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Vol Bivouac - Tour du Mont Blanc

(réalisé)
2023 : L’appel du bivouac

Cette année devait être celle de l’itinérance en vol bivouac pour moi, mais la météo en a décidé autrement, réduisant mes plans ambitieux à de simples rêves. Cependant, comme pour récompenser ma patience, la fin de l'été nous a offert une semaine de conditions idéales pour le vol libre dans les Alpes du Nord, avec des plafonds à plus de 4000 mètres et un vent léger.

Pendant que les pilotes se lançaient dans des exploits de distance plus au sud, le nord bourdonnait de vols autour du Mont Blanc, un défi légendaire, presque un rite de passage pour les passionnés de parapente. Un vol mythique, permettant de se vanter d'avoir « traversé » trois pays en un seul vol.
Comme eux, je voulais faire le tour de ce géant, mais à ma façon : en deux jours, en partant de chez moi dans les Aravis et en incluant un bivouac au bord du Lac d'Amour dans le Beaufortain.
Avec enthousiasme et un plan clair en tête, j'étais prêt à me lancer dans cette aventure : réaliser le tour du Mont Blanc en deux jours, combinant ma passion pour le vol libre et l'expérience du bivouac.
parapente vol-bivouac / randonnée/trek
Quand : 22/07/2023
Durée : 2 jours
Distance globale : 342km
Dénivelées : +20963m / -22089m
Alti min/max : 547m/4257m
Carnet publié par Bibarr le 09 janv.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en bus stop
Précisions : Pour décoller de La Clusaz au départ de Thônes j'ai opté pour le bus puis ai utilisé les remontées mécaniques jusqu'au Crêt du Loup.
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Vue d'ensemble

Le topo : Jour 1 (mise à jour : 09 janv.)

Distance section : 187km

Description :

Jour 1 : 22 août 2023 - Le Départ de Thônes vers le Beaufortain

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Le compte-rendu : Jour 1 (mise à jour : 09 janv.)




Jour 1 : 22 août 2023 - Le Départ de Thônes vers le Beaufortain

J’aime partir de chez moi (Thônes) à pied, et cela tombe bien car j'ai plusieurs choix de décollages à 1000m de dénivelé de la maison. Cependant, je crains une couche d’inversion difficile à percer et aimerais décoller de plus haut. Alors, je prends le premier bus pour La Clusaz et profite même des remontées mécaniques d’été pour rejoindre le Crêt du Loup en télésiège.

Il est encore tôt, peu d’activité en vue. Sac sur le dos, je monte droit dans la pente pour gagner 300m d'altitude.

En parapente, si l’on veut avancer, on attend que le soleil ait suffisamment réchauffé le sol. Pour résumer grossièrement, en montagne, le matin on vole sur les faces (sud-)est jusqu'en milieu d’après-midi, lorsque les faces ouest sont suffisamment réchauffées pour y voler.
Je décolle d’une face exposée ouest, voire nord-ouest, mais mon plan aujourd’hui est de décoller, traverser le col des Aravis, et rapidement me placer en face sud-est pour débuter mon aventure jusqu'au Mont-Blanc.

Il n’est pas encore 10h, le ciel est bleu, j'ai le temps de me préparer tranquillement.
Je suis seul, personne autour. Hier, Maxime Pinot a réalisé un vol de 300 km au départ de Bisanne. Alors aujourd'hui, tout le monde est là-bas pour tenter un 200 km, s'inspirant de la trace du champion du monde.
C’est le revers de cette ultra-connectivité, dont je me reconnais acteur, ne serait-ce que par ce récit en cours de rédaction.
Il en était de même quelques mois plus tôt quand Julien Irilli a réalisé un vol redoutablement efficace depuis La Sambuy.

11h, enfin quelques cumulus se forment au-dessus des sommets. Je décolle et passe de l’autre côté des Aravis. Un premier thermique me porte déjà à 3000 m, ça promet une bonne journée. Je rejoins la Pointe Percée et survole la vallée de l’Arve. Pour moi, l'aventure commence vraiment. J’ai quitté les Aravis, et même si je ne réussis pas mon projet comme prévu, je pourrais l'adapter, le raccourcir, marcher plutôt que voler, peu importe. J'ai mon duvet, mon réchaud, rien ne peut m'arriver.

