Un petit tour en Baltique
Comme on avait aimé arpenter des îles l'an dernier en Écosse, nous avons choisi les archipels entre Suède et Finlande (archipels d'Åland et de Turku). Et puis, on a vu qu'une boucle complète sur trois pays (Suède, Finlande, Estonie) était possible: vélo et bateaux au programme donc!
Quand : 08/07/2023
Durée : 21 jours
Durée : 21 jours
Distance globale :
826km
Dénivelées :
+2751m /
-2720m
Alti min/max : 0m/78m
Carnet publié par Upupa
le 09 août 2023
modifié le 09 août 2023
modifié le 09 août 2023
Mobilité douce
Précisions :
Il est possible d'aller jusqu'à Stockholm en train depuis la France, il y a un train de nuit entre Hambourg et Stockholm. La difficulté étant comme souvent
200 lecteur(s)
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Le topo (mise à jour : 09 août 2023)
Le compte-rendu (mise à jour : 09 août 2023)
Jour 1 - Arlanda > Norrtälje
On arrive à l'aéroport de Stockholm-Arlanda et le temps de remonter les vélo, c'est parti. On s'échappe par les bretelles pas très adaptées aux deux-roues non motorisés. Mais c'est tout de suite la campagne. L'orge est presque mûr, les foins sont en pleine récolte, les hirondelles virevoltent et les maisons sont rouges. On sait qu'on doit avaler plus de 60km pour arriver à Norrtälje, seul camping sur notre route. Il est 20h30 quand on arrive enfin, on avait encore plusieurs heures de jour devant nous (toute la nuit qui n'en est pas une, en fait .
Comme souvent, il faut quelques réglages, nous n'avons pas trouvé de cartouche de gaz (pas facile à trouver par ici) mais tous les campings scandinaves sont équipés d'une cuisine et la dame du camping nous offre un paquet de pâtes.
Jour 2 - Norrtälje > Grisslehamn
L'objectif du 2ème jour c'est d'arriver au port de Grisslehamn, point de départ pour les îles d'Åland. On prend le cap presque au Nord depuis Norrtälje sur les petites routes de campagne. Les alouettes chantent, les martinets voltigent, les hirondelles bavardent. Dans les villages, des mâts de la Saint-Jean qui ont célébré le solstice... pas de doute c'est le bel été (d'ailleurs, soleil et petit air frais, les conditions sont parfaites). Et puis, il y a des lacs, des pontons en bois, des enfants qui jouent, pas de doute, c'est l'été scandinave.
Arrivé à Grisslehman, on passe, confiants au guichet pour prendre nos billets du lendemain... Fully booked. OK. Mais après-demain? For the next 2 weeks... OK. "Mais si vous êtes à vélo, venez demain matin, il y a de grandes chances qu'on vous trouve de la place". OK.
On ne gardera pas un souvenir impérissable du camping et de sa "place" tente qui nous laisse la sensation d'être un peu de trop entre les énormes campings-cars et les cabines...
Jour 3 Grisslehamn > Eckerö > Mariehamn
Au matin, on se positionne dans la file des "sans billets" et effectivement ça passe sans problème et avec le sourire. Après 2 heures de traversée et une heure de décalage, nous mettons le pied et la roue sur l'archipel d'Åland... province autonome appartenant à la Finlande et où la langue principale est le suédois. On arrive enfin à trouver des cartouches de gaz et le camping de Mariehamn en bord de l'eau est charmant. Au premier bain dans la Baltique, on réalise que c'est une mer très peu salée (et fraîche, mais ça on s'en doutait).
Jour 4 Mariehamn > Mickelsö
On ne s'attendait pas à trouver une grosse route et du trafic mais heureusement, il y a presque toujours une piste cyclable. A la pause café, il y a une tour d'observation pour prendre de la hauteur et réaliser cet entrelacs de mer et de terre, des îles et des baies partout.
Le bac nous amène sur la petite île de Töftö où on quitte l'itinéraire principal pour explorer de petites îles vers le Sud et chercher un spot de bivouac, après quelques culs-de-sac et des voies privées, une gentille dame nous inique une très jolie plage sous les pins pour un bivouac parfait (photo de couverture).
Jour 5 Mickelsö > Kumlinge
D'île en île, on pédale jusqu'au bout de la terre, là où il faut prendre un bac vers le Nord (et oui, c'est un peu un dédale). Nous, on rebrousse chemin jusqu'à l'île de Vardö et Hummelvik, c'est là qu'on prend un autre ferry vers l'Est. Une fois que le bateau (le dernier de la journée) nous a déposé, on réalise que le camping envisagé est fermé. Il est 19h et on bénit les journées sans fin, ça va nous permettre de trouver un plan B. On repère l'école, le stade (toujours possibles dans les villages scandinaves), mais on pousse la curiosité jusqu'à une petite plage charmante avec un emplacement tout trouvé pour la tente. Alors qu'on mange tranquillement nos pâtes, on entend du bruit dans le bosquet tout près. On se regarde, façon "t'as entendu aussi?". Ça recommence, les branches remuent, ça souffle. Un magnifique élan avec ses bois de velours vit sa vie tranquille et nous on se couche émerveillés.
Jour 6 Kumlinge > Torsholma > Korsö
Au matin, la pluie menace et passe à exécution. Mais ça ne dure pas. Comme on est curieux des bouts du monde, on va voir au bout de la route et on croise celle d'un lièvre. On laisse ce ferry partir pour rebrousser chemin et aller en chercher un autre pour poursuivre vers l'Est et Torsholma. Là, la route saute d'îles en îles, la mer est partout, à droite, à gauche, les familles de cygnes, de canards, de cormorans aussi. Sur l'île de Korsö, on rejoint le camping de Fisketorpet, un petit paradis habité par les sternes et les grèbes qui refont inlassablement le radeau de leur nid. Des gros rochers polis, un ponton, des saunas tournés vers la mer, un petit paradis scandinave.
Jour 7 Korsö > Osnäs > Mossala
Les mystères des horaires de ferry nous font lever tôt. Pliage de tente en 1/4 d'heure et c'est parti.
"Tiens, un cheval sur le bord de la route." Ah, non... C'est une femelle élan! Pendant une seconde, on se dit qu'elle va paniquer et nous foncer dessus, mais non, ouf.
Nous voilà basculés sur l'archipel de Turku. On n'est pas dépaysé, il y a un bar avec café à volonté à l'arrivée, cool on peut rattraper notre petit déj'
Ensuite, on va encore enchainer 2 bacs et 2 ferries pour établir notre record de 5 bateaux dans la même journée. Chaque trajet est un bonheur, se faufiler dans le labyrinthe d'îles et voir l'archipel sous un autre angle. On se pose au camping de Mosala, qui possède une tour d'observation sur une petite colline avec un panorama fabuleux.
Jour 8 Mossala > Hanka
Le rituel île - bac - île - bac se poursuit. D'abord, c'est le groupe d'Houtskäri avec Mossala, Björk, Lömsö, Näsby jusqu'au prochain ferry. On jongle avec les horaires de bateaux et les kilomètres sous le soleil. Et nous voilà sur Korpoo, les routes sont belles, peu fréquentées, on pédale le nez au vent (petite brise plaisante) et les yeux sur la mer et les grands champs de blé presque mûr. On se demande bien pourquoi il n'y a pas plus de voyageurs cyclo par ici...
On arrive à Nauvo (Nagu, en Finlande toutes les villes ont un nom finnois et un nom suédois), il est 15h. Quelle option prendre? Camper par ici? Le camping le plus proche est complet... Une autre idée? Le ferry pour la suite de notre parcours vers le Nord fait un stop sur la petite île de Seili, un bivouac là-bas? Non, pas de camping possible sur cette petite île sans route... Une autre idée? Partir sur Hanka, la prochaine île et on verra! On débarque à 19h passé, le trajet dans la lumière du soir a été magique. Eric a repéré une tour d'observation... Certes il faut tout porter dans les escaliers pour atteindre le sommet de la colline, mais on est récompensé par une vue merveilleuse et un spot de bivouac parfait.
Jour 9 Hanka > Kaarina
Cap vers le Nord avec le vent dans le dos pour remonter les îles centrales de l'archipel jusqu'à Naantali (Nadendal). Des grues nous saluent dans un champ. Naantali est une petite station balnéaire très chic, surnommé la Portofino du Nord (le tarif de l'express confirme la réputation). Après un picnic dans le parc, on laisse la musique jouer sous le kiosque et on poursuit vers Turku. C'en est fini de la tranquillité de l'archipel... On ne s'attarde pas sur les quais de la cité, la pluie menace et le camping est encore loi. Ouf, on arrive juste avant la rincée. Nous aurons une famille cygne pour voisins sur la petite plage du camping.
