L'utilisation des tarps en milieu difficile
Trucs & astuces pour camper léger...Texte et photos : Mad des forums de « Carnets d'Aventures », « Randonner Léger » et « Vie Sauvage et Survie » et autres contributeurs précisés sur les photos Loin des solutions de survie, l'abri ultraléger qu'est le tarp est un parfait moyen pour dormir au plus près de la nature en allégeant considérablement le poids du sac. Mad nous encourage à en maîtriser les quelques techniques pour l'utiliser ensuite dans presque tous types de conditions climatiques. Tous aux abris !
Après le vent et la neige (Eraz)
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Dans la liste de matériel du voyageur nature, l’abri occupe une place très importante, tant par son caractère essentiel que par son poids, son volume et son prix. Une démarche d’allègement conduit naturellement à envisager l’utilisation d’une « tarp » - c’est-à-dire d’une bâche - dont les avantages sont évidents : légèreté, polyvalence et ouverture sur la nature. Avant d’aller plus loin, il est indispensable de rappeler qu'il s'agit d'un type d'abri où le matériel n’est rien sans l’expérience, et qu’un utilisateur aguerri pourra bivouaquer en toute sécurité avec une tarp alors que dans les mêmes conditions et avec le même matériel, un novice pourrait se trouver en danger.
Dans cette chronique, nous ne reviendrons donc pas en détail sur les montages, mais nous allons essayer de déterminer les limites d’utilisation de ce type d’abri (les pseudos dans la légende des photos sont ceux de l’utilisateur de l’abri montré – par défaut, c’est « Mad »). Suivant la latitude, les limites extrêmes d’utilisation peuvent venir de facteurs très différents. Les déserts chaudsLà, les vents de sable et la chaleur seront les principaux agresseurs. Une tarp pourra protéger du soleil aux moments les plus chauds de la journée – il faudra alors la monter en A ou en lean-to (photo 3), et une couleur très claire, voire une face aluminisée en face extérieure, sera un gros plus. Les couvertures de survie avec trame et œillets aux coins sont très pratiques. Dans le désert, il n’y a en général pas de branches disponibles, il faut donc avoir des mâts ou des bâtons de marche. Des sardines assez larges sont aussi utiles, car des sardines en fil titane n’ont pas une très bonne tenue dans le sable. La tarp sera aussi efficace la nuit, pour ne pas avoir froid : un lean-to ou un tunnel bien près du sol, avec la face aluminisée à l’intérieur dans ce cas, optimisera son efficacité. En cas de vent de sable, on cherchera à faire un tipi fermé, ou même un montage en poulpe (mât central assez bas, et les quatre côtés plaqués au sol voir les photos dans le lien [2]), et malgré tout, un chèche sur le visage sera indispensable pour ne pas respirer du sable. La jungleLes ennemis seront l’humidité et les pluies très violentes, ainsi que les insectes volants (moustiques, mouches hématophages) ou non (fourmis), les rampants (scorpions, araignées, scolopendre, serpents), et en certains endroits les sangsues de forêt, qui sont à mon avis les plus déplaisantes… J’ai déjà évoqué ce type de conditions dans la chronique MUL du CA 28 et ma conclusion est claire : la tarp sera utilisée pour protéger un hamac (photo 1), le couchage au sol ne devant être qu’une solution de dernier recours. Les pays tempérésLe froid, le vent et la pluie peuvent dissuader certains randonneurs débutants, mais une ou deux nuits passées sous tarp avec des pratiquants expérimentés dissiperont chez la plupart des gens ces appréhensions, et les avantages seront vite évidents : outre la légèreté, la rapidité de mise en œuvre (une fois un peu d’expérience acquise, monter une tarp va très vite), on appréciera surtout la qualité du contact avec la nature, sans cette barrière qu’est la tente fermée. La plupart du temps, avec une tarp suffisamment grande (2,5 x 3m ou 3 x 3m pour deux personnes : voir photo 2), le sursac n’est pas indispensable, un rectangle de plastique solide (polycree¹, Tyvek¹, etc.), ou une couverture de survie, voire un grand sac-poubelle ouvert, fera un tapis de sol si l’on veut éviter de se salir ou de salir son matériel. Une autre technique est d’utiliser un poncho pour fermer une tarp montée en demi-tipi (photo 5). Dans les pays tempérés, comme dans des pays plus froids (Islande, Canada) ou plus chauds (Sahel, Inde du Sud), les insectes peuvent poser un problème sérieux : un « nest », ou tente intérieure en moustiquaire, est une réponse possible, mais on sort un peu du sujet et l’on se rapproche de la tente classique. Une autre piste est d’avoir une tarp avec une porte qui se ferme et des bavettes (aussi appelées « toiles à pourrir » : ce sont des bandes de tissu en contact avec le sol) en moustiquaire : un tel objet a été développé et produit à quelques exemplaires - c’était la Taranis conçue par Peyo (photo 6), et commercialisée naguère par Arklight Design. Il est dommage qu’elle ne soit plus disponible, car avec quelques petites modifications (entre autres des attaches supplémentaires permettant de donner du volume au fond), c’est à mon avis et à celui de Vé, qui m’accompagne depuis fort longtemps :-), l’un des abris les plus polyvalents qui soient. Le problème des insectes volants est quasiment résolu, et seuls quelques rampants peuvent encore poser problème : je ne l’utiliserais pas là où il y a des sangsues de forêt. Pour la petite histoire, la nuit où la photo a été prise, un wallaby s’est faufilé sous la bavette et