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À vélo le long de la Loire par le GR3

(réalisé)
1200 km à vélo de Bas-en-Basset (Haute-Loire) à Larmor-Baden (Morbihan) en suivant le GR3.

Toutes les photos et d'autres carnets de routes sur mon blog Latitude 45°
vélo de randonnée
Quand : 22/08/2015
Durée : 15 jours
Distance globale : 1187km
Dénivelées : +19176m / -19891m
Alti min/max : 7m/1268m
Carnet publié par pattes_de_poulet le 11 oct. 2015
modifié le 03 nov. 2015
Mobilité douce
C'est possible (ou réalisé) en train
5632 lecteur(s) -
Vue d'ensemble

Le topo : Section 1 (mise à jour : 11 oct. 2015)

Distance section : 204km
Dénivelées section : +4428m / -4916m
Section Alti min/max : 218m/1268m

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Le compte-rendu : Section 1 (mise à jour : 11 oct. 2015)

Les monts du Forez

Samedi 22 août. Je suis prêt à prendre la route.

Cela fait maintenant trois semaines que je prépare mon voyage à vélo qui me mènera de Bas-en-Basset, en Haute-Loire, à Larmor-Baden, dans le Morbihan. Je voyagerai en autonomie, c’est-à-dire que j’emporterai avec moi de quoi bivouaquer et préparer mes repas. Ayant déjà réalisé quelques périples à vélo, seul ou accompagné, j’ai déjà une liste d’équipement que je m’efforce d’optimiser. L’obsession, à ce stade, est le gain de poids. Pour cela, le superflu disparaît de la liste initiale. Après avoir retourné le problème dans tous les sens, m’être posé la question de l’utilité de telle ou telle chose, j’arrive à un poids de sept kilos de bagages (hors eau et nourriture). Bon, ce n’est pas si mal. J’ajoute à cela mon réflex numérique… de belles photos valent bien un kilo supplémentaire !
Pour rallier la Bretagne, j’ai décidé d’emprunter une partie du sentier de grande randonnée GR3 qui longe la Loire. Il débute donc au mont Gerbier-de-Jonc en Ardèche pour finir à Guérande, à proximité de l’embouchure. Mais il ne suit pas tout à fait le fleuve. Entre Retournac et Diou, il coupe à travers les monts du Forez alors que la Loire, elle, les contourne. Comme je récupérerai le GR3 à Valprivas, environ quinze kilomètres après Retournac, les premiers jours du voyage seront donc synonymes de fort dénivelé. Et avec une dizaine de kilos à transporter, l’affaire s’annonce rude !
Je propose à Olivier de rouler avec moi le premier jour. Comme il accepte volontiers, nous allons déposer, la veille, sa voiture au col de Baracuchet (1267 mètres d’altitude), cinquante-sept kilomètres plus loin. J’en profite pour charger mes bagages dans le véhicule. Cela me soulagera au moins le premier jour.
En ce samedi, le soleil brille tôt dans le ciel et chauffe rapidement l’atmosphère. Heureusement, une petite brise nous rafraîchit un peu. Nous pédalons tranquillement sur les chemins et petites routes. La veille du départ, en faisant la route en voiture, nous pensions que le dénivelé serait plutôt au menu de l’après-midi, à l’approche du col. Mais il n’en est rien. Montées et descentes rythment la matinée qui se termine par une dernière côte menant au village de Montarcher. Il est midi et le soleil est à son zénith. Il prend un malin plaisir à nous achever alors que la faim nous tiraille l’estomac depuis plusieurs minutes déjà. La pause casse-croûte et la sieste sont les bienvenues pour reprendre quelques forces. Nous venons d’avaler une grosse partie des 1600 mètres de dénivelé de la journée.
L’après-midi est plus tranquille. Nous avançons sur des chemins assez roulants sur les lignes de crêtes jusqu’au col que nous atteignons vers seize heures.
Au vu du fort dénivelé positif qui m’attend le lendemain si je continue par le GR et comme je serai chargé, je demande à Olivier s’il veut bien me transporter en voiture jusqu’aux environs de Noirétable. Une heure et une bière plus tard, il me dépose à six kilomètres du village. Je le remercie vivement et me mets à la recherche d’un endroit discret pour passer la nuit. Quelques minutes plus tard, j’installe mon bivouac en bordure d’un pré. Ce n’est pas très plat mais je suis en hauteur en cas de forte pluie (celle-ci est annoncée pour la nuit). Après avoir monté ma tente, je mange et range mes affaires. Mes gestes sont hésitants. Il faut mémoriser la place de chaque chose dans les sacoches pour ne pas passer son temps à chercher… mais les réflexes reviendront vite avec la répétition de ce rituel.
Programme de cette première soirée en pleine nature : lecture du livre Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi et séance de cinéma galactique… avec, pour voisines de strapontin, des vaches machouillant déjà leurs pop-corns aux herbes. Si les cirrus qui se sont formés en fin d’après-midi veulent bien laisser un peu de place aux constellations, j’espère apercevoir quelques étoiles filantes.
Je ne sais pas si les vaches ont veillé toute la nuit. En tout cas moi, après une heure à observer le plafond étoilé et un mal de nuque, je suis allé me coucher à l’entracte du film car le défilé stellaire n’a pas eu lieu. Le projectionniste avait dû mal enroulé la bobine ! Au petit matin, à défaut d’étoiles, ce sont quelques gouttes de pluie qui zèbrent le ciel. Juste de quoi mouiller la toile de tente avant que je ne la plie.
Comme prévu, j’emprunterai les routes départementales car je crains d’être trop ralenti par mes bagages dans les chemins pentus. La suite me donnera raison. Je prends donc la direction de Chabreloche. Passés les quinze premiers kilomètres, la pluie refait son apparition mais sous forme d’orage. Je trouve refuge sous un abri face à une chèvrerie. J’en profite pour boire un café, faire sécher ma tente et trouver ce maudit trou dans mon matelas. Ce dernier, que je n’ai pas vérifié avant de partir, a une crevaison lente. J’ai donc dû le regonfler à trois reprises pendant la nuit ! Malheureusement, point de trou visible… Tant pis, je passerai mes nuits à souffler pour qu’elles soient plus douces.
Une accalmie apparaît dans le ciel au bout d’une heure trente d’attente. Je remonte en selle et m’engage dans le seul chemin de la journée, sur trois kilomètres. Un nouvel orage me jette alors ses trombes d’eau sur la tête. Je fais halte sous un abribus quelques minutes puis, las de patienter, je repars sous la pluie battante. À Chabreloche, j’investis les sanitaires du plan d’eau et prends une douche… froide mais appréciable. Je mange et me lance à l’assaut de six kilomètres de montée jusqu’au col de la Charme situé à 1300 mètres d’altitude. En équilibre entre Loire et Puy-de-Dôme depuis ce matin, je bascule, pour quelques kilomètres, dans le département ligérien et file vers l’Allier. À peine ai-je entamé la descente du col qu’un énième orage m’accueille et m’accompagne vers Saint-Priest-la-Prugne. Nouvel arrêt, cette fois sous un abri à chevaux, dans un pré. Ce scénario se reproduit tout le jour. Lors d’une pause sous un hangar agricole, j’observe que les hirondelles, voyant que l’été touche à sa fin, se rassemblent afin d’entamer leur migration vers l’Afrique. Le mauvais temps les fait fuir vers des cieux toujours bleus. Le ciel se vide de son trop plein d’eau, accumulé depuis des semaines. Pour lui, c’est un soulagement. Pour la terre, les plantes et les animaux aussi. Ils vont pouvoir profiter de l’humidité et de la fraîcheur afin d’emmagasiner l’énergie nécessaire pour passer l’hiver. Cela suffit à me consoler de la grisaille. Sous les orages défile dans ma tête le manifeste du sky-runner de Kilian Jornet que j’ai emporté avec moi, condensé de motivation dans les moments difficiles.
Lorsque j’arrive à l’entrée du village de Mayet-de-Montagne, je découvre un camping que je m’empresse de rejoindre. Il n’y a rien de mieux qu’une douche chaude pour se remettre d’une journée pluvieuse. Je me balade ensuite sur les rives du lac des Moines, lieu reposant propice à la méditation. Malgré la pluie incessante, cette journée aura été belle car passée dans un paysage montagneux que j’affectionne particulièrement.
Le lac des Moines (Mayet-de-Montagne)
Le lac des Moines (Mayet-de-Montagne)

