Dossier : Randonner Léger
Pour que randonner reste un plaisir Dossier publié dans Carnets d'Aventures n°4 |
Table des matières : Marre de porter trop lourd ?Sac 70L (voire plus) sur le dos, tissu distendu par le contenu et avec toutes sortes de choses accrochées à l'extérieur ; tout ça pour une randonnée de quelques jours, voilà qui est chose fréquente. Nous imposons à notre pauvre corps, peu habitué à ce genre d'exercice le reste de l'année, des charges de 15 à 25 kg, parfois plus. Et pour beaucoup, cela représente le calvaire logique de la randonnée. Quelques marcheurs ont voulu ne plus être esclaves de leur sac et de la tonne de matériel que l'on peut y fourrer. Ils ont lancé ce que l'on peut qualifier de courant de pensée (et d’action) autour de la marche ultra-légère. Le phénomène s'est surtout développé dans les pays anglo-saxons, mais en France une communauté s'est créée et travaille activement sur le concept. Nous avons rencontré certains de ses membres pour voir de quoi il retournait, et c'est au détour des sentiers de la montagne Sainte-Victoire (près d’Aix en Provence et du pays de Pagnol) que nous avons eu droit à une démonstration de légèreté. Il fut bien agréable et rassurant de crapahuter sur ces sentiers plutôt escarpés, et où il vaut mieux ne pas perdre l'équilibre, avec presque rien sur le dos. MUL vs MuletLes aficionados français de la discipline se sont nommés les M.U.L. (Marcheurs Ultra-Légers), par opposition au M.U.L.E.T. (Marcheurs Ultra-Lourds Et Têtus), le modèle standard du marcheur poids lourd rencontré sur nos chemins. À la rédaction nous sommes issus, comme la plupart des randonneurs, du monde des mulets, voire des mulets extrêmes (lors d'une de nos précédentes randonnées de jeunesse, nous avions fait le tour de l’île de Marie-Galante à pied avec tout le matos de bivouac + le matériel de pêche sous-marine + une machette pour les noix de coco + tout le reste, pour un poids total en charge de 25 kg avec l'eau…). C'est donc avec étonnement et intérêt que nous considérons ces joyeux lurons qui partent pour 5 jours en autonomie avec 5 kg sur le dos. Les grands principes de la Marche Ultra Légère- Se concentrer sur l'essentielPremier principe : ne prendre que l'essentiel (le vrai !), éviter les gadgets inutiles, les éléments de confort dont on peut se passer… Le minimalisme prime. Il s'agit là de (re)définir ce qui est vraiment essentiel même si chacun aura sa propre définition. Cela implique de bien réfléchir à ce qui sera vraiment utile durant la marche, sans perdre de vue que la première source de plaisir (en tout cas pour la plupart des gens !) est de jouir du paysage et de se retrouver en pleine nature, et que pour cela, il suffit de ses yeux... Plus simplement : « porter pour voyager et non voyager pour porter ». Bon d'accord, il faut aussi dormir, manger et ne pas se geler ! Le MUL va essayer de combler ces besoins de la manière la plus épurée possible. - Repenser les grands classiquesL’idée est en fait de dépasser ces barrières mentales qui font de la randonnée traditionnelle une discipline où le matériel ne doit pas porter à discussion. Puisqu'ils s'en prennent aux grands classiques, certains des concepts sont forcément controversés comme toute évolution. À tort ou à raison – il est difficile de le dire, tout dépend du type de voyage. Voici donc un grand classique : "Pour dormir, il faut avoir une tente". Oui mais c'est lourd ! Comment faire sans ? Avec une bâche (dans le milieu on dit tarp). Un tissu en nylon enduit de silicone (le Silnylon) permet de fabriquer des abris très légers (de l'ordre de 300g à 800g suivant sa construction et le nombre de personne qu'il doit abriter) et étanches. L'abri ne sera donc qu'un simple toit ; on pourra placer sous le tapis de sol, pour s'isoler un peu plus de l'humidité du sol, une petite bâche de quelques grammes seulement (une pièce de Polycryo de 240x80cm pèse 36g. À notre connaissance, le Polycryo (sorte de film plastique usiné en couche) n'est disponible que via le site américain www.gossamergear.com). Bien entendu, cette approche peut se discuter. En effet, quoi de mieux qu'une tente pour supporter de fortes intempéries ? C'est vrai, mais la solution tarp offre déjà une bonne protection pour un poids très réduit, et