Jour 10 Kaarina > Eknäs
Le vent est encore fort ce matin, mais le ciel se dégage. On doit commencer par rebrousser chemin, jamais agréable, pour quitter l'île où est le camping. On longe les nationales, heureusement souvent avec piste cyclable, ballotés par le vent qui nous gifle, nous bouscule, nous plaque une grosse main sur le guidon pour nous freiner. On atteint l'île de Kemionsaari et un camping charmant au bord de l'eau. Un bref plongeon dans la Baltique nous revigore
Jour 11 Eknäs > Matildedal / Teijo national Park
Le premier objectif ce matin est la petite ville de Kemiö à une douzaine de kilomètres. Il nous faut du gaz pour le réchaud, du wifi pour s'organiser... On y trouvera les deux et une boulangerie chaleureuse et accueillante. On hésite entre la route du cap et des îles qui implique une traversée vers Hanko et la route de l'intérieur... Les tarifs prohibitifs des bateaux en décident, ce sera la forêt. On poursuit par un morceau de la "coastal road" un des itinéraires vélo locaux. On a suivi des fragments d'Eurovélo 10 aussi... Un peu de passage "gravel" et de sentier (tout à fait praticable) et on arrive à Matildedal, porte d'entrée du Parc national Teijo. On installe un joli bivouac forestier en bord de lac. La pluie s'invite sur les eaux calmes. Au matin, l'ambiance à la fois brumeuse et lumineuse est splendide.
Jour 12 Matildedal > Ekenas (Tammisaari)
C'est toute la Finlande qui s'invite dans cette journée, qui suit la "Coastal Road": campagne de grands champs céréaliers, forêts parfois coupées à blanc, des vergers et des pelouses, de belles maisons de bois colorées. Tammisaari a une très belle vieille ville de maisons de bois et un camping en bord de l'eau.
Jour 13 Tammisaari > Helsinki > Tallinn
Journée de transit. Vu notre timing, on décide d'écourter un peu la route finlandais en prenant le train pour Helsinki. On trace à vélo les 20 kilomètres qui nous séparent de Karis où un orage dantesque nous rattrape juste au moment de monter dans le train. A Helsinki, il fait beau, le front de mer est agréable. On enchaine avec le ferry vers Tallin, un saut à travers la Baltique et nous voilà en Estonie. On file vers la marina de Pirita où se trouve le "camping"... pas très cosy mais il fera l'affaire.
Pirita était le site des épreuves de voile des JO de Moscou 1980, pour les amateurs d'architecture soviétique des années 1980, ça vaut le détour.
Jour 14 Visite de Tallinn
Une ville à la fois belle et passionnante, on recommande en particulier le musée des occupations et des libertés qui retrace le 20ème siècle estonien et son lots de tragédies à hauteur d'humains.
Jour 15 Tallinn > Lohusalu
C'est un peu la journée pas synchronisée...
On lève l'ancre de Pirita pour reprendre une nouvelle fois le front de mer et traverser la ville vers l'Ouest. On a repéré des sites aménagés pour camper "sauvage" sur la côte (c'est RMK l'organisme qui gère les sites naturels qui s'en occupent, ils ont un site qui est une mine d'info: https://www.loodusegakoos.ee)... Seulement voilà, comme la veille, l'orage éclate vers 10h, c'est le déluge, on a juste le temps de s'abriter dans un parking. C'est aussi rapide que brutal. On reprend jusqu'à voir poindre le 2ème orage... On hésite... station-service, abribus et finalement un petit café nous tend les bras entre déco pays de l'Est et design scandinave. On trouve le premier site pour camper dans une belle pinède bordant la plage, mais c'est un peu tôt. On poursuit jusqu'au 2ème site qui est blindé (on est samedi), il fait froid, la pluie menace à nouveau. la fatigue nous tombe dessus et on réalise qu'on ne s'est pas trop reposé depuis le départ. On cherche des options: un camping? Plein pour un événement privé (ça m'était jamais arrivé ça). L'hôtel? C'est hors de prix. A force de s'acharner, je trouve un gite, un petit appart' dans une grande maison rouge dans les pins... On est pas mécontent de se poser dans un vrai lit!
Jour 16 Lohusalu > Lohusalu
On est tellement bien dans ce petit studio de bois qu'on décide de rester une nuit de plus. Ce matin, ce sera balade à pied jusqu'au cap, une foule de jeunes étourneaux jouent les oiseaux tropicaux. Des dizaines de bécasseaux variables se reposent sur les rochers. Des garrots à oeil d'or paressent dans une baie... L'orage du jour arrive au moment où on rentre! On décide d'explorer les environs à vélo dans l'après-midi, à la recherche d'un lac et d'une tour d'observation, marqués sur la carte mais qu'on ne trouvera jamais. La campagne est belle et les ciels sont spectaculaires.
Jour 17 Lohusalu > Padise
On repart vers le Sud, on vise d'abord Niitvälja, la carte promet une zone humide... c'est un golf. Estonie, pays de surprises! On pédale tranquillement jusqu'à Rummu qui va achever de nous déstabiliser. C'est une ancienne carrière pénitencière reconvertie en centre aquatique, un mix entre Aqualand et Guantanamo. Un lac aux eaux transparentes semées de restes de bâtiments (ambiance urged), la présence un peu oppressante de la prison et la musique techno. Passé et présent.
On file jusqu'à Padise, un signe camping nous invite à aller voir, ambiance décontractée et tranquille en pleine verdure. On pose les affaires pour aller explorer le monastère et pousser jusqu'au port de Kurkse.
Jour 18 Padise > Paldiski
On roule facilement jusqu'à Paldiski où on prend le ferry du soir vers la Suède. Ancienne ville soviétique interdite, Paldiski abritait le centre d'entrainement des sous-marins nucléaires. Il ne reste que la ville faite de barres d'immeubles gris, ambiance soviétique sous le ciel bas. On pousse jusqu'au bout de la presqu'île et son phare. On boucle le retour par le champ d'éoliennes, drôle d'impression de pédaler parmi ces géantes. Atome et vent, passé et présent encore. L'après-midi vire à la pluie franche, on se réfugie au salon de thé, il fait chaud dans une ambiance "comme chez ma grand-mère russe".
On gardera de l'Estonie un petit goût d'inachevé, il aurait fallu sans doute rester un peu plus pour faire un parcours plus intéressant et découvrir un peu mieux ce pays. On reviendra!
Jour 19 Kapellskar > Östra Lagnö
Réveil entre les îlots et sous le soleil suédois, on croise même des phoques alanguis sur leur rocher. On a quelques jours pour rejoindre Stockholm et on va essayer de le faire par les îles. Bon, la difficulté est de comprendre les ferries dans l'archipel de Stockholm, tous les suédois nous ont dit qu'eux non plus ne s'y retrouvaient pas. Et il faut avouer que c'est compliqué, que les infos sont floues voire pas fiables... ça nous a valu quelques surprises et changements de plan! Le point positif est qu'on peut prendre sans problème les vélos.
On reprend un premier ferry pour Furusund. De là, on revient en direction du continent (eh oui, les traversées pour sauter d'une île à l'autre envisagées ne fonctionnent pas...). Mais la route et la météo sont belles, la mer n'est pas loin, on traverse un beau plateau forestier jusqu'au bac qui mène à Ljusterö. Cette île développe un long bras vers l'Est dont l'extrémité est une réserve naturelle où il est possible de bivouaquer. Un des plus beaux bivouacs, au bout du monde.
Jour 20 Östra Lagnö > Vaxholm
Cette fois-ci c'est sûr, on a compris les trajets et les horaires, part en confiance et sous le soleil vers le Sud de cette île. Jusqu'à l'arrêt de bateau de Staveström. Il est bien caché au bout d'une petite piste, à l'orée d'un petit port. La cabane jaune est parfaitement suédoise et le temps est bon. Il ne nous reste plus qu'à pique-niquer avant le bateau. Vérifions quand même les horaires... Ah voilà, l'arrêt où on voulait descendre est bien dans la liste... mais le bateau ne s'y arrête pas. Pourquoi? Mystère. Tant pis, on descendra à Vaxholm. Et là soudainement, on retrouve la foule, dense sur les quais qui ont tout l'air d'une plaque tournante.
On avait prévu de passer une nuit au camping qui est complet, alors on repart pour un bivouac, situé juste en face. Un bel emplacement encore au bord de l'eau. Le soir venu, on profite du calme retrouvé et des crépuscules sans fin ou presque. "Mais c'est quoi qui nage là?" On sort les jumelles, on scrute et finalement, c'est bien un castor! Qui donc font des incursions en mer. Et d'ailleurs, en retraversant la forêt en sens inverse au matin, on voit des arbres taillés qu'on n'avait pas remarqué la veille.