Les monts de la Madeleine


En mettant le nez hors de la tente, je constate que le ciel bleu est parsemé de nuages qui n’ont pas l’air menaçants. Bonne nouvelle ! Je range mes affaires et rejoins le village situé à moins de deux kilomètres. Le temps d’entrer dans le bourg et voilà qu’un orage se déchaîne. Décidément, cette troisième journée commence comme s’est terminée la précédente. Pendant quelques minutes, je songe à retourner au camping pour y rester au sec. Je n’ai pas très envie de pédaler à nouveau sous la pluie. Je patiente tout de même une heure à l’abri en compagnie d’une mamie qui attend son rendez-vous chez le dentiste puis je décolle enfin, profitant d’une accalmie. Je prends les petites départementales pour rejoindre le GR3 juste avant Arfeuilles. La matinée est agréable. Je prends le temps d’observer la flore et la faune : ici un héron qui pêche dans une mare, là une buse sur un poteau, à l’affût de sa proie.
À midi, je fais une pause près d’un étang pour me restaurer et faire sécher au soleil mes habits humides depuis la veille. J’essaie de dégripper mon câble de dérailleur qui a subi, lui aussi, les assauts de l’eau (bien sûr, je n’ai pas de câble de rechange). Mince… voilà qu’il s’effiloche lorsque je le desserre ! Je le graisse et le remets tant bien que mal en place mais je ne réussis toujours pas à passer les vitesses. Je dois jouer avec les plateaux avant pour forcer ou mouliner le moins possible… Je décide alors de faire un détour par Lapalisse pour trouver un réparateur de vélo et changer le câble. Mais une fois sur place, il n’y en a pas… Je vais prendre un demi dans un café situé près de l’église et demande au serveur s’il sait où je peux trouver le vélociste le plus proche. Après quelques clics sur son ordinateur, il me répond qu’il y en a un à Vichy, mais cela me ferait faire cinquante kilomètres aller-retour. Un autre se trouve à Dompierre-sur-Besbre, à trente-cinq kilomètres et dans la direction que je dois prendre. Il est seize heures. Je termine ma bière, remercie le cafetier pour son aide et les bouteilles d’eau qu’il m’a remplies et enfourche aussitôt ma bicyclette. Baladeur sur les oreilles, j’avale les bornes au son de No One Is Innocent pour me donner de la motivation.

Et c’est sous un orage que je pénètre dans le village de Dompierre. Tandis que je m’abrite tant bien que mal sous l’avant-toit d’une quincaillerie, le gérant de la salle de sport d’en face m’invite à rentrer pour être au sec et me propose à boire. Face à la vitrine de la salle, deux types transpirent sur des steppers en fixant la quincaillerie de l’autre côté de la rue. Il me vient soudain l’envie de les inviter à aller courir dehors. Je voudrais leur dire que courir, même sous la pluie, est beaucoup plus agréable et vivifiant qu’enfermé dans une salle. Ils pourraient se balader le long du canal, respirer l’air pur, observer la nature, rencontrer d’autres personnes. De nos jours, les gens ont perdu le sens des choses simples mais tellement merveilleuses de la vie !

Section 1
Le lendemain, à la première heure, j’emmène mon vélo chez le mécano. Je fais aussi quelques courses et prends un petit-déjeuner rapide. Une demi-heure plus tard, je suis en train de plier mon paquetage au camping en discutant avec un couple de retraités qui m’apprend avoir parcouru le GR3 en sens inverse il y a quelques années. Ils se souviennent même très bien avoir dormi à Bas-en-Basset ! Ce matin, la route me conduit jusqu’à Diou où je retrouve enfin la Loire, quittée deux cents kilomètres plus au sud. Je file sur le GR qui alterne entre petites routes et chemins en forêt. Montées, descentes. Je retrouve les sensations du VTT et prends beaucoup de plaisir à rouler… quel bonheur ! Le paysage vallonné est superbe. Mais au fur et à mesure de ma progression, il s’aplanit. Un grand nombre d’étangs parsème dès lors les prairies.

En fin d’après-midi, sur l’île de la Crevée, je débusque un emplacement où bivouaquer, situé sur la berge du fleuve et très prisé des pêcheurs. L’un d’eux m’explique qu’il vient souvent le soir pour tâter du brochet et autres poissons. En effet, à la tombée de la nuit, ceux-ci affleurent à la surface de l’eau, à la recherche d’insectes. J’assiste à un véritable ballet aquatique rythmé par les ondes. Balade sur la rive à observer les pêcheurs. Soirée relaxante.

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