Loire à vélo... et VAE
Nous deux: passionnés de voyage, avec l'envie de découvrir aussi les coins proches de chez nous, de manière douce si possible
Quand : 25/04/2018
Carnet publié par pjhousse
le 23 juin 2018
Mobilité douce
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Le compte-rendu (mise à jour : 23 juin 2018)
Après un premier voyage solo en autonomie en vélo de randonnée au Danemark, j'avais à cœur de partager un voyage en vélo avec ma compagne.
Le choix de la Loire à vélo s'est imposé à nous pour deux raisons : nous nous investissons dans une association humanitaire en Touraine, et avions à cœur de découvrir la Loire autrement que lors de nos nombreux aller-retours. Egalement, d'un point de vue logistique, la Loire à vélo est très facile : le parcours est fléché, des trains permettent de revenir facilement à notre point de départ, …
Nous sommes donc partis avec mon vélo de randonnée, et avons loué un VAE... Soit un vélo à assistance électrique. En effet, pour une première expérience à vélo pour ma chérie, nous voulions que le voyage soit un plaisir pour nous deux, et qu'elle n'ait pas à « subir » le vélo.
C'est ainsi que nous sommes partis fin avril à Blois, avec 5 jours devant nous avant notre train de retour à Nantes.
A peine parti de Blois, j'éprouve une sensation de liberté agréable, avec la possibilité d'aller au rythme voulu, de s'arrêter où on veut. En plus, je partage ceci avec ma compagne, et nous profitons tous deux de cette première section pour se familiariser avec l'itinéraire, mais aussi nos vélos et leur chargement.
Comme pour tout voyage nature, notre rythme va se caler avec celui du soleil, et nous arrêtons donc de pédaler à 19h30. S'ensuivra un repas en admirant le coucher de soleil sur la Loire et une de ses nombreuses îles. Un moment magique.
Arrive la nuit. Une nuit dont je me souviendrais longtemps. Ai-je été présomptueux de croire qu'après avoir fait des bivouacs dans des pays plutôt froids (Islande, Norvège, …) je ne pouvais pas connaître le froid en France, surtout après une dizaine de jours où le mercure dépassait les 25°C ? Toujours est-il que je n'avais pris que des vêtements légers, et à part une fine polaire, n'avait rien pour affronter une nuit à 4°C. J'ai donc passé la nuit recroquevillé dans mon sac de couchage sans parvenir à bien dormir, à me maudire d'avoir laissé mes affaires chaudes chez moi, et à attendre que le soleil vienne réchauffer la tente.
Le lendemain, nous partons vers 11h, légèrement groggys et refroidis par cette première nuit. Heureusement le parcours est toujours sympathique et nous emmène à travers coteaux. Nous profitons d'une pause à Amboise pour se réchauffer, et repartons vers Tours, où nous allons connaître notre premier souci mécanique sur le vélo de location... heureusement à 2 km d'un magasin. Dans l'histoire, nous perdons 2h, et repartons donc rapidement, non sans apprécier la sortie de Tours longeant le Cher. Un des meilleurs moments du parcours selon nous. Cependant, le soleil se couche bientôt, et nous nous retrouvons à Savonnières devant un camping fermé, avec aucun autre camping à proximité... Nous poussons jusqu'à Villandry, en se disant qu'au pire nous prendrions un gîte. Arrivés, nous demandons au premier couple que nous croisons s'ils connaissent des lieux où dormir. Ils nous invitent alors spontanément à dormir chez eux car leur plus jeune enfant vient de partir, et ils ont donc deux chambres libres. S'ensuit un échange passionnant chez eux, où nous racontons nos vies et nos visions, échange qui reprendra le lendemain matin lors du petit-déjeuner. Cela nous ravit de vivre ceci en France, surtout dans une région assez riche ; en effet jusque-là nous avions principalement eu des échanges riches et spontanés dans des pays pauvres, où les gens semblent en général plus ouverts au contact. Nous aimons partir et aller au contact des gens, et cela nous a semblé miraculeux d'avoir une telle qualité d'échange si proche de chez nous, et de façon si spontanée.
Nous repartons donc vers Saumur après une bonne nuit de sommeil, à nouveau vers 11h (nous ne sommes pas des lève-tôt...), prêts à affronter les pavés et le vent. Ah ce vent de face qui va nous pomper tant d'énergie. Heureusement le parcours en début de trajet est agréable. Nous profitons d'une accalmie dans le vent pour aller jusqu'à Gennes, longeant une voie de chemin de fer.
