Bonjour à tous!
Cela fait déjà un bon moment que je suis lecteur de Carnet d'Aventures et de ce forum, mais je n'avais encore jamais osé m'inscrire. Pour me présenter vite fait, j'ai 26 ans, je pratique la randonnée dans les Pyrénées et les Alpes depuis mon adolescence, puis depuis sur les terres "d'en haut". De quelques jours au début à maintenant plusieurs semaines en autonomie, été, bivouac hivernal, bref, comme tous ici, j'adore marcher.
J'habite actuellement au Havre et je suis en passe de déménager pour une nouvelle vie dans nos contrées alpines cette année (j'ai hâte!). J'en avais marre de devoir attendre les vacances ou les congés pour aller marcher dans ces paysages que j'affectionne tant.
Je viens vous parler ici d'une virée nordique que j'ai eu la chance de réaliser avec un ami en juillet dernier, dans la parc national du Sarek en Laponie suédoise. Notre itinéraire de base devait rallier Kvikkjokk au sud, jusqu'à Ritsem au nord. Nous voulions être libre d'avoir le temps de bifurquer où l'envie nous pousserait, pour cela nous avions prévu 20 jours de marche (le double de ce qu'il est nécessaire en gros, avec un sac optimisé, il est possible de rallier Kvikkjokk à Ritsem en 8 à 10 jours en fonction de l'itinéraire choisi).
Il semble qu'il soit plus commun de partir de Ritsem pour relier Kvikkjokk, mais c'était une volonté de notre part de cheminer avec le nord pour azimut et avec en point de mire le majestueux Ahkka.
Notre itinéraire :
- Kvikkjokk à Aktse en suivant la Kungsleden (le sentier est plutôt "emprunté" l'été et nous avions hâte de nous enfoncer dans le coeur du parc).
- Le lac de Laitaure se traverse avec un bateau géré par les Sames (environ 150 sek la traversée). Si on veut rejoindre la Rapadalen sans passer par Aktse, il est possible de négocier pour rejoindre directement le Rapadelta moyennant un surcoût. C'est également possible depuis Aktse, mais il serait dommage de ne pas monter au Skierfe.
- D'Aktse au sommet du Skierfe pour la vue magique sur le magnifique Rapadelta.
- Du sommet nous avons rejoint le fond de la vallée Rapadalen en contournant le Nammasj par le sud-est. Le but était de rejoindre une piste empruntée par quelques randonneurs et par les Sâmes. La descente au niveau de Tjasskavarasj est assez "sport" car elle se fait sans trace à travers une végétation dense de sous-bois et de taillis, sur un sol parfois spongieux, mais avec de la patience et en faisant attention où on met les pieds, ça se fait et on arrive en bas où il faut prendre soin d'éviter au mieux les marais et les traversées de gués.
L'été les gens évitent le fond de la Rapadalen qui est un vrai enfer à cause des moustiques, mais nous voulions absolument nous y rendre pour la faune (et voir, si possible, des élans. Nous avons été recompensés par deux magnifiques rencontres). Il est possible de rester sur les hauteurs pour remonter vers le nord à partir du Skierfe.
- Nous avons ensuite remonté la Rapadalen rive gauche.
- Coupé par le lac Snavvajavvre sur les hauteurs.
- Rejoint la Mikkastugarn au coeur du parc. A noter que le refuge non gardé qui existait avant a brûlé suite à des randonneurs maladroits... Il reste le poste d'appel secours dans lequel ont été aménagés une table et des bancs.