Je rejoins rapidement Chamonix puis le nord du massif des Aiguilles Rouges où le plafond est déjà à 3600 m, de quoi me donner confiance pour lancer ce vol en direction de la Suisse puis de l'Italie. Avec une journée comme celle-ci, à mon niveau, je peux espérer réaliser un vol de 200 km, mais je n’ai jamais exploré cette partie du Mont-Blanc et ne vise pas une performance kilométrique. Je rêve simplement d'être parti de chez moi en volant et d'atterrir au bord du Lac d'Amour pour mon bivouac, après avoir contourné le Mont-Blanc. Cela représente un vol d'une petite centaine de kilomètres, donc j’ai le temps.
Côté italien, je fais tous les plafonds, ce qui signifie que j'enroule tous les thermiques supérieurs à +2m/s. Je ne serai pas le plus efficace, mais j'assure la réussite du projet.

Je suis à 4000m d'altitude et les sommets sont plus hauts que moi. Je survole des glaciers, enroule un thermique teigneux sous les Grandes Jorasses, c’est mon plus beau moment de vol à ce jour. Au-dessus des glaciers, la beauté du paysage est tempérée par la triste réalité du changement climatique. Cette semaine, le record de l'isotherme zéro a été battu, atteignant 5300m.

J’arrive sous le Mont Blanc avant 15h, à 4200m. Je sais que le plafond va monter, et il sera plus tard possible de survoler le sommet, mais je n’ai pas le temps pour ça. Je reviendrai.

Avant de partir, j’ai établi un plan de vol précis, ce que je fais toujours. Chez moi, au chaud, j'ai le temps et les ressources pour préparer le meilleur itinéraire possible. Néanmoins, en vol, les choses peuvent différer, et je m'autorise à ajuster le scénario selon les conditions.
Quand je connais le secteur, c’est facile. Mais quand je découvre l'endroit et dévie de mon plan... je n'ai pas toujours les compétences pour m'en sortir à coup sûr.

Il n'est pas encore 15h, et j'ai volé à une moyenne de 25 km/h. Ce n'est pas fou mais c'est pas mal. L'itinéraire prévu jusqu'à mon bivouac nécessite un détour pour éviter le Cormet de Roselend, où j'ai déjà rencontré un mauvais cocktail de brises par le passé. Perché à 4200m, je ne pense plus aux brises. Mon objectif est à 26 km devant, 2000 m plus bas. Soit 13 de finesse. Avec les conditions actuelles et mon aile, c’est presque réalisable, et je trouverai de quoi reprendre de l'altitude en chemin. Je choisis la route directe.

Très vite, je perds beaucoup d'altitude. Au lieu de suivre la crête vers la Tête Nord des Fours comme prévu dans ce plan B, je mets le cap sur Bourg Saint-Maurice. C’est parti pour le cocktail de brises. Ça descend du col de la Seigne et moi avec. Je me dirige vers les faces est sous le refuge de La Croix du Bonhomme, mais la brise descend du Cormet. Il est trop tard. Je me pose à 15h40 entre Les Chapieux et le Cormet de Roselend sous un ciel de beaux cumulus. Ça met un coup à l'égo.

Égo qui me suggère de remonter vers le Col de la Sauce pour re-décoller, mais ma raison, sachant que je suis déjà fatigué, l'emporte. Mieux vaut rester au sol. Donc, je marcherai pour rejoindre le bivouac. 1000 m de dénivelé positif (supportable), mais presque 12 km (Ça va être long). Normalement, cette marche me prendrait un peu plus de 2 heures. Aujourd'hui, avec mon sac chargé, je mettrai 4 heures.

Je ronchonne pendant 20 minutes, puis me concentre sur l'instant présent. Il fait beau, et je randonne dans le Beaufortain. C'est fantastique ! Je m’accroche à cette idée jusqu'à la Pierra Menta.

Passeur de la Menta.
Passeur de la Menta.
Au Passeur de la Menta, face au soleil couchant, je repense à mon projet et à l’idée que je m'étais faite d’arriver en volant au lac. Alors, bien qu'épuisé, j’étale mon aile et décolle pour un petit vol jusqu’au lac, face à un ciel embrasé. C’est magnifique. Je crie de joie.

Deux ans plus tôt, j'étais venu randonner dans le Beaufortain et avais adoré le Lac d’Amour. Je savais qu’atterrir là en parapente était possible, d'où le choix de ce bivouac. Ma joie s'est quelque peu tempérée en voyant le nombre de tentes plantées autour. Une vingtaine, et au moins autant de smartphones filment mon arrivée. Pour le côté sauvage, il faudra repasser, mais il n'est plus l'heure de changer les plans.

Épuisé, je ne cherche pas le meilleur spot ou le meilleur point de vue pour dormir. Là où mon aile se pose, j’étale mon matelas, allume mon réchaud et m'endors rapidement. Pour des aventures d’une seule nuit sans prévision d’orage, je fais confiance à la météo et n’emmène pas de tente, ce qui étonne encore un peu plus mes voisins après cette arrivée spectaculaire.

Atterrissage au bivouac.
Atterrissage au bivouac.
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