Feu de camp et bivouac : faux amis ?
Le feu de camp est la première raison invoquée pour justifier l’interdiction du bivouac…
Pourquoi ?
À cause du risque d’incendie, bien sûr. Il est réel, parfois plus que ce que l’on croit. À noter en outre que même lorsque le danger est objectivement faible, la perception qu’en ont de potentiels observateurs (riverains par exemple) peut évoquer un manque de vigilance et de respect, et conduire à de la méfiance voire de l’hostilité.
Mais aussi à cause de la dégradation des sols et de la végétation couplée à une dégradation visuelle des lieux. Le feu stérilise le sol pendant de nombreuses années et la collecte du bois mort prive la biodiversité (flore et faune) de nourriture et d’habitat.
De fait, dans un nombre croissant d’endroits, notamment dans les zones très fréquentées, la réglementation sur le bivouac se durcit, allant parfois jusqu’à l’interdiction, essentiellement à cause des feux.
C'est ce constat qui nous incite, depuis quelques années, à revoir nos habitudes et éviter autant que possible de faire des feux en bivouac.
On a souvent tendance à se dire « oui mais moi, je fais très attention, donc ça va », ou encore « ah, ça va, s’il n’y a que moi, l’impact est négligeable », sans considérer l’éventualité que l’on soit nombreux à penser et agir de la sorte… Un peu comme lorsque l’on maraude un fruit dans un verger en se disant que l’exploitant n’en est pas à une pomme près. Mais, comme le dit ce slogan affiché au bord d’une véloroute italienne longeant des vergers : « Un ciclista, una mela. Mille ciclisti, mille mele » (un cycliste, une pomme, mille cyclistes, mille pommes)...
Voici ce qu’en disait David Manise dans sa chronique de l’ours des bois « Leave no trace » dans CA60 :
Alors ok. Je ne vais pas vous jeter la pierre. Un petit feu, au bivouac, le soir, c’est sympa. Ça nous relie à nos ancêtres. Ça nous fait de quoi cuisiner, un peu de lumière, et tout ça. Soit.
Personnellement, j’évite de plus en plus. Et j’aime de mieux en mieux pratiquer ce que les Américains appellent le « cold camping ». Pas de feu. Même pas de réchaud. Je mange froid. Quoi ?? Même pas un petit bol de nouilles chinoises ? Ben non. Pourquoi ? Parce que :
- ça m’évite de devoir trimballer des casseroles, un réchaud et d’autres conneries : gain de poids ;
- ça évite tout risque de mettre le feu ;
- ça me fait gagner du temps ;
- c’est un million de fois plus discret : pas de lumière, pas de source de chaleur, pas d’odeurs… et j’aime bien être discret, en fait. [...]
Maintenant, si je dois faire du feu, ou si je choisis de me faire plaisir, plusieurs choses à savoir.
Si la végétation est sèche, c’est vraiment super dangereux de déclencher un incendie, surtout s’il y a du vent, même juste un petit peu.
Dans certaines zones, comme la garrigue, même quand tout est trempé et qu’il n’y a pas de vent, tout crame facilement : vous seriez surpris de voir à quelle vitesse un cyprès ou un genêt peuvent démarrer même sous une averse…
Si vous faites le feu directement sur le sol, vous allez stériliser la terre sur plusieurs centimètres de profondeur, et plus rien n’y poussera pendant des décennies. Pour éviter ça, faites une table à feu ! Un cercle de terre de 50 ou 60 cm, sur au moins 10 ou 15 cm d’épaisseur. Et le matin, quand tout est parfaitement bien éteint et FROID, vous dispersez la terre et les cendres. Hop, ni vu ni connu.
Mettre des cailloux tout autour du feu est non seulement dangereux (les cailloux peuvent éclater et projeter des éclats avec parfois beaucoup de puissance), mais ne servira pas à grand-chose pour protéger la végétation environnante. En plus, les cailloux vous priveront d’une bonne partie du rayonnement infrarouge du feu. Bref, la table à feu se suffit à elle-même.
Faites un PETIT feu ! Les Indiens font des petits feux et s'assoient tout près ; les Blancs font des grands feux et s'assoient loin, c’est bien connu... Les petits feux sont plus faciles à contrôler et à éteindre, demandent moins de bois et donc moins de travail, et sont moins visibles…[Ndlr : On peut aussi faire un petit feu dans un petit récipient métallique (inox par exemple) de type petit seau en inox à trou, réchaud à bois avec fond, ou encore égouttoir à couverts en inox. N’utiliser que du bois mort.]