Jour 21 Vaxholm > Vaxholm
La journée s'annonce maussade mais on ne va pas se laisser décourager pour notre dernier jour de vélo. On prend un ferry pour une île proche et l'arrêt de Lillsved et on avisera sur place pour revenir par voie de terre. A presque midi, l'averse s'intensifie, on se réfugie dans le local poubelle (une jolie cabane rouge) d'une sorte de complexe conférence-hotel-boutique... qui s'avère proposer un généreux buffet pour midi. Notre programme pour les prochaines heures est donc tout trouvé. Dans l'après-midi, on revient tranquillement vers Vaxholm et on passe notre 1000ème kilomètre du voyage
Demain c'est Stockholm et la fin du voyage.
On arrive à l'aéroport de Stockholm-Arlanda et le temps de remonter les vélo, c'est parti. On s'échappe par les bretelles pas très adaptées aux deux-roues non motorisés. Mais c'est tout de suite la campagne. L'orge est presque mûr, les foins sont en pleine récolte, les hirondelles virevoltent et les maisons sont rouges. On sait qu'on doit avaler plus de 60km pour arriver à Norrtälje, seul camping sur notre route. Il est 20h30 quand on arrive enfin, on avait encore plusieurs heures de jour devant nous (toute la nuit qui n'en est pas une, en fait .
Comme souvent, il faut quelques réglages, nous n'avons pas trouvé de cartouche de gaz (pas facile à trouver par ici) mais tous les campings scandinaves sont équipés d'une cuisine et la dame du camping nous offre un paquet de pâtes.
Jour 2 - Norrtälje > Grisslehamn
L'objectif du 2ème jour c'est d'arriver au port de Grisslehamn, point de départ pour les îles d'Åland. On prend le cap presque au Nord depuis Norrtälje sur les petites routes de campagne. Les alouettes chantent, les martinets voltigent, les hirondelles bavardent. Dans les villages, des mâts de la Saint-Jean qui ont célébré le solstice... pas de doute c'est le bel été (d'ailleurs, soleil et petit air frais, les conditions sont parfaites). Et puis, il y a des lacs, des pontons en bois, des enfants qui jouent, pas de doute, c'est l'été scandinave.
Arrivé à Grisslehman, on passe, confiants au guichet pour prendre nos billets du lendemain... Fully booked. OK. Mais après-demain? For the next 2 weeks... OK. "Mais si vous êtes à vélo, venez demain matin, il y a de grandes chances qu'on vous trouve de la place". OK.
On ne gardera pas un souvenir impérissable du camping et de sa "place" tente qui nous laisse la sensation d'être un peu de trop entre les énormes campings-cars et les cabines...
Jour 3 Grisslehamn > Eckerö > Mariehamn
Au matin, on se positionne dans la file des "sans billets" et effectivement ça passe sans problème et avec le sourire. Après 2 heures de traversée et une heure de décalage, nous mettons le pied et la roue sur l'archipel d'Åland... province autonome appartenant à la Finlande et où la langue principale est le suédois. On arrive enfin à trouver des cartouches de gaz et le camping de Mariehamn en bord de l'eau est charmant. Au premier bain dans la Baltique, on réalise que c'est une mer très peu salée (et fraîche, mais ça on s'en doutait).
Jour 4 Mariehamn > Mickelsö
On ne s'attendait pas à trouver une grosse route et du trafic mais heureusement, il y a presque toujours une piste cyclable. A la pause café, il y a une tour d'observation pour prendre de la hauteur et réaliser cet entrelacs de mer et de terre, des îles et des baies partout.
Le bac nous amène sur la petite île de Töftö où on quitte l'itinéraire principal pour explorer de petites îles vers le Sud et chercher un spot de bivouac, après quelques culs-de-sac et des voies privées, une gentille dame nous inique une très jolie plage sous les pins pour un bivouac parfait (photo de couverture).
Jour 5 Mickelsö > Kumlinge
D'île en île, on pédale jusqu'au bout de la terre, là où il faut prendre un bac vers le Nord (et oui, c'est un peu un dédale). Nous, on rebrousse chemin jusqu'à l'île de Vardö et Hummelvik, c'est là qu'on prend un autre ferry vers l'Est. Une fois que le bateau (le dernier de la journée) nous a déposé, on réalise que le camping envisagé est fermé. Il est 19h et on bénit les journées sans fin, ça va nous permettre de trouver un plan B. On repère l'école, le stade (toujours possibles dans les villages scandinaves), mais on pousse la curiosité jusqu'à une petite plage charmante avec un emplacement tout trouvé pour la tente. Alors qu'on mange tranquillement nos pâtes, on entend du bruit dans le bosquet tout près. On se regarde, façon "t'as entendu aussi?". Ça recommence, les branches remuent, ça souffle. Un magnifique élan avec ses bois de velours vit sa vie tranquille et nous on se couche émerveillés.
