Test poches à eau avec pipette
En complément du dossier technique présenté dans le Carnets d’Aventures n° 29 (voir le sommaire, le commander), nous présentons ici quelques notions au sujet des bactéries, les résultats détaillés des tests effectués par la rédaction. Le développement de bactéries ou de moisissures est l’un des principaux problèmes rencontrés par les utilisateurs de poches à eau. D’où viennent ces « microbes » ?Texte : Sébastien Plumet
Premier principe : la Nature a horreur du vide. Votre poche à eau, le tuyau de pipette, l’embout sont un terrain libre à coloniser. Bactéries et moisissures, micro-organismes un peu primitifs, vont y trouver un environnement favorable : une atmosphère humide (la vie est apparue d’abord dans les océans), une source de carbone (C02 atmosphérique dissout dans l’eau ; mieux : cellules et salive que vous injectez en soufflant dans votre pipette pour en chasser l’eau ; encore mieux : le sucre de votre boisson de sport si elle en contient), et enfin un support à l’abri de tout « enlèvement physique » (essuyage) qui pourrait les chasser de leur zone d’implantation.
Second principe : il n’y a pas de génération spontanée. Autrement dit : les microorganismes qui vont s’implanter sont ceux présents naturellement dans votre environnement, qui sont entrés en contact avec votre poche à eau et qui vont se multiplier jusqu’à former un « biofilm » visible, comme dans une salle de bain ou une cave mal ventilées. Ainsi, à moins que vous ne preniez votre eau dans le collecteur d’un bidonville, votre poche à eau ne sera jamais une zone de multiplication de cholera (bactérie), d’amibes (parasites) ou de trichomonas (champignons). Une poche à eau au départ stérile qui serait en contact avec de l’eau et une atmosphère stériles resterait propre ad vitam aeternam, mais cette situation n’existe pas : il y a plusieurs millions de micro-organismes par millilitre d’air, naturellement, et leur diversité est immense (bactéries, levures, champignons). Quelles que soient les conditions qu’offre votre poche à eau, ou une partie de votre poche à eau, en plus de son atmosphère humide et stable (lumière ou pas, sucre ou pas, pH …), il y aura toujours un candidat microscopique qui y trouvera une niche écologique favorable. Conséquence : la guerre contre la colonisation de votre pipette est une guerre perdue d’avance. Il faut noter que les virus, qui ne sont pas capables de se multiplier seuls (il faut qu’ils infectent un organisme) ne se développent pas dans une poche à eau : virus de gastroentérite, d’hépatites, etc, seront au plus transportés (à partir d’une eau contaminée) mais jamais amplifiés.
Troisième principe : en tout, c’est l’excès qui nuit. Les micro-organismes capables de se développer étant ceux de l’environnement, votre corps – et surtout votre système immunitaire – les connaît déjà, et sait les contrôler … tant que la quantité d’envahisseurs est raisonnable. En buvant dans une poche à eau visiblement sale, vous risquez de dépasser vos capacités de contrôle, avec pour conséquences des possibles allergies (rares) et surtout des gastroentérites. Pour les sportifs d’endurance, notez que vos capacités de contrôle (immunité) baissent avec la fatigue, donc votre seuil de tolérance aux micro-organismes présents dans la poche aussi (gastro). Mais en général, les contaminations observées dans les poches à eau, même si elles sont disgracieuses, sont bénignes. Il est impossible de les éradiquer, l’objectif est de limiter leur développement en dessous d’un seuil où elles n’auront aucun effet sur l’utilisateur. Que faire donc? Le trio idéal : sécher, enlever les sources de carbone, éliminer les colonies (essuyage). Soit : - Rincez après usage votre poche, et surtout sa pipette, à l’eau claire. En particulier si vous utilisez des boissons sucrées (sucre= carbone organique=source de nourriture pour els bactéries). - Séchez, séchez, séchez : poche ouverte, robinet de pipette ouvert, et si possible en plein soleil (par exemple suspendu contre une fenêtre). Stockez dans un endroit sec, propre et à l’abri de la lumière. - Certains stockent leur poche à eau au congélateur. Le froid tue la plupart des bactéries et moisissures, il bloque la multiplication des autres. Mais cette pratique, à l’image des congélations/décongélations multiples d’aliments, peut favoriser des bactéries résistantes au froid et toxinogènes, en éliminant leurs concurrents. Si vous utilisez cette technique, rincez à l’eau claire votre poche avant et après congélation, pour éliminer au mieux ces bactéries. A noter en outre que les cycles congélation/décongélation peuvent entraîner une usure prématurée du plastique de la poche, limitant sa durée de vie et formant des micro-creux, parfaits pour la fixation de micro-organismes… - Le tuyau de votre poche a changé de couleur, les moisissures et bactéries sont bien installées. Ne jetez pas votre poche. Au mieux, changez juste le tuyau. Tentez une élimination physique avec un goupillon (fourni par certains fabricants ou facilement « bricolable »), et à nouveau faites sécher. Il existe aussi des solutions chimiques (pastilles, produit vaisselle, eau chlorée …). Attention : tout ce que vous rentrez dans votre pipette, vous risquez de le boire après. Dans tous les cas, rincez donc abondamment après traitement. En outre, éliminez physiquement le « biofilm » mort, car il servirait de source de carbone pour de nouveaux micro-organismes (éventuellement différents : la biodiversité est grande dans une pipette !). Il n’existe pas de produit miracle : de toute façon, tant que les conditions seront favorables, les bactéries reviendront. Vous savez tout, donc pouvez trouver vos solutions perso, en vous rappelant des principes biologiques mentionnés ci-dessus. L’usage parfois référencé du coca cola, liquide certes acide mais sucré et collant, vous semble t-il par exemple être une solution d’avenir pour votre poche à eau ou pour les micro-organismes ? … Tableaux de comparaison des poches à eauNous avons testé la résistance des poches à la perforation au moyen du test de l'aiguille :
Voici le petit protocole de notre modeste test visant à comparer le pouvoir isolant des 3 protections thermiques : nous avons rempli au même moment avec de l’eau à 60°C les trois poches en question et deux autres poches « témoin » (la Camelbak Antidote et la Platypus Big Zip SL), nous les avons laissé reposer à température ambiante (25°C environ) et nous avons mesuré la température de l’eau dans chacune des poches toutes les heures pendant 5 heures avec un thermomètre sonde digital. Au bout de deux heures l’eau des poches « isothermes » a baissé de 18°C en moyenne (contre 27°C pour les poches témoin). Au bout de cinq heures, la température de l’eau dans les deux poches témoin est de 28°C (avec 0,4°C de différence entre les deux), et la température de l’eau dans les trois poches isothermes se situe entre 32,3°C et 33,4°C. Vous trouverez toutes les autres données sur Expemag.com. L’évolution de la température est donc relativement similaire d’une part dans les trois poches isothermes et d’autre part dans les deux autres poches témoins. L’autre conclusion importante est que, finalement, les protections isothermes ne sont pas vraiment efficaces, rien à voir avec des thermos (où la baisse de température est de 2 à 4°C par heure environ). |