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Abri bivouac ou "Tarp"

par erwan dans Voyager léger 14 janv. 2014 mis à jour 28 janv. 2014 19456 lecteurs 3 commentaires
Lecture 7 min.

Les abris "Tarp" pour le bivouac

Texte et photos, Kai Taimsalu (sauf mention particulière)
www.randonner-leger.org
Article publié dans Carnets d'Aventures n°7

Suite au succès de notre dossier « Voyager léger » paru dans Carnets d’Aventures n°4, nous avons ouvert une chronique sur le sujet dans le n°5. Dans ce numéro, Kai Taimsalu, pratiquant régulier de la MUL (Marche Ultra Légère) et membre actif des forums du site www.randonner-leger.org, reprend la plume pour nous parler des abris tarp pour le bivouac.

Suite à l’article du précédent numéro sur la liste MUL hivernale qui proposait l’utilisation d’un tarp, vous vous posez sans doute des questions quant à son utilisation. En plein été par beau temps, cela semble abordable et sans risque n’est-ce pas ? Mais en hiver, il faut franchement avoir un grain non ? Eh bien figurez-vous que j’utilise ce genre d’abri depuis bientôt deux ans et ceci par toute saison et quel que soit le temps. Depuis que j’y ai goûté, je ne suis plus revenu à la tente.

Pourquoi un tarp ? Pour économiser du poids ? Peut-être, mais il existe des petites tentes très légères qui régatent avec le tarp lorsqu’on prend en compte le poids du tapis de sol et, pour des raisons de sécurité, un sursac de couchage. En fait, la vraie motivation pour utiliser un tarp, c’est sa grande flexibilité, sa simplicité, son coût réduit, mais surtout, le bonheur de dormir dans le grand dehors, de profiter du panorama, de sentir les éléments qui peuvent parfois se déchaîner autour de soi, le contact direct avec la nature sans être « enfermé ».

Cet article ne pourra malheureusement pas être exhaustif, c’est une introduction qui vise à vous en faire découvrir quelques facettes et tenter de vous donner envie de l’adopter. Nous mettrons sur le forum du site web de Carnets d’Aventures des compléments d’informations ainsi que des liens vers les fabricants et des fils de discussions sur le site www.randonner-leger.org.

Les modèles de tarp

Ma liste typique est basée sur un micro-tarp de 150x270cm de 250g avec cordage et sardines, un sursac de 350g et la couverture de survie de 70g qui me sert de tapis de sol, soit un total de 670g. L’avantage de cette solution étant que je peux me poser pratiquement partout avec une sécurité raisonnable. Si le vent devait tout emporter, j’ai toujours le sursac pour m’en sortir.

Un grand tarp présente l’avantage d’être très recouvrant lorsqu’on le monte en forme de « tunnel en A » ou une variante avec un côté fermé (voir photo). Dans ce cas, et si on ne prévoit pas d’aller à des altitudes qui pourraient compromettre un tel montage, on n’a pas besoin de sursac. Ce tarp ne pèsera que 400 à 500g en silnylon fin ce qui est plus léger que la combinaison micro-tarp + sursac.

Tunnel en A avec un côté fermé

Tunnel en A avec un côté fermé

Tunnel en A avec un côté fermé
Tunnel en A avec un côté fermé

Le montage d'Olivier (voir photo), fondateur du site de randonnée légère rassurera ceux qui n’osent pas encore dormir sans être totalement enfermé. La solution qu’il propose ressemble à s’y méprendre à une tente. Elle est basée sur un morceau de silnylon avec une seule couture et quelques petits accessoires, le tout pour 500g pour deux personnes ou moins de 400g pour une personne seule. C’est à mon avis une excellente solution car cet abri pourra toujours être monté d’autres manières.

Une autre solution typiquement MUL est de prendre un abri-poncho. Sa taille, généralement assez petite (2m à 2m40 par 150cm) impose l'utilisation d'un sursac. Il vous économisera le poids de la veste imperméable mais pas celui d’un coupe-vent. Un poncho n’est pas adapté à la haute montagne pour des raisons évidentes.

Comment débuter ?

Un bon tarp acheté sur les sites spécialisés coûte entre 100 et 200$. Avant de faire cet investissement, testez votre aptitude et votre motivation en achetant une bâche de bricolage sur laquelle vous ajouterez des points de haubanage avec du power tape ou bien la technique d’Olivier avec bouchons et nœuds coulants. On placera les points de haubanage dans chaque coin, 2 dans la plus grande longueur et 1 au centre de la largeur. On pourra prévoir des points supplémentaires sur les joues et l’arrête de l’abri pour augmenter sa résistance face au vent et créer plus de volume utile. Débutez par conditions clémentes et augmentez la dose progressivement. Le tarp quechua, 800g sans piquets et 3mx3m à moins de 25€ fait également l’affaire avec un peu de créativité (voir photo).

