GTJ ski de fond-2 amis, 4 jours d'itinérance
Un jour, mon ami d’enfance Kévin arrive avec le coffret GTJ Ski de fond, élaboré par l’association GTJ.
GTJ.aso.fr
Quelques semaines durant, nous en parlons, tout en nous entrainant une à deux fois hebdomadaires depuis novembre. Et puis un jour, un coup de sang, je prends le téléphone et je réserve les 3 nuitées. Avec l’avoir des 30%, plus question de faire machine arrière. Notre fenêtre de tir, 4jours juste avant que mon ami change de travail. Je prends le combiné et lui déclare : « Dans la vie, il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent… nous ont agi ! ».
GTJ.aso.fr
Quelques semaines durant, nous en parlons, tout en nous entrainant une à deux fois hebdomadaires depuis novembre. Et puis un jour, un coup de sang, je prends le téléphone et je réserve les 3 nuitées. Avec l’avoir des 30%, plus question de faire machine arrière. Notre fenêtre de tir, 4jours juste avant que mon ami change de travail. Je prends le combiné et lui déclare : « Dans la vie, il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent… nous ont agi ! ».
randonnée/trek
ski de fond
/
Quand : 15/02/2018
Durée : 4 jours
Durée : 4 jours
Carnet publié par bobochapeau
le 20 févr. 2018
Mobilité douce
Précisions :
Jour J, réveil tôt. Ma femme nous covoiture jusqu’au tram, arrêt Etoile à Genève. Puis on
enchaine un premier train direction Lausanne, un deuxième direction Neuchâtel, et enfin un
troisième direction Le Locle. Puis bus postal jusqu'au départ
709 lecteur(s)
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Le topo (mise à jour : 20 févr. 2018)
Description :
GTJ en Itinérance Ski de fond
Du 15 au 18 février 2018
2 amis motivés et entrainés
Récit
Un jour, mon ami d’enfance Kévin arrive avec le coffret GTJ Ski de fond, élaboré par l’association GTJ.
GTJ.aso.fr
Quelques semaines durant, nous en parlons, tout en nous entrainant une à deux fois hebdomadaires depuis novembre. Et puis un jour, un coup de sang, je prends le téléphone et je réserve les 3 nuitées. Avec l’avoir des 30%, plus question de faire machine arrière. Notre fenêtre de tir, 4jours juste avant que mon ami change de travail. Je prends le combiné et lui déclare : « Dans la vie, il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent… nous ont agi ! ».
On s’est entrainé tout l’hiver, de manière plus ou moins inconsciente pour ça, on ne peut pas passer à côté. Puis tout s’enchaine, la préparation, les visites tous les jours pour visualiser le manteau neigeux grâce aux webcams
(http://www.espacenordiquejurassien.com), point météo constant, en véritables geeks du Jura. Cela tourne pour nous un peu à l’obsession.
1er jour : départ 11h20 – 40 kilomètres-6h d’effort
Du Prévoux aux Cernets puis Du Tillau aux Granges Bailly (Les Cernets Le Tillau réalisée en Stop Ski)
Jour J, réveil tôt. Ma femme nous covoiture jusqu’au tram, arrêt Etoile à Genève. Puis on enchaine un premier train direction Lausanne, un deuxième direction Neuchâtel, et enfin un troisième direction Le Locle. La pluie fine mais tenace nous accompagne tout le trajet. Tout en regardant défiler le paysage brumeux, nous sommes concentrés. Hydratation, collation, transition rapide sur les quais de gare car les correspondances s’enchainent, nous arrivons confiants et solidaires à bon port : la gare du Locle. Une descente hasardeuse vers la place du marché pour cause de sol glissant, un arrêt sous l’abri bus pour chausser chaussures de ski, pantalons de pluie, coupe-pluie et on grimpe dans le bus postal au jaune caractéristique. Direction Le Prévoux. Sur le parking de l’auberge, le départ des pistes comme magnifique promesse. Un cri de joie et les premiers coups de bâtons, skis frénétiques.
Très vite on comprend que ce sera dur, que la neige s’est transformée, que les dameuses ne sont pas forcément passées car les conséquences auraient été encore plus dramatiques : pas de piste du tout.
