La résilience grâce au voyage nature
Par Alexis
C’est l’histoire de deux personnes qui mènent à peu près la même vie, en apparence. Un jour, elles se retrouvent côte à côte sur un passage piéton. Une voiture arrive, très vite, elle grille le feu rouge et les fauche toutes les deux. Un peu plus tard à l’hôpital, le diagnostic est le même pour les deux blessés : ils ne pourront plus jamais marcher. La première personne est atterrée : quel destin injuste ! Elle se renferme sur elle-même et sombre dans la dépression. La deuxième victime du chauffard, après une courte période d’abattement, accepte finalement ce que, de toute façon, elle ne pourra plus jamais changer. Elle s’adapte à sa nouvelle vie en fauteuil roulant et bientôt, les petites joies, les grands rires et les projets d’avenir fleurissent à nouveau.
Après un drame personnel, certaines fois, la magie de la résilience opère ; d’autres fois, non… Qu’est-ce qui la favorise ? Un entourage compréhensif et aimant, un naturel optimiste, un accompagnement par un psychologue, une spiritualité qui augmente la confiance en la vie, et bien d’autres facteurs encore. Les auteurs1 qui racontent leur histoire dans ce numéro de Carnets d’Aventures ont un point commun. Après avoir vécu un gros coup dur qui aurait pu mettre un terme définitif à leur joie de vivre, ils s’en sont tous remis entre autres grâce à deux ingrédients : la nature et le voyage.
Parce que le calme qui y règne nous apaise profondément, parce que sa beauté universelle nous nourrit autant que la plus grandiose des œuvres d’art, parce qu’elle est foisonnante de vies qui sont autant de miroirs de la nôtre, la nature a le pouvoir de nous soigner. Plusieurs études scientifiques2 ont d’ailleurs montré que la prévalence de certaines maladies et les probabilités de guérison étaient positivement influencées par la présence d’espaces verts dans l’environnement du malade.
Le voyage, lui, est le symbole d’un nouveau départ, d’une page qu’on tourne. Partir, c’est laisser son ancienne vie derrière soi et se reconstruire sur de nouvelles bases ; celles de la découverte et de l’émerveillement au quotidien.
Quelle chance de disposer dans sa besace de ces deux cartes à jouer lorsque, soudainement dans notre vie, une maladie, une séparation ou un accident surviennent et que le moral plonge ! C’est aussi un atout de les avoir au quotidien, quand tout va bien, et de cultiver ainsi chaque jour enthousiasme et confiance en la vie. Car la résilience est comme la navigation, mieux vaut s’y exercer avant d’avoir à affronter la tourmente…
À contre-courant du discours dominant, les contributeurs qui dévoilent un large pan de leur vie dans ce numéro nous délivrent un beau message d’humanité : le véritable épanouissement personnel dépend bien peu des conditions extérieures telles que l’argent, le statut social, l’apparence et les aptitudes physiques. C’est le bonheur qui est à l’origine de la réussite, et non l’inverse.
1 Il se trouve que moi aussi je vis depuis deux ans une épreuve difficile qui explique mon absence de la rédaction de Carnets d’Aventures depuis quelques numéros . J’ai décidé de la raconter dans ce numéro, même si je suis encore au milieu de la tempête…
2 Entre autres publications : The cognitive benefits of interacting with nature, M. G. Berman, Psychological Science, 2008.