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Rentrer de Noël à pieds

(en cours)
Et si je rentrais de Noël chez les parents à pieds??

Je revisiterais quelques endroits sympas qui ont marqué mon enfance, et
je proposerais à la famille de m'accompagner sur un ou deux kilomètres,
ce serait sympa de se voir dans ce cadre là! Et ça pourrait peut-être
donner envie aux neveux de marcher avec moi?

Et cette fois, au lieu de faire les 200 bornes en voiture, je prendrais
le canal de Brest à Nantes... Et un peu les rives du Blavet, pour y
arriver au canal...
Oh ouais, ce serait chouette! La nature!!

Mais, à Noël, il fait froid! Et il pleut! Même il neige, parfois...
C'est pas la meilleure période pour faire une randonnée bivouac de
300km! Et puis, y'a pas beaucoup de lumière à cette période de
l'année... Je pourrais pas attendre l'été?
C'est peut-être pas la meilleure période pour le faire, mais c'est la
bonne. Et pour la lumière, justement, c'est comme ça que tu en auras un
maximum.
Ah? Bon, ok. Ca marche.
Oui, effectivement, ça va marcher!! ;)

Et puis, comme ça, si tu vas pas trop vite (;)), tu commenceras l'année
en marchant!
Est-ce qu'on peut trouver une plus belle manière de commencer une
nouvelle année toute neuve?
randonnée/trek
Quand : 28/12/2019
Durée : 8 jours
Carnet publié par Floma le 25 déc. 2017
modifié le 05 févr. 2020
Mobilité douce
Précisions : Bon, et bien le train n'accepte pas les objets encombrants, sauf les vélos en TER, et mon objet encombrant ne rentre pas dnas le cadre de "vélo"... Mais des covoitureurs m'ont pris avec le chariot, et nous avons passé un trajet passionnant à dis...
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Vue d'ensemble

Le compte-rendu : Les obstacles (mise à jour : 05 févr. 2020)

La nuit s'avère lourde, mouvementée.
Le froid m'assaille régulièrement. 
Et je ne peux pas regarder quelle heure il est, il faut que je conserve de la batterie au maximum. Mon téléphone se décharge vite, alors je me suis fait un gros programme de protection de la batterie, pour tenir 6 jours. Qui ne permet pas d'allumer le téléphone juste pour voir l'heure.

Comment je vais pouvoir continuer? Ca m'inquiète un peu. Est-ce que les articulations vont tenir le choc?
Et d'autres inquiétudes prennent parfois le relais. Comment la société va prendre en compte le changement climatique? Quels sont les risques réels d'effondrement de la société industrielle? Je suis parfois terrassée par les catastrophes en cours, et les risques de ce qui nous attend si on ne fait pas plus que les mesurettes actuelles. Comment les inégalités pourraient se résorber? Comment atténuer les conséquences? Comment faire en sorte qu'il y ait moins de morts, moins de souffrance, actuelle et à venir? Comment pourrait se développer plus de conscience, de liens avec nos milieux de vie, de gratitude pour tout ce qui nous est offert, d'amour de cette nature si belle et si précieuse?
Comment traverser les nuits et les hivers à venir?
Comment vivre avec le froid, sans le confort? Avec les évènements extrêmes, les tempêtes, les migrations? 

Travail à fond dans les assos ces dernières années. Mais je sens bien que ça n'est pas suffisant.
Alors, en attendant de trouver des réponses satisfaisantes, je m'entraine.
A traverser des petits bouts de nuits, d'hivers... 
A aimer ce qui est.



Le matin, le bruit change, on entend plus l'autoroute, mais aussi et heureusement, les oiseaux! Je regarde à travers la porte de la tente, la nuit n'est plus aussi noire. Un peu de lueurs d'aube apparaissent. Petit temps en conscience de là où je suis, de mon milieu de vie de la nuit. 
Je me prépare psychologiquement à sortir du sac de couchage, ouille! 
Me dénuder par petits bouts pour revêtir mes vêtements de jour. 
Articulations sensibles avant. Après, encore plus. Froid.
Ranger le sac de couchage. Gestes économes.
Faim. Petit dèj: flemme de faire chauffer le lait de riz, je le verse tel quel sur ma bouillie. Mince, j'aurais dû le chauffer. Demain matin promis, je le chaufferai, flemme ou pas flemme. J'en ai presque trop, comme hier soir. 

