Pagaie de kayak de mer et technique de pagayage
La pagaie de kayak de merEn kayak de mer on utilise une pagaie double. L’angle entre les pales (souvent 60° mais il peut varier entre 45° et 90°) permet à la pale hors de l’eau d’offrir moins de prise au vent (par grand vent rafaleux, la prise au vent sur la pagaie peut être déstabilisante). Cet angle induit un mouvement du poignet qui peut générer des douleurs. Il faut éviter de trop casser le poignet pendant le pagayage. Les mouvements, effectués des milliers de fois en randonnée, sont souvent la source de tendinites (souvent au niveau du poignet et du coude). Les tendinites sont très fréquentes surtout pour les pagayeurs peu expérimentés. Il est important d’acquérir le bon geste avant de partir sous peine de transformer son périple en véritable chemin de croix. Une pagaie légère est très appréciable pour un usage « longue randonnée ». La paleEn randonnée on utilise plutôt une pale assez longue et fine, avec une surface relativement faible. On pourrait le voir comme l’équivalent nautique d’un petit braquet. L’effort à fournir à chaque coup de pagaie est donc moins important et les articulations davantage préservées. Les pales sont asymétriques ; cela permet d’équilibrer la surface autour de l’axe de rotation puisque la pagaie entre dans l’eau avec un angle de 45° environ ; si ce n’était pas le cas, la pagaie aurait tendance à tourner dans les mains ou vibrer dans l’eau. De ce fait, la pagaie mer a un sens d’utilisation : le bas est donné par la partie de la pale qui a le moins de surface (visible sur le bout de la pale). La pale peut être constituée de divers matériaux. Plastique, fibre de verre ou de carbone, bois, etc. Le mancheUn manche de pagaie de randonnée devrait préférablement être souple. Éviter les manches en carbone ou en alu. La fibre de verre ou le bois conviennent bien. Il faut tester sa pagaie ; deux modèles dans le même matériau peuvent avoir une rigidité différente puisque la quantité de matière peut changer. Il y a souvent un épaississement sur le manche d’un côté de la pagaie, du côté du poignet fixe (à droite pour les droitiers) ; il améliore le confort du pagayeur. Longueur de la pagaieUne pagaie de randonnée sera un peu plus longue. Associée à une pale de faible dimension, elle permettra d’étaler le mouvement sur une plage plus longue ; encore une fois l’idée est de protéger les articulations mais aussi compenser la petite surface de la pale par une poussée sur une distance plus longue. La taille sera sensiblement votre hauteur bras en l’air doigts tendus. Pour une personne d’1,80m, cela donne de l’ordre de 2,25m. Pagaie boisLes pagaies en bois présentent plusieurs avantages : elles sont légères, souples et donc plus douces avec les articulations. Et elles sont belles :-). En revanche, elles sont souvent chères et un peu plus fragiles que leur équivalent en fibre. Pagaie groenlandaiseC’est une pagaie traditionnelle en bois avec des pales longues et fines, il n’y a pas d’angle entre les pales. Les amateurs se la confectionnent souvent eux-mêmes. Certains ne jurent que par elle… Le pare-gouttesCe sont deux petits anneaux qui se placent sur le manche entre la pale et la main. Le but est d’empêcher les gouttes de ruisseler le long du manche jusqu’à la main. Il existe des pare-gouttes démontables que l’on peut monter sur une pagaie qui n’en dispose pas. C’est un petit plus agréable surtout lorsqu’il fait froid. Le leash de pagaiePour ne pas perdre la pagaie nous avons pris l’habitude de la fixer via un « leash » sur le pont du kayak. C’est très pratique car on peut la laisser dans l’eau lorsqu’on fait des manipulations sur le kayak (juper par exemple), lorsqu’on se baigne, etc. D’autre part, si on la perd à cause d’une rafale de vent violente ou après un dessalage, on peut la récupérer tout de suite ; perdre sa pagaie dans des conditions délicates rend la situation nettement plus périlleuse… Pour fabriquer un leash, on prend un bout de ficelle (2 ou 3mm de diamètre) qu’on attache à la pagaie, on fixe à l’autre bout un morceau de cordelette élastique (4 ou 5mm de diamètre) qu’on attache à la ligne de vie devant le trou d’homme ou sur un élastique transversal du pont. |