La glisse est décousue, non fluide, on doit forcer. Les sacs pèsent lourd. Des sensations nouvelles qui nous envahissent, mais nous les surmontons. De village en village, de lieu-dit en lieu-dit, la pluie fine et vicieuse détrempe nos certitudes, pas notre enthousiasme. Deux chevreuils en alerte, sauts de cabris au-dessus des barbelés, élégance et raffinement à la gestuelle parfaite. Du baume au cœur. Puis un peu plus tard, une famille de trois chevreuils broutant, grattant la neige à la recherche de vertes pousses, dans cet immense tableau monochrome vivant. Nous sommes seuls avec eux et ils nous questionnent de leurs regards libres. Est-ce-que nos bâtons sont des fusils ? Ils préfèrent déguerpir par prudence. La vallée de la Brévine, la Sibérie de la Suisse nous offre son vent de face. Nos mines sombres au lac des Taillères. La pluie rince la neige, faisant disparaitre la blancheur. Perdant son émail, le paysage devient édenté. La piste en piteux état, quasiment impraticable, la terre nous freine dans notre élan. On avance tant bien que mal. Nous arrivons trempés et fourbus aux Cernets. Après 5 heures d’un effort biblique. Ce gîte sera une étape déterminante pour la suite de notre journée. Nous rencontrons Roland et ses amis, 40 ans d’amitié à revenir aux Cernets pour leur traditionnel et passionnant duathlon, à savoir Yass (jeu de carte suisse proche de la belotte) et ski de fond. Nous lui faisons part de notre inquiétude concernant la brume envahissante et la descente dangereuse vers les Verrières de Joux, la montée tout aussi éprouvante vers le Tillau, la nuit approchant et le calvaire que nous venons d’endurer. Roland va nous aider, de quoi lui écrire une chanson. Rassurant, paternel, il nous emmène jusqu’au Tillau. Nous le remercions chaleureusement, reconnaissant pour son geste généreux. Reboostés et heureux, nous dévorons les 6 kilomètres restant jusqu’au gîte les Granges Bailly et arrivons avec la nuit. Très bon accueil, direction le séchoir, bien accompagné, nous nous mettons à l’aise. J’ôte enfin mes chaussures détrempés et constate que mes pieds sont douloureux et que l’ongle de mon gros orteil gauche est noir. Je n’y pense pas pour l’instant. Du calme, du repos, une bonne soupe maison de légumes, une fondue savoyarde, la compagnie d’hôtes du forez aimables, un cocon au milieu de la forêt.
2ème départ 9h30 – 45 kilomètres-5h30 d’effort
Des Granges Bailly à Mouthe (Mouthe La Chapelle des Bois réalisé en Ski Stop)
Matin difficile. L’inquiétude augmente. Il m’est impossible de glisser mon pied gauche dans la chaussure de ski. Décision radicale, j’abandonne mes chaussures après quasiment 20 ans de bons et loyaux services. Trop petites, elles m’ont abimé les pieds dans les conditions difficiles du premier jour. A partir de maintenant c’est l’abandon ou la survie. On se met d’accord avec Kévin. Il part en ski, je pars en baskets, on se retrouvera aux Fourgs. 4 kilomètres de course bien encombré, sous cette pluie fine décidément vicieuse, déterminé comme jamais, je trouve le magasin de sport au centre du bourg. Essayage de pompes, location. Du magasin de sport où je suis à l’autre magasin de sport où se situe mon ami : la galère. La piste de 2 kilomètres a fondu. J’en bave. Je finis par acheter les chaussures car le patron détient les deux magasins.
Nous repartons malgré les deux heures « perdues » sur le programme de la journée. La météo devient plus clémente, une accalmie qui nous permet d’avancer tranquillement jusqu’aux Hôpitaux Vieux. La GTJ devient ici impraticable. Un père et sa fille biathlète terminent l’entrainement. Une compétition nationale a lieu le lendemain au stade de la Seigne. Ils nous déposent gentiment au pied du débrayable 6 places du Morond à Métabief (merci à notre hôte des Granges Bailly pour cette astuce). Nous prenons deux tickets piétons. On ne skie plus, on vole. Arrivés au sommet, nous dévalons malgré l’interdiction la piste verte de ski alpin Les Renards. Nous croisons une famille extra, de retour de bivouac dans les Mont d’or, avec pulkas et tentes. Les enfants semblent ravis, heureux de leur séjour hors du commun. Nous arrivons à Longevilles et récupérons la GTJ Mont D’or direction Mouthe. Casse-croûte au croisement de la Grangette, les émotions ça creusent! Kévin repère sur le panneau une bouteille de Pontarlier dont il reste un fond de bouteille. Il prend un shot au bouchon pour se redonner du moral. On repart, et bientôt, il pleut de nouveau. Cette petite pluie qui s’infiltre partout, implacablement. Les heures défilent. La glisse est laborieuse. Le coup de grâce : la descente de 7 kilomètres pour rejoindre Mouthe est merdique. Piégeuse, pierreuse, verglacée, on doit déchausser, marcher sur 500 mètres, dans la boue, la gadoue. On marche sur des œufs, puis dans la mélasse. La pluie redouble. Tout ce qui monte doit redescendre, Kévin a l’œil mauvais, le shot passe mal cette fois. Nous nous éloignons quelque peu. La solitude peut aussi être un remède parfois. Nous nous retrouvons enfin, à la source. Aux portes de Mouthe. La piste est impraticable ici.
Un grand-père, une grand-mère, quatre petits-enfants de retour du ski alpin, et nous dans leur J9. Déposés au salon de thé, nous retrouvons nos esprits et notre solidarité sans faille. Kévin mise sur le magasin de sport tout près et revient avec une pancarte « Chapelle des Bois ». C’est reparti pour le stop ski. Nous préparons tout de même un plan B car la nuit arrive. Kévin appelle un taxi, disponible dans une heure, course à 40 euros, ce qui ne nous emballe pas des masses.
Une nouvelle cession de pouces tendus, sous la pluie, au centre du village, sourires sincères, skis tendus en l’air, regards expressifs.
20 minutes plus tard, la solidarité ski de fond a joué son rôle. La charmante conductrice a ôté l’un de ses trois sièges enfants et se rend avec nous à son village mythique « La Chapelle des Bois ». Ou l’on comprend en chemin que la destination n’est pas si naturelle par rapport à l’axe routier principal car elle exige un sacré détour. Bref, on a eu un bon coup de chance encore une fois.
Nous arrivons juste avec la nuit à la Maison Montadon, trempés, blessés, mais remotivés. Un gîte entièrement consacré à la pratique du ski de fond, salle de fartage, séchoir de compétition, accueil chaleureux et nourriture excellente. Cerise sur le gâteau : un espace sauna Hammam impeccable pour réparer les corps. Nuit en dortoir, nous sympathisons avec la famille Schmidt Père et fils, avec qui nous allons dormir cette nuit. Nous faisons connaissance pendant le repas du soir. Le père, professeur en physique au CERN à Genève depuis 40 ans et le fils, passionné de physique également, installé à Freiburg en Allemagne depuis 10 ans.
3ème départ 9h45 – 25 kilomètres-2h15 d’effort
De la Chapelle des Bois aux Rousses (Navette gratuite des Rousses aux Jouvencelles)
La pluie intense, perpétuelle, sans pitié. Intransigeante toute la journée. Il neigera à partir de 16 heures. Nous savons que les conditions vont être folles, Nous sommes des vikings affrontant les lames de l’Atlantique à la recherche de Terres à conquérir.
Gentiment, les Schmidt père et fils nous proposent de nous avancer jusqu’aux Rousses. Nous refusons poliment. Finit le stop ski, on veut se confronter au Risoux.
Un coup de structureuse pour faciliter l’écoulement de l’eau sous la semelle des skis. Un sac poubelle au-dessus du coupe-pluie comme poncho de fortune, et nous partons. Le vent dans la plaine est rude mais aujourd’hui, les conditions de glisse sont géniales. Nous croisons 2 moniteurs et 8 marmots du ski club de La Chapelle des Bois et une fondeuse dans le Risoux, pas plus.
Le Risoux, une forêt magique, que nous arpentions avec nos parents étant jeunes. Fontaine aux souvenirs heureux, je baigne dans le bonheur. Les sensations sont humides. L’impression de nager dans une piscine, faire des longueurs sans s’arrêter pour ne pas risquer le coup de froid. Déterminés, nous avançons relativement vite. Les sacs nous tirent les cervicales, le dos devient douloureux, mais nous avançons avec un certain plaisir. Nous finissons à pied, une fois n’est pas coutume, sur un chemin escarpé, dangereux, glissant, surtout avec des chaussures de ski de fond. Petit pas par petit pas pour ne pas risquer la foulure ou pire. Trempés, titubant, une fois encore notre bonne étoile nous suit, on la provoque un peu. La gérante d’une résidence nous prévient que la navette gratuite passe dans 10 minutes pour nous avancer jusqu’aux Jouvencelles. A 2 kilomètres, moitié à pied et moitié à ski, de la Darbella, notre point de chute. Ici surviennent les 10 minutes glaçantes de notre périple, totalement refroidis sous une pluie toujours diluvienne. Heureusement des retraités joviaux, abrités sous leurs parapluies, nous font la conversation le temps de la dure attente.
Arrivé à la Darbella à 13 heures. Grelottant, au ralenti. La patronne, la matrone, nous prend sous son aile. Un accueil direct, entreprenant, efficace pour assurer notre essentiel. Elle nous ouvre les portes d’un lieu magique, notre graal à cet instant : la chaufferie. La chaufferie et ses tuyaux de cuivre étincelants, véritable mine d’or pour deux voyageurs exténués. La chaufferie, cœur vrombissant de l’Hôtel centenaire, refait à neuf, une chaleur providentielle. Nous aussi nous sommes refait. Vider ses sacs trempés, affaires détrempées, tout faire sécher sur les tuyaux rutilants, puis pour ma part, compter les ampoules aux pieds et les soigner. Repos mérité. Jeux Olympiques diffusés sur grand écran à la télé. Luxe dans une certaine simplicité.
Le soir, grosse fatigue. Les 3 jours d’effort et les nuits avec peu de sommeil se font ressentir clairement.
4ème départ 9 heures – 45 kilomètres-4h15 d’effort De la Darbella Les Rousses à Giron Village.
9 heures, le couteau entre les dents, on dit au revoir à notre hôtelière et son équipe de choc. On descend les escaliers glissants de la Darbella, on chausse tremblant d’envie nos skis. On démarre pour ne plus s’arrêter jusqu’à l’arrivée. Seuls quelques routes à traverser, obligés de déchausser et une halte sandwich constitueront nos seuls répits.
Au programme : un temps clément, des rayons de soleil, des pistes magnifiques, de la glisse pure.
On choisit de ne pas passer par la forêt du Massacre, secteur sublime mais difficile, on préfère se préserver car nos sacs pèsent toujours plus lourd en ce quatrième jour. Le tracé est sublime, on longe le lac de Lamoura en ce début d’étape. Un écureuil guilleret nous accompagne sur quelques mètres dans sa superbe fourrure marron panachée.
Une montée difficile vers Lajoux et deux montées terribles vers Les Molunes et la Borne aux
Lions nous attendent par la suite. Aux Molunes, une compétition de juniors crée l’émulation. On sourit à la vue d’enfants de 3 ans grimpant en canard une petite butte. Le jura et le ski de fond : un monde à part. Un microcosme de passionnés de l’enfance à la retraite.
Coup de cœur au tracé entre Les Molunes et Bellecombe, à la beauté époustouflante.
La Borne aux Lions, sauvage, résistante.
Puis les derniers kilomètres nous semblent interminables. Je suis impatient, ma femme, mes enfants me manquent. Je veux maintenant les sentir, les serrer, les embrasser, les aimer. Mais avant, il faudra une fois encore déchausser les skis, marcher dans les champs saupoudrés pour rejoindre La Grange de l’Errance. Ultime vagabondage avant l’amour. Œil quasi révulsé, membres tremblants, l’un des seuls instants du périple où je n’ai pas gardé le contrôle de mes émotions, de manière assumée. Cheval fougueux au galop avant la délivrance. Dans le gîte familial, tout le monde est au courant de notre arrivée bruyante, pleine d’endorphine, de douce folie, d’ivresse sobre. Sur la terrasse, accolades frénétiques entre amis et la certitude que cette aventure en binôme sera gravée à vie dans nos mémoires, comme un moment unique et un marqueur indélébile pourvoyeurs d’autres grands projets.
Pour la petite anecdote : on mange à côté d’une famille adorable à La Grange de l’Errance dont les 3 marmots ont tous fait la compétition aux Molunes. Comme un ultime clin d’œil pour nous rappeler encore comment notre démarche avait du sens.
La Grange de l’errance, ultime point de chute à notre errance poétique, chemin parfois chaotique mais balade ô combien romantique. Notre muse : La Nature. Notre amusement, notre jeu : L’itinérance.
L’énergie positive emmagasinée par ce périple inoubliable sera immanquablement déclencheur de futurs projets, à réaliser entre amis ou en famille.
Réservation un peu tardive : 3 semaines avant le départ. Nous avons privilégié les gîtes à couchages nombreux, en dortoir.
Rire, bonne humeur, effort et amitié ont rythmé nos journées intenses et denses.
Budget (par personne)
Transport : CHF 50.- (45 euros)
Offre bon plan CFF transports publics en Suisse. Offre hivernale que l’on trouve dans les magasins COOP notamment.
