Chemins de terre et d'eau de Harrison Barker
Je cherchais un parcours pour essayer mon nouveau matériel en vue du GR10 que je désirais faire dans son intégralité.
Le Chemin de Terre et d'Eau de Harrison Barker était pile calibré pour le peu de jours dont je disposais.
Le Chemin de Terre et d'Eau de Harrison Barker était pile calibré pour le peu de jours dont je disposais.
Quand : 06/05/2019
Durée : 3 jours
Durée : 3 jours
Distance globale :
74.5km
Dénivelées :
+1417m /
-1534m
Alti min/max : 74m/298m
Carnet publié par Béryl
le 02 sept. 2019
modifié le 04 nov. 2021
modifié le 04 nov. 2021
Mobilité douce
1821 lecteur(s)
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Vue d'ensemble
Le topo : J3 - Après Urval/Cadouin (mise à jour : 28 sept. 2019)
Distance section :
15.3km
Dénivelées section :
+259m /
-325m
Section Alti min/max : 125m/191m
Description :
Distance parcourue réelle relevée par mon GPS : 16,43Km
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé
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Le compte-rendu : J3 - Après Urval/Cadouin (mise à jour : 28 sept. 2019)
Mercredi 8 mai 2019
Il a plu pratiquement toute la nuit.
La pente semblait légère quand j'ai monté la tente hier soir, mais dans la nuit j'ai dû me caler avec le sac à dos pour ne pas dégringoler. En appui contre la paroi, je me réveille avec la chambre et le matelas mouillés.
Il est un peu plus de 6h00 quand je me lève, range mes affaires et prends un petit-déj sur le pouce. Il faudra que je m'organise mieux pour le GR10, tout cela est un peu brouillon et surtout, le petit-déjeuner risque d'être un peu léger pour attaquer une journée de crapahut dans les montagnes.
Je ne sais pas encore à quel point cet euphémisme s'avèrera douloureux pour moi dans quelques jours...
Moins d'une heure après, j'attaque la sérieuse grimpette vers le hameau des Spérits aux fameuses croix noires tracées sur les portes de certaines habitations afin d'indiquer les foyers contaminés lors de la dernière grande peste.
Malgré mes allées et venues dans le patelin, je n'en verrai pas une seule.
Par contre, je remarque très bien l'excellent site de bivouac à la sortie du bled : douce pelouse entretenue avec table et banc en bois ! À quelques centaines de mètres près, je passais une nuit idéale !
Il a plu pratiquement toute la nuit.
La pente semblait légère quand j'ai monté la tente hier soir, mais dans la nuit j'ai dû me caler avec le sac à dos pour ne pas dégringoler. En appui contre la paroi, je me réveille avec la chambre et le matelas mouillés.
Il est un peu plus de 6h00 quand je me lève, range mes affaires et prends un petit-déj sur le pouce. Il faudra que je m'organise mieux pour le GR10, tout cela est un peu brouillon et surtout, le petit-déjeuner risque d'être un peu léger pour attaquer une journée de crapahut dans les montagnes.
Je ne sais pas encore à quel point cet euphémisme s'avèrera douloureux pour moi dans quelques jours...
Moins d'une heure après, j'attaque la sérieuse grimpette vers le hameau des Spérits aux fameuses croix noires tracées sur les portes de certaines habitations afin d'indiquer les foyers contaminés lors de la dernière grande peste.
Malgré mes allées et venues dans le patelin, je n'en verrai pas une seule.
Par contre, je remarque très bien l'excellent site de bivouac à la sortie du bled : douce pelouse entretenue avec table et banc en bois ! À quelques centaines de mètres près, je passais une nuit idéale !
Je traverse le hameau de Paleyrac où ma mère passait ses vacances, enfant, et m'arrête à une ferme où j'ai repéré un robinet à l'extérieur d'un bâtiment.