Pagaie démontableLes pagaies démontables sont intéressantes pour le transport en association avec un kayak démontable par exemple, et en pagaie de secours également. Il faut veiller à la prendre de très bonne qualité si elle est utilisée en pagaie principale car les points de jonction peuvent avoir du jeu ce qui est pénible à la longue. On peut parfois régler l’angle de la pale sur ce type de pagaies. Elles sont plus complexes, donc plus fragiles et plus lourdes qu’une pagaie d’un seul tenant. Pagaie de secoursPerdre ou casser sa pagaie est très problématique. Il faut donc disposer d’au moins une pagaie de secours pour un groupe de kayakistes (surtout si ce groupe se réduit à une personne). Elle sera démontable en deux parties et disposée sur le pont de manière à être facilement accessible en cas de problème. |
Technique pagayageLa pale doit pénétrer l’eau loin devant, l’angle du manche doit faire sensiblement 45° avec la surface de l’eau. On sortira la pagaie de l’eau assez rapidement, ce n’est pas la peine de trop forcer quand la pale passe derrière le pagayeur. Il faut aussi bien penser à pagayer avec les épaules (rotation du tronc) pour répartir le travail sur toutes les articulations du haut du corps. Un côté du corps tire la pagaie pendant que l’autre la pousse, le travail doit être équilibré. Les pieds doivent être bien calés sur les pédales car on y prendra appui (attention avec un gouvernail à ne pas godiller lorsqu’on alterne l’appui entre les pieds, vous vous freineriez pour rien sans vous en rendre compte). Essayez de peu plier les coudes et de casser le moins possible les poignets. Les mains doivent être lâches (pas crispées sur le manche). Pour bien relâcher, on peut prendre l’habitude d’ouvrir la main du côté qui pousse. Il y a donc une alternance d’ouverture et de fermeture de chaque main. Se faire expliquer la technique et corriger ses défauts par un professionnel ou une personne très expérimentée est une bonne idée ; vos articulations vous diront merci. Envoyer des wattsPour avoir un maximum de puissance (pendant une durée correcte mais pas infinie), on peut utiliser l’ensemble du corps. Pour cela, on penchera le corps en avant pour aller chercher loin devant, et ramener la pale en reculant également le dos en même temps que l’on tourne les épaules. Le gain en puissance est très significatif et cela peut faire la différence pour vous sortir d’un passage difficile. En dehors du « simple » pagayage pour avancer, il existe de nombreuses techniques qui peuvent servir régulièrement : Pagayage latéral (appel latéral)Il faut parfois se mouvoir latéralement, pour se rapprocher d’un autre kayak, d’un quai… Pour cela, il suffit d’aller planter la pale de la pagaie latéralement, face active vers soi et de ramener la pale jusqu’au bord du kayak. Ça ne va pas bien vite mais ça marche et c’est souvent bien pratique. Dessin. Appui pagaieOn peut se servir de sa pagaie comme d’un appui lorsque ça bouge, au surf, etc. Il faut placer la pale parallèlement à la surface de l’eau, face active vers le ciel, s’il y a un mouvement par rapport à l’eau (si le kayak avance par rapport à la masse d’eau) on pourra s’appuyer sur la pagaie qui « planera » à la surface, cela donne une grande stabilité. Si le kayak n’avance pas, on peut faire un mouvement de la pale, potentiellement en aller-retour avant arrière, pour la faire planer à la surface de l’eau et avoir un bon appui. Lorsqu’un surf tourne mal et qu’on se retrouve parallèle à la vague qui déferle, on peut aller chercher l’appui derrière la vague, pont du kayak tourné vers la vague. |
Pagaie gouvernailAu surf, pour garder le kayak droit, on peut mettre la pale derrière soi et s’en servir comme d’un gouvernail. On peut l’utiliser aussi pour virer plus vite en complément d’une pagaie circulaire. Pagaie circulaireGrand balayage de la pale du côté opposé à celui du virage, on se servira de ses appuis dans le kayak (cuisses, pieds, fesses) pour imprimer le mouvement de rotation au kayak. On peut un peu pencher son kayak vers l’extérieur du virage pour faciliter le virage (ça dépend de la forme de carène des kayaks ; cette méthode marche bien pour les kayaks qui ont une « quille »). Rétro-pagayageJ’ose à peine l’évoquer ici tant c’est intuitif… Il est possible de pagayer en arrière. Pour tourner sur place par exemple, on pagaiera d’un côté et on rétro-pagaiera de l’autre. Cela sert aussi à freiner le kayak, à reculer. Bref c’est évident, mais après avoir vu quelqu’un après une semaine de mer se manger un quai parce qu’elle ne savait pas freiner, je me dis que les évidences n’en sont pas forcément pour tout le monde :-). |