Repas et coucher :
50 euros – 50 euros – 100 euros>>200 euros en ½ pension (repas du soir et petit-déjeuner)
Extras : bière du soir, tisane, goûter>>15 euros – 15 euros – 15 euros – 15 euros Fartage : 15 euros
Soit 320 euros pour 4 jours 3 nuits par personne
Matos
Ski farté attache ski Bâtons
Chaussures ski
Baskets
2 slips
2 paires chaussettes techniques
1 pantalon ski
Du 15 au 18 février 2018
2 amis motivés et entrainés
Récit
Un jour, mon ami d’enfance Kévin arrive avec le coffret GTJ Ski de fond, élaboré par l’association GTJ.
GTJ.aso.fr
Quelques semaines durant, nous en parlons, tout en nous entrainant une à deux fois hebdomadaires depuis novembre. Et puis un jour, un coup de sang, je prends le téléphone et je réserve les 3 nuitées. Avec l’avoir des 30%, plus question de faire machine arrière. Notre fenêtre de tir, 4jours juste avant que mon ami change de travail. Je prends le combiné et lui déclare : « Dans la vie, il y a ceux qui parlent et ceux qui agissent… nous ont agi ! ».
On s’est entrainé tout l’hiver, de manière plus ou moins inconsciente pour ça, on ne peut pas passer à côté. Puis tout s’enchaine, la préparation, les visites tous les jours pour visualiser le manteau neigeux grâce aux webcams
(http://www.espacenordiquejurassien.com), point météo constant, en véritables geeks du Jura. Cela tourne pour nous un peu à l’obsession.
1er jour : départ 11h20 – 40 kilomètres-6h d’effort
Du Prévoux aux Cernets puis Du Tillau aux Granges Bailly (Les Cernets Le Tillau réalisée en Stop Ski)
Jour J, réveil tôt. Ma femme nous covoiture jusqu’au tram, arrêt Etoile à Genève. Puis on enchaine un premier train direction Lausanne, un deuxième direction Neuchâtel, et enfin un troisième direction Le Locle. La pluie fine mais tenace nous accompagne tout le trajet. Tout en regardant défiler le paysage brumeux, nous sommes concentrés. Hydratation, collation, transition rapide sur les quais de gare car les correspondances s’enchainent, nous arrivons confiants et solidaires à bon port : la gare du Locle. Une descente hasardeuse vers la place du marché pour cause de sol glissant, un arrêt sous l’abri bus pour chausser chaussures de ski, pantalons de pluie, coupe-pluie et on grimpe dans le bus postal au jaune caractéristique. Direction Le Prévoux. Sur le parking de l’auberge, le départ des pistes comme magnifique promesse. Un cri de joie et les premiers coups de bâtons, skis frénétiques.
Très vite on comprend que ce sera dur, que la neige s’est transformée, que les dameuses ne sont pas forcément passées car les conséquences auraient été encore plus dramatiques : pas de piste du tout.
La glisse est décousue, non fluide, on doit forcer. Les sacs pèsent lourd. Des sensations nouvelles qui nous envahissent, mais nous les surmontons. De village en village, de lieu-dit en lieu-dit, la pluie fine et vicieuse détrempe nos certitudes, pas notre enthousiasme. Deux chevreuils en alerte, sauts de cabris au-dessus des barbelés, élégance et raffinement à la gestuelle parfaite. Du baume au cœur. Puis un peu plus tard, une famille de trois chevreuils broutant, grattant la neige à la recherche de vertes pousses, dans cet immense tableau monochrome vivant. Nous sommes seuls avec eux et ils nous questionnent de leurs regards libres. Est-ce-que nos bâtons sont des fusils ? Ils préfèrent déguerpir par prudence. La vallée de la Brévine, la Sibérie de la Suisse nous offre son vent de face. Nos mines sombres au lac des Taillères. La pluie rince la neige, faisant disparaitre la blancheur. Perdant son émail, le paysage devient édenté. La piste en piteux état, quasiment impraticable, la terre nous freine dans notre élan. On avance tant bien que mal. Nous arrivons trempés et fourbus aux Cernets. Après 5 heures d’un effort biblique. Ce gîte sera une étape déterminante pour la suite de notre journée. Nous rencontrons Roland et ses amis, 40 ans d’amitié à revenir aux Cernets pour leur traditionnel et passionnant duathlon, à savoir Yass (jeu de carte suisse proche de la belotte) et ski de fond. Nous lui faisons part de notre inquiétude concernant la brume envahissante et la descente dangereuse vers les Verrières de Joux, la montée tout aussi éprouvante vers le Tillau, la nuit approchant et le calvaire que nous venons d’endurer. Roland va nous aider, de quoi lui écrire une chanson. Rassurant, paternel, il nous emmène jusqu’au Tillau. Nous le remercions chaleureusement, reconnaissant pour son geste généreux. Reboostés et heureux, nous dévorons les 6 kilomètres restant jusqu’au gîte les Granges Bailly et arrivons avec la nuit. Très bon accueil, direction le séchoir, bien accompagné, nous nous mettons à l’aise. J’ôte enfin mes chaussures détrempés et constate que mes pieds sont douloureux et que l’ongle de mon gros orteil gauche est noir. Je n’y pense pas pour l’instant. Du calme, du repos, une bonne soupe maison de légumes, une fondue savoyarde, la compagnie d’hôtes du forez aimables, un cocon au milieu de la forêt.