Les différents montages

Lorsqu’on randonne dans des régions forestières, on dispose d’éléments structurels très intéressants qui serviront de base à l’abri. Par exemple, un arbre sert de pieu de montage, les branches permettent de suspendre un point central afin d’éviter que l’abri ne s’affaisse, un tronc couché permettra de mettre la bordure plus élevée qu’au sol, etc. En montagne, un pan rocheux peut être utilisé, le pan de mur d’une ferme également. Lorsqu’on ne dispose pas d’éléments structurels, on ramassera des branches en prévision du montage ou on utilisera les bâtons de randonnée.

Le montage populaire d’un petit tarp est dit en appui ; on n’a de ce fait qu’un seul côté qui nous protège des éléments. Ce montage est utile pour s’abriter de la rosée ou de la pluie sans vent. Si le vent souffle, on fermera un coin de l’abri, ou les deux lorsque les conditions empirent. Même montage pour l’abri-poncho, avec en plus la capuche comme tirant central qu’on peut accrocher à un arbre afin de créer plus d’espace sous le tarp (voir photos).

Montage en appui
Montage en appui

Montage en appui
Montage en appui

Le grand tarp peut également être monté en appui : immense espace de protection mais sensibilité au vent...

Le montage en « tunnel en A » offre moins de prise au vent mais on commence à se sentir sous tente. Si le vent s’engouffre par une ouverture, on place le sac à dos et une veste de pluie accrochée au pieu central, avec les manches attachées aux sardines au sol. En dernier recours, on pourra fermer l’autre entrée avec la couverture de survie ou aplatir l’arrière (voir photo). À deux randonneurs, j’affectionne le montage d’un tarp de 3mx3m en diagonal, très stable par fort vent (voir photo).

Montage
Montage "diagonal"

Plusieurs tarps peuvent être montés ensemble afin de créer des espaces confortables et conviviaux qui abriteront une équipée. Imaginez la scène avec un bon feu à 2m devant l’entrée sur lequel rôtit une bonne viande... Il n’est malheureusement pas possible de mentionner ici tous les montages possibles, les combinaisons sont infinies, laissez parler votre imagination.

Montage
Montage "diagonal"

Où s’installer ?

Le choix de l’emplacement est particulièrement critique. Il devrait l’être également avec une tente car ma conviction est qu’une tente offre un sentiment de sécurité assez relatif. Si votre tente est endommagée par le mauvais temps, qu’allez-vous faire ? Le fait de dormir sous un tarp force à être plus attentif au relief du terrain, aux conditions météorologiques et apprête mentalement à faire face à des conditions adverses. L’utilisation du sursac représente le dernier refuge en cas de coup dur, il résiste aux pires assauts, chose à laquelle les tentes peuvent rarement aspirer.

On observera d’où proviennent les vents dominants. Si ceux-ci sont changeants, on préférera un montage avec un ou deux coins fermés qui offrira une protection jusqu’à 270 degrés. La force du vent peut inciter à réaliser un montage très bas au sol, bien profilé. On exploitera au mieux le relief du terrain en s’installant derrière un bosquet, à la lisière d’une forêt, derrière une ferme, sur le versant opposé de la montagne, derrière une colline ou une élévation ; etc.

On évitera les dépressions de terrain dans lesquelles la pluie va finir par s’accumuler et chercher un terrain perméable à l'eau. Lorsque le vent se mêle à la pluie, elle peut gicler par les ouvertures, d'où l’intérêt du sursac. La forêt limite les effets de la pluie mais attention à ne pas vous installer sous un arbre dont les branches mortes pourraient s’abattre sur vous pendant la nuit. Être proche du tronc vous protégera mieux des chutes mais attention à la foudre. Pensez également aux chutes de pierres sous les surplombs rocheux ainsi que les glissements de terrain.

En hiver, il faut compter avec la neige en prévoyant un montage qui empêche son accumulation sur le toit de l’abri et faire attention au danger d’avalanches, plaques à vent, chutes de séracs, pentes de toits enneigées, etc. J’apprécie particulièrement l’utilisation du tarp lorsqu’il y a une bonne couche de neige car elle peut être façonnée pour créer des murets de protection et excavée pour augmenter l’espace intérieur. Ajoutez à cela quelques arbres et leurs branches et vous avez des possibilités infinies de montage, c’est tout bonnement génial !

