Longue marche aux frontières du Ponant
Pour Simon, marcher et écrire vont de pair. Et lorsqu’il glisse aussi dans son sac son appareil photo argentique, c’est une poésie en trois dimensions qu’il nous livre. Elle est ici sublimée par une Bretagne hivernale qu’il se plaît à découvrir en solitaire pour une exploration depuis le pas de sa porte.
Les voyages fascinent puisqu’ils ne s’achèvent jamais. Parti à la découverte d’un coin du monde, on pense déjà à en visiter un autre. La fuite vers l’aventure s’installe tranquillement dans l’ordre établi, la sédentarité devient un concept obsolète. Les interrogations, elles, franchissent les générations. Bruce Chatwin avant moi et les autres se demandait déjà « ce qu’il faisait ici », prévoyant un inévitable prochain départ.
L’été réchauffe la Bretagne cependant que je chevauche ma monture d’acier. Je roule du Conquet, port échoué aux frontières du Finistère, vers une destination encore floue. En bordure de route, un chemin grimpe le long d’abruptes falaises, descend au creux de criques esseulées. Des marcheurs courbés sous le poids de leur sac à dos regardent l’océan. Ils sont équipés pour plusieurs jours, sinon semaines. Ils se promènent le long de ce sentier jadis fréquenté des douaniers. Plus loin, faisant halte à Brest, je déplie une carte et tire un calendrier. Le sentier des douaniers existe bel et bien, balisé par les célèbres bandes rouges et blanches du GR34. Il quitte Saint-Nazaire et trace son chemin jusqu’au Mont-Saint-Michel. Les guides évoquent 2000 km et autant de souvenirs impérissables. Soit.
L’agrément de l’excursion
Je pratique l’itinérance depuis plusieurs années désormais. Profondément touché par les « villages ambulants » qui égrenaient les chemins de Compostelle, je me jurai, lors de cette première grande tribulation, de faire de ces balades sans fins ma « Légende Personnelle », puisque « c’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante » (Paulo Coelho dans L’Alchimiste).