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Trek au Mera Peak

par Johanna dans Dans le monde 10 juil. 2007 mis à jour 30 oct. 2012 14940 lecteurs Soyez le premier à commenter
Lecture 7 min.

Les chemins du Mera

La principale difficulté du Mera Peak n’est pas son ascension, qui est très abordable (III/F+ neige en cotation Himalaya), mais le choix d’un itinéraire de trekking permettant une acclimatation optimum. Khare, point de départ de l’ascension du Mera Peak est très/trop rapidement accessible depuis Lukla, en seulement 4 ou 5 jours. L’itinéraire passe par un col élevé, le Zatrwa La et cette montée en altitude très rapide pose de vrais problèmes d’acclimatation pouvant avoir des répercussions sur le déroulement de l’ascension. Mais d’autres itinéraires ont vu le jour pour trouver une réponse à ce problème et un nouveau sentier a même été construit à flanc de vallée, spécialement pour faciliter l’accès à la vallée de l’Hinku.
Il est donc possible de choisir un itinéraire adapté, en fonction du temps disponible, en sachant que ce temps passé dans la marche d’approche est indispensable et incompressible. Et, si vous observez bien la carte (au bas de ce topo), un itinéraire reste encore à inventer, un itinéraire pour retrouver « le regard d’Adam »… Je vous livre ici ce topo d’un trek aux alentours du Mera Peak.

Par : Paulo Grobel
Ce topo complète la chronique Himalaya de Carnets d'Aventures n°9 de Paulo Grobel (guide de haute montagne à La Grave, passionné d’alpinisme lointain et d’exploration)

Trek Himalaya Mera Peak

Le sommet du Mera : la petite bosse au milieu de la photo (photo Paulo Grobel)

Au départ de Lukla

1…, Par le Zatrwa La

Lukla, Chautanga, Tuli Kharka, Kote, Tangnag.
Quatre jours sont nécessaires pour effectuer le trajet. Mais il est préférable de prendre un peu plus de temps pour la montée du col. Par exemple en scindant en deux l’étape Chutanga/Tuli Kharka, avec une nuit à Kharki Teng. Ce qui permet également d’éviter de dormir à Tuli Kharka, pour passer la nuit à Toktow, beaucoup plus bas.
La vie y est aussi beaucoup plus facile pour les porteurs.
Certains groupes préfèrent prendre une journée de repos à Chutanga, mais le lieu n’est pas vraiment captivant. Il est alors logique de s’arrêter à Tuli Kharka.
L’évolution rapide de la qualité des hébergements et la construction de nouveaux lodges faciliteront encore l’organisation de ce trekking. Il est possible dès maintenant de dormir et de manger en lodge et donc d’effectuer cet itinéraire avec une équipe népalaise réduite.
 

2…, Par le village de Poyan et la crête de Tham Danda

Lukla, Poyan, camp sur la crête de Tham, Tuli Kharka, Kote.
L’idée de ne pas attaquer directement la montée depuis Lukla est pertinente et séduisante. Mais la différence qui n’est que d’une journée est-elle significative ?
L’itinéraire rejoint Surke depuis Poyan par le sentier classique Jiri/Namche, puis suit une crête bien marquée pour traversée le Ekrate Pass et descendre à Tuli Kharka. Comme souvent, le problème d’eau est bien réel sur cette arête, et l’installation d’un ou deux camps nécessite un vrai effort de la part de l’équipe de cuisine.

3…, Par le village de Pangom et le « Thamserku Trail »

Sans montée en altitude. Une idée très originale de Sonam Sherpa, directeur de l’agence Thamserku et originaire du village de Pangom… et mise en œuvre par Thendi Sherpa, le frère de Sonam, avec l’appui des instances politiques locales (les VDC).
Mais la nature du terrain est particulièrement difficile et le sentier comporte quelques sections éprouvantes (escaliers, montées et descentes raides) et l’emplacement de camping dans la « Jungle » à mi-parcours n’est pas particulièrement agréable et nécessiterait des aménagements.
Malgré tout, c’est une très bonne alternative, qui évite toute montée en altitude préjudiciable, et en cas de chutes de neige importantes, c’est la seule porte de sortie viable.
Une très heureuse initiative de la Sonam Familly, qui résout en partie le problème de l’approche du Mera et surtout dynamise ce petit recoin du Solu Khumbu, les villages de Sibuje et Pangom.