¨resque une tente... (photo Olivier Balch)
¨resque une tente... (photo Olivier Balch)

Les animaux pourraient être attirés par votre pitance… Accrochez votre poubelle à un arbre et conservez vos aliments dans des sacs étanches aux odeurs ou accrochez-les également à un arbre. Une toile faciale vous abritera des moustiques. Dans nos contrées, il ne faut pas trop se soucier des insectes, le seul inquiétant est la tique, or, celle-ci s’accroche généralement lors de notre passage dans les basses branches le long des sentiers et des pistes empruntées par les animaux ou dans les sous-bois. Pour être du côté de la sécurité, faites une inspection tiques matin et soir dans les replis humides, le sommet de la tête, etc. Les serpents quant à eux sont présents aux endroits chauds et pierreux.

Pour conclure

Il y a tellement à dire sur l’utilisation du tarp, c’est un sujet sans fin. Goûtez-y, osez franchir le pas ! On me dit souvent ça doit être humide sous un tarp par temps de pluie. Hérésie ! Lorsqu’on est enfermé dans une tente, on doit aérer au maximum afin d’éviter l’accumulation d’humidité, or sous un tarp, on peut moduler l'aération au maximum ! Vous pouvez faire sécher vos affaires par temps de pluie pour autant qu’il y ait un peu d’air… C’est justement par temps de pluie que j’apprécie vraiment le tarp, car s’il fait beau, autant dormir à la belle étoile non ? Imaginez-vous confortablement assis sous votre tarp, parfaitement à l’abri. La pluie bat son plein, elle frappe d’un son aérien les feuilles des arbres aux alentours, elle crépite en tombant sur la surface du tarp, elle s’abat sur le sol avec un son mat. Devant vos yeux se forme un voile atmosphérique romantique qui va en s’épaississant à mesure que votre regard s’éloigne. Vous profitez pleinement des odeurs mises en évidence par l’humidité : l’odeur de la terre, des aiguilles de sapin, des feuilles mortes. Pendant ce temps, vous sirotez une bonne soupe chaude en mangeant du pain et du saucisson, et, pourquoi pas, un bon verre de vin ! Qui a dit que les MULs ne savent pas vivre ?!. Je vous invite à fermer vos yeux et à vous imprégner du tableau, j’en suis ému à sa simple pensée. Allez, je vous quitte, il faut que prépare ma prochaine sortie. Au plaisir de vous croiser un jour sous votre tarp.

Montage en appui avec un coin fermé

Montage en appui avec un coin fermé

Montage en appui avec un coin fermé
Montage en appui avec un coin fermé

Commentaires
30 déc. 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
bonjour
j'ai découvert il y a peu de temps que ce que nous appelions vulgairement une bache s'appelait un tarp .j'ai 70 ans et ai randonnée pendant 30 ans à cheval avec ma femme et mes 3 filles et notre logique nous avait amené dès le début a une bache ( pardon tarp ) de 4x5 mêtres confectionnée par nos soins ce qui nous permettait d' être a l'abri avec le matos et surtout d'avoir un œil sur les chevaux a proximité .pour moi ça tjs été la meilleur façon de bivouaquer et de profiter au maxi de l'environnement et ceci été comme hiver

Patricia de Toulouse - 08 févr. 2017
1 messages
Bonjour,
mon mari, mon chien et moi randonnons depuis 3 ans tous les samedis dans les Pyrenees avec la tente. Mais je suis de plus en plus tentée par le tarp, juste, déjà, le midi pour s'abriter du vent. Le type "tunnel en A" avec un coté fermé me "tente" ;) .
Merci pour l'article et votre enthousiasme . ça me gagne.
Bonnes randonnées.

jeanpatriceveilhan - 13 févr. 2017
148 messages
L'enthousiasme de Kai fait plaisir à voir!
Et d'ailleurs il avait su me convaincre, lors d'un précédent article, d'essayer le tarp. J'avais acheté un poncho-tarp et un tarp de 2m50 x 3m00. Sans avoir été déçu...

Néanmoins, à l'usage (à 'mon' usage du moins), je trouve que ça complète très bien la tente... mais que ça ne la remplace pas.
Il y a des randonnées où j'étais content d'être UL et de dormir sous mon poncho tarp. D'autres où j'étais content, en effet, de manger sous une bonne pluie tropicale non venteuse, protégé par le grand tarp, tout en me sentant dehors...
Mais d'autres randonnées où j'ai regretté de n'avoir pas pris de tente, parce que le temps s'était avéré exécrable, que j'avais envie d'un vrai abri douillet, ou qu'il faisait beau mais que l'endroit était infesté de moustiques, etc.
En fait, je trouve qu'avoir une tente moustiquaire + un double toit + un grand tarp... c'est le top! Certes, ce n'est pas vraiment MUL toute cette accumulation, mais ce n'est jamais que 2,6 kg. Ca reste un poids, à mon sens, très acceptable, surtout en KayakUL ou en VéloUL.