2ème départ 9h30 – 45 kilomètres-5h30 d’effort
Des Granges Bailly à Mouthe (Mouthe La Chapelle des Bois réalisé en Ski Stop)
Matin difficile. L’inquiétude augmente. Il m’est impossible de glisser mon pied gauche dans la chaussure de ski. Décision radicale, j’abandonne mes chaussures après quasiment 20 ans de bons et loyaux services. Trop petites, elles m’ont abimé les pieds dans les conditions difficiles du premier jour. A partir de maintenant c’est l’abandon ou la survie. On se met d’accord avec Kévin. Il part en ski, je pars en baskets, on se retrouvera aux Fourgs. 4 kilomètres de course bien encombré, sous cette pluie fine décidément vicieuse, déterminé comme jamais, je trouve le magasin de sport au centre du bourg. Essayage de pompes, location. Du magasin de sport où je suis à l’autre magasin de sport où se situe mon ami : la galère. La piste de 2 kilomètres a fondu. J’en bave. Je finis par acheter les chaussures car le patron détient les deux magasins.
Nous repartons malgré les deux heures « perdues » sur le programme de la journée. La météo devient plus clémente, une accalmie qui nous permet d’avancer tranquillement jusqu’aux Hôpitaux Vieux. La GTJ devient ici impraticable. Un père et sa fille biathlète terminent l’entrainement. Une compétition nationale a lieu le lendemain au stade de la Seigne. Ils nous déposent gentiment au pied du débrayable 6 places du Morond à Métabief (merci à notre hôte des Granges Bailly pour cette astuce). Nous prenons deux tickets piétons. On ne skie plus, on vole. Arrivés au sommet, nous dévalons malgré l’interdiction la piste verte de ski alpin Les Renards. Nous croisons une famille extra, de retour de bivouac dans les Mont d’or, avec pulkas et tentes. Les enfants semblent ravis, heureux de leur séjour hors du commun. Nous arrivons à Longevilles et récupérons la GTJ Mont D’or direction Mouthe. Casse-croûte au croisement de la Grangette, les émotions ça creusent! Kévin repère sur le panneau une bouteille de Pontarlier dont il reste un fond de bouteille. Il prend un shot au bouchon pour se redonner du moral. On repart, et bientôt, il pleut de nouveau. Cette petite pluie qui s’infiltre partout, implacablement. Les heures défilent. La glisse est laborieuse. Le coup de grâce : la descente de 7 kilomètres pour rejoindre Mouthe est merdique. Piégeuse, pierreuse, verglacée, on doit déchausser, marcher sur 500 mètres, dans la boue, la gadoue. On marche sur des œufs, puis dans la mélasse. La pluie redouble. Tout ce qui monte doit redescendre, Kévin a l’œil mauvais, le shot passe mal cette fois. Nous nous éloignons quelque peu. La solitude peut aussi être un remède parfois. Nous nous retrouvons enfin, à la source. Aux portes de Mouthe. La piste est impraticable ici.
Un grand-père, une grand-mère, quatre petits-enfants de retour du ski alpin, et nous dans leur J9. Déposés au salon de thé, nous retrouvons nos esprits et notre solidarité sans faille. Kévin mise sur le magasin de sport tout près et revient avec une pancarte « Chapelle des Bois ». C’est reparti pour le stop ski. Nous préparons tout de même un plan B car la nuit arrive. Kévin appelle un taxi, disponible dans une heure, course à 40 euros, ce qui ne nous emballe pas des masses.
Une nouvelle cession de pouces tendus, sous la pluie, au centre du village, sourires sincères, skis tendus en l’air, regards expressifs.
