Bref retour sur chacune des ses grandes expés
Bref retour sur chacune des ses grandes expés, par Sylvain Tesson |
Toute expé laisse au voyageur une multitude de souvenirs. Sa personnalité, ses désirs évoluent en fonction des émotions, des aventures, des rencontres effectuées lors de chaque voyage. Sylvain nous livre en quelques mots ce que lui a apporté chacune de ses grandes expés. Tour du monde à vélo : "J'avais 20 ans lors de ce voyage qui m'a confirmé que c'était une vie de voyageur dont j'avais envie !". Sylvain évoque notamment sa découverte du rythme nomade et le plaisir qu'il y trouve : "j'aime la relative diversité que t'apporte le fait de te déplacer tout le temps ! Le plaisir de te déplacer à la fois lentement et par ton effort personnel." Ce dernier point est assez important pour Sylvain qui fait référence à l'expression employée par les alpinistes anglais : grimper une montagne "by fair means". Il aime appliquer cette formule, que l'on peut traduire ainsi : "par des moyens honnêtes ou équitables", au voyage désignant ainsi un déplacement sans engin motorisé : à pied, à cheval, à vélo, en kayak… Marche en Himalaya : au cours de ce voyage, Sylvain renforce son amour pour cette région de la haute Asie. Il aime sa géographie de l'immense, ses paysages d'une beauté folle, ses peuples au caractère très fort, sa culture nomade. Voyageant avec extrêmement peu d'équipement et de vivres, Sylvain et Alexandre (Poussin) sont accueillis et nourris par les autochtones tout au long de leur périple. A posteriori Sylvain en retire une certaine gène : celle d'être en quelque sorte un "squatteur, un pique-assiette". Même si, évidemment, les repas qui leur ont été offerts – avec un immense plaisir d'ailleurs - lors de leurs étapes d'un soir, n'ont jamais mis en péril les réserves alimentaires de leurs hôtes, Sylvain décide de ne plus partir dans le même esprit à l'avenir. Il continuera de profiter de la joie et des échanges provenant de l'accueil des habitants, mais ne fera pas de cette hospitalité son moyen de ravitaillement.
Les steppes d'Asie centrale à cheval : peut-être sa plus belle expé ! Il y a découvert l'immense plaisir de se déplacer avec des animaux : plaisir des liens noués avec les chevaux et sens écologique qu'ils apportent au voyage. Le cheval permet de s'intégrer dans l'environnement et la culture d'un pays cavalier. Contrairement à l'alpinisme ou au vélo par exemple, l'aventurier ne contrôle pas tout : c'est sa monture qui commande et impose le rythme. C'est là que Sylvain a commencé à ne plus avoir besoin de la rencontre de l'homme : "ce n'est pas que je ne suis plus humaniste, mais je ne voyage plus avant tout pour rencontrer les autres". Sur les traces des évadés du goulag : alors qu'auparavant il craignait la solitude, ce voyage – effectué seul – lui a appris que non seulement il ne la craignait pas, mais qu'il en appréciait certains aspects : "j'ai vécu une solitude douce et fertile, enrichissante, agréable". Elle lui a permis de beaucoup penser au destin de ces nombreux évadés, dans les traces desquels il a cheminé 9 mois durant. La solitude donne en effet le temps et les occasions propices à la méditation. Cependant, Sylvain ne part pas pour se connaître lui-même, ses voyages “ne sont ni une fuite, ni une thérapie”, il préfère "regarder ce qui se passe dehors plutôt que dedans". La réflexion sur les autres, sur l'environnement, sur le monde, fait naturellement évoluer celui qui s'y adonne.
A la fin de ce petit récapitulatif, Sylvain évoque un point qui paraît assez important : tous ses voyages lui ont aussi appris que, pour lui, le bonheur passe par l'action: il n'attend pas d'être heureux pour agir, mais le devient en agissant. Sûrement un point à méditer pour nous tous… une aide pour trouver ce petit coup de pouce qui permet de faire tomber les obstacles qui se dressent devant un projet. Ce petit coup de pouce qui fait passer à l'action ! |