Islande guide pratique
Terre de glace et de feu, l’Islande est une île située juste à la limite du cercle polaire, dans l’océan Atlantique Nord. Seulement 376.000 habitants sur 103.000 km² : la densité de population de 4 hab/km² compte parmi les plus faibles du monde. L’intérieur est inhabité. Des volcans, des glaciers, d’immenses landes sauvages, des rivières, des montagnes, des côtes et des fjords… Tout cela fait de ce pays une terre d’aventures attirante, où la nature a encore largement le dessus.
Météo
Plus que la pluie, c’est le vent qui est presque omniprésent. Il pleut tout de même régulièrement et le temps peut varier très vite, de même que la température. Ceci dit, on voit souvent arriver à l’avance les grosses dépressions à l’aide d’un baromètre (une montre altimètre par exemple).
Il est bon de prévoir des vêtements chauds – il peut faire froid et même neiger en été dans l’intérieur, de plus, le vent et l’humidité augmentent considérablement la sensation de froid –, et des couches imperméables.
De même, une tente offrant une très bonne tenue au vent sera nécessaire.
Info météo et prévisions sur le site en.vedur.is.
En été : la nuit ?
En juin/juillet, il ne fait pas « nuit », le soleil ne se couche qu’un petit moment. C’est très pratique (et sécurisant) pour dimensionner ses journées comme on le souhaite, et ce jour permanent est assez magique (la luminosité est suffisante pour pouvoir lire sans lumière toute la « nuit » jusqu’à mi-juillet). Certaines personnes ont cependant du mal à dormir, on peut alors se masquer les yeux. À partir de la fin août, il fait davantage nuit et on peut observer les premières aurores boréales. Idem au printemps.
Bivouac
Globalement autorisé, il est cependant réglementé dans les parcs nationaux et les zones fréquentées. Par exemple, le long du trek du Laugavegur, il faut bivouaquer sur les zones aménagées sur l’itinéraire. Pour les parcs, il faut se renseigner sur les lieux d’accueil, mais dans l’idée c’est : si vous êtes proche des zones de concentration, pas loin des campings ou zones de bivouac indiquées, vous devez les utiliser ; si vous êtes loin de tout, vous pouvez bivouaquer, il y a une tolérance (sans laisser de trace bien entendu).
Des cabanes et abris d’urgence ainsi que des refuges gardés (fi.is/en) permettent de se protéger des tempêtes, tous représentés sur les cartes touristiques.
Sans avion
Un ferry (le navire Norröna de la compagnie Smyril Line) au départ de Hirtshals au nord du Danemark relie le port de Seyðisfjörður (à l’est de l’île) une fois par semaine, via les îles Féroé sur lesquelles il est d’ailleurs possible de faire escale (en reprenant la rotation suivante). Le prix varie en fonction du type de cabine et de la période, par exemple : un A/R pour 1 personne au mois de mai avec un vélo en cabine de 4 personnes avec sanitaires privatifs = environ 800 €.
Pour aller au Danemark de France, les lignes de bus Eurolines comptent parmi les solutions les plus économiques, et proposent des départs quasi quotidiens de Paris vers les villes de Aarhus ou Aalborg (relativement proches des ports du ferry, joignables ensuite en bus locaux ou stop).
Sur l’île, point de rails mais un vaste réseau de bus (publictransport.is), restreint en hiver, permet de circuler assez facilement un peu partout. La plupart acceptent le vélo moyennant un supplément. Le stop fonctionne bien aussi mais il faut prendre en compte que même sur la route 1, selon l’endroit et la section, il peut ne passer que très peu de véhicules. Enfin, il est possible de louer toute sorte de véhicules, dont des fourgons aménagés.
Nourriture
Dans les villes du pourtour de l’île, on trouve bien entendu des grandes surfaces où il est facile d’acheter de la nourriture, dont des aliments secs ou adaptés au voyage (céréales diverses, soupes, pâtes, riz, fruits secs, chocolat, etc.). Les Bónus (enseigne au cochon rose) sont les plus économiques et la qualité est bonne. Dans l’intérieur de l’île, il n’y a rien ; cependant, on peut trouver des appoints de nourriture dans quelques rares endroits très touristiques (par exemple au camping du Landmannalaugar). Les refuges gardés ne servent pas de repas.
On trouve assez facilement des cartouches de gaz, dans les stations-service par exemple, mais également dans certains campings de l’intérieur des terres (comme à Þórsmörk). En général, il s’agit de cartouches à valve de type Primus (valve à vis standard). C’est plus difficile de trouver du Camping Gaz mais pas impossible. Dans certains campings (notamment à Reykjavik, Skogar, etc.), on peut récupérer le gaz abandonné par des voyageurs ayant terminé leur trip et s’apprêtant à prendre l’avion.
Eau
Hormis certaines zones désertiques et sur les coulées de lave, on trouve assez facilement de l’eau. Elle coule partout en Islande et est potable si l’on évite de la prélever aux abords et en aval des fermes d’élevage ainsi que dans les rivières glaciaires (eau trouble chargée en limon). Les belles sources d’eau claire sont suffisamment nombreuses.
