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Edito Carnets d'Aventures #39

par Alexis dans Éditos 18 mars 2015 mis à jour 22 sept. 2015 4123 lecteurs 15 commentaires
Lecture 2 min.

Aventures brillantes ou grandiloquentes ?

Couv CA39

Par Alexis Loireau

Qu’est-ce qu’un aventurier ? Comment en devenir un ?
C’est très simple : prenez trois mois de congés sans solde et partez à pied ou à vélo. Quand vous rentrerez, vos parents, grands-parents, cousins et petits neveux vous désigneront tous comme « l’aventurier de la famille ».
...

 Si vous voulez vous faire passer pour un aventurier auprès de certains médias ou de sponsors, ce n’est pas forcément beaucoup plus compliqué. Inventez un record, ou encore mieux une première, quelle qu’elle soit : dénichez au fin fond de la Sibérie une rivière qui n’a pas encore été descendue en canoë, faites le premier aller-retour de l’Atlantique à la rame, réalisez la première traversée en autonomie complète d’un désert, vous verrez alors les colonnes des journaux locaux et les robinets des sponsors s’ouvrir à vous. Le temps des grandes explorations est terminé sur Terre, mais l’imagination humaine est sans limite : on inventera toujours des nouvelles « premières ». Certaines ont du sens et fédèrent beaucoup d’énergie positive autour d’elles : le Dodtour, le tour de France par les frontières et sans moteur de Lionel Daudet, ou la première traversée en 2011 de la cordillère de Darwin en Patagonie par le GMHM en sont des bons exemples.

D’autres en ont beaucoup moins. Quand le record ou l’établissement d’une première constituent l’unique objectif d’un voyage, que raconter à son retour à part que les difficultés étaient exceptionnelles mais qu’on les a surmontées ? L’aventure devient alors un simple sport où le stade est la nature. À la différence près qu’un sportif de compétition finit toujours par perdre contre quelqu’un de plus fort que lui… Et la défaite le rend humble.

Non, décidément, se demander qui mérite le titre « d’aventurier » n’est pas une bonne question. Nous sommes tous des aventuriers : créer une entreprise, élever un enfant, voyager longtemps pour la première fois, tout ce qui est nouveau, potentiellement risqué et représente un engagement personnel important est une aventure à notre échelle.

À la rédaction de Carnets d’Av’, il ne nous semble pas pertinent non plus de mettre en avant les « grandes » aventures au détriment des « petites » : les premières font rêver, les deuxièmes donnent envie de faire la même chose, toutes sont potentiellement dignes d’intérêt.

Non, la question qui nous intéresse vraiment est la suivante : quels sont les voyages dont les récits méritent d’être partagés ? Pourquoi en découvrant certaines aventures, nous disons : « Génial ! » ? Parce que grâce à leur imagination et leur audace, des voyageurs réussissent à dépasser certaines barrières psychologiques et s’inventent ainsi une aventure singulière, un défi qui a du sens. Et comment une aventure peut-elle acquérir un « sens » ? Avec de la sobriété, de l’originalité et de l’ouverture vers l’Autre. Avec moins d’impact environnemental et de communication basée sur des chiffres. En un mot : en faisant preuve d’empathie, pour ses frères et pour la planète.

Quel peut être le sens d’un voyage au long cours à monocycle ? Après 6 mois en Patagonie, Anne-Sophie le cherche encore. Mais à tous ceux qui lui posaient la question sur la route, taquine, elle répondait : « Et si j’étais sur un deux-roues, m’aurais-tu abordée ? »

Commentaires
18 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
moi ce qui me gene c'est cette surenchere permanente dans la notion d'aventures
"Et si j’étais sur un deux-roues, m’aurais-tu abordée " justement perso je n'ai pas forcement envie de me faire aborder j'ai juste envie de vivre egoistement MON aventure et de "choisir" mes rencontres pas le genre "le cirque arrive en ville" ...
bon c'est sure c'est pas moi qui ferrai vivre un journal avec mes recits ...

j 'ai feuilleté le magazine mais cette fois ci je ne l'ai pas acheté cela ne me correspond pas

19 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Moi je crois que c'est la vie qui est une aventure. "Aventureuse" ou plus tranquille, mais quelle aventure quand même... l'aventure,je sais pas si ça se décrète ou se définit vraiment. La vraie aventure, peut-être qu'en fait on la choisit pas,et qu'elle nous tombe dessus. Parfois on s'en aperçoit qu'à postériori...

19 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
@marie : merci pour ton commentaire.
Je pense que chacun est différent, et les raisons qui nous poussent à partir à l'aventure sont multiples, tout autant que les choses qui nous font vibrer. Je ne pense pas qu'Anne-Sophie (à monocycle) ait eu l'impression de jouer "le cirque qui arrive en ville" mais que le monocycle a vraiment du sens pour elle, que c'est quelque chose qui la fait vibrer, et qu'elle apprécie les rencontres qu'elle vit en voyage, que celles-ci soient suscitées par le monocycle ou pas d'ailleurs. Et je crois aussi qu'elle a vécu SON aventure, qu'elle a choisi les rencontres qu'elle souhaitait approfondir ou non.
Quant au fait de publier ou non tel ou tel type de récit, nous pensons que chaque type de voyage (solitaire, en couple, entre amis, orienté paysages sauvages sans personne ou orienté rencontres humaines, etc.) a ses richesses, et chaque voyageur a de belles choses à raconter. C'est pour cela que nous avons à cœur de publier des récits variés, de type et d'esprit de voyage différents. La diversité et la différence sont à notre avis un enrichissement !

19 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
On est d'accord avec toi Marie, la surenchère dans l'aventure vers le "toujours plus difficile, toujours plus dangereux" mène rarement à quelque chose d'intéressant sur le plan humain. Dans ce dernier numéro, les voyages que nous présentons ne sont pas "extrêmes", ils sont juste plus originaux. Et en plus ils ont du sens sur les plans humain et écolo. Ces voyageurs n'ont pas cherché l'originalité à tout prix pour se démarquer des autres, ils ont suivi leur cœur, leur intuition, ou une certaine logique liée à leur histoire personnelle. Anne-Sophie par exemple nous explique dans son article qu'elle est quasiment née sur un monocycle, que c'était donc naturel pour elle de partir en voyage avec cet engin qui lui est si familier. Une démarche pas si éloignée de la tienne, toi qui aimes vivre tes aventures "égoïstement" et qui peut-être un jour dans nos colonnes nous expliqueras pourquoi et comment tu y trouves autant de plaisir ?!

19 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
pas de probleme il en faut pour tous les gouts
c'etait juste une remarque "philosophique" générale
le monde change et evolue à une epoque seule la famille proche de l'aventurier savait qu'il etait en voyage maintenant le monde entier peut etre au courant et donc on a forcement un peu tendance à vouloir en faire plus

21 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
En tous les cas ,Anne-Sophie avec son monocycle a divisé par deux le risque de crevaison et allégée considérablement le poids du mode de locomotion (sauf à pieds,bien sûr).
De plus il me semble que la plupart des gents qui partent en voyage dans plusieurs pays ou tour du monde, vont quelque part à la découverte des autres civilisations ,faire des rencontres ,certes des moments de solitude choisis restent toujours un moment ou tu te ressource pour faire un point et assimiler se que tu es en train de vivre, sans parler des paysages bien sûr.
Et oui nous sommes tous des aventuriers, dés notre venue au monde ,c'est l'aventure , seul les choix des chemins empruntés nous différencie les uns des autres,que se soit l'éclate dans l'extrême et sur-médiatisé pour les uns ou le tour du monde à pieds en autonomie en solitaire pour d'autre !
Nous vivons tous nos aventures et ne demandons pas aux autres d'y adhérer forcément.
En fait je trouve que "aventure " va de pair, avec Liberté.

25 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Vous écrivez : À la rédaction de Carnets d’Av’, il ne nous semble pas pertinent non plus de mettre en avant les « grandes » aventures au détriment des « petites ».
A la lecture des derniers numéros, j'ai pourtant la nette impression que CA évolue dans cette direction. Je n'ai pas fait de statistiques, j'espère me tromper.
Vous en êtes donc bien conscients : il y a un risque de décrochage entre des lecteurs à la recherche de récits d'expériences à leur portée et des articles relatant des expéditions toujours plus complexes, du domaine de l'exploit, très sponsorisées.
Sinon, d'accord avec vous, il y a une place pour tout et sans oublier le rêve bien sûr.

26 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Tu as raison patch, on nous fait cette remarque régulièrement depuis plusieurs années, en fait c'est l'une des grandes difficultés qu'on a quand on prépare les sommaires des futurs numéros : trouver des gens qui veulent bien raconter leur "petite" aventure d'une semaine ou deux pas loin de chez eux ! On a peu de propositions spontanées pour ce genre de récit, car la plupart des gens qui réalisent ce type de randos sont persuadés que leur récit n'a pas la place dans un magazine ! On essaie quand même d'en publier : dans le dernier numéro, le tour de Minorque en kayak, le mont Blanc à vélo depuis la mer et la traversée des Alpes du Sud à vélo-kayak sont des "petites" aventures entre amis, non sponsorisées, assez facilement réalisables à condition d'avoir un minimum de condition physique (et quand même un bon mental pour hisser des kayaks à vélo à travers les cols alpins !). On continuera de faire attention à l'avenir, même si tu vas sûrement penser que le prochain numéro sur des randos dans la jungle ne va pas vraiment dans ce sens-là...

27 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
C'est juste Alexis, je suis le premier à partir sans me préoccuper de communication ou de trace sur ce que je fais. Je ne prends même pas de photos ! Avec la certitude que cela n’intéresserait personne. Dans ma remarque sur CA, je m'étais arrêté à l'avant-dernier numéro et à l'annonce du dernier que je n'avais donc pas l'intention d'acheter. Ton post me fait envie d'aller au moins le feuilleter.

27 mars 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
la Patagonie en monocycle.
et pourquoi pas l'Everest en roller ? :grin

03 avr. 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
:) Allé, je prends la plume pour rapidement entre dans la controverse, voire "défendre notre bifteck". Sans chercher à savoir si notre circumnavigation du Groenland entre dans la 1ère ou la 2nde catégorie du titre de l'édito ou si nous sommes oui ou non des aventuriers (je n'aime de toute façon guère ce genre de "titres" - aventuriers, explorateurs - dont on s'affuble un peu crânement, un peu connement... ) :p

Pour faire simple, je dirais qu'un voyage peut avoir pour moteur la recherche d'une performance tout en véhiculant du sens (voire même un sens profond), ça n'est fondamentalement pas antagoniste. Une réalisation peut relevée d'un certain exploit (encore que la notion d'exploit reste là encore relative) sans être très sponsorisée (pour citer le raccourci pris par patch). Faire "un gros truc" avec des "petits moyens" est un "art" difficile et demande pas mal d'engagements (et pas uniquement physiques). Donc ne caricaturons pas forcément ce qui semble être inaccessible : c'est parfois réalisé par des gens qui n'ont pas plus de moyens matériels que le lecteur de Carnets d'Aventure. Et qui sont dans l'expression de leur propre réalité. Sans surjouer. Sans truquer le match...

Bon, j'avoue trouver l'édito un peu ambigu, et ne comprends pas vraiment vers quelle réflexion il veut nous mener... ,)

06 avr. 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
L'aventure, grande ou petite, est la même pour ceux qui la vivent, mais je suis d'accord avec Patch:pour le lecteur, il faut pouvoir ressentir une certaine empathie, même rêvée, avec les auteurs. Je ne veux pas dénigrer Anne-Sophie et son monocycle, juste dire qu'il est difficile de partager, à travers le média imparfait qu'est un magazine, une telle aventure. A titre personnel, je préfère les récits lorsque je peux me dire que j'ai une chance de faire un voyage comparable (et j'apprécie beaucoup les notes sur la logistique et le matos: continuez).

14 mai 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
@Mika : pour nous, ton voyage avait clairement du sens (sinon nous ne l'aurions pas publié !), et ceci pour au moins plusieurs raisons :
- l'itinéraire (le tour du Groenland) était grandiose, évident et restait encore à être parcouru, d'ailleurs ce n'est pas pour rien que vous étiez plusieurs équipes à vouloir le réaliser la même année ! Rien à voir avec par exemple le premier aller-retour de l'Atlantique, comme je l'écrivais dans l'édito.
- le kite comme moyen de traction est ultra technique, très performant et en même temps sobre et naturel. Un peu comme les ailes de parapente de 2 kg qui permettent de traverser les Alpes en quelques jours, c'est une dimension du progrès technologique que je trouve personnellement magique, qui permet de concrétiser des rêves de gosse qui étaient encore complètement irréalisables il y a 20 ans.
- votre expé était particulièrement exigeante en termes d'économie de moyens, vous avez tout misé sur votre énergie personnelle plutôt que celle d'éventuels sponsors.

Mais voilà, trouver du sens ou non à une aventure est quelque chose d'éminemment personnel, je n'ai aucune réponse toute faite à cette question, et j'espère que ce n'est pas ça qui transparaît dans l'édito. Ce que je voulais faire passer sans le dire, entre autres, c'est que quand l'unique motivation d'un voