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Nord du Danemark en vélo

(done)
Récit de mon premier voyage vélo, qui devait se dérouler 3 semaines dans les fjords norvégiens, et par un concours de circonstance (arrestation à la frontière suédoise...) s'est changé en tour de 5 j du Jutland la veille du départ
travel bike
When : 7/8/16
Total distance : 845km
Height difference : +2655m / -2635m
Alti min/max : 2m/108m
Guidebook created by pjhousse on 07 Jan 2018
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Guidebook (updated : 07 Jan 2018)

Section distance : 465km
Height difference for this section : +2480m / -2462m
Section Alti min/max : 2m/108m

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Report (updated : 07 Jan 2018)

Mai 2016 : l’excitation monte : la démission est posée. Dans deux mois, je pourrais accomplir un rêve d’enfance et partir à la découverte de la Scandinavie. Ces pays, en particulier la Norvège, m’ont toujours fasciné. Déjà depuis plusieurs mois mes soirées sont passées à lire des blogs de voyageurs vélo, à analyser les routes sur carte ou sur internet, à m’imaginer sur celles-ci, serpentant à travers les fjords. Déjà dans mon imaginaire le voyage a commencé. Grâce à Carnet d’Aventure, ce rêve s’est conjugué avec un moyen de transport sobre en énergie : le vélo. Ça tombe bien, j’en ai toujours été passionné. Je ne m’imaginais juste pas quatre sacoches sur les côtés.

Fin juin 2016 : mon itinéraire est finalisé, ce sera de Stavanger à Trondheim. Je connais mes dates de début et de fin, entre les deux, liberté totale, rien n’est réservée. Un certain sentiment de vertige s’empare de moi : ce sera mon premier voyage de ce type, en autonomie, que j’accomplirai seul. Je cherche un certain réconfort dans mes expériences passées, notamment en trekking en France et en Islande, pour me dire qu’a minima le climat ne sera pas un gros souci (et au moins pas d’insolation !). Je connais par cœur l’équipement qui part avec moi.
Après mon périple en vélo, deux amies me rejoindront à Oslo. Ainsi je prévois d’y aller avec ma voiture, en prenant des covoitureurs le long de la route.

2 juillet 2016 : je pars, enfin ! Un pincement au cœur m’étreint tout de même : la veille j’ai rencontré quelqu’un, qui je sens aura un rôle très spécial dans ma vie. C’est dur de partir, mais je sens que ce ne seront pas 7 semaines qui casseront ce beau sentiment qui est en train de naître

5 juillet 2016 – 9h : tout se passe à merveille, je suis à Copenhague. Je suis conquis par la foule à vélo, et par l’air pur d’une capitale dynamique. Aujourd’hui sera ma dernière portion de route avant Oslo, puis le train pour Stavanger. Plus qu’un covoitureur à prendre, puis aussitôt après je prends le pont pour la Suède.

5 juillet 2016 – 11h : le rêve serait-il en train de virer au cauchemar ? Mon covoitureur n’avait pas de papier ; je n’avais pas vérifié, je lui avais fait confiance quand il m’avait affirmé qu’il les avait sur lui. Me voilà dans une cellule à la frontière avec la Suède, en train d’entendre ma voiture se faire démonter. Bientôt je serais transféré à Malmö pour interrogatoires…

6 juillet 2016 – 17h : après plus de 30h aux mains de la police suédoise, et une (courte) nuit dans un centre de détention, je sors avec mes papiers, ma carte SIM et mes clés de voiture. Plus de portable, plus de GPS, plus de cartes et plus de carnet de voyage, tout est conservé par la police. En effet je suis encore considéré comme un passeur par la justice suédoise, ils me laissent juste sortir en attente du procès. Je suis aux abords du centre de détention et dois rejoindre ma voiture, à 20 km de là. Mais je ne peux me lamenter, le temps est mauvais, la soirée commence, il fait frais et je n’ai qu’un T-shirt et un short là où tous les suédois ont leur doudoune. Je dois m’activer pour trouver un taxi.
Une fois à la voiture, j’ouvre et constate que toutes mes affaires ont été fouillées et sont dans tous les sens. Je fais le compte, il me reste de quoi faire mon voyage à vélo. Je me pose quelques minutes contre ma voiture. Continuer, ou bien faire demi-tour ? Ma fierté, ma colère voudraient continuer, mais deux autres sentiments plus forts vont me faire revenir au Danemark : d’une part la lucidité de savoir que je suis dans une situation critique, et la police suédoise peut m’arrêter à tout moment sur leur territoire, notamment lors du retour de Norvège. C’est un risque que je ne peux prendre. Egalement, l’amour que j’ai pour mes proches car ce n’est qu’en pensant fort à eux que j’ai pu garder mes esprits clairs lors des multiples interrogatoires. Je ne peux qu’imaginer ce qu’ils ont vécu s’ils ont reçu l’appel de l’ambassade… Je sais que mes parents sont capables d’être déjà en route…
Je fais donc demi-tour, et ne m’arrête qu’à Odense, et non à Copenhague. Par superstition, je trouvais l’endroit trop proche de la Suède. Un détail me fait dire que j’ai fait le bon choix : sur le pont côté suédois c’est la tempête, et arrivé à Copenhague le soleil m’accueille.