Jour 6 Kumlinge > Torsholma > Korsö
Au matin, la pluie menace et passe à exécution. Mais ça ne dure pas. Comme on est curieux des bouts du monde, on va voir au bout de la route et on croise celle d'un lièvre. On laisse ce ferry partir pour rebrousser chemin et aller en chercher un autre pour poursuivre vers l'Est et Torsholma. Là, la route saute d'îles en îles, la mer est partout, à droite, à gauche, les familles de cygnes, de canards, de cormorans aussi. Sur l'île de Korsö, on rejoint le camping de Fisketorpet, un petit paradis habité par les sternes et les grèbes qui refont inlassablement le radeau de leur nid. Des gros rochers polis, un ponton, des saunas tournés vers la mer, un petit paradis scandinave.
Jour 7 Korsö > Osnäs > Mossala
Les mystères des horaires de ferry nous font lever tôt. Pliage de tente en 1/4 d'heure et c'est parti.
"Tiens, un cheval sur le bord de la route." Ah, non... C'est une femelle élan! Pendant une seconde, on se dit qu'elle va paniquer et nous foncer dessus, mais non, ouf.
Nous voilà basculés sur l'archipel de Turku. On n'est pas dépaysé, il y a un bar avec café à volonté à l'arrivée, cool on peut rattraper notre petit déj'
Ensuite, on va encore enchainer 2 bacs et 2 ferries pour établir notre record de 5 bateaux dans la même journée. Chaque trajet est un bonheur, se faufiler dans le labyrinthe d'îles et voir l'archipel sous un autre angle. On se pose au camping de Mosala, qui possède une tour d'observation sur une petite colline avec un panorama fabuleux.
Jour 8 Mossala > Hanka
Le rituel île - bac - île - bac se poursuit. D'abord, c'est le groupe d'Houtskäri avec Mossala, Björk, Lömsö, Näsby jusqu'au prochain ferry. On jongle avec les horaires de bateaux et les kilomètres sous le soleil. Et nous voilà sur Korpoo, les routes sont belles, peu fréquentées, on pédale le nez au vent (petite brise plaisante) et les yeux sur la mer et les grands champs de blé presque mûr. On se demande bien pourquoi il n'y a pas plus de voyageurs cyclo par ici...
On arrive à Nauvo (Nagu, en Finlande toutes les villes ont un nom finnois et un nom suédois), il est 15h. Quelle option prendre? Camper par ici? Le camping le plus proche est complet... Une autre idée? Le ferry pour la suite de notre parcours vers le Nord fait un stop sur la petite île de Seili, un bivouac là-bas? Non, pas de camping possible sur cette petite île sans route... Une autre idée? Partir sur Hanka, la prochaine île et on verra! On débarque à 19h passé, le trajet dans la lumière du soir a été magique. Eric a repéré une tour d'observation... Certes il faut tout porter dans les escaliers pour atteindre le sommet de la colline, mais on est récompensé par une vue merveilleuse et un spot de bivouac parfait.
Jour 9 Hanka > Kaarina
Cap vers le Nord avec le vent dans le dos pour remonter les îles centrales de l'archipel jusqu'à Naantali (Nadendal). Des grues nous saluent dans un champ. Naantali est une petite station balnéaire très chic, surnommé la Portofino du Nord (le tarif de l'express confirme la réputation). Après un picnic dans le parc, on laisse la musique jouer sous le kiosque et on poursuit vers Turku. C'en est fini de la tranquillité de l'archipel... On ne s'attarde pas sur les quais de la cité, la pluie menace et le camping est encore loi. Ouf, on arrive juste avant la rincée. Nous aurons une famille cygne pour voisins sur la petite plage du camping.