permet de faire face à pas mal de situations (celles que rencontrent la majorité des marcheurs). Pour les milieux ou conditions extrêmes, on partira toujours avec une bonne vieille tente ; il en existe maintenant de très légères. Le tarp offre l'avantage de pouvoir facilement se régler pour s'adapter à la situation : placé au ras du sol pour les conditions difficiles (froid, vent, pluie), bien au-dessus quand il fait chaud et sec. Quid des bêtes rampantes et volantes ? demanderez-vous. Dans les zones sensibles, le MUL pourra se munir d'une moustiquaire de tête voire complète suivant les régions. Dans les zones « compatibles », on pourra utiliser la solution hamac + bâche + moustiquaire si besoin (eh oui on insiste mais on adore cette solution de bivouac légère et confortable). Un autre grand classique est la sacro-sainte chaussure tige haute, bien lourde, qui, en tant que pièce la plus en mouvement de notre corps, a pourtant tout intérêt à être légère. Le MUL marchera avec des chaussures légères, tiges basses (type raid ou trail). La cheville est d'autant moins exposée que le MUL marche léger. Les pratiquants de trail ne courent pas en chaussures tiges hautes et parcourent pourtant des distances parfois énormes sur des terrains accidentés, en courant de surcroît, comme quoi la tige haute n'est pas forcément incontournable. - Savoir bricoler, bidouiller, imaginer…Les solutions du commerce ne sont pas encore adaptées à cette nouvelle catégorie de marcheur (les anglo-saxons proposent cependant de plus en plus de produits spécifiques). Les MUL détournent donc pas mal de produits de leur usage d'origine. Le sac à dos, par exemple, n'a pas besoin d'être blindé, de contenance supérieure à 70 ou 80 litres, et avec un système de portage magistral, puisque le MUL n'a sur le dos que quelques kilos (il évite ainsi de se porter les presque 3kg du seul sac…). Il choisira donc un sac à dos très léger, typé raid. Ensuite, il va l'améliorer (ce qui consiste en général à enlever le superflu). Au bilan, il aura un sac de faible à moyen litrage (entre 20 et 40L) qui pèse entre 200 et 800g (un peu plus pour des usages plus extrêmes et longs). De même, le tarp sera en général cousu par son propriétaire (quelques sites d'artisans proposent des tarp déjà prêts, voir l'encart « Sur le net »). - Savoir faire d'une pierre plusieurs coups (principe de non-redondance)Les nomades mongols ont une longue veste, la deel, qui leur sert aussi de sac de couchage les nuits passées dehors. L'idée ici est de ne pas multiplier les équipements redondants. Par exemple, les bâtons de marche serviront de structure pour le tarp. Certains utilisent leur poncho comme tarp ; il est agréable que le poncho soit dans ce cas un peu plus grand qu'à l'accoutumée. Pour avoir l'objet idéal, un petit peu de couture peut s'avérer utile (pour les fainéants Six Moon Designs propose un produit intéressant, voir www.sixmoondesigns.com/shop/shopexd.asp?id=45). De même dans le registre de la cuisine : la popote servira de bol et ainsi de suite… - Bien dimensionnerQu'il s'agisse de la nourriture ou des autres produits consommables, le MUL calculera ses besoins exacts avec une marge de sécurité mais pas plus. Il faut donc trouver de petits contenants pour les épices, le sel, le dentifrice (pour ceux qui en prennent ; voir ci-dessous), le combustible pour le réchaud, etc. - Penser globalGagner 20g de-ci de-là peut paraître bien futile mais si on allège de 10% à 20% chaque objet, on aura 10% à 20% de moins sur le dos, ce qui représente un gain de 1 à 2 kg pour 10 kg de matériel. - Avoir une hygiène régulière en évitant les artificesOublier les déodorant et autre dentifrice ; apparemment, se brosser les dents sans produit est suffisant pour combattre les caries. Les rechanges seront limités au strict minimum. On aura en général un seul ensemble de sous-vêtements de rechange (slip, chaussettes, t-shirt). On organise une rotation en lavant et faisant sécher ceux qu'on n'a pas sur soi (jusque là c'est assez logique) et si possible on se lave plus souvent, ce qui, finalement, n'est pas un mal. - Ne pas céder à certaines sirènes de la consommationPar exemple les gourdes en métal ou plastique épais sont avantageusement remplaçables par une simple bouteille en plastique ; les bouteilles de soda sont très légères extrêmement résistantes et aisément remplaçables. De même, on trouvera des produits du commerce, qui ne sont pas destinés à l'outdoor (donc potentiellement pas très chers ), que l'on détournera pour un usage MUL. - Se servir de la technologieOn peut déjà réduire énormément le poids en bricolant et en ne prenant que l'essentiel, mais parfois la technologie s'avère utile. Par exemple, le titane permet de gagner des grammes sur la popote et le couvert (j'ai failli écrire les couverts...). De même pour les sardines servant à maintenir le tarp (on peut s'en procurer un lot de 10 pour moins de 15 € sur internet (encart "Sur le net"). Les nouveaux tissus techniques intéressent beaucoup les MUL. En effet, on a maintenant des sacs de couchage, des coupe-vent, etc. avec des enveloppes en Pertex (normal, quantum ou dry) ; ce tissu est extraordinairement léger et tout de même résistant ; de plus, suivant la version, il est étanche à l'eau (mais les escarbilles échappées d'un feu y font de très jolis trous…). On a donc des petits coupe-vent avec capuche pour… 85g !, des sacs de couchage garnis de duvet avec une température de confort de 0°C pour quelque 700g, etc. - Etre soigneuxUne partie du matériel léger est plus fragile, il faut donc y faire plus attention. Mais c'est surtout la quête extrême du moindre gramme qui peut impliquer la fragilité, on peut être MUL sans faire de concession à la robustesse du matériel. - Optimisation du sac à dosÀ titre d'exemple, voici la solution retenue par Pierre, le MUL de www.randonner-leger.org, qui nous a fourni beaucoup d'informations pour réaliser ce dossier. Si elle est un petit peu extrême et n'a de sens que dans le cadre de la recherche du moindre gramme – beaucoup de poids se gagnant ailleurs, avant d'attaquer le sac –, elle mérite d’être mentionnée. Pierre possède un sac Vaude de 25 litres dont il a enlevé le rabat sommital (très peu de volume apporté par le rabat en regard de son poids). Il n'a pas de problème au niveau de l'étanchéité car il protège de toutes façons (rabat ou pas) son sac par un poncho en cas de pluie (principe de non-redondance). Pierre a aussi retiré les petites fioritures jugées inutiles comme les bandes de confort du dos du sac. Il a raccourci les sangles ; pour cela, il charge le sac au maximum de son volume puis règle les sangles, tous les bouts de sangles qui dépassent encore sont alors coupés. Au bilan son sac pèse 260g, soit quelque 110g de moins que la version originale déjà très légère. La structure du sac (sa rigidité) est apportée par le tapis de sol que Pierre plaque contre les parois internes du sac (encore une fois, c'est le principe de non-redondance qui prévaut : le tapis de sol, que l’on portera dans tous les cas, remplace les bandes de confort pour rigidifier le sac). Légèreté = flexibilité = libertéMarcher sur deux jours le temps d'un week-end paraît souvent trop compliqué : pour une nuit et une seule il faut emporter tout le matériel de bivouac : duvet, tapis de sol, tente, réchaud, popote et tout ce que j'ai oublié de mentionner, le tout dans un grand sac lourd. Porter tout ça pour une nuit semble disproportionné. Avec un sac de 4 ou 5 kg sur les épaules, les contraintes s'effacent et les jolis bivouacs à portée de main sont plus tentants que jamais. Évidemment, les joies et bénéfices de cet allègement se font aussi ressentir lors de randos au plus long cours. Et la sécurité dans tout ça ?Certains reprochent aux MUL que leurs choix d'équipement les rendent plus vulnérables. D'une certaine façon, c'est peut-être vrai, mais en même temps la mobilité plus élevée (du fait du poids moindre) et le fait d'être moins fatigué donnent une meilleure marge de sécurité. Notons en plus qu’il est plus « facile » de se tordre une cheville ou de perdre l'équilibre quand on a un sac de 20 kg sur le dos que quand il en pèse moins de 10. D'un certain côté, la marche légère s'apparente à l'alpinisme contemporain : léger, rapide et efficace, par opposition aux lourdes expéditions traditionnelles. Et puis à ceux qui prônent le risque zéro, on peut rétorquer qu'ils n'ont qu'à aller « vivre » leur « vie » dans un bocal aseptisé et qu'ils laissent les autres profiter de la leur à leur guise (désolé