4…, Par le village de Pangom, le Pangom La et la crête du Charpate Himal

Lukla, Poyang, Pangom, camp sur la crête, Tuli Kharka, Kote.
C’est un itinéraire un peu identique à la crête de Tham, avec le passage du même col. Il aurait peu devenir la solution idéale, par sa durée et son parcours progressif en altitude.
Malheureusement, l’absence d’eau au camp après Pangom, avec parfois plus d’une heure et demi d’effort pour en trouver, rend cet itinéraire peu recommandable.

5…, par village de Pangom, le col de Surke et les Panch Pokhari

Lukla, Poyang, Pangon, Sibuje, Gai Kharka, Cholem Kharka, Khola Kharka, Kote
L’itinéraire emprunte l’autre versant de la vallée de l’Hinku par un parcours très esthétique en altitude par les Panch Pokhari. Malheureusement, une descente au fond de la vallée à 1900 m pour changer de versant augmente considérablement l’effort nécessaire. Un départ de Phaplu évite cet inconvénient et permet de conserver la partie la plus intéressante en altitude.
Lukla, Poyan, Pangom, Sibuche, camp « jungle », Kote.
Un nouveau sentier à été créé à flan de montagne pour rejoindre Kote, sans traversée de col et donc

Au départ de Phaplu

6…, Par Ringmo, le Tragsindho La et le Thamserku trail

Phaplu, Ringmo, Kharikhola, Sibuje, camp « jungle », Kote
Un itinéraire très intéressant. Une durée plus importante et une visite du Solu Khumbu sont les principales différences avec l’itinéraire 3 depuis Lukla et Pangom.
Depuis Phaplu, on rejoint la « route nationale » de Jiri à Namche, avec des lodges confortables jusqu’à Pangom.
Seul problème à résoudre par l’agence népalaise, l’embauche des porteurs à Phaplu car ils sont moins nombreux qu’à Lukla.
 

6 bis…, par le monastère de Chiwang et la crête de Kemje Danda jusqu’à Tra, puis Pangom et le Thamserku Trail

Phaplu, Chiwang Gompa, Nunthala, Kharikhola, Sibuje,
La différence avec l’itinéraire précédent réside uniquement dans les deux premières étapes, qui sont plus originales et avec l’intérêt de la visite d’un monastère important du Solu tout en rééquilibrant un peu la grande descente du Tragsindho La.
 

7…, par Salleri, Sotang, Khiraule et les Panch Pokhari

Phaplu, Gumnepani, Gauritar, Chamaling Gompa, Cholem Kharka, Khola Kharka, Kote
Le même intérêt que l’itinéraire 5, avec un parcours en altitude exceptionnelle, du temps pour s’acclimater et surtout la visite d’un recoin du Solu Khumbu en dehors des sentiers fréquentés.
C’est mon itinéraire préféré, malgré sa durée plus importante.
 

8…, par Salleri, Sotang, Chheskam, Mikla Kharka, Kal Pokhari pour rejoindre l’Honku Khola et le versant Est du Mera La

Un itinéraire exceptionnellement Wilderness et totalement inconnu.

9..., par le haut Khumbu

Par Lukla, Namche, Chukung et la traversée de L'Amphu

Un petit tableau comparatif…

Depuis Lukla, n°1

Depuis Lukla, n°2

Depuis Lukla, n°3

Depuis Lukla, n° 5

Depuis Phaplu , n° 6

Depuis Phaplu , n° 7

Chautanga

Poyang

Poyang

Poyang

Ringmo

Gumnepani

Tuli Kharka

camp sur la crête de Tham

Pangom

Pangom

Kharikhola

Gauritar

Kote

Tuli Kharka

Sibuje

Sibuje

Sibuje

Chamaling Gompa

 

Kote

camp « jungle »

Gai Kharka

camp « jungle »

Cholem Kharka

 

 

Kote

Cholem Kharka

Kote

Khola Kharka

 

 

 

Khola Kharka

 

Kote

 

 

 

Kote

 

 

 

Les cartes

Bien sûr les cartes finlandaises au 1/25000 

SALLERI : 2786 07
CHHESKAM : 2786 08

Si vous avez des questions, si vous souhaitez réagir à ces propos, vous pouvez interpeller directement l’auteur en posant une question dans le forum « questions aux auteurs des articles »

 

Ce topo complète donc la chronique Himalaya de Carnets d'Aventures n°9 de Paulo Grobel (guide de haute montagne à La Grave, passionné d’alpinisme lointain et d’exploration). Il souhaite ainsi poursuivre son action de «partage» de la montagne, d’enseignement et de transmission de sa passion.