Sources d’eau chaude
On en trouve à différents endroits de l’île, où elles sont parfois aménagées pour le bain, comme dans des sites touristiques payants (le fameux Blue Lagoon ou les sources près de Mývatn, etc.) ou gratuitement près de refuges comme le Landmannalaugar ou Hveravellir. Quelques-unes sont perdues dans le paysage et il faut les trouver, mais solitude garantie…
Par ailleurs, de nombreuses piscines municipales sont équipées de « hot pots » où l’on peut se relaxer dans de l’eau chaude (parfois aussi dans des saunas) pour des prix abordables, ce qui est bien agréable en fin de trek.
Cartes
On peut se procurer très facilement sur place les cartes touristiques au 1:300.000e. Elles sont lacunaires et parfois fausses. L’institut géographique islandais (National Land Survey of Iceland / LMI) publie des cartes plus précises (1:50.000e), mais cela peut revenir cher pour un long voyage et on ne les trouve pas toujours aisément (voir omnimap.com).
Il existe aussi des cartes topographiques au 1:100.000e, 1:75.000e voire 1:25.000e pour certaines zones touristiques chez l’éditeur Ferdakort (mapoficeland.com). On peut trouver ces dernières dans des boutiques ou points d'accueil de lieux touristiques (Geysir, entrée du parc national de Skaftafell, etc.), on peut aussi en commander en France, par exemple sur aventurenordique.com.
Enfin, sur certaines zones, il existe encore d’autres cartes topographiques spécifiques avec des infos plus précises et facilement utilisables (Hornstrandir, Skaftafell…). Attention à Skaftafell, pour la zone à l’ouest de la rivière Morsá (zone très sauvage et peu parcourue), les tracés représentés sur la carte sont parfois très alpins et engagés, voire infranchissables, et les sentiers imprimés au sol ou les cairns sont rares ou inexistants. Il convient donc de se renseigner plus précisément auprès de spécialistes de la zone (et s’y étant rendu récemment) et/ou de se préparer à cheminer hors sentier en gérant son orientation et sa sécurité.
On peut voir l’Islande en topographie relativement précise sur vefsja.iskort.is.
Sentiers « physiques » et rivières glaciaires
Il y a relativement peu de sentiers balisés en Islande en dehors de certaines zones particulières, et même là, en suivant un tracé indiqué un peu lointain, il n’y a parfois plus aucun chemin ni cairn, on suit le terrain.
On trouve aussi des itinéraires traditionnels balisés de cairns sur les cartes topographiques islandaises qui parcourent l’ensemble de l’île ; les parcours de ce type sont représentés par un trait pointillé jaune et vert sur vefsja.iskort.is en zoomant assez loin. L’absence de sentier en dehors des principaux sites naturels touristiques est due au fait qu’il est en général relativement aisé de progresser où l’on veut (car le terrain s’y prête, peu de végétation) et les marcheurs (en très petit nombre) ne suffisent pas à « imprimer physiquement » le sentier sur le terrain.
La principale difficulté est la multitude de rivières glaciaires qui barrent le passage. Il faut être vigilant et les franchir si possible au moment où elles coulent le moins fort, c’est-à-dire lorsqu’il fait le plus froid (en général au petit matin). Certaines sont vraiment très difficiles voire impossibles à franchir (les seules solutions sont alors de passer sur le glacier en amont (nécessite de la technique et du matériel) ou de trouver une infrastructure (ponts très rares). Pour en savoir plus sur les techniques de franchissement, vous pouvez vous reporter à l’article de David Manise sur le sujet dans Carnets d’Aventures n°14.
Randonnées, treks, itinérances
De plus en plus d’itinéraires de randonnée sont créés et (plus ou moins bien) balisés, permettant à la fois de nombreuses balades à la journée au départ de zones attractives, et des treks itinérants avec bivouac (les lieux de bivouac peuvent être suggérés, aménagés, parfois imposés et payants. Parmi eux, le Laugavegur est le plus célèbre, il part du Landmannalaugar et se termine à Skógar, et vaut vraiment le coup (6 refuges-campings et 5 étapes de 12-22 km qu’il est possible de doubler).
La région du Fjallabak (qui englobe le Landmannalaugar), ainsi que le parc national de Skaftafell sont assez connus, mais l’on trouvera des itinéraires dans nombre d’autres endroits, Hornstrandir, Snæfellsnes, Askja, Hveravellir, Hoffellsjökull, etc.
Hornstrandir
Dans ces fjords situés complètement au nord-ouest de l'Islande, plusieurs itinéraires sont (plus ou moins bien) balisés (sentier facile à suivre, « enfilade » de cairns, ou rien du tout…), et il existe des petites cartes indiquant les sentiers, et donnant quelques informations sur les itinéraires, la durée, la difficulté, etc. On peut les trouver par exemple à Ísafjörður, à l’office du tourisme. En été, des bateaux-navettes relient Ísafjörður et Bolungarvík (les deux villes principales) à différents lieux (baies, refuge, etc.) du Hornstrandir. Voir westtours.is
Traversée du nord au sud
Beaucoup se lancent dans la traversée de l’île du nord au sud, de Akureyri ou Mývatn jusqu’à Skógar, une quinzaine de jours de trek à travers les Hautes Terres, les pistes et les sentiers, sauvage et solitude garantis jusqu’au Landmannalaugar.