Jour 10 Kaarina > Eknäs
Le vent est encore fort ce matin, mais le ciel se dégage. On doit commencer par rebrousser chemin, jamais agréable, pour quitter l'île où est le camping. On longe les nationales, heureusement souvent avec piste cyclable, ballotés par le vent qui nous gifle, nous bouscule, nous plaque une grosse main sur le guidon pour nous freiner. On atteint l'île de Kemionsaari et un camping charmant au bord de l'eau. Un bref plongeon dans la Baltique nous revigore
Jour 11 Eknäs > Matildedal / Teijo national Park
Le premier objectif ce matin est la petite ville de Kemiö à une douzaine de kilomètres. Il nous faut du gaz pour le réchaud, du wifi pour s'organiser... On y trouvera les deux et une boulangerie chaleureuse et accueillante. On hésite entre la route du cap et des îles qui implique une traversée vers Hanko et la route de l'intérieur... Les tarifs prohibitifs des bateaux en décident, ce sera la forêt. On poursuit par un morceau de la "coastal road" un des itinéraires vélo locaux. On a suivi des fragments d'Eurovélo 10 aussi... Un peu de passage "gravel" et de sentier (tout à fait praticable) et on arrive à Matildedal, porte d'entrée du Parc national Teijo. On installe un joli bivouac forestier en bord de lac. La pluie s'invite sur les eaux calmes. Au matin, l'ambiance à la fois brumeuse et lumineuse est splendide.
Jour 12 Matildedal > Ekenas (Tammisaari)
C'est toute la Finlande qui s'invite dans cette journée, qui suit la "Coastal Road": campagne de grands champs céréaliers, forêts parfois coupées à blanc, des vergers et des pelouses, de belles maisons de bois colorées. Tammisaari a une très belle vieille ville de maisons de bois et un camping en bord de l'eau.
Jour 13 Tammisaari > Helsinki > Tallinn
Journée de transit. Vu notre timing, on décide d'écourter un peu la route finlandais en prenant le train pour Helsinki. On trace à vélo les 20 kilomètres qui nous séparent de Karis où un orage dantesque nous rattrape juste au moment de monter dans le train. A Helsinki, il fait beau, le front de mer est agréable. On enchaine avec le ferry vers Tallin, un saut à travers la Baltique et nous voilà en Estonie. On file vers la marina de Pirita où se trouve le "camping"... pas très cosy mais il fera l'affaire.
Pirita était le site des épreuves de voile des JO de Moscou 1980, pour les amateurs d'architecture soviétique des années 1980, ça vaut le détour.
Jour 14 Visite de Tallinn
Une ville à la fois belle et passionnante, on recommande en particulier le musée des occupations et des libertés qui retrace le 20ème siècle estonien et son lots de tragédies à hauteur d'humains.
Jour 15 Tallinn > Lohusalu
C'est un peu la journée pas synchronisée...
On lève l'ancre de Pirita pour reprendre une nouvelle fois le front de mer et traverser la ville vers l'Ouest. On a repéré des sites aménagés pour camper "sauvage" sur la côte (c'est RMK l'organisme qui gère les sites naturels qui s'en occupent, ils ont un site qui est une mine d'info: https://www.loodusegakoos.ee)... Seulement voilà, comme la veille, l'orage éclate vers 10h, c'est le déluge, on a juste le temps de s'abriter dans un parking. C'est aussi rapide que brutal. On reprend jusqu'à voir poindre le 2ème orage... On hésite... station-service, abribus et finalement un petit café nous tend les bras entre déco pays de l'Est et design scandinave. On trouve le premier site pour camper dans une belle pinède bordant la plage, mais c'est un peu tôt. On poursuit jusqu'au 2ème site qui est blindé (on est samedi), il fait froid, la pluie menace à nouveau. la fatigue nous tombe dessus et on réalise qu'on ne s'est pas trop reposé depuis le départ. On cherche des options: un camping? Plein pour un événement privé (ça m'était jamais arrivé ça). L'hôtel? C'est hors de prix. A force de s'acharner, je trouve un gite, un petit appart' dans une grande maison rouge dans les pins... On est pas mécontent de se poser dans un vrai lit!
Jour 16 Lohusalu > Lohusalu
On est tellement bien dans ce petit studio de bois qu'on décide de rester une nuit de plus. Ce matin, ce sera balade à pied jusqu'au cap, une foule de jeunes étourneaux jouent les oiseaux tropicaux. Des dizaines de bécasseaux variables se reposent sur les rochers. Des garrots à oeil d'or paressent dans une baie... L'orage du jour arrive au moment où on rentre! On décide d'explorer les environs à vélo dans l'après-midi, à la recherche d'un lac et d'une tour d'observation, marqués sur la carte mais qu'on ne trouvera jamais. La campagne est belle et les ciels sont spectaculaires.
Jour 17 Lohusalu > Padise
On repart vers le Sud, on vise d'abord Niitvälja, la carte promet une zone humide... c'est un golf. Estonie, pays de surprises! On pédale tranquillement jusqu'à Rummu qui va achever de nous déstabiliser. C'est une ancienne carrière pénitencière reconvertie en centre aquatique, un mix entre Aqualand et Guantanamo. Un lac aux eaux transparentes semées de restes de bâtiments (ambiance urged), la présence un peu oppressante de la prison et la musique techno. Passé et présent.