Les fils d’Adam…

Peut-être vous souvenez-vous d’un très beau texte de Bernard Amy, « Le regard d’Adam », sur la nécessité de ne pas divulguer d’informations sur une région, un itinéraire ou une ascension. Pour préserver un certain regard et laisser de la place à une qualité d’aventure, de découverte. Les mots, les textes, les idées de Bernard me touchent énormément, mais je ne partage pas ce point de vue sur la nécessité d’une absence d’information. Carnets d’Aventures et son site Internet en sont des exemples concrets ; ils illustrent à merveille mon propos et je pense qu’il est possible aujourd’hui d’aller encore plus loin avec ces nouveaux outils de communication.

Le plaisir des mots m’a entraîné vers l’écriture de ce clin d’œil, une sorte de réponse, une suite différente pour les aventures du clan d’Adam.

« Depuis de nombreuses lunes, la tribu d'Adam* vivait heureuse sur son nouveau territoire, sous la protection des "Géants de pierre". Depuis qu'ils avaient quitté le pays d'Eden, les chasseurs avaient appris à connaître leur domaine en explorant chaque col, chaque repli secret de la vallée. Voir de l'autre côté du col, suivre le soleil jusqu'au bout de sa course, découvrir de nouveaux espaces étaient devenus les passages obligés vers l'âge adulte pour les jeunes adolescents du clan. Mais cela était nécessaire également pour leur survie, leur richesse, pour les aider à se libérer des peurs ancestrales en connaissant mieux le monde et en partant à sa conquête. De lunaisons en lunaisons, les fils d'Adam et ses innombrables descendants ont tous apporté une pierre à la mémoire collective. Tous les chemins parcourus, les passages et les gués sont maintenant soigneusement consignés sur les tables de pierre. Mais il y a bien longtemps, le conseil des anciens était très partagé lorsqu'il pris cette décision. Surtout Yma était farouchement opposé à cette idée. En définitive, c'était Dom du clan Enek qui s'est attelé à cette lourde tâche, avec le soutien d'Adam. Depuis, chaque nouvelle génération peut facilement avoir accès aux connaissances des temps anciens et partir encore plus loin à la découverte d'autres mondes. Au passage du dernier col, revivre le rêve d'Adam : d'un brusque coup d'épaule rajuster la bretelle du sac et le regard plein d'espoir partir vers un bonheur sans limite. C'est aussi pour cela qu'est né un jour, bien des siècles plus tard, Carnets d’Aventures, pour permettre une meilleure connaissance des itinéraires à pieds de notre vaste monde ou même des ascensions lointaines, pour encourager les « homo aventurus » à partir une 1ère fois, à partir encore plus loin. Puis, grâce aux expériences vécues et partagées, à ouvrir d'autres portes, aux confins des territoires explorés. »

(*) à lire absolument, dans le n° de novembre 99 de Vertical, « Le regard d'Adam », une nouvelle de Bernard Amy.

Comment aller plus loin, comment mettre à disposition des uns et des autres les informations pratiques glanées tout au long d’un sentier, sur le fil d’une arête de neige, au pas d’un cheval ou dans le sillage d’un kayak bousculé par les embruns ? Internet n’est-il pas le moyen idéal pour partager ces infos, pour permettre à d’autres de partir, peut-être de partir plus loin, ailleurs. Non par goût de l’exploit mais simplement parce qu’un chemin existe par-delà le col… Ainsi, comme exemple d’informations que je partage avec grand plaisir et qui peuvent ouvrir sur des échanges d’expérience particulièrement riches et interactifs, je vous livre ici ce topo d’un trek aux alentours du Mera Peak.

Paulo Grobel

Carte des itinéraires (clickez sur la carte pour l'agrandir)

Carte trek Himalaya Mera Peak

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