Vélo
De nombreux cyclistes, courageux, parcourent l’île soit en en faisant le tour le long de la route circulaire 1 et ses variantes, asphaltées, soit en s'enfonçant dans les terres sur les pistes plus ou moins roulantes (voir l’état des routes sur road.is). Nombreuses infos (réseau de bus, listes des refuges, statut des routes et pistes…) sur cyclingiceland.is/en
Kayak
La circumnavigation de l’Islande en kayak de mer a déjà été réalisée. Les côtes sont belles et sauvages. Cependant, le vent est assez soutenu et les côtes sont exposées aux coups de mer. Il faut donc un niveau de pratique conséquent (et du temps) pour aborder cette île pagaie en main.
Il est possible de choisir certaines zones pour des itinérances plus courtes, en cherchant l’abri relatif des fjords (par exemple dans le Hornstrandir, péninsule extrêmement sauvage et découpée du nord-ouest de l’île), attention tout de même, « relatif » est le terme : des vents forts peuvent souffler dans les fjords même protégés du flux de vent météo (à cause de phénomènes divers, vents catabatiques, effets type foehn, etc.) et arriver très vite.
Hiver
L’île se parcourt aussi en conditions hivernales à ski voire à fatbike, plutôt en mars ou octobre pour profiter de journées plus longues. Une météo tout aussi changeante qu’en été, un froid plutôt doux mais accentué par les tempêtes de vent courantes.
Faune
Sur la côte, on peut facilement voir des phoques, et si l’on prend le bateau (ou le kayak) à certains endroits et périodes, des baleines. Plus à l’intérieur, on peut croiser des renards arctiques (abondants dans le Hornstrandir par exemple) et des rennes.
À part ces mammifères (et les chevaux et nombreux moutons !), l’Islande est plutôt le royaume des oiseaux migrateurs. On en voit énormément (oies, cygnes, canards divers, sternes arctiques, macareux, huitriers-pies, etc.).
Elle est aussi assez poissonneuse ; prendre une petite canne avec des cuillères tournantes n°3 s’avère payant. Il faut pêcher plutôt dans les lacs et rivières non glaciaires (eau claire).
Argent, Langue et Culture
La monnaie est la couronne islandaise. 1 € = 143 ISK environ (août 2023). On peut retirer facilement de l’argent liquide dans des distributeurs et payer beaucoup de choses en carte bleue (commissions dans les deux cas).
Les Islandais parlent… islandais, mais maîtrisent en général très bien l’anglais.
Vous entendrez sûrement parler du monde invisible. Les Islandais, si modernes à l’image de leur capitale, Reykjavik branchée et créative, entretiennent des rapports ancestraux avec une communauté d’êtres invisibles, des elfes, des trolls, des nains, des fantômes, un peuple caché dont ils racontent et transmettent, de génération en génération, les histoires. Et pour finir de s'imprégner de l’imaginaire islandais, rien de mieux que se plonger dans la lecture d'une célèbre saga.
Et pour aller plus loin…
- Islande, la traversée nord-sud à pied en autonomie, Lifandi, 2024 : retour de terrain et topoguide détaillé d'une traversée.
- Islande de Arnaud Guérin, coll. Les clés pour bien voyager, Glénat, 2023
- Islande. 130 sites naturels à découvrir de Marc Broussaud, Marcus, 2023
- Islande. Le guide de l’île aux volcans de Michel Breuil et Marc Moniez, Marcus, 2006
- L'île suspendue. Carnet de voyage de Lauriane Miara, 2023
- visiticeland.com
- islande24.fr
- isfold.de, le site (en allemand) très complet de Dieter Graser qui a parcouru l’Islande en tous sens.
Voir aussi
- La marche du vent : traversée de l'Islande à ski-pulka
- Tour de l'Islande à vélo depuis la France
- L'Islande à pied du nord au sud
- En kayak de fjord en fjord
- Carnets MyTrip
- Carnets d'Aventures #73
- Carnets d'Aventures #48 et le Portfolio assosié
- Carnets d'Aventures #35
- Traversée de l'Islande à pied d'est en ouest, version MUL, juillet 2008
- Traversée de l'Islande à pied en 2008
- Kite ski en Islande hiver 2010
- Exemples de listes de matériel pour un trek en Islande en éte 2013 et été 2008
Bravo pour votre aventure! Je prépare une traversée de L'Islande en autonomie. J'ai du mal à obtenir des renseignements sur les abris d'urgences. Avez vous des cartes sur lesquels ils sont indiqués? Pourriez vous me donner des références si tel est le cas? Ca sécuriserait un peu ma traversée de voir où se situent de tels abris en cas de besoin.
Merci d'avance.
Julien
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