Mes gourdes sont à sec et je refais le plein. N'ayant vu personne, je repars ni vu ni connu.
De bonnes montées pleines de cailloux et de racines enchevêtrées se succèdent ; échantillon de ce qui m'attend dans les Pyrénées, en moins raide cependant.
Il est à peine 9h00 quand j'arrive à l'embranchement où l'on choisit le Buisson à droite ou Cadouin à gauche.
Franck m'a appelé hier pour me proposer de venir me chercher ; il profite de la fête des fleurs de Cadouin et me donne rendez-vous à midi devant l'abbaye.
J'ai donc largement le temps d'aller au Buisson et de revenir vers Cadouin par la suite.
Un peu avant la ville, une bonne pente à 18% me fait quelque peu redouter le moment où je vais revenir en arrière et devoir la remonter !
Mais l'étape est courte et j'ai assez de jus pour me permettre ce petit extra !
Je rallie donc la gare du Buisson, point d'arrivé de ce chemin. Les kilomètres de bitume me cassent bien les pieds et quelques gouttes (re)commencent à tomber.
Le déluge, cependant, est pour plus tard...
Mes gourdes sont à sec et je refais le plein. N'ayant vu personne, je repars ni vu ni connu.
De bonnes montées pleines de cailloux et de racines enchevêtrées se succèdent ; échantillon de ce qui m'attend dans les Pyrénées, en moins raide cependant.
Il est à peine 9h00 quand j'arrive à l'embranchement où l'on choisit le Buisson à droite ou Cadouin à gauche.
Franck m'a appelé hier pour me proposer de venir me chercher ; il profite de la fête des fleurs de Cadouin et me donne rendez-vous à midi devant l'abbaye.
J'ai donc largement le temps d'aller au Buisson et de revenir vers Cadouin par la suite.
Un peu avant la ville, une bonne pente à 18% me fait quelque peu redouter le moment où je vais revenir en arrière et devoir la remonter !
Mais l'étape est courte et j'ai assez de jus pour me permettre ce petit extra !
Je rallie donc la gare du Buisson, point d'arrivé de ce chemin. Les kilomètres de bitume me cassent bien les pieds et quelques gouttes (re)commencent à tomber.
Le déluge, cependant, est pour plus tard...
Me voilà à nouveau revenu au croisement des chemins. Je continue tout droit, ce coup-ci, direction Cadouin.
Une heure avant d'arriver, la pluie s'intensifie. Je me dis qu'il reste trop peu à faire pour sortir le poncho et protège juste mon sac avec la housse de pluie.
Grosse erreur !
Quelques minutes après un déluge s'abat et j'arrive dans le village au pas de course et complètement trempé !
J'y croise une troupe de randonneurs, bien protégés eux, qui partent à contre sens. C'est à ça que l'on reconnait les passionnés : rien ne les arrête !
Je me pose au premier bar rencontré, en face de l'abbaye, et commande une bière. J'en profite pour demander si je peux aller aux toilettes pour me changer. Le bar est bondé, et le patron semble un peu perplexe devant une requête si peu commune. Mais, me voyant dégouliner de partout, il a pitié de moi et accepte volontiers.
Les toilettes sont occupées. Du genre occupées tout le temps. C'est un va-et-vient incessant. Je pose donc mon barda sur une chaise, devant la porte et me change devant tout le monde. Bon, je ne n'enlève que le haut, je ne veux pas finir au poste, non plus !
Ceci fait, je me pose en terrasse pour savourer ma petite mousse et étale mes affaires trempées pour les faire goutter sur le sol. Je ne remarquerai qu'en partant que la table était réservée !
Ne voyant pas mon frère arriver alors qu'il est déjà midi et demi, je me réfugie dans l'abbaye où au moins je suis au sec.
Là aussi, je suis pris par un passant pour un pèlerin et dois à nouveau l'éconduire non sans lui avoir expliqué, bien sûr, qui était Harrison Barker.