7 juillet 2016 : après échange avec mes proches, j’ai pris la décision de rester un peu au Danemark et de faire le tour du Jutland du Nord. J’achète donc des cartes et prépare mon itinéraire, entre mails à mon avocat commis d’office et à l’ambassade de France. L’itinéraire sera plus à l’instinct, j’improviserai le parcours à l’aide des cartes et du ressenti local.

8 juillet 2016 : la liberté du voyage reprend le dessus. C’est par une pluie tumultueuse que je m’élance depuis Aarhus. Il est déjà tard, 17h passé, mais je devais partir, arrêter de ressasser les événements récents !
Pendant quelques jours de découvre une région qui a priori ne m’attirait pas du tout : trop plat, sans site naturel d’intérêt… Très vite, je me dis que je suis chanceux d’évoluer à vélo dans un tel territoire. La lenteur relative d’un vélo permet de profiter des décors sous un regard plus contemplateur. Je m’émerveille d’un lièvre tapi dans l’herbe, d’un chat sauvage bondissant sur sa proie, et même de pelouses parfaitement entretenues le long de la route, au milieu de nulle part, sans habitation à proximité. Les routes traversées sont bucoliques à souhait, verdoyantes, avec des collines se dessinant à l’horizon. Et quand au manque de dénivelé présupposé, celui-ci est vite compensé par le vent, omniprésent !
Je ne verrais pas à vélo les fjords norvégiens, mais je verrais ceux danois, certes différents, mais non moins grandiose dans leur étendue. Je roule, et c’est ma thérapie contre le sentiment d’injustice qui me ronge. Mon esprit, en agitation permanente en France, se calme et se concentre sur ce que j’appelle l’essentiel : respirer, pédaler, songer aux moments et endroits où je souhaite manger et planter la tente, admirer les paysages, … et continuer à pédaler.
Je ne peux m’empêcher d’être émerveillé par le Danemark et de comprendre pourquoi c’est un pays régulièrement élu comme celui où les gens sont le plus heureux : les éoliennes sont nombreuses et montrent leur respect pour l’environnement, la végétation est luxuriante, des chemins cyclistes sont tracés, même sans route à proximité, juste pour que nous cyclistes puissions respirer l’air pur (et venteux) du Danemark. Aussi, un sentiment de sécurité agréable s’empare de moi, et je n’ai pas peur de laisser mon vélo avec ma vie dans mes sacoches le temps de faire des courses. Je suis aussi touché par tout signe de chaleur humaine, comme lorsqu’un danois m’offre des œufs frais de sa poule ou lorsqu’un papy vient spontanément vers moi à un feu rouge pour compatir au vent et m’indiquer qu’il n’y a pas un point au Danemark à plus de 40 km des côtes. Ceci explique qu’un jour par vent de face je peine à pédaler 80 km, alors que le lendemain sur le retour j’ai dépassé les 150km.
Et quant aux paysages, j’ai pu m’en ravir. De vastes étendues d’eau, des routes parfois entourées de part et d’autre par l’eau sur plusieurs kilomètres, des collines dont les plantations dansent follement sous l’impulsion du vent, des moulins, des maisons à toit de chaume… Ce ne sont pas forcément les paysages qui font les rectos des magazines, mais il y a un je ne sais quoi d’apaisant que d’y être immergé.

13 juillet 2016 : c’est la fin du voyage à vélo. Je me sens comblé, je l’ai fait, ce tout premier voyage en autonomie à vélo qui en appelle d’autres. De plus je n’ai pas de regrets de partir, je suis heureux de revoir mes proches qui m’ont soutenu et encouragé.