- A ce point, nous n'avons pas pu parcourir les crêtes comme nous le voulions à cause d'un temps exécrable persistant. Mikka est un carrefour de plusieurs vallées et le coeur du parc, aux dires des Suédois rencontrés sur place, le mauvais temps s'y installe souvent et y stagne. Après 3 jours et demi de mauvais temps (vent fort, pluie constante, environ 5°c, plafond nuageux très bas), nous rendons les armes et décidons de poursuivre la route vers le nord. Nous avons pu tout de même profiter d'un après-midi durant lesquel le plafond nuageux est remonté un peu pour aller à la rencontre du glacier Mihkajiegna, imposant et magnifique. Encore une belle rencontre. L'étude des repères de recul du glacier qui y ont été mis en place est très intéressante, surtout l'accélération que l'on constate sur les deux dernières décennies.
- Nous avons ensuite remonté la Ruohtesvagge en direction du magnifique trio Kisuris - Nijak - Ahkka.
- Comme nous avions par conséquent du temps devant nous (par rapport à nos prévisions), nous avons rejoint le Padjelentaleden à partir de Kisurisstugan, puis direction l'ouest jusqu'aux 3 ponts situés à l'est de Sallohaure.
- De là nous avons rejoint le Nordkalottleden afin de rallier vers le nord-est Vaisaluokta où il est possible de prendre le bateau de Ritsem. Ce que nous n'avons pas fait. Nous avons continué à marcher en longeant le lac Akkajaure vers le sud pour rejoindre Anönjalmne à proximité d'Akkastugorna où nous avons pris le bateau de Ritsem (175 sek).
Voilà en gros pour situer notre route (ça fait un peu inventaire à la Prévert mais ça permet de situer:p)
Etant donné l'autonomie, nous étions plutôt chargés (environ 30kg au départ) et nous avons mis un peu moins de 14 jours (dont 3 de "repos et flâneries") pour relier Kvikkjokk au Ahkka. C'est pourquoi nous n'avons pas repris le bateau directement au Ahkka mais sommes partis vers l'ouest.
Côté pratique :La carte de référence pour le Sarek est la Fjällkarten "Sareks National Park" BD10 au 1:100 000, échelle qui suffit étant donné le type de relief.
Pour les horaires et prix des traversées de lac, après moultes recherches, nous avons trouvé ce lien, il est assez difficile à trouver sur le site du STF car il faut passer par la partie suédoise du site :
http://www.svenskaturistforeningen.se/sv/Inspiration/Vandring/Tag--flyg--bat--busstrafik-till-sommarfjallen-/ Nous avons pris l'avion via Ryanair Beauvais-Stockholm Skavsta. Skavsta est situé à un peu plus d'une heure de Stockholm centre. Les navettes (Flybussarna par exemple) sont fréquentes (même la nuit). Elles arrivent directement à la gare centrale de Stockholm.
Il est possible de reprendre un avion qui rejoint directement Kiruna, beaucoup le font, notamment ceux qui commencent la marche depuis Ritsem, qui est plus facilement accessible que Kvikkjokk en prenant le train Kiruna > Gällivare, où un bus permet de rejoindre Ritsem.
Comme nous n'aimons pas beaucoup l'avion (ça va trop vite!), que nous préférons voir les paysages se modifier progressivement et que la lenteur est un luxe que nous aimons, nous avons préféré prendre le train pour rejoindre le Nord depuis Stockholm Centralstation.
Les trains les moins chers sont (a priori) ceux de la SJ
http://www.sj.se/sj/jsp/polopoly.jsp?d=10&l=en Nous avons acheté les billets en ligne, impression des tickets à la maison, etc... aucun problème. Il ne faut pas hésiter à comparer les prix avec ceux des lignes Veolia, etc... mais pour nous SJ était le plus intéressant.
Plusieurs choix s'offrent à vous. Dans notre cas, ne sachant pas si nous trouverions nos derniers achats, notamment de gaz, dans les villages du nord, nous avons opté à l'aller pour une étape à Boden où nous avons trouvé tout ce que nous voulions.
Pour les courses, les magasins ferment tôt dans la journée mais sont ouverts tous les jours y compris le dimanche. On trouve à peu près tout dans les Coop forum et ICA. Les stations services sont souvent munies d'un petit rayon gaz, essence, couteau de rando, etc... Le Coop Forum de Boden est muni d'un rayon randonnée plutôt bien fourni en gaz.