Je sors, le jour commence à peine à se lever.
Le canal et les champs sont envahis de brouillard épais.
En haut de la butte, tout est givré. J'ia sans doute gagné un degré de plus en ayant planté ma tente à l'abri des arbres et en contrebas de la butte, mais il fait super froid. Les jambes ont du mal à marcher, même sans chariot.

Volée de canards sur le canal, de goëlands dans le ciel, chants de bergeronettes et de rouge-gorges qui s'éveillent. Wow, je suis saisie par toute cette beauté. j'en oublie le froid. Je me sens à ma place, petit animal terrestre en communion avec tous les autres êtres vivants. 
L'eau coule, comme si de rien n'était! 

Je refais mes sacs, et en les rangeant dans la caisse, je remarque qu'elle est en plus fendillée sur le côté, pas seulement dnas le fond! Aïe! Faut qu'elle tienne! Elle supporte tout le poids du chargement. Elle assure la continuité entre le haut, les tasseaux, et l'essieu des roues... Mince! C'est l'élément central, critique, et il est en mauvais état. Mince, ma conception n'est pas top, c'est l'élément le plus critique, et c'est le plus fragile... Bravo! J'aurais dû construire une caisse plus solide, dans un autre matériau que du plastique, quand même! 
Bon, en attendant, je n'ai que cette caisse-là, donc on va faire au mieux. Je charge le lourd à l'avant, loin du point de craquelure. Allez, petite caisse, tu as tenu 140 km il y a deux ans, tu vas bien tenir encore, hein!! 


Je replie la tente, j'ai l'impression qu'elle est encore plus mouillée qu'hier, donc encore plus lourde. Le givre craque. La polaire dégouline encore plus, à défaut de jus de chaussettes, j'ai du jus de veste. Un petit verre??

Quelques étirements, et je reprends le tractage du chariot. Dès les premiers pas, je sens de manière inquiétante toutes mes articulations. Le corps est comme rouillé, il couine. Mes jointures sont moins souples et flexibles que celles du chariot... Mince. Est-ce que ça va tenir? Combien de temps? Je n'en suis qu'au 2e jour du voyage, même si la journée d'hier m'a semblé durer une semaine... Il en reste beaucoup d'autres...
La beauté transcendante du canal au petit jour...
La beauté transcendante du canal au petit jour...
des fleurs de genêt fin décembre, déjà??
des fleurs de genêt fin décembre, déjà??
Mais passé ces inquiétudes, la beauté du canal me reprend par un envoutement éhonté. 
Quel air pur! Amplitude dnas tout le thorax, je suis bien. 

Je me dirige d'un pas lent vers Malestroit. 
Après quelques centaines de mètres, la loi du bivouac se vérifie: j'arrive à une écluse avec une table de pique nique qui aurait bien facilité mes étirements, et le lieu était tout à fait accueillant pour un bivouac... Eh oui, trop tard! 
Petit à petit je croise des joggeurs, des cyclistes, des promeneurs, indifférents ou encourageants, nous échangeons de simples bonjours la plupart du temps, ou parfois de longues discussions: je rencontre une femme étonnée par mon chariot : elle aurait bien voulu m'offrir une nuit chez elle, ou un café, son mari biologiste nous rejoint et nous échangeons sur le canal et ses habitants ailés, nos modes de vie, nos aventures variées: lui aussi est surpris par la quantité d'oiseaux qui chantent en plein hiver, on ne devrait pas les entendre autant à cette période de l'année, ils vont finir par mourir d'épuisement avant le printemps.

Ils repartent vers leur domicile et j'arrive à Malestroit.
La ville au petit matin, dans le brouillard...
La ville au petit matin, dans le brouillard...
Le canal débordant sur le chemin de halage... Avec tous les restes de la dernière tempête accrochés à la barrière!
Le canal débordant sur le chemin de halage... Avec tous les restes de la dernière tempête accrochés à la barrière!
Pause grignotage près d'une poubelle pour jeter mes déchets et ceux des autres que j'ai pu ramasser le long du canal, et près d'un mur qui abrite un nombre incalculable de nombrils de vénus, délicieux! 

Puis je traverse des parties du chemin immergées sous les égouts qui débordent, tout comme le canal dont le niveau est beuacoup monté, il arrive à la hauteur du chemin... Bon, les inondations ne sont pas une blague, je patauge un peu. Si c'est comme ça déjà à Malestroit, comment ce sera à Redon?? est-ce que je pourrai passer??

Panneau route barrée.
Qu'est-ce que je fais?? 
Ne sachant pour quelle raison cette route est barrée, ne voyant rien d'inquiétant, je continue le chemin.
Au pire, je ferai demi-tour si c'est inondé.
Les plaines alentours sont transformées en rizières, mais je doute que les paysans bretons viennent y planter du riz,les mollets dnas l'eau...
Le soleil est bas, mais petit à petit il se montre...
Lumière d'hiver.

Ah, enfin je comprends pourquoi la route est barrée: un arbre me coupe le chemin, sans doute arraché par une tempête récente. Obstacle.
Bon, qu'est-ce que je fais? 
A gauche, non, je ne suis pas amphibie.
Dessus? Dessous? Non, trop de branchages et je ne vois même pas l'issue, c'est tout embroussaillé. Impossible de passer comme ça.
A droite? Je vais aller voir, ça a l'air jouable, pas trop inondé. Le chariot ne devrait pas s'enfoncer... Et après? Après j'ai une bonne visibilité, je teste, pas d'inondation, retour sur le chemin a priori jouable.
Et ça passe nickel!! Youhou! Premier obstacle franchi!!! Bravo!
Aha, ils voulaient me décourager avec un panneau de route barrée?? Et bien non, je suis plus barrée qu'eux!! Aha!! 8-)

Puis je passe un petit village dans lequel j'aimerais trouver une fenetre ouverte, un passage pour demander à remplir mes bouteilles d'eau dont le niveau baisse. 
Mais rien, tout est fermé, volets tirés, aucune vie à l'horizon.
Je poursuis.
Puis je trouve une voiture ouverte près d'une cour, je me dis qu'il doit y avoir quelqu'un pas loin. Je lâche mon chariot pour passer côté rue, c'est à dire côté accessible, et je trouve une jeune femme qui décharge son coffre. Je lui demande de remplir mes bouteilles si elle le veut bien, je suis une voyageuse. elle le fait gentiment, sans me poser aucune question. Surprenant.

Je continue, toujours un lumière magnifique sur les rizières...
Au sortir d'un autre village, encore un panneau interdisant l'accès.
Bon, maintenant que je sais contourner les obstacles, j'y vais!

Le chemin est mal pavé, c'est à dire heureusement pas pavé du tout, mais plein d'ornières et de nids de poules, avec des chocs pour le chariot, bien que je tente de passer entre les trous. Il prend toute la gadoue sur ses roues, toujours l'effet mille-feuilles. 

Ah, voilà l'autre obstacle! Bon, mon coco, par quel bout je te prends, cette fois?? 
Ohoh, tu es haut! Et je ne veux pas aller nager dans le canal non plus.
Et de l'autre côté? Ah,non, dans le fossé non plus, et il y a un grillage derrière, c'est pas emmanché.
Bon...
Et bien heureusement que mon chariot est en kit!!
Démontable, remontable à volonté! 
Déchets enlevés, puis récupérés à la fin du démontage, tellement il y a peu de poubelles sur ce chemin.

Voilà un autre obstacle de passé, ça prend du temps, mais ça se fait bien, mine de rien!!



Je profite d'autres bouffées de bonheur et de liberté le long du chemin, dans la lumière et la fraicheur...

Ce dimanche, peu de personnes dehors, le long du canal... Peut-être est-il l'heure des repas en famille aussi! Tiens, un petit sandwich, ce serait un bonne idée, non?
Stretching sur l'un des bancs le long du canal, comme à chaque pause. Les muscles tiennent, mais ont besoin d'étirements, les articulations souffrent. Comme la caisse, que j'inspecte à chaque pause.
Et le résultat n'est pas top. 
Les chaos du chemin n'épargnent pas la structure fragilisée, les fissures augmentent petit à petit.
Je suis inquiète. 
Si ça craque d'un coup, mon chariot s'effondre, je ne peux plus avancer. Et je me retrouverais avec un tas de bric à brac à transporter, je ne sais pas comment... Bon, on va pas penser au pire, hein le chariot, tu vas tenir encore bon, d'ac?
En tous cas, on aura appris à passer des obstacles ensemble... Dun côté, de l'autre, en haut, en bas aussi avec les barrières, tout nous va! 
On se laisserait arrêter si facilement, alors que l'obstacle est franchissable, en fin de compte! 
C'est un peu comme ça, dans la vie aussi, non?

Un coeur renversé? Des poumons?
Un coeur renversé? Des poumons?
Les restes de la dernière tempête accrochés à l'écluse... Le canal avait atteint un haut niveau d'eau.
Les restes de la dernière tempête accrochés à l'écluse... Le canal avait atteint un haut niveau d'eau.
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