On file jusqu'à Padise, un signe camping nous invite à aller voir, ambiance décontractée et tranquille en pleine verdure. On pose les affaires pour aller explorer le monastère et pousser jusqu'au port de Kurkse.
Jour 18 Padise > Paldiski
On roule facilement jusqu'à Paldiski où on prend le ferry du soir vers la Suède. Ancienne ville soviétique interdite, Paldiski abritait le centre d'entrainement des sous-marins nucléaires. Il ne reste que la ville faite de barres d'immeubles gris, ambiance soviétique sous le ciel bas. On pousse jusqu'au bout de la presqu'île et son phare. On boucle le retour par le champ d'éoliennes, drôle d'impression de pédaler parmi ces géantes. Atome et vent, passé et présent encore. L'après-midi vire à la pluie franche, on se réfugie au salon de thé, il fait chaud dans une ambiance "comme chez ma grand-mère russe".
On gardera de l'Estonie un petit goût d'inachevé, il aurait fallu sans doute rester un peu plus pour faire un parcours plus intéressant et découvrir un peu mieux ce pays. On reviendra!
Jour 19 Kapellskar > Östra Lagnö
Réveil entre les îlots et sous le soleil suédois, on croise même des phoques alanguis sur leur rocher. On a quelques jours pour rejoindre Stockholm et on va essayer de le faire par les îles. Bon, la difficulté est de comprendre les ferries dans l'archipel de Stockholm, tous les suédois nous ont dit qu'eux non plus ne s'y retrouvaient pas. Et il faut avouer que c'est compliqué, que les infos sont floues voire pas fiables... ça nous a valu quelques surprises et changements de plan! Le point positif est qu'on peut prendre sans problème les vélos.
On reprend un premier ferry pour Furusund. De là, on revient en direction du continent (eh oui, les traversées pour sauter d'une île à l'autre envisagées ne fonctionnent pas...). Mais la route et la météo sont belles, la mer n'est pas loin, on traverse un beau plateau forestier jusqu'au bac qui mène à Ljusterö. Cette île développe un long bras vers l'Est dont l'extrémité est une réserve naturelle où il est possible de bivouaquer. Un des plus beaux bivouacs, au bout du monde.
Jour 20 Östra Lagnö > Vaxholm
Cette fois-ci c'est sûr, on a compris les trajets et les horaires, part en confiance et sous le soleil vers le Sud de cette île. Jusqu'à l'arrêt de bateau de Staveström. Il est bien caché au bout d'une petite piste, à l'orée d'un petit port. La cabane jaune est parfaitement suédoise et le temps est bon. Il ne nous reste plus qu'à pique-niquer avant le bateau. Vérifions quand même les horaires... Ah voilà, l'arrêt où on voulait descendre est bien dans la liste... mais le bateau ne s'y arrête pas. Pourquoi? Mystère. Tant pis, on descendra à Vaxholm. Et là soudainement, on retrouve la foule, dense sur les quais qui ont tout l'air d'une plaque tournante.
On avait prévu de passer une nuit au camping qui est complet, alors on repart pour un bivouac, situé juste en face. Un bel emplacement encore au bord de l'eau. Le soir venu, on profite du calme retrouvé et des crépuscules sans fin ou presque. "Mais c'est quoi qui nage là?" On sort les jumelles, on scrute et finalement, c'est bien un castor! Qui donc font des incursions en mer. Et d'ailleurs, en retraversant la forêt en sens inverse au matin, on voit des arbres taillés qu'on n'avait pas remarqué la veille.
Jour 21 Vaxholm > Vaxholm
La journée s'annonce maussade mais on ne va pas se laisser décourager pour notre dernier jour de vélo. On prend un ferry pour une île proche et l'arrêt de Lillsved et on avisera sur place pour revenir par voie de terre. A presque midi, l'averse s'intensifie, on se réfugie dans le local poubelle (une jolie cabane rouge) d'une sorte de complexe conférence-hotel-boutique... qui s'avère proposer un généreux buffet pour midi. Notre programme pour les prochaines heures est donc tout trouvé. Dans l'après-midi, on revient tranquillement vers Vaxholm et on passe notre 1000ème kilomètre du voyage
Demain c'est Stockholm et la fin du voyage.