé à la sortie de mes études, me plongeant dans une vie routinière durant laquelle ce rêve semblait s'éloigner. Dans un concours de circonstances, j’achète un vélo de voyage en 2014. Les voyageurs à vélo disent souvent qu’ils sont partis expérimentés et sur un coup de tête, je n'ai pas échappé à la règle. Néophyte dans le voyage, encore plus dans la mécanique du vélo, je pars m'aventurer en solitaire sur les routes de la Patagonie du nord. Fort satisfait de ma première expérience, je décide d'adopter ce moyen de locomotion pour mes voyages. []
À mon retour en France, cette idée ne me quitte plus. La graine a germé dans mon esprit et les racines occupent mes pensées... »
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Arrivée au Kirghizistan. Quelle sensation d'arriver aux prémices de l'Himalaya à vélo.
Jean-Mi en survol près du lac d'Issyk-kul
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Des nouvelles de Romain fin 2018 !
Le soleil se couche au-dessus du lac de l'ouest de la ville de Hanoï. Une bulle rouge filtrée par la brume asiatique, et un peu de pollution. Je suis arrivé dans la frénésie de l'Asie du Sud-Est bien souvent rythmée au son des klaxons. La chaleur est étouffante due au taux d'humidité saturé. Mais l'eau apporte sa fraîcheur sur les berges du lac le temps est suspendu, et le bruit aussi. Surtout en fait !
Questionnements
J'ai quitté la quiétude de l’Asie Centrale et ses grandes étendues.
J'ai traversé l'ouest Ouzbek et ses déserts interminables. De longues lignes droites qui traversent le néant m'ont amené à réfléchir sur le but de l'entreprise d'un tel périple. Quand il n'y a pas de paysage à contempler pour occuper l'esprit, nos pensées peuvent nous jouer des tours et il faut apprendre à les canaliser. Comme je l'ai déjà mentionné, j'avais tout en France, et notamment un terrain de jeu infini dans les Hautes-Alpes, moi qui suis adepte de sports de grands espaces. Alors face au désert du Kyzylkoum, je songeais au pourquoi de ce que je faisais là, et pourquoi avoir quitté ma famille et mes amis pour atterrir dans un paysage si peu intéressant…
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Région de Mangystau, Kazakhstan.
Bivouac avec Charles Jacot-Descombes, un Suisse rencontré sur les routes.
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Un nouveau souffle à mon voyage
L'arrivée à Samarcande a été salvatrice. Arpenter cette ville mythique était pour moi un incontournable dans mon voyage. Par ailleurs j'ai reçu un accueil des plus chaleureux de la part de l'université de kinésithérapie dans le cadre du projet « physio on hand ». Deux éléments qui ont donné un nouveau souffle à mon voyage. Je me suis ensuite dirigé vers Tashkent, la capitale, toujours dans le but d'une rencontre interprofessionnelle, en passant à travers du parc national du Zaamin, aussi surnommée la Suisse ouzbek.
Etant un peu juste sur mon visa pour passer par la vallée de la Fergana qui m'aurait permis une entrée directe au Kirghizistan, j'ai effectué un crochet par le Kazakhstan.
J'ai fait l'impasse du Tadjikistan et sa célèbre pamir highway. Plus désireux d'aller trouver des plaines verdoyantes que des montagnes arides, certes splendides. Ce sera pour une prochaine fois !
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Le registan de Samarcande
Bivouac dans le parc de Zaamin, la petite Suisse ouzbek
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Rencontres amicales
Direction Bichkek, la capitale, pour y déposer le vélo le temps de profiter d'une dizaine de jours de parapente autour du lac d'Issyk-Kul, en compagnie de Jean-Mi, un ami haut-alpin. Puis j'ai quitté Bichkek par une petite route qui me mène dans une vallée parallèle. J'ai opté pour un col encore enneigé et dont le sentier n'est pas tout à fait approprié à mon vélo (ou l'inverse !) : le Kegeti. Après avoir passé le col et avoir poussé et porté le vélo une demi-journée, j'ai retrouvé une famille rencontrée plus tôt : les Delaye en vadrouille. Nous cheminerons ensemble quelques jours au rythme de la petite famille. Je les quitte pour me rendre au lac Son-Kul, un autre incontournable du pays.
Arrivé à Naryn j'ai posé une nouvelle fois le vélo, cette fois-ci pour un tour « sac à dos » avec une amie m'ayant rejoint pour près de 3 semaines. Il me faudra faire un aller-retour au Kazakhstan pour renouveler mon visa avant de reprendre la route. Nouveau col, nouvelle bavante. C'était sans compter la rencontre avec un Kirghize qui m'invita à camper près de sa yourte et me proposa de partager son repas. Une rencontre authentique comme je les aime, de celles qui motivent mon voyage. J'atteignis Karakol au bout de 4 jours dans la montagne.
Après un bref repos, je suis repassé au Kazakhstan, décidément j'en collectionne les tampons. Je me suis dirigé vers la Mongolie, avec passage obligé par la région sous pression du Xinjiang, en Chine. De l'oppression des Ouïgours, qui a mené à un mouvement de révolte et des actes terroristes, la région est désormais complètement verrouillée. Chacun de mes faits et gestes fut surveillé par les nombreux contrôles de police quotidiens.
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Jean-Mi en survol près du lac d'Issyk-kul
Bivouac au pied du col du Kegeti, silence total.
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Liberté à perte de vue en Mongolie : réflexion et méditation
En rentrant Mongolie j'ai retrouvé le sentiment de liberté. Et c'est peu de le dire ! Des plaines immenses à perte de vue. Du silence et de l'immobilité. Mais avec tout de même un minimum de relief et un paysage qui défile et qui ne conduit pas à l'ennui, mais qui porte à la réflexion et à la méditation. Rien à l'horizon, juste quelques yourtes pour s’arrêter se reposer, se ravitailler, boire le thé (salé), l'airag (lait de jument fermenté) ou la vodka... selon l'humeur.
Asie du Sud-Est
Les aléas des visas m'ont fait prendre un train pour Pékin, avec un crochet par la muraille de Chine. Puis encore un autre pour le sud du pays, la Chine étant bien trop vaste pour espérer la traverser en un mois, et j'étais moi-même pris par le temps.
J'ai eu le plaisir d'arpenter les montagnes calCaires près de Guilin, où tout le sens du voyage à vélo, lent et contemplatif, a pris son sens. Je me suis ensuite dirigé vers le Vietnam où j'ai de nouveau posé le vélo pour un mois, mes parents m'ayant rejoint pour l'occasion. Une parenthèse familiale dans le voyage. C'est aussi ce qui motive mon périple, pouvoir changer de mode de voyager de temps ou temps pour apporter de l'alternance et de la diversité.
Je m'apprête donc maintenant à une traversée de l’Asie du Sud-Est, et en bonne et due forme ! Pas moins de 6 mois avec quelques arrêts et escapades au alentours.
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Berger mongol venu sympathiser.
Au Kirghizistan ça monte ! Mais ça descend aussi.
Chevaux en pâture au lac Son kul
Femme Hmong, nord Vietnam
Plantation de rizière en terrasse.
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