Nous appréhendons un peu la nuit en tente, notamment à cause du vent. Cependant un placement stratégique, collé aux bungalows, nous permet de passer une nuit au chaud, et de repartir bon pied bon œil le lendemain.
Cela sera la section la moins intéressante du voyage : entre Gennes et Trélazé le parcours ne longe plus la Loire et emprunte une succession de départementales. Nous décidons de passer par les ardoisières, ce qui nous réserve une bonne surprise, avec la traversée d'un cours d'eau sur un bac. Cette activité, si anodine, nous change tellement du quotidien que nous l'avons pleinement appréciée.
Le parcours dans l'ardoisière nous mène jusqu'à Angers. Ville que je ne connaissais pas, et où j'ai pu apprécier le contact avec la nature. En repartant, nous empruntons un chemin entouré d'eau, vraiment agréable. Tellement que nous parvenons à nous perdre, et nous rajoutons quelques kilomètres.
Arrive le dernier jour, et son temps redouté : pluie et froid. Ma compagne me surprend : gelée, elle continue et a une résilience qui m'inspire, et renforce nos liens. Dans ces conditions, chaque accalmie nous réchauffe, et nous sommes heureux qu'un restaurant veule bien de nous, alors que nous arrivons trempés, serviettes en main, et couverture de survie autour de mes jambes pour ma part !
Heureusement, le mauvais temps se calme et nous permet de relier Nantes. Bizarrement nous avons moins traîné que les autres jours, avec beaucoup moins de photographies que les autres jours.
Le lendemain, prendre le train de retour était une expérience en soi : les arrêts, situés environ toutes les demi-heures, ponctuaient notre voyage et représentaient environ une journée sur les vélos, et des courbatures plein les jambes. Il est impressionnant de constater à quel point les transports modernes réduisent les distances. Et de penser qu'avant, avec des chemins en mauvais état, faire cette distance prenait encore plus de temps. Cela fait aussi réfléchir sur notre vie de tous les jours, où nous courrons pour prendre le métro et ne pas attendre 5 minutes le suivant...
Au final, ce voyage nous a tous deux fortement plu. Cela restera pour moi comme une parenthèse enchantée, parenthèse où j'ai du mal à détacher des moments, car tout semble lié par le vélo, par nos efforts. Seuls restent des moments précis, comme le daim courant le premier soir dans la prairie, parallèlement à nous et à notre vitesse, ou bien un soir où, fatigué, je laisse ma copine rejoindre le camping pendant que je me pose le long de la Loire, et découvre alors un coucher de soleil magnifique... ainsi que la vue de ma copine se retournant souvent vers moi, pour savoir si je suivais son rythme.
Egalement, sur le vélo, je profitais du temps pour réfléchir, et m'engager dans des pensées philosophiques. Je m'interroge beaucoup sur ma pratique, sur cette volonté de dépasser sa zone de confort. Faut-il avoir connu une nuit dans le froid, à grelotter, pour apprécier la chaleur humaine d'un couple nous invitant à partager leur foyer ? Faut-il avoir pédalé sous la pluie, dans le froid, le vent, pour savoir savourer la joie d'une douche chaude et d'un logis sec et isolé ? Que sommes-nous prêts à endurer pour vivre quelques moments magiques, tels la vue de couchers de soleil sur de nouveaux horizons, … ?
Enfin, pour ceux que cela intéresse, un mot sur le VAE : ma copine a adoré ! Elle se sentait légère, et a apprécié le voyage de bout en bout. Concrètement, la principale problématique concerne la batterie, qui met 5h à recharger, et a une autonomie de 80-90 km (un peu plus en roulant plus lentement). Exit donc les campings sauvages. Petit point négatif pour ma part, le bruit permanent, certes léger, du moteur, mais cela n'a pas du tout dérangé ma copine.
Pour finir, question à ceux qui voyagent souvent à vélo : comment faites-vous pour les visites ? Nous voulions visiter des chateaux, mais n'avons rien trouvé de prévu pour sécuriser les vélos et les bagages. Nous avons donc préféré rester à proximité, et ne pas faire de visites.