On trouve des ICA dans à peu près tous les villages de taille raisonnable du nord (sauf Ritsem qui, en réalité, n'est qu'une grosse station du STF et un haut lieu de la pêche suédoise. La boutique du camping permet quand même de trouver du gaz, de la nourriture, etc.. mais les stocks sont évidemment moins grands qu'en ville, on peut avoir des surprises...).
Autour de la gare centrale de Stockholm se trouve quelques magasins typés sports de montagne dans lequel on peut trouver du gaz, mais dans notre cas, ils étaient fermés à l'heure à laquelle arrivait notre avion.
Au terminus des trains, il faut ensuite utiliser les bus pour rejoindre les derniers villages. Il faut compter environ 1 couronne du km. Nous nous en sommes tirés pour 150-200 SEK maxi par trajet pour relier Boden à Jokkmokk, puis Jokkmokk à Kvikkjokk. Au retour, nous avons fait Ritsem-Gällivare en bus où nous avons repris le train directement pour Stockholm.
Pour les horaires des lignes du nord (Länstrafiken Norrbotten) :
www.ltnbd.se/ Pour les logements temporaires à Jokkmokk et Gällivare, nous avons opté pour les campings qui sont très abordables et très agréables, celui de Gällivare possède notamment un sauna et après deux ou trois semaines de marche, c'est un bonheur indescriptible!
Niveau condition de progression et météo : L'été est une période instable dans le Sarek. Je ne vous apprends pas grand chose mais il faut prévoir des vêtements de pluie complet, car il possible d'avoir à subir un temps très trèèèès irlandais pendant des périodes plus ou moins longues
Nous avons essuyé 3 jours et 3 nuits de pluie continue, mêlée à un vent fort avec des périodes de grosses rafales (80-90 km/h) et une température fraîche d'environ 5°c. Les facteurs cumulés peuvent rendre la situation pénible par moment.
A l'opposé; nous avons bénéficié de 3 jours anticycloniques magnifiques dans la Rapadalen avec 20-25°c et pas un nuage à l'horizon (ce qui fût un régal pour les moustiques...
)
Le beau temps "type" est quant à lui ensoleillé, avec des cumulus et des averses de courte durée assez régulièrement. On prend vite le pli de laisser la housse étanche sur le sac à dos.
Je vous conseille tout de même de prévoir une tente avec une abside confortable qui facilite grandement la vie les jours d'intempéries. Nous nous étions munis d'une deux places (Husky Flame, très agréablement surpris par la qualité de fabrication de cette tente qui ne nous a pas fait défaut) avec une abside un peu réduite pour nos gros sacs (2 sacs de 70L) et une ouverture qui donne dans la chambre et ce fut parfois humide à l'intérieur...
Niveau température, le plus faible que nous ayons eu est 0°c sous tente, durant une nuit très venteuse. Avec l'effet vent ça a dû tomber à -5 / -8°c ressenti à l'extérieur.
Niveau orientation, pas vraiment de souci. Les vallées sont larges et les points de repères nombreux. Hormis problème de visibilité les jours de nuages très bas, en restant attentif, il n'y a pas trop à se tromper.
C'est une bonne idée d'emporter des guêtres, car les taillis, bouleaux nains, etc... sont omniprésents dès qu'on sort des sentiers battus. Pour certains passages de gués peu profonds, cela évite de déchausser si vous avez des chaussures étanches et elles rendent de fiers services dans les traversées de marais (nombreux au fond de la Rapa notamment).
Pour les marais sur les sentiers balisés (ex : Kungsleden), des planches permettent de les franchir sans abîmer ces milieux fragiles, dans les autres cas, en prenant le temps de lire un peu le marais, on s'enfonce en général au dessus de la cheville, avec moins de chance parfois jusqu'aux genoux, surtout s'il y a eu de grosses intempéries auparavant (ce qui fût notre cas).