Il faut dire que deux minutes avant, Franck venait de m'envoyer un texto me disant qu'il était arrivé.
Je le retrouve donc à la sortie de l'abbaye, mais il n'est pas seul le coquin : Delphine, ma belle-sœur, ma mère et Jeannot, son ami sont là aussi. Surprise !
Ils ont réservé un resto et j'avoue qu'après ces quelques jours de disette, je trouve l'idée excellente !
Nous finissons par la visite du marché aux fleurs, très bien achalandé et rentrons à la maison après quelques achats, confortablement installés dans le Q5 de Jeannot.
De son côté, Harrison Barker a aussi clôturé son chemin par l'abbaye de Cadouin :
«Le lendemain matin j’étais sur la route conduisant à Cadouin, l’air était frais et un peu froid, car l’heure était matinale. Les hommes étaient en train de retourner les regains, qui étaient recouverts de gelée blanche. Après les prairies viennent le bois, car la route se dirige vers le Sud et traverse la colline, qui s’élève au-dessus de la vallée de la Dordogne. Les bois sont principalement plantés de châtaigniers, et, sous l’action de la tempête, jointe aux premiers froids, beaucoup de châtaignes gisent sur la route dans leur gaine qui baille, hérissée de piquants.
Après deux ou trois « miles » de montée, la route descend et je n’attendais pas longtemps avant d’entrer dans une petite ville propre et coquette, qui à vrai dire n’était qu’un village. C’était Cadouin, et au centre se dressait sa véritable église romane.
J’entrai dans cet édifice obscur et silencieux : pas une âme, si ce n’est moi. Soudain l’obscurité cessa car le soleil était monté assez haut pour lancer ses rayons à travers un vitrail et illuminer une colonne de ses couleurs. L’abside est romane, mais l’intérieur de l’église est d’un style gothique de transition. Beaucoup de principales colonnes de pierres ont des lignes tout à fait romanes. Une grande partie de l’édifice date de la fondation de l’Abbaye de Cadouin, dans la première partie du XIIe siècle, mais le cloître (ce qu’il y a de plus remarquable ici) date du XVe siècle. Il présente un intérêt certain par la transformation particulière de son style qu’il subit plus tard quand souffla l’esprit de la renaissance.(...)
Pendant des siècles, Cadouin fut un lieu célèbre de pèlerinage, grâce à la prétention de son abbé de posséder le Saint Suaire.»
Ci-après, Harrison enchaîne avec l'histoire du suaire décrite par Jean Tarde, vicaire général de Sarlat. Je ne la retranscris pas ici, vous la trouverez aisément sur Wikipédia.
Une heure avant d'arriver, la pluie s'intensifie. Je me dis qu'il reste trop peu à faire pour sortir le poncho et protège juste mon sac avec la housse de pluie.
Grosse erreur !
Quelques minutes après un déluge s'abat et j'arrive dans le village au pas de course et complètement trempé !
J'y croise une troupe de randonneurs, bien protégés eux, qui partent à contre sens. C'est à ça que l'on reconnait les passionnés : rien ne les arrête !
Je me pose au premier bar rencontré, en face de l'abbaye, et commande une bière. J'en profite pour demander si je peux aller aux toilettes pour me changer. Le bar est bondé, et le patron semble un peu perplexe devant une requête si peu commune. Mais, me voyant dégouliner de partout, il a pitié de moi et accepte volontiers.
Les toilettes sont occupées. Du genre occupées tout le temps. C'est un va-et-vient incessant. Je pose donc mon barda sur une chaise, devant la porte et me change devant tout le monde. Bon, je ne n'enlève que le haut, je ne veux pas finir au poste, non plus !
Ceci fait, je me pose en terrasse pour savourer ma petite mousse et étale mes affaires trempées pour les faire goutter sur le sol. Je ne remarquerai qu'en partant que la table était réservée !