Et pour finir vraiment, quelques chiffres :
4,5: comme le nombre de jours du voyage
15,2 : comme notre vitesse moyenne
23 : comme le nombre d'heures sur la selle
350 : comme le nombre de kilomètres reliant Blois à Nantes
1279 : comme le nombre d'escargots croisés sur la route le dernier jour (pour un seul malencontreusement écrasé)
Le choix de la Loire à vélo s'est imposé à nous pour deux raisons : nous nous investissons dans une association humanitaire en Touraine, et avions à cœur de découvrir la Loire autrement que lors de nos nombreux aller-retours. Egalement, d'un point de vue logistique, la Loire à vélo est très facile : le parcours est fléché, des trains permettent de revenir facilement à notre point de départ, …
Nous sommes donc partis avec mon vélo de randonnée, et avons loué un VAE... Soit un vélo à assistance électrique. En effet, pour une première expérience à vélo pour ma chérie, nous voulions que le voyage soit un plaisir pour nous deux, et qu'elle n'ait pas à « subir » le vélo.
C'est ainsi que nous sommes partis fin avril à Blois, avec 5 jours devant nous avant notre train de retour à Nantes.
A peine parti de Blois, j'éprouve une sensation de liberté agréable, avec la possibilité d'aller au rythme voulu, de s'arrêter où on veut. En plus, je partage ceci avec ma compagne, et nous profitons tous deux de cette première section pour se familiariser avec l'itinéraire, mais aussi nos vélos et leur chargement.
Comme pour tout voyage nature, notre rythme va se caler avec celui du soleil, et nous arrêtons donc de pédaler à 19h30. S'ensuivra un repas en admirant le coucher de soleil sur la Loire et une de ses nombreuses îles. Un moment magique.
Arrive la nuit. Une nuit dont je me souviendrais longtemps. Ai-je été présomptueux de croire qu'après avoir fait des bivouacs dans des pays plutôt froids (Islande, Norvège, …) je ne pouvais pas connaître le froid en France, surtout après une dizaine de jours où le mercure dépassait les 25°C ? Toujours est-il que je n'avais pris que des vêtements légers, et à part une fine polaire, n'avait rien pour affronter une nuit à 4°C. J'ai donc passé la nuit recroquevillé dans mon sac de couchage sans parvenir à bien dormir, à me maudire d'avoir laissé mes affaires chaudes chez moi, et à attendre que le soleil vienne réchauffer la tente.
Le lendemain, nous partons vers 11h, légèrement groggys et refroidis par cette première nuit. Heureusement le parcours est toujours sympathique et nous emmène à travers coteaux. Nous profitons d'une pause à Amboise pour se réchauffer, et repartons vers Tours, où nous allons connaître notre premier souci mécanique sur le vélo de location... heureusement à 2 km d'un magasin. Dans l'histoire, nous perdons 2h, et repartons donc rapidement, non sans apprécier la sortie de Tours longeant le Cher. Un des meilleurs moments du parcours selon nous. Cependant, le soleil se couche bientôt, et nous nous retrouvons à Savonnières devant un camping fermé, avec aucun autre camping à proximité... Nous poussons jusqu'à Villandry, en se disant qu'au pire nous prendrions un gîte. Arrivés, nous demandons au premier couple que nous croisons s'ils connaissent des lieux où dormir. Ils nous invitent alors spontanément à dormir chez eux car leur plus jeune enfant vient de partir, et ils ont donc deux chambres libres. S'ensuit un échange passionnant chez eux, où nous racontons nos vies et nos visions, échange qui reprendra le lendemain matin lors du petit-déjeuner. Cela nous ravit de vivre ceci en France, surtout dans une région assez riche ; en effet jusque-là nous avions principalement eu des échanges riches et spontanés dans des pays pauvres, où les gens semblent en général plus ouverts au contact. Nous aimons partir et aller au contact des gens, et cela nous a semblé miraculeux d'avoir une telle qualité d'échange si proche de chez nous, et de façon si spontanée.
Nous repartons donc vers Saumur après une bonne nuit de sommeil, à nouveau vers 11h (nous ne sommes pas des lève-tôt...), prêts à affronter les pavés et le vent. Ah ce vent de face qui va nous pomper tant d'énergie. Heureusement le parcours en début de trajet est agréable. Nous profitons d'une accalmie dans le vent pour aller jusqu'à Gennes, longeant une voie de chemin de fer.