23 juillet 2016 : je suis à l’aéroport de Paris. Finalement je prends l’avions pour Oslo et rejoint mes amies. Même si le moyen de transport sera une voiture, je pourrais découvrir ces fjords dont j’ai tant rêvé. Comme m’a dit un randonneur en Islande, la « plasticité mentale » est importante pour s’adapter aux événements et y faire face. Et rien de tel que le voyage, le dépaysement, le dépassement de soi et de son confort personnel pour se nourrir l’esprit de pensées positives. Voyager à vélo m’a confirmé que les gens sont dans leur grande majorité avenants et plein d’hospitalité, et je finis ce voyage avec de nombreux sentiments positifs malgré les déboires du début.

Novembre 2017 : cela fait plus d’un an que je suis en couple avec la personne rencontrée avant mon départ. La carte du monde à gratter exposée dans le salon a déjà fait les frais de plusieurs voyages et nous rappelle nos aventures, tout en nous projetant sur toutes celles à venir. Nous rêvons de tour du monde. Et c’est un rêve que nous souhaitons concrétiser !
 



Un lièvre tapi dans l’herbe. Pour qui prend le temps, le Danemark déborde de vie animale.
Un lièvre tapi dans l’herbe. Pour qui prend le temps, le Danemark déborde de vie animale.
La vue d’un fjord danois, qui parsèment le Jutland
La vue d’un fjord danois, qui parsèment le Jutland
Ah ce vent. Une douleur pour les mollets dans les côtes sur sentier caillouteux.
Ah ce vent. Une douleur pour les mollets dans les côtes sur sentier caillouteux.
Une nuée d’oiseaux s’envolant à mon passage, pour se poser plus loin, et s’envoler à nouveau.
Une nuée d’oiseaux s’envolant à mon passage, pour se poser plus loin, et s’envoler à nouveau.
Un ami à quatre pattes m’observant sous sa crinière
Un ami à quatre pattes m’observant sous sa crinière
Moment paisible, entre ciel et mer.
Moment paisible, entre ciel et mer.
Collines et prairies verdoyantes à foison
Collines et prairies verdoyantes à foison
Espionnage d’une partie de pêche
Espionnage d’une partie de pêche
Les fameuses routes, entourées par la mer.
Les fameuses routes, entourées par la mer.
Comments
marie31 - 08 Jan 2018
493 messages
et bien en voila une aventure !! qui finit bien quand meme


perso il m en est arrivée une autre moins grave mais bien désagréable aussi à malmo
ou je venais d arriver avec ma voiture ( depuis le danemark )mes velos et une copine que je deposais sur la kunsgleden
elle change pas mal euros à l agence travelex puis arrivée à kiruna en laponie voulant payer à son tour on lui dit que la moitié de ces billets sont perimés depuis 1 an : direction poubelle !!
cela fait toujours plaisir :(

pjhousse - 08 Jan 2018
2 messages
Mince pour ton histoire, je ne pensais pas que cela pouvait arriver, jamais je ne vérifie l'argent dans une agence de change. J'espère que ton amie a pu s'en tirer sans trop dépasser son budget initial! Comment la personne a vu que les billets étaient périmés?
Je rêve de Laponie, donc j'y penserai (bon, mon histoire suédoise n'est pas résolu, la justice est très lente donc pour l'instant je reporte pour éviter les mauvaises surprises...)

marie31 - 08 Jan 2018
493 messages
en fait elle a change une grosse somme (pour elle ) 400 euros car elle ne voulait pas utiliser sa CB
la fille de travelex lui a proposer des petites coupures que ma copine gardait pour le trek de la kunsgleden
c'est en voulant payer une fois arriver en laponie qu un commerçant lui a dit que ces billets
n etaient plus en usage
elle a tout vérifié et la moitie n était plus valable (c était les petites coupures )
elle est allée à l banque mais impossible à échanger car trop vieux
c'est juste perte et profit

nous non plus nous ne pensions même pas que cela puisse arriver dans une agence comme travelex en suède !!

bien sur impossible de retourner à malmo et surtout de prouver que la fille a donner ces billets car bien sur sur le recu il n y a pas le detail des petites coupures ..

Je pense que l arnaque est bien rodée

pour le controle des papiers je ne me souviens plus du passage DK / suede sur le pont
par contre je n ai jamais ete controlé dans le sens norvege / suede tout la haut entre narvik et kiruna
pas vu non plus l ombre d une "frontiere" entre la suede et la finlande

Johanna - 22 Jan 2018
661 messages
Merci pour ce récit épique ! on se croirait dans un film... En tout cas, tu as bien "rebondi" et profité de ton voyage en découvrant un pays non prévu. Ton récit aurait pu trouver une place dans le dossier "Quand rien ne se passe comme prévu" de CA43... :)
Merci pour le partage en tout cas ! Et bonne continuation dans tes - vos - voyages ! :)