Extraterrestre CA50 : Savoir progresser
Savoir progresserPetit enfant, l’homme découvre son univers, il a tout à apprendre, et il apprend tout ! Personne ne lui a mis de barrières dans la tête, sur son intelligence, ses capacités… Il apprend des quantités incroyables de choses. Puis, progressivement, on va le noter, le niveler par rapport à ses camarades. On va lui apprendre sa « valeur ». Combien d’adultes s’estiment mauvais en ceci ou en cela, incapables de faire certaines tâches, alors que pourtant, durant tout leur apprentissage de la vie, ils auront certainement appris des choses bien plus compliquées. Un exemple assez frappant est l’approche de la jeune génération par rapport aux nouvelles technologies. Leur candeur leur permet de les appréhender sans frein, et de facto, les jeunes les maitrisent très vite, et très bien. L’individu plus âgé va souvent être plus réfractaire, plus inquiet, face à ces nouveautés. Il risque d’avoir peur de se sentir dépassé, de ne pas être à la hauteur. Pourtant ses capacités cognitives sont aussi développées – voire plus, puisqu’il a de l’expérience – que celles des jeunes. Pourtant l’un des mécanismes les plus puissants de l’apprentissage est le jeu (qui est aussi utilisé par nombre d’autres espèces lors de leurs processus d’apprentissage). Et lui ne fait pas de victime. Apprendre en s’amusant, se jouer des peurs qui nous freinent, tenter des choses, les retenter, échouer, ré-échouer, parce que l’échec n’est pas cette valeur qu’on nous a enseignée comme mauvaise et à éviter, bien au contraire c’est un important élément d’apprentissage ; on n’apprend pas sans faire l’expérience de l’échec, ou on apprend mal. L’enfant ne nait pas avec la notion d’échec, il vit seulement des apprentissages qui nécessitent la répétition. Comme les choses qu’il apprend à maitriser sont complexes, il va forcément échouer nombre de fois – mais sans vivre la « valeur négative » de l’échec –, et réessayer jusqu’à finalement réussir et acquérir la compétence (la marche, le langage, le vélo, la nage… sont des exemples de ces apprentissages longs et parsemés d’échecs formateurs). Et puis, les échecs, c’est aussi un jeu :-). Un autre moyen de progresser est d’identifier ses peurs. Bien souvent, lors d’un apprentissage, on a des craintes, plus ou moins conscientes. Ces peurs, une fois cernées, peuvent servir d’élément de jeu : on peut tenter de faire exactement ce qui nous fait peur, et de cette façon, les apprivoiser. Bien souvent ce sont elles qui forment les murs qui occultent notre horizon d’apprentissage. Les explorer, jouer, les escalader, rouvre considérablement notre champ des possibles. Concrètement ces peurs sont par exemple la crainte de ne pas y arriver, de ne pas être capable (ah bon et pourquoi ?). D’autres peurs peuvent être plus concrètes, comme à VTT par exemple, la peur de la chute. L’idée de cette chronique m’est venue lors d’une séance d’apprentissage de « roue arrière ». Bon ok, c’est vraiment terre à terre, mais tout de même, les phénomènes observés sont intéressants. Rouler sur la roue arrière nécessite de jouer avec la peur de basculer en arrière (et de tomber sur le dos comme une grosse saucisse, paf, aïe). Si on donne trop d’importance à cette peur, qu’on la croit tout à fait raisonnable, et qu’on l’écoute, alors on n’arrivera jamais à rouler plusieurs dizaines de mètres sur la roue arrière (ça vous fait une belle jambe… mais c’est juste un exemple :-)). Mais si on identifie cette crainte comme le phénomène bloquant de l’apprentissage et qu’on va justement jouer à s’approcher de cette limite, voire essayer de la dépasser, comme ça, pour rigoler, eh bien, comme par magie, on s’approche du bon geste technique, les verrous sautent comme par enchantement. L’extraterrestre |
Lettre à l'ExtraterrestreNote de la rédac' de Carnets d'Aventures : après la parution de Carnets d'Aventures #50 contenant ce point de vue de l'Extraterrestre, nous avons reçu le courrier de Charles, que nous vous livrons ci-dessous. Bonjour, Comment apprend-on ?Telle est la question que devrait se poser chaque personne en position d’apprendre quelque chose à quelqu’un. |