Extraterrestre CA 21 : Le risque
Le risqueChronique publiée dans Carnets d'Aventures n°21. Encore une fois c’est en regardant les échanges qui peuvent s’enflammer sur le site du mag qu’est venue l’idée de ce billet sur le risque. En effet, un bon moyen de se faire « taper dessus » sur les forums est d’annoncer un projet un peu fou, comportant des éléments engagés. Typiquement un voyage en kayak qui comprend de grandes traversées. D’un certain côté, la prise de risques semble de plus en plus condamnée. On ne doit pas mettre en péril sa vie. Les raisons invoquées sont les coûts pour la société* (recherche de la victime, coût de prise en charge si blessé), ou retombées sur les pratiquants de l’activité en cas de problème (durcissement de la législation si accident**) ou l’inconscience. La dernière raison parait la plus intéressante si elle est fondée et argumentée. En effet, si un individu veut réaliser quelque chose qui paraît impossible ou très dangereux à d’autres pratiquants, alors ceux-ci peuvent « amener à la conscience » de la personne les difficultés qu’ils perçoivent. Et cette dernière, une fois informée, s’adaptera ou acceptera le risque. Mais si l’inconscience n’est utilisée que comme une insulte non constructive et stérile, alors il ne s’agit que d’un empiétement sur la liberté que chacun a de disposer de lui-même. Le niveau de risques accepté par chacun est forcément différent. Éclairer une personne sur les difficultés et les dangers, c’est très bien. La condamner si elle veut tout de même entreprendre ce que l’on juge dangereux alors qu’elle en est consciente et en assume les aléas est une grave entrave à la liberté. Ce débat a lieu aussi pour les activités de montagne (alpinisme, ski de randonnée, etc.) qui comportent en effet bien des dangers potentiels (dangers objectifs (liés à l’environnement) et autres), et fauchent de nombreuses personnes chaque année. Mais va-t-on interdire l’accès à la montagne pour autant ? Si une personne A juge que l’ascension que souhaite entreprendre B est trop risquée par rapport à sa perception et son acceptation des risques, doit-elle l’en empêcher ? Évidemment, si elle voit B arriver avec un matériel et une expérience manifestement inadaptés, elle se doit de l’informer de ce qui l’attend, « amener à la conscience » l’inconscient, mais ensuite, elle ne devrait pas lui imposer son jugement. |