Le duvet : pouvoir gonflant (cuin) et labels
Cette enquête a été réalisée dans le cadre de notre test comparatif de 18 sacs de couchage de température confort comprise entre 0°C et -10°C. A cette occasion, nous avons cherché à comprendre les normes de caractérisation du duvet (ce qui n'est pas une mince affaire...), et demandé aux fabricants les rapports de test de leur duvet. Le présent article s'appuie donc sur des exemples de sacs de couchage, mais les explications restent bien entendu valables pour le duvet de votre doudoune... Voir la discussion associée
Pouvoir gonflant du duvet (fill power, cuin) Le pouvoir gonflant (« fill power » en anglais, ou « cuin », pour « cubic inches per ounce ») représente la capacité d’isolation thermique du duvet, par l' « emprisonnement » d'un certain volume d'air. Pour les produits qui nous concernent, on entend souvent parler de trois normes :
Il existe une grande confusion entre les différentes normes, parfois entretenue par les informations contradictoires ou imprécises de certains fabricants. La multitude d’informations sur le web n’est pas forcément à jour, les normes évoluant au fil des ans. Selon certaines sources (IDFL et fabricants), on peut estimer que, pour un même échantillon, l'ancien cylindre US donne un cuin 4 à 5% plus élevé que le cylindre Lorch (pour des valeurs supérieures à 700), et que la norme EN 12130 (la plus sévère) donne un cuin environ 10% plus faible que la norme IDFB (pour du duvet ayant été compressé pour son transport), et ce essentiellement à cause de la différence de méthode de conditionnement. Dans une tentative (illusoire ?) d’uniformisation des résultats, nous avons utilisé cette hypothèse pour calculer le pouvoir isolant théorique du garnissage des sacs de couchage testés (voir notre tableau comparatif). Nous avons également indiqué quels fabricants nous ont envoyé leur rapport de test… Aujourd’hui, la norme IDFB est largement utilisée. Le conditionnement par injection de vapeur, que beaucoup critiquaient (ou critiquent encore) pour donner des résultats artificiellement élevés, permet en fait une mesure plus reproductible, car moins sensible à d’éventuelles manipulations préalables des fournisseurs. La variabilité de la mesure du cuin reste tout de même estimée à ±5%, sans compter la variabilité des échantillons eux-mêmes. La double mesure est d'ailleurs recommandée et pratiquée par l'IDFL. Dans tous les cas, soyez conscient que le résultat obtenu, s’il tente de retrouver le pouvoir gonflant « originel » du duvet, est assez éloigné du pouvoir gonflant « utilisable » par le dormeur (du fait du traitement mais aussi du temps de conditionnement, en général 72 heures, soit bien plus que le temps de la préparation de votre sac au bivouac…). De plus, si l’on assiste à une augmentation générale des cuins depuis une dizaine d’année, c’est surtout une conséquence de l’évolution des méthodes de conditionnement... Une légère modification a été apportée en 2012 : l’IDFB a décidé de se débarrasser pour de bon de l’once américaine pour l'unité utilisée (mais pas des pouces…), et annonce désormais les résultats en cuin (pouces cubiques) pour 30g de duvet au lieu d’une once (1oz = 28,35g). Mais le résultat est inchangé, seule l'unité indiquée sur les rapports de test est modifiée. Dernière précision : le signe « + » ajouté par les fabricants signifie théoriquement que tous les échantillons testés font au moins cette valeur, et qu’il ne s’agit pas d’une moyenne. Mais comme pour le reste, le fabricant est libre d’interpréter les résultats, et d’indiquer ce qu’il veut…
Label du ratio duvet-plumesA priori, plus le sac de couchage (ou la doudoune) contient une grande proportion de duvet par rapport aux plumes, plus l’isolation est efficace. On lit parfois qu'un certain pourcentage de plumes est bénéfique pour le maintien du duvet, ce qui est réfuté ailleurs... Les fabricants et fournisseurs de duvet font souvent du ratio duvet/plumes un argument commercial, mais un pourcentage de 100% de duvet est quasiment impossible à atteindre, sans un tri manuel des plumes résiduelles... Il est difficile de s’y retrouver entre les différents labels : il existe une différence importante entre les fabricants européens qui appliquent normalement la norme EN 12934, et ceux qui utilisent la norme USA-2000. D'autres standard existent mais nous concernent peu... Ces normes définissent également des classes de duvet, ce qui a peu d’importance pour nous puisque le duvet des sacs que nous testons est en général de classe I. Alors que la norme européenne est plus sévère sur la mesure du fill power, elle est plus permissive sur le ratio duvet-plumes et le label des espèces. En effet, un duvet EN marqué 90/10 contient au moins 85% de duvet incluant une certaine proportion "autorisée" de fibres de duvet (c'est-à-dire au maximum 5% de la quantité de flocons), alors que le duvet US marqué « minimum 90% down » contient au moins 90% de flocons de duvet sans prendre en compte les fibres. Ce qui fait une différence d'appréciation d'environ 9% pour un label équivalent (la notation 90/10 étant plus répandue chez nous)... Là encore nous avons tenté de préciser dans notre tableau comparatif les normes utilisées par les fabricants, et d’uniformiser les indications de quantité de duvet sur la base des rapports de tests fournis. La tâche est loin d’être facile, d’autant qu’il existe une variabilité sensible des échantillons. Il n'est pas non plus certain que les laboratoires classifient de manière rigoureusement identique les éléments intermédiaires entre le flocon de duvet et la plume.
Label des espèces utiliséesBien souvent, les duvets utilisés sont un mélange provenant d’oies et de canards (et parfois d’autres volatiles terrestres, mais les sacs que nous testons ne sont pas concernés). Là encore, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Cela dit, si le canard bénéficie d’un prestige (et d’un coût) moindre que l’oie (excepté le rarissime duvet d’eider), l’IDFL rappelle qu’il n’y a aucune différence de qualité, à cuin égal. C’est donc plutôt ce dernier critère qui devrait guider votre choix.
AcronymesIDFB : International Down and Feather Bureau, association internationale représentant l’industrie du duvet et de la plume, et qui propose les normes de test (equivalent européen : EDFA, European Down and Feather Association) IDFL : International Down and Feather Laboratory, laboratoires de test, de recherche, et d’audit, sur la qualité du duvet et de la plume, mais aussi des garnissages synthétiques et textiles.
RemerciementsMerci à l’IDFL pour l’intérêt qu’elle a porté à notre enquête, et pour ses réponses précises.
Enquête réalisée par Julien de l'équipe des testeurs Expemag.com
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