s’est installé sur mes pieds, et il a été plus que difficile de l’expulser ! En montagne et dans les pays froidsLes agresseurs seront le froid, le vent et la neige. Avec un vent raisonnable et stable en direction, et un froid modéré, on peut garder un montage en demi-tipi (photo 7), voire en appentis. L’ancrage ne peut plus être fait sur des sardines, il faut utiliser des cornières à neige (de larges et longues broches en aluminium), des ancres à neige (sacs en toile ou en plastique remplis de neige et mis dans des trous que l’on recouvre de neige tassée : photo 8), ou encore les skis. Il faut aussi pelleter de la neige sur les côtés fermés, afin de bien plaquer la toile au sol et ne pas laisser de brèche. En cas de tempête de neige il sera indispensable d’assurer une certaine étanchéité : un demi-tipi dans lequel le mât n’est pas en bordure de tarp peut se fermer à peu près correctement : la photo 9 montre un tel montage au Spitzberg – notez que la toile est serrée sur le mât (un bâton de ski) par une cordelette afin d’éviter tout glissement. On voit bien, comme indiqué plus haut, que de la neige a été pelletée sur les côtés pour bien plaquer la toile et empêcher le vent de s’infiltrer. La photo 10 montre le même montage après une nuit plutôt rude : de la neige s’est accumulée sur le flanc au vent, mais sans pénétrer… On signalera que la tarp utilisée, qui mesure 3 x 3 mètres, a été réalisée par Pierre Chauveau (« ChP » des forums Randonner Léger et Carnets d’Aventures) et était prévue comme tarp pour hamac – c’est d’ailleurs celle-là même qui est aussi montrée sur la photo 1 : vous faut-il encore une autre preuve de la polyvalence des tarps :-) ? Plus les conditions sont mauvaises (vent, neige), plus les pans subiront les efforts du vent et de l’accumulation de neige – on peut être amené à abaisser le mât central pour diminuer la prise au vent. Il y a d’ailleurs un autre montage que le demi-tipi qui peut encaisser du vraiment très mauvais temps : c’est le montage « en poulpe » évoqué plus haut, avec un mât central assez bas et les quatre côtés bloqués par de la neige. Comme il est impossible de fermer le quatrième côté de l’extérieur et d’entrer ensuite, on bloquera de l’intérieur le côté sous le vent, en laissant une petite aération réglable afin de ne pas s’asphyxier (surtout si l’on utilise un réchaud !). Quel modèle choisir ?Pour quelqu’un qui randonne seul et uniquement dan-s des conditions tempérées, un poncho tarp ou une tarp minimaliste (1,5 x 2,8m par exemple) est une solution acceptable, en sachant qu’un sursac sera indispensable dès que le régime de pluie dépassera le gentil crachin ou la rosée matinale. Une tarp de 2,5 x 3m abritera deux personnes en 3 saisons, et est utilisable en bâche de hamac si les pluies ne sont pas torrentielles, mais elle sera trop juste pour des conditions hivernales extrêmes. Je pense qu’une tarp de 3 x 3m a une polyvalence maximale, et si je devais n’en garder qu’une, c’est cette taille que je choisirais sans hésiter. Accessoires : mâts, sardines, tapis de sol, haubans supplémentairesSouvent, on utilisera les bâtons de marche ou de ski comme mâts pour la tarp. Emporter des mâts dédiés me semble un peu absurde, sauf des mâts courts, pliants et ultralégers pour un poncho-tarp par exemple. Dans beaucoup d’endroits, on pourra trouver des branches ou des bambous pour remplacer les mâts. Enfin, il ne faut pas oublier que l’on peut souvent suspendre la tarp à une branche en surplomb, ce qui a en outre l’avantage de dégager complètement l’intérieur. Il va sans dire qu’au Spitzberg ou au Sahara, la sérendipité n’est pas une stratégie acceptable. Les tarps « spéciales »Nous avons évoqué des tarps « spéciales » : le poncho-tarp « Gatewood Cape » et la « Taranis ». Il y en a bien d’autres, et la frontière est floue entre tarp et tente sans double toit. Je pense qu’on ne devrait vraiment parler de tarp que si elle peut être montée de plusieurs façons, par exemple en abri au sol et en bâche de hamac. La Gatewood ne permet pas cela, mais son usage en poncho la rend intéressante. La Taranis peut sans modification être utilisée avec un hamac, et quelques petites modifications la rendraient encore plus universelle : je pense qu’il y a une vraie demande pour ce type de tarp à la fois polyvalente et complète, et si elle n’est pas fabriquée à nouveau par son créateur, il faudra vraiment lancer une réflexion de « do it yourself » pour remplir ce créneau ! ConclusionLes tarps se déclinent sous des formes multiples ; s’il serait vain de prévoir une expédition polaire avec un poncho-tarp, l’expérience montre que l’on peut faire mieux que survivre avec une tarp de 3 x 3m, même en milieu difficile. La polyvalence d’un tel objet est vraiment extraordinaire : je souhaite que cette chronique vous donne au moins l’envie d’essayer ! Liens vers le Web : [1] « Petit Traité sur l’usage d’une tarp » : http://www.arklight-design.com/PBCPPlayer.asp?ID=345937 [2] Wiki de Vie Sauvage et Survie : http://wiki.davidmanise.com/index.php/Ponchos [3] L’ « abri d’Olivier » : http://www.randonner-leger.org/forum/viewtopic.php?id=14669 1 Le polycree est un matériau ultraléger tissé à partir de fibres de polyoléfine. Le Tyvek est réalisé à partir de fibres de polyéthylène non tissées. Ils sont souvent utilisés par les MUL pour leurs propriétés : ultralégers, ces tissus synthétiques sont peu déchirables, légèrement élastiques et imperméables.
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