mais je n'aime pas le sécuritarisme bouffeur de liberté vers lequel dérive notre société). Peut-on envisager une marche ultra-légère pendant une longue durée ?Sylvain Tesson, lors de sa marche de 9 mois en Asie, avait un sac d'environ 6kg (hors eau et nourriture). MUL et longue durée peuvent se concilier ; de nombreux marcheurs au long cours défendent ce concept (surtout les Anglo-saxons encore une fois, qui conçoivent ce type de marche dans la durée). Au bilan que penser de tout cela ?D'une manière générale, réfléchir à ses besoins réels semble une approche saine et équilibrée. Parfois, on achète du matériel surtout parce qu’il ouvre une porte mentale vers la nature, le voyage, la liberté, parce qu'il est une promesse d'évasion. Ensuite, on part avec tous ces éléments qui nous ont permis de rêver et au bilan, une fois sur le dos, certains se révèlent des ennemis qui pèsent chaque seconde du poids de toute leur inutilité. Plus prosaïquement, on peut noter les quelques avantages et inconvénients cités ci-dessous : Inconvénients Relative fragilité de certains éléments du matériel qui, utilisés intensivement, demandent à être changés régulièrement. Cela ne concerne pas la plupart des marcheurs qui dépassent rarement les 15 jours par an. Les marcheurs au long cours choisissent du matériel un peu plus résistant et y font plus attention. Un certain confort en moins ; pour gagner du poids, il faut faire quelques concessions… Mais le confort perdu au bivouac est gagné durant la journée. Avantages Se balader dans la nature sans être esclave de sa charge. Aller plus vite, plus loin, ou avoir plus de temps. Être moins fatigué, s'autoriser des détours. Ménager son dos et ses articulations. Repenser son approche de la randonnée, réfléchir à ses besoins réels, se creuser la tête et trouver des solutions, l'appliquer à d'autres activités, comme le vélo (le VTT itinérant s'envisage déjà plus dans une approche ultra légère). Matériel léger disponible en FranceVous l'avez compris, marcher léger est possible même sans matériel technique ; celui-ci peut tout de même aider à réduire encore le poids du sac. Nous allons donc passer en revue quelques produits que nous (la rédaction ou les marcheurs ultra-légers qui nous ont aidés à réaliser ce dossier) avons pu utiliser. Bien entendu, cette liste est loin d'être exhaustive. Il y a notamment pas mal de petits fabricants artisanaux (surtout à l'étranger) qui conçoivent des produits bien dans l'esprit MUL à 1000 km des standards du marketing. Il faut fouiner… Sac à dosLe sac à dos est important car on peut gagner beaucoup de poids dessus. Il doit être de bonne qualité, pratique et robuste. Voici quelques produits intéressants (classés par ordre croissant de poids). La plupart des sacs que nous présentons n'ont pas de structure de portage très élaborée (ce qui voudrait dire poids), mais ils n’en ont pas besoin puisqu'on est censé porter léger… Sac de couchageIl s’agit sans doute de l'élément le plus critique du sac à dos. Pour avoir un sac de couchage performant et léger, il faut investir dans un produit de qualité. Les sacs en duvet sont plus légers et plus compressibles, mais le synthétique garde mieux ses propriétés une fois humide, et le MUL peut sans doute se retrouver plus facilement humide s'il n'a pas de tente. Certaines constructions de sacs de couchage (enveloppe en Pertex Quantum, ou mieux Dry) protègent les plumes de l'eau qui pourrait tomber sur le sac. Quant à l'eau qui provient de l'intérieur (transpiration), c'est une autre histoire assez compliquée qui pourrait faire l'objet d'un article. Le Pertex permet également une construction bien plus légère pour des performances techniques égales. Les plus grandes marques fabriquent maintenant l'enveloppe (intérieure et/ou extérieure) de leurs sacs avec cette matière. Par ailleurs, de nouveaux concepts sont en train d'être explorés : duvet se transformant en doudoune ; duvet garni seulement sur le dessus : ce concept exploite le fait que le dessous du sac de couchage étant compressé par le corps, son garnissage n’est pas gonflé pas une couche d’air isolante du froid, il serait donc peu utile de garnir le dessous du sac, le corps étant isolé par le tapis de sol seulement. Le gain de poids est assez conséquent. Une autre approche consiste à prendre une veste ou gilet garnie de duvet, qui servira en plus au bivouac ou lors d’activités, et de dormir avec, ce qui permet d'avoir un duvet moins chaud et donc moins lourd ; cette solution est de plus assez flexible puisqu'on peut enlever la doudoune lorsque les nuits sont plus chaudes. SursacsSouvent, le sursac imper respirant est associé au tarp, ce qui permet de gagner en confort et d'éviter d'être mouillé quand les conditions sont très fortes et que l'eau se glisse sous le tarp. Abri - TarpEn remplacement d’une tente ; c'est ici qu'une grosse partie du poids est gagnée, mais il faut accepter de changer sa vision du bivouac. On peut se servir de ses bâtons de marche ou de ce que l'on trouve sur place (falaise, arbre, etc.) pour mettre en forme le tarp. On peut aussi transporter des mâts dédiés à sa structure. Certains tarps du commerce utilisent des arceaux de tente. Le tarp peut bien entendu être dimensionné pour deux personnes (voir www.tarptent.com pour des solutions commerciales, le site est en anglais). Pour fabriquer son propre abri, vous pouvez aller sur le site de randonner-leger.org dans la section "matériel". Les abris tarps pèsent en général de 300 à 800 g. TentePour ceux qui ne sont pas séduit par la solution tarp, il existe des tentes très légères. En voici quelques modèles. On peut gagner quelques grammes sur la plupart de ces tentes, en prenant des sardines en titane par exemple et en optimisant le conditionnement. Monoplace - Vaude, Bivi , 862g Lire l'avis de Sylvain Tesson sur les abris de bivouac monoplace. Biplace - RaidLight, Tente dôme TB_1080-Ultra , 1210g Remarque valable pour toutes les tentes, légères ou pas : pour protéger les tissus de sol, qui sont très sollicités, nous vous conseillons de mettre sous la tente, en première ligne, un bout de bâche plastique ou une couverture de survie (celles qui sont épaisses, en général de couleur argentée). Si on ne prend pas cette précaution, au bout de plusieurs semaines, le tapis de sol finit inévitablement par devenir poreux. Cela rajoutera de quelques dizaines de grammes (solution en Polycryo, 72g pour 2 fois 240x80cm) à 200g suivant la solution retenue, mais allongera significativement la durée de vie de la tente. RéchaudLe plus léger c'est le réchaud à alcool (voir encart). Si on est à deux (ou plus) ou que l'on souhaite faire cuire des aliments (pas simplement faire chauffer de l’eau), il vaut peut-être mieux prendre un réchaud à gaz léger. Plusieurs modèles pèsent moins de 90g. Mais il faut compter en plus les cartouches de gaz, ce qui rajoute au moins 150g (une MSR 100 pèse 228g). Si on part longtemps avec peu de points de ravitaillement, le mieux c'est encore le réchaud à bois (on se souvient avec bonheur et nostalgie de notre Sierra détruit par les chevaux en Mongolie l’été dernier. Des sites internet proposent des plans pour fabriquer des réchauds à bois pesant dans les 200g et dans ce cas, cela devient vraiment plus intéressant que la solution gaz) ou le feu de bois si on est dans des zones où il y a quelque chose à brûler, c'est à dire quasiment partout en dehors de la haute montagne. Bien entendu, il y a des cas où seule la solution essence est possible. Comme il ne s’agit pas des réchauds les plus légers, nous ne les mentionnons pas ici. Pour info, parmi les plus légers, on trouve le Primus Gravity (295g sans bouteille ; bouteille vide 0.6L à 131g) et le MSR XGK III (335g sans bouteille ; bouteille vide 0.325L 79g et 0.65L 139g) (deux modèles non testés). Il existe aussi des modèles multi carburants (essence, gaz) de 430g sans bouteille (Primus Multifuel). (Pour plus d’infos, voir le dossier réchauds que nous avions publié dans Carnets d’Expé n°2, disponible sur www.expemag.com/medias.php). - Coleman, F1 lite , 75g Lire l'encart : "Fabriquer un réchaud entre 6g et 50g, c'est possible! " PopotePopotes et couverts existent en titane, solides et légers, mais outrageusement chers… VêtementsPortés sur soi ou au fond du sac, les vêtements ont un poids non négligeable. Une solution pour porter léger est de ne pas les multiplier et de faire plus de pauses pour les laver et se laver. Voici quelques éléments techniques revendiquant des poids plume : Gilets thermiquesLes couches thermiques en duvet restent un must ; plutôt que d'empiler des polaires qui au final s'avèrent bien plus lourdes et encombrantes, mieux vaut une couche de duvet. Une fois sur le dos, on sent vraiment la différence... En la combinant avec le sac de couchage, on peut se permettre d'en prendre un moins chaud. VestesNous voilà à la couche de protection contre le vent et la pluie. Les constructeurs ont fait de beaux progrès au niveau du poids grâce à l'utilisation de nouveaux procédés de constructions. Nous avons été très favorablement impressionnés par l'ensemble des produits de cette section. Voici quelques éléments, classés par poids croissants, qui vous protégeront des intempéries. Pantalon imper-respirant- Vertical, pantalon Shelter, 215g en taille 40 Frontales légèresBien sûr, il y a les incontournables frontales de Petzl (Zipka 64g, Zipka+ 65g, Tikka 75g, Tikka+ 78g, et autres Tikka XP 95g). Il existe des frontales encore plus légères, comme la Ion de chez The Noth Face, 31g, mais la pile 6V est plus dure à trouver partout dans le monde. DiversGPSL'électronique se miniaturise et quelques GPS ultra-légers sont disponibles. Nous avons testé seulement le Garmin Foretrex (existe en plusieurs déclinaisons) qui est un GPS correct pour 80g avec les piles. Nous vous conseillons le Foretrex 101 car son alimentation sur piles AAA le rend plus facile à recharger en voyage/expé. Dans les produits que nous n'avons pas pu tester, nous pouvons signaler la montre GPS/baromètre Suunto X9i et ses 76g (attention à l'autonomie limitée, il semblerait également qu'elle ait plus de mal (moins bonne réception) à faire le point qu'un GPS classique, ce qui peut se comprendre vu la taille de l'antenne), mentionnons également la série des « Geko » de Garmin qui pèsent 88g avec les piles. Bâtons de marche- RaidLight, Trail pole, 128g par bâton (sans la rondelle) BaudrierÀ titre d'information pour ceux qui font de la montagne, voici 3 baudriers extrêmement légers. Le bivouac monoplace vu par Sylvain TessonVoici l’avis de Sylvain sur le concept de mini bivouac sarcophage ; il en a lui-même utilisé un pendant ses 9 mois de périple de la Sibérie à l’Inde, dans des conditions climatiques assez diverses donc (il s’agissait d’un modèle de chez Hellsport de 900 g) : Un réchaud qui pèse entre 6g et 50g, c'est possible!Voilà un apport très intéressant du mouvement des MUL (marcheurs ultra-légers). Un des principaux éléments lourds du sac est le réchaud (et son combustible). Certains MUL (tendance XUL, pour Ultra-Légers eXtrêmes) choisissent de ne plus emporter de réchaud et de ne faire que des repas froids. Cette approche radicale ne convient pas forcément à tout le monde d'autant que manger chaud, surtout lorsqu'il fait froid, est quand même très agréable. Manger chaud pour quelques grammes c'est possible ; les MUL, via leurs membres les plus actifs, ont créé, modifié et amélioré de petits réchauds construits à base de canettes de bière en acier (meilleure résistance à long terme). Ce sont de petites merveilles de finesse ; les tôles sont embouties pour obtenir un réchaud perfectionné, qui peut faire bouillir jusqu'à 1/2L d'eau en quelques minutes. Ces réchauds fonctionnent à l'alcool à brûler. Ils ont tout de même quelques limitations. Leurs caractéristiques les destinent surtout à faire bouillir de l'eau qui est ensuite utilisée pour faire cuire de la semoule ou des nouilles chinoises, hydrater un lyoph, une soupe ou faire une boisson chaude. Mais faire cuire pâtes ou riz, qui nécessitent une véritable cuisson plus longue, s'avère plus délicat car, lorsque le réchaud s'arrête (combustible épuisé), il faut le recharger en alcool, attendre que la phase de préchauffe (environ 1mn) se termine avant de reposer sa popote. (Des modifications du réchaud sont possibles ; on peut en fabriquer des plus gros pour faire bouillir de plus grandes quantités d'eau). J'ai fait le test, pour une grosse portion de pâtes pour une personne, sur un réchaud P3RS ; avec la quantité d'alcool (environ 15-20ml) que j'ai mise dans le réchaud, il a fonctionné pendant 20 minutes. L'eau était en limite d'ébullition 9 minutes après l'allumage, c'est là que j'ai mis les pâtes (Barilla, coquillette n°32, environ 150g »), elles étaient cuites 20 minutes après allumage. |