Ne voyant pas mon frère arriver alors qu'il est déjà midi et demi, je me réfugie dans l'abbaye où au moins je suis au sec.
Là aussi, je suis pris par un passant pour un pèlerin et dois à nouveau l'éconduire non sans lui avoir expliqué, bien sûr, qui était Harrison Barker.
Il faut dire que deux minutes avant, Franck venait de m'envoyer un texto me disant qu'il était arrivé.
Je le retrouve donc à la sortie de l'abbaye, mais il n'est pas seul le coquin : Delphine, ma belle-sœur, ma mère et Jeannot, son ami sont là aussi. Surprise !
Ils ont réservé un resto et j'avoue qu'après ces quelques jours de disette, je trouve l'idée excellente !
Nous finissons par la visite du marché aux fleurs, très bien achalandé et rentrons à la maison après quelques achats, confortablement installés dans le Q5 de Jeannot.
De son côté, Harrison Barker a aussi clôturé son chemin par l'abbaye de Cadouin :
«Le lendemain matin j’étais sur la route conduisant à Cadouin, l’air était frais et un peu froid, car l’heure était matinale. Les hommes étaient en train de retourner les regains, qui étaient recouverts de gelée blanche. Après les prairies viennent le bois, car la route se dirige vers le Sud et traverse la colline, qui s’élève au-dessus de la vallée de la Dordogne. Les bois sont principalement plantés de châtaigniers, et, sous l’action de la tempête, jointe aux premiers froids, beaucoup de châtaignes gisent sur la route dans leur gaine qui baille, hérissée de piquants.
Après deux ou trois « miles » de montée, la route descend et je n’attendais pas longtemps avant d’entrer dans une petite ville propre et coquette, qui à vrai dire n’était qu’un village. C’était Cadouin, et au centre se dressait sa véritable église romane.
J’entrai dans cet édifice obscur et silencieux : pas une âme, si ce n’est moi. Soudain l’obscurité cessa car le soleil était monté assez haut pour lancer ses rayons à travers un vitrail et illuminer une colonne de ses couleurs. L’abside est romane, mais l’intérieur de l’église est d’un style gothique de transition. Beaucoup de principales colonnes de pierres ont des lignes tout à fait romanes. Une grande partie de l’édifice date de la fondation de l’Abbaye de Cadouin, dans la première partie du XIIe siècle, mais le cloître (ce qu’il y a de plus remarquable ici) date du XVe siècle. Il présente un intérêt certain par la transformation particulière de son style qu’il subit plus tard quand souffla l’esprit de la renaissance.(...)
Pendant des siècles, Cadouin fut un lieu célèbre de pèlerinage, grâce à la prétention de son abbé de posséder le Saint Suaire.»
Ci-après, Harrison enchaîne avec l'histoire du suaire décrite par Jean Tarde, vicaire général de Sarlat. Je ne la retranscris pas ici, vous la trouverez aisément sur Wikipédia.
Je laisse le soin à Harrison de clôturer ce carnet de voyage :
«Si je n’avais pas formé d’autres plans, j’aurais continué mon voyage au sud de Cadouin jusqu’au château de Biron, une des reliques les plus intéressantes du passé en Périgord et j’aurais trouvé sur ma route Molières, une des bastides anglaises qu’Edouard I afferma pour dix ans, mais je m’acheminai en tournant le dos à la Dordogne avec l’intention de remonter son affluent : la Vézère...»
Edward Harrison Barker
«Si je n’avais pas formé d’autres plans, j’aurais continué mon voyage au sud de Cadouin jusqu’au château de Biron, une des reliques les plus intéressantes du passé en Périgord et j’aurais trouvé sur ma route Molières, une des bastides anglaises qu’Edouard I afferma pour dix ans, mais je m’acheminai en tournant le dos à la Dordogne avec l’intention de remonter son affluent : la Vézère...»
Edward Harrison Barker