Les gués se passent globalement bien mais il faut parfois déchausser pour les plus importants. Si vous arrivez suffisamment tôt dans la saison (juin-juillet), des ponts de neige permettent d'en franchir un certain nombre. Des ponts sont mis en place sur les plus gros rapides (notamment aux cascades de Mikka). Lors de notre progression dans la Ruohtesvagge, la pluie depuis 3 jours, ajoutée à la vidange des glaciers, a fait sortir les cours d'eau de leurs lits. Un des gués fût assez difficile à traverser (de l'eau à la taille et pas mal de courant). Il faut de toute façon tout mettre sous plastique étanche dans son sac à dos, surtout le sac de couchage, mais là encore, je ne vous apprends rien.
Le point à ne pas négliger l'été reste la gestion des insectes. Les moustiques sont en quantité inimaginable dans le fond des vallées, surtout la Rapadalen avec ses nombreux méandres et ses marais. Ils sont assez assoiffés et il n'est pas rare d'en avoir plusieurs centaines autour de soi dans les moments de délire. Prévoir des manches longues, même s'ils piquent au travers, cela limite le nombre de piqûres. Un filet de tête est un invention bénie dans ces moments là. Je trouve que la barrière physique reste la meilleure option pour les moustiques. En restant sur les hauteurs, leur nombre devient plus faible, et de manière générale il y en a "un peu" moins le matin (du moins pour les moustiques).
Les différents types de moucherons sont très nombreux également (midges, knott, etc...) et mordent comme les taons. Même s'ils mordent moins que les moustiques, ils s'insinuent partout et à la fin, je préférais de loin les moustiques. Les mouches sont quant à elles très appréciables, peu nombreuses (relativement) et ne piquant pas, on apprend vite à les aimer! Il reste enfin les taons (surtout là où se trouve la faune), leur nombre étant beaucoup plus faible, ce n'est pas un problème.
Globalement, avec un filet de tête, des vêtements longs et un peu de produit anti-moustiques, on s'adapte assez vite, mais cela dépend des personnes. Il faut utiliser l'arme du "flegme" tout de même assez souvent au risque de pêter un plomb car par moment l'impression d'oppression est grande, surtout au moment des besoins naturels ou de la toilette. Il faut choisir ses lieux et ses moments quand c'est encore possible...:p
Une bonne astuce est d'imbiber un peu de produit anti-moustique sur un bandana ou autre que l'on noue autour du cou. Cela évite de se barbouiller le visage et le cou de produit chimique et marche plutôt bien la plupart du temps, et très bien si on met en complément le filet de tête.
Après la mi-septembre, les premiers froids tuent un grand nombre d'insectes. Le tout allié aux couleurs rousses et brunes des bouleaux sur fond de glacier et d'eaux turquoises, ce doit être magnifique en cette saison. Les cours d'eau de la Rapadalen ont une couleur magnifique à cause du sable gris qui tapisse ses méandres (farine glaciaire).
Au-delà de ça, le Sarek est vraiment un endroit magique dans lequel je souhaite retourner user mes semelles à l'avenir, en passant par des coins qui s'approchent plus des glaciers, des plateaux, etc... Mon seul regret est de n'avoir été muni que de mon petit bridge numérique (déjà assez vieux) et je n'ai pas pu faire les photos que j'aurais voulu y faire.
Voici un lien vers un diapo réalisé au retour :
http://www.youtube.com/watch?v=x0aq1o3BBfUEn espérant que ces quelques infos donnent un petit coup de pouce à ceux qui auraient envie d'aller marcher dans ces paysages qui vous marquent profondément.