Nous appréhendons un peu la nuit en tente, notamment à cause du vent. Cependant un placement stratégique, collé aux bungalows, nous permet de passer une nuit au chaud, et de repartir bon pied bon œil le lendemain.
Cela sera la section la moins intéressante du voyage : entre Gennes et Trélazé le parcours ne longe plus la Loire et emprunte une succession de départementales. Nous décidons de passer par les ardoisières, ce qui nous réserve une bonne surprise, avec la traversée d'un cours d'eau sur un bac. Cette activité, si anodine, nous change tellement du quotidien que nous l'avons pleinement appréciée.
Le parcours dans l'ardoisière nous mène jusqu'à Angers. Ville que je ne connaissais pas, et où j'ai pu apprécier le contact avec la nature. En repartant, nous empruntons un chemin entouré d'eau, vraiment agréable. Tellement que nous parvenons à nous perdre, et nous rajoutons quelques kilomètres.
Arrive le dernier jour, et son temps redouté : pluie et froid. Ma compagne me surprend : gelée, elle continue et a une résilience qui m'inspire, et renforce nos liens. Dans ces conditions, chaque accalmie nous réchauffe, et nous sommes heureux qu'un restaurant veule bien de nous, alors que nous arrivons trempés, serviettes en main, et couverture de survie autour de mes jambes pour ma part !
Heureusement, le mauvais temps se calme et nous permet de relier Nantes. Bizarrement nous avons moins traîné que les autres jours, avec beaucoup moins de photographies que les autres jours.
Le lendemain, prendre le train de retour était une expérience en soi : les arrêts, situés environ toutes les demi-heures, ponctuaient notre voyage et représentaient environ une journée sur les vélos, et des courbatures plein les jambes. Il est impressionnant de constater à quel point les transports modernes réduisent les distances. Et de penser qu'avant, avec des chemins en mauvais état, faire cette distance prenait encore plus de temps. Cela fait aussi réfléchir sur notre vie de tous les jours, où nous courrons pour prendre le métro et ne pas attendre 5 minutes le suivant...
Au final, ce voyage nous a tous deux fortement plu. Cela restera pour moi comme une parenthèse enchantée, parenthèse où j'ai du mal à détacher des moments, car tout semble lié par le vélo, par nos efforts. Seuls restent des moments précis, comme le daim courant le premier soir dans la prairie, parallèlement à nous et à notre vitesse, ou bien un soir où, fatigué, je laisse ma copine rejoindre le camping pendant que je me pose le long de la Loire, et découvre alors un coucher de soleil magnifique... ainsi que la vue de ma copine se retournant souvent vers moi, pour savoir si je suivais son rythme.
Egalement, sur le vélo, je profitais du temps pour réfléchir, et m'engager dans des pensées philosophiques. Je m'interroge beaucoup sur ma pratique, sur cette volonté de dépasser sa zone de confort. Faut-il avoir connu une nuit dans le froid, à grelotter, pour apprécier la chaleur humaine d'un couple nous invitant à partager leur foyer ? Faut-il avoir pédalé sous la pluie, dans le froid, le vent, pour savoir savourer la joie d'une douche chaude et d'un logis sec et isolé ? Que sommes-nous prêts à endurer pour vivre quelques moments magiques, tels la vue de couchers de soleil sur de nouveaux horizons, … ?
Enfin, pour ceux que cela intéresse, un mot sur le VAE : ma copine a adoré ! Elle se sentait légère, et a apprécié le voyage de bout en bout. Concrètement, la principale problématique concerne la batterie, qui met 5h à recharger, et a une autonomie de 80-90 km (un peu plus en roulant plus lentement). Exit donc les campings sauvages. Petit point négatif pour ma part, le bruit permanent, certes léger, du moteur, mais cela n'a pas du tout dérangé ma copine.
Pour finir, question à ceux qui voyagent souvent à vélo : comment faites-vous pour les visites ? Nous voulions visiter des chateaux, mais n'avons rien trouvé de prévu pour sécuriser les vélos et les bagages. Nous avons donc préféré rester à proximité, et ne pas faire de visites.
Et pour finir vraiment, quelques chiffres :
4,5: comme le nombre de jours du voyage
15,2 : comme notre vitesse moyenne
23 : comme le nombre d'heures sur la selle
350 : comme le nombre de kilomètres reliant Blois à Nantes
1279 : comme le nombre d'escargots croisés sur la route le dernier jour (pour un seul malencontreusement écrasé)