20 minutes plus tard, la solidarité ski de fond a joué son rôle. La charmante conductrice a ôté l’un de ses trois sièges enfants et se rend avec nous à son village mythique « La Chapelle des Bois ». Ou l’on comprend en chemin que la destination n’est pas si naturelle par rapport à l’axe routier principal car elle exige un sacré détour. Bref, on a eu un bon coup de chance encore une fois.
Nous arrivons juste avec la nuit à la Maison Montadon, trempés, blessés, mais remotivés. Un gîte entièrement consacré à la pratique du ski de fond, salle de fartage, séchoir de compétition, accueil chaleureux et nourriture excellente. Cerise sur le gâteau : un espace sauna Hammam impeccable pour réparer les corps. Nuit en dortoir, nous sympathisons avec la famille Schmidt Père et fils, avec qui nous allons dormir cette nuit. Nous faisons connaissance pendant le repas du soir. Le père, professeur en physique au CERN à Genève depuis 40 ans et le fils, passionné de physique également, installé à Freiburg en Allemagne depuis 10 ans.
3ème départ 9h45 – 25 kilomètres-2h15 d’effort
De la Chapelle des Bois aux Rousses (Navette gratuite des Rousses aux Jouvencelles)
La pluie intense, perpétuelle, sans pitié. Intransigeante toute la journée. Il neigera à partir de 16 heures. Nous savons que les conditions vont être folles, Nous sommes des vikings affrontant les lames de l’Atlantique à la recherche de Terres à conquérir.
Gentiment, les Schmidt père et fils nous proposent de nous avancer jusqu’aux Rousses. Nous refusons poliment. Finit le stop ski, on veut se confronter au Risoux.
Un coup de structureuse pour faciliter l’écoulement de l’eau sous la semelle des skis. Un sac poubelle au-dessus du coupe-pluie comme poncho de fortune, et nous partons. Le vent dans la plaine est rude mais aujourd’hui, les conditions de glisse sont géniales. Nous croisons 2 moniteurs et 8 marmots du ski club de La Chapelle des Bois et une fondeuse dans le Risoux, pas plus.
Le Risoux, une forêt magique, que nous arpentions avec nos parents étant jeunes. Fontaine aux souvenirs heureux, je baigne dans le bonheur. Les sensations sont humides. L’impression de nager dans une piscine, faire des longueurs sans s’arrêter pour ne pas risquer le coup de froid. Déterminés, nous avançons relativement vite. Les sacs nous tirent les cervicales, le dos devient douloureux, mais nous avançons avec un certain plaisir. Nous finissons à pied, une fois n’est pas coutume, sur un chemin escarpé, dangereux, glissant, surtout avec des chaussures de ski de fond. Petit pas par petit pas pour ne pas risquer la foulure ou pire. Trempés, titubant, une fois encore notre bonne étoile nous suit, on la provoque un peu. La gérante d’une résidence nous prévient que la navette gratuite passe dans 10 minutes pour nous avancer jusqu’aux Jouvencelles. A 2 kilomètres, moitié à pied et moitié à ski, de la Darbella, notre point de chute. Ici surviennent les 10 minutes glaçantes de notre périple, totalement refroidis sous une pluie toujours diluvienne. Heureusement des retraités joviaux, abrités sous leurs parapluies, nous font la conversation le temps de la dure attente.
Arrivé à la Darbella à 13 heures. Grelottant, au ralenti. La patronne, la matrone, nous prend sous son aile. Un accueil direct, entreprenant, efficace pour assurer notre essentiel. Elle nous ouvre les portes d’un lieu magique, notre graal à cet instant : la chaufferie. La chaufferie et ses tuyaux de cuivre étincelants, véritable mine d’or pour deux voyageurs exténués. La chaufferie, cœur vrombissant de l’Hôtel centenaire, refait à neuf, une chaleur providentielle. Nous aussi nous sommes refait. Vider ses sacs trempés, affaires détrempées, tout faire sécher sur les tuyaux rutilants, puis pour ma part, compter les ampoules aux pieds et les soigner. Repos mérité. Jeux Olympiques diffusés sur grand écran à la télé. Luxe dans une certaine simplicité.
Le soir, grosse fatigue. Les 3 jours d’effort et les nuits avec peu de sommeil se font ressentir clairement.
4ème départ 9 heures – 45 kilomètres-4h15 d’effort De la Darbella Les Rousses à Giron Village.
9 heures, le couteau entre les dents, on dit au revoir à notre hôtelière et son équipe de choc. On descend les escaliers glissants de la Darbella, on chausse tremblant d’envie nos skis. On démarre pour ne plus s’arrêter jusqu’à l’arrivée. Seuls quelques routes à traverser, obligés de déchausser et une halte sandwich constitueront nos seuls répits.
Au programme : un temps clément, des rayons de soleil, des pistes magnifiques, de la glisse pure.
On choisit de ne pas passer par la forêt du Massacre, secteur sublime mais difficile, on préfère se préserver car nos sacs pèsent toujours plus lourd en ce quatrième jour. Le tracé est sublime, on longe le lac de Lamoura en ce début d’étape. Un écureuil guilleret nous accompagne sur quelques mètres dans sa superbe fourrure marron panachée.
Une montée difficile vers Lajoux et deux montées terribles vers Les Molunes et la Borne aux
Lions nous attendent par la suite. Aux Molunes, une compétition de juniors crée l’émulation. On sourit à la vue d’enfants de 3 ans grimpant en canard une petite butte. Le jura et le ski de fond : un monde à part. Un microcosme de passionnés de l’enfance à la retraite.
Coup de cœur au tracé entre Les Molunes et Bellecombe, à la beauté époustouflante.
La Borne aux Lions, sauvage, résistante.
Puis les derniers kilomètres nous semblent interminables. Je suis impatient, ma femme, mes enfants me manquent. Je veux maintenant les sentir, les serrer, les embrasser, les aimer. Mais avant, il faudra une fois encore déchausser les skis, marcher dans les champs saupoudrés pour rejoindre La Grange de l’Errance. Ultime vagabondage avant l’amour. Œil quasi révulsé, membres tremblants, l’un des seuls instants du périple où je n’ai pas gardé le contrôle de mes émotions, de manière assumée. Cheval fougueux au galop avant la délivrance. Dans le gîte familial, tout le monde est au courant de notre arrivée bruyante, pleine d’endorphine, de douce folie, d’ivresse sobre. Sur la terrasse, accolades frénétiques entre amis et la certitude que cette aventure en binôme sera gravée à vie dans nos mémoires, comme un moment unique et un marqueur indélébile pourvoyeurs d’autres grands projets.
Pour la petite anecdote : on mange à côté d’une famille adorable à La Grange de l’Errance dont les 3 marmots ont tous fait la compétition aux Molunes. Comme un ultime clin d’œil pour nous rappeler encore comment notre démarche avait du sens.
La Grange de l’errance, ultime point de chute à notre errance poétique, chemin parfois chaotique mais balade ô combien romantique. Notre muse : La Nature. Notre amusement, notre jeu : L’itinérance.
L’énergie positive emmagasinée par ce périple inoubliable sera immanquablement déclencheur de futurs projets, à réaliser entre amis ou en famille.
Réservation un peu tardive : 3 semaines avant le départ. Nous avons privilégié les gîtes à couchages nombreux, en dortoir.
Rire, bonne humeur, effort et amitié ont rythmé nos journées intenses et denses.
Budget (par personne)
Transport : CHF 50.- (45 euros)
Offre bon plan CFF transports publics en Suisse. Offre hivernale que l’on trouve dans les magasins COOP notamment.
Repas et coucher :
50 euros – 50 euros – 100 euros>>200 euros en ½ pension (repas du soir et petit-déjeuner)
Extras : bière du soir, tisane, goûter>>15 euros – 15 euros – 15 euros – 15 euros Fartage : 15 euros
Soit 320 euros pour 4 jours 3 nuits par personne
Matos
Ski farté attache ski Bâtons
Chaussures ski
Baskets
2 slips
2 paires chaussettes techniques
1 pantalon ski
- pantalon « collant » soir
- teeshirts techniques manches longues
1 teeshirt technique soir dodo
1 sur teeshirt zippé manche longue
1 doudoune sans manche
1 coupe- vent
1 coupe pluie
1 sweat soir technique
1 sac 30 litres poche avant poches coté cartes trajet et tel réservations tel bus carte bleue liquide carte identité
- sacoche ceinture gourde 50 cl avec barres coupes faim couverture survie téléphone avec recharge boule quies brosse dents dentifrice petit format pour 2
- paires gants
1 bonnet 1 buff lunette soleil lunette brouillard drap soie (j’en ai 2 à la maison)
1 serviette technique Frontale avec piles protège ampoules 1 déo pour 2 Sandwichs du 1er midi biscuits sucrés et salés pour les 4 jours