(Un peu désolé pour le pavé, mais je suis un peu bavard
)
Au passage, un grand merci à l'équipe du magazine qui fait un travail précieux pour les adeptes du voyage nature
Cela fait déjà un bon moment que je suis lecteur de Carnet d'Aventures et de ce forum, mais je n'avais encore jamais osé m'inscrire. Pour me présenter vite fait, j'ai 26 ans, je pratique la randonnée dans les Pyrénées et les Alpes depuis mon adolescence, puis depuis sur les terres "d'en haut". De quelques jours au début à maintenant plusieurs semaines en autonomie, été, bivouac hivernal, bref, comme tous ici, j'adore marcher.
J'habite actuellement au Havre et je suis en passe de déménager pour une nouvelle vie dans nos contrées alpines cette année (j'ai hâte!). J'en avais marre de devoir attendre les vacances ou les congés pour aller marcher dans ces paysages que j'affectionne tant.
Je viens vous parler ici d'une virée nordique que j'ai eu la chance de réaliser avec un ami en juillet dernier, dans la parc national du Sarek en Laponie suédoise. Notre itinéraire de base devait rallier Kvikkjokk au sud, jusqu'à Ritsem au nord. Nous voulions être libre d'avoir le temps de bifurquer où l'envie nous pousserait, pour cela nous avions prévu 20 jours de marche (le double de ce qu'il est nécessaire en gros, avec un sac optimisé, il est possible de rallier Kvikkjokk à Ritsem en 8 à 10 jours en fonction de l'itinéraire choisi).
Il semble qu'il soit plus commun de partir de Ritsem pour relier Kvikkjokk, mais c'était une volonté de notre part de cheminer avec le nord pour azimut et avec en point de mire le majestueux Ahkka.
Notre itinéraire :
- Kvikkjokk à Aktse en suivant la Kungsleden (le sentier est plutôt "emprunté" l'été et nous avions hâte de nous enfoncer dans le coeur du parc).
- Le lac de Laitaure se traverse avec un bateau géré par les Sames (environ 150 sek la traversée). Si on veut rejoindre la Rapadalen sans passer par Aktse, il est possible de négocier pour rejoindre directement le Rapadelta moyennant un surcoût. C'est également possible depuis Aktse, mais il serait dommage de ne pas monter au Skierfe.
- D'Aktse au sommet du Skierfe pour la vue magique sur le magnifique Rapadelta.
- Du sommet nous avons rejoint le fond de la vallée Rapadalen en contournant le Nammasj par le sud-est. Le but était de rejoindre une piste empruntée par quelques randonneurs et par les Sâmes. La descente au niveau de Tjasskavarasj est assez "sport" car elle se fait sans trace à travers une végétation dense de sous-bois et de taillis, sur un sol parfois spongieux, mais avec de la patience et en faisant attention où on met les pieds, ça se fait et on arrive en bas où il faut prendre soin d'éviter au mieux les marais et les traversées de gués.
L'été les gens évitent le fond de la Rapadalen qui est un vrai enfer à cause des moustiques, mais nous voulions absolument nous y rendre pour la faune (et voir, si possible, des élans. Nous avons été recompensés par deux magnifiques rencontres). Il est possible de rester sur les hauteurs pour remonter vers le nord à partir du Skierfe.
- Nous avons ensuite remonté la Rapadalen rive gauche.
- Coupé par le lac Snavvajavvre sur les hauteurs.
- Rejoint la Mikkastugarn au coeur du parc. A noter que le refuge non gardé qui existait avant a brûlé suite à des randonneurs maladroits... Il reste le poste d'appel secours dans lequel ont été aménagés une table et des bancs.
- A ce point, nous n'avons pas pu parcourir les crêtes comme nous le voulions à cause d'un temps exécrable persistant. Mikka est un carrefour de plusieurs vallées et le coeur du parc, aux dires des Suédois rencontrés sur place, le mauvais temps s'y installe souvent et y stagne. Après 3 jours et demi de mauvais temps (vent fort, pluie constante, environ 5°c, plafond nuageux très bas), nous rendons les armes et décidons de poursuivre la route vers le nord. Nous avons pu tout de même profiter d'un après-midi durant lesquel le plafond nuageux est remonté un peu pour aller à la rencontre du glacier Mihkajiegna, imposant et magnifique. Encore une belle rencontre. L'étude des repères de recul du glacier qui y ont été mis en place est très intéressante, surtout l'accélération que l'on constate sur les deux dernières décennies.
- Nous avons ensuite remonté la Ruohtesvagge en direction du magnifique trio Kisuris - Nijak - Ahkka.
- Comme nous avions par conséquent du temps devant nous (par rapport à nos prévisions), nous avons rejoint le Padjelentaleden à partir de Kisurisstugan, puis direction l'ouest jusqu'aux 3 ponts situés à l'est de Sallohaure.
- De là nous avons rejoint le Nordkalottleden afin de rallier vers le nord-est Vaisaluokta où il est possible de prendre le bateau de Ritsem. Ce que nous n'avons pas fait. Nous avons continué à marcher en longeant le lac Akkajaure vers le sud pour rejoindre Anönjalmne à proximité d'Akkastugorna où nous avons pris le bateau de Ritsem (175 sek).
Voilà en gros pour situer notre route (ça fait un peu inventaire à la Prévert mais ça permet de situer:p)
Etant donné l'autonomie, nous étions plutôt chargés (environ 30kg au départ) et nous avons mis un peu moins de 14 jours (dont 3 de "repos et flâneries") pour relier Kvikkjokk au Ahkka. C'est pourquoi nous n'avons pas repris le bateau directement au Ahkka mais sommes partis vers l'ouest.
Côté pratique :
La carte de référence pour le Sarek est la Fjällkarten "Sareks National Park" BD10 au 1:100 000, échelle qui suffit étant donné le type de relief.
Pour les horaires et prix des traversées de lac, après moultes recherches, nous avons trouvé ce lien, il est assez difficile à trouver sur le site du STF car il faut passer par la partie suédoise du site : http://www.svenskaturistforeningen.se/sv/Inspiration/Vandring/Tag--flyg--bat--busstrafik-till-sommarfjallen-/
Nous avons pris l'avion via Ryanair Beauvais-Stockholm Skavsta. Skavsta est situé à un peu plus d'une heure de Stockholm centre. Les navettes (Flybussarna par exemple) sont fréquentes (même la nuit). Elles arrivent directement à la gare centrale de Stockholm.
Il est possible de reprendre un avion qui rejoint directement Kiruna, beaucoup le font, notamment ceux qui commencent la marche depuis Ritsem, qui est plus facilement accessible que Kvikkjokk en prenant le train Kiruna > Gällivare, où un bus permet de rejoindre Ritsem.
Comme nous n'aimons pas beaucoup l'avion (ça va trop vite!), que nous préférons voir les paysages se modifier progressivement et que la lenteur est un luxe que nous aimons, nous avons préféré prendre le train pour rejoindre le Nord depuis Stockholm Centralstation.
Les trains les moins chers sont (a priori) ceux de la SJ http://www.sj.se/sj/jsp/polopoly.jsp?d=10&l=en
Nous avons acheté les billets en ligne, impression des tickets à la maison, etc... aucun problème. Il ne faut pas hésiter à comparer les prix avec ceux des lignes Veolia, etc... mais pour nous SJ était le plus intéressant.
Plusieurs choix s'offrent à vous. Dans notre cas, ne sachant pas si nous trouverions nos derniers achats, notamment de gaz, dans les villages du nord, nous avons opté à l'aller pour une étape à Boden où nous avons trouvé tout ce que nous voulions.
Pour les courses, les magasins ferment tôt dans la journée mais sont ouverts tous les jours y compris le dimanche. On trouve à peu près tout dans les Coop forum et ICA. Les stations services sont souvent munies d'un petit rayon gaz, essence, couteau de rando, etc... Le Coop Forum de Boden est muni d'un rayon randonnée plutôt bien fourni en gaz.
On trouve des ICA dans à peu près tous les villages de taille raisonnable du nord (sauf Ritsem qui, en réalité, n'est qu'une grosse station du STF et un haut lieu de la pêche suédoise. La boutique du camping permet quand même de trouver du gaz, de la nourriture, etc.. mais les stocks sont évidemment moins grands qu'en ville, on peut avoir des surprises...).
Autour de la gare centrale de Stockholm se trouve quelques magasins typés sports de montagne dans lequel on peut trouver du gaz, mais dans notre cas, ils étaient fermés à l'heure à laquelle arrivait notre avion.
Au terminus des trains, il faut ensuite utiliser les bus pour rejoindre les derniers villages. Il faut compter environ 1 couronne du km. Nous nous en sommes tirés pour 150-200 SEK maxi par trajet pour relier Boden à Jokkmokk, puis Jokkmokk à Kvikkjokk. Au retour, nous avons fait Ritsem-Gällivare en bus où nous avons repris le train directement pour Stockholm.
Pour les horaires des lignes du nord (Länstrafiken Norrbotten) : www.ltnbd.se/
Pour les logements temporaires à Jokkmokk et Gällivare, nous avons opté pour les campings qui sont très abordables et très agréables, celui de Gällivare possède notamment un sauna et après deux ou trois semaines de marche, c'est un bonheur indescriptible!
Niveau condition de progression et météo :
L'été est une période instable dans le Sarek. Je ne vous apprends pas grand chose mais il faut prévoir des vêtements de pluie complet, car il possible d'avoir à subir un temps très trèèèès irlandais pendant des périodes plus ou moins longues
Nous avons essuyé 3 jours et 3 nuits de pluie continue, mêlée à un vent fort avec des périodes de grosses rafales (80-90 km/h) et une température fraîche d'environ 5°c. Les facteurs cumulés peuvent rendre la situation pénible par moment.
A l'opposé; nous avons bénéficié de 3 jours anticycloniques magnifiques dans la Rapadalen avec 20-25°c et pas un nuage à l'horizon (ce qui fût un régal pour les moustiques... )
Le beau temps "type" est quant à lui ensoleillé, avec des cumulus et des averses de courte durée assez régulièrement. On prend vite le pli de laisser la housse étanche sur le sac à dos.
Je vous conseille tout de même de prévoir une tente avec une abside confortable qui facilite grandement la vie les jours d'intempéries. Nous nous étions munis d'une deux places (Husky Flame, très agréablement surpris par la qualité de fabrication de cette tente qui ne nous a pas fait défaut) avec une abside un peu réduite pour nos gros sacs (2 sacs de 70L) et une ouverture qui donne dans la chambre et ce fut parfois humide à l'intérieur...
Niveau température, le plus faible que nous ayons eu est 0°c sous tente, durant une nuit très venteuse. Avec l'effet vent ça a dû tomber à -5 / -8°c ressenti à l'extérieur.
Niveau orientation, pas vraiment de souci. Les vallées sont larges et les points de repères nombreux. Hormis problème de visibilité les jours de nuages très bas, en restant attentif, il n'y a pas trop à se tromper.
C'est une bonne idée d'emporter des guêtres, car les taillis, bouleaux nains, etc... sont omniprésents dès qu'on sort des sentiers battus. Pour certains passages de gués peu profonds, cela évite de déchausser si vous avez des chaussures étanches et elles rendent de fiers services dans les traversées de marais (nombreux au fond de la Rapa notamment).
Pour les marais sur les sentiers balisés (ex : Kungsleden), des planches permettent de les franchir sans abîmer ces milieux fragiles, dans les autres cas, en prenant le temps de lire un peu le marais, on s'enfonce en général au dessus de la cheville, avec moins de chance parfois jusqu'aux genoux, surtout s'il y a eu de grosses intempéries auparavant (ce qui fût notre cas).
Les gués se passent globalement bien mais il faut parfois déchausser pour les plus importants. Si vous arrivez suffisamment tôt dans la saison (juin-juillet), des ponts de neige permettent d'en franchir un certain nombre. Des ponts sont mis en place sur les plus gros rapides (notamment aux cascades de Mikka). Lors de notre progression dans la Ruohtesvagge, la pluie depuis 3 jours, ajoutée à la vidange des glaciers, a fait sortir les cours d'eau de leurs lits. Un des gués fût assez difficile à traverser (de l'eau à la taille et pas mal de courant). Il faut de toute façon tout mettre sous plastique étanche dans son sac à dos, surtout le sac de couchage, mais là encore, je ne vous apprends rien.
Le point à ne pas négliger l'été reste la gestion des insectes. Les moustiques sont en quantité inimaginable dans le fond des vallées, surtout la Rapadalen avec ses nombreux méandres et ses marais. Ils sont assez assoiffés et il n'est pas rare d'en avoir plusieurs centaines autour de soi dans les moments de délire. Prévoir des manches longues, même s'ils piquent au travers, cela limite le nombre de piqûres. Un filet de tête est un invention bénie dans ces moments là. Je trouve que la barrière physique reste la meilleure option pour les moustiques. En restant sur les hauteurs, leur nombre devient plus faible, et de manière générale il y en a "un peu" moins le matin (du moins pour les moustiques).
Les différents types de moucherons sont très nombreux également (midges, knott, etc...) et mordent comme les taons. Même s'ils mordent moins que les moustiques, ils s'insinuent partout et à la fin, je préférais de loin les moustiques. Les mouches sont quant à elles très appréciables, peu nombreuses (relativement) et ne piquant pas, on apprend vite à les aimer! Il reste enfin les taons (surtout là où se trouve la faune), leur nombre étant beaucoup plus faible, ce n'est pas un problème.
Globalement, avec un filet de tête, des vêtements longs et un peu de produit anti-moustiques, on s'adapte assez vite, mais cela dépend des personnes. Il faut utiliser l'arme du "flegme" tout de même assez souvent au risque de pêter un plomb car par moment l'impression d'oppression est grande, surtout au moment des besoins naturels ou de la toilette. Il faut choisir ses lieux et ses moments quand c'est encore possible...:p
Une bonne astuce est d'imbiber un peu de produit anti-moustique sur un bandana ou autre que l'on noue autour du cou. Cela évite de se barbouiller le visage et le cou de produit chimique et marche plutôt bien la plupart du temps, et très bien si on met en complément le filet de tête.
Après la mi-septembre, les premiers froids tuent un grand nombre d'insectes. Le tout allié aux couleurs rousses et brunes des bouleaux sur fond de glacier et d'eaux turquoises, ce doit être magnifique en cette saison. Les cours d'eau de la Rapadalen ont une couleur magnifique à cause du sable gris qui tapisse ses méandres (farine glaciaire).
Au-delà de ça, le Sarek est vraiment un endroit magique dans lequel je souhaite retourner user mes semelles à l'avenir, en passant par des coins qui s'approchent plus des glaciers, des plateaux, etc... Mon seul regret est de n'avoir été muni que de mon petit bridge numérique (déjà assez vieux) et je n'ai pas pu faire les photos que j'aurais voulu y faire.
Voici un lien vers un diapo réalisé au retour : http://www.youtube.com/watch?v=x0aq1o3BBfU
En espérant que ces quelques infos donnent un petit coup de pouce à ceux qui auraient envie d'aller marcher dans ces paysages qui vous marquent profondément.
(Un peu désolé pour le pavé, mais je suis un peu bavard )
Au passage, un grand merci à l'équipe du magazine qui fait un travail précieux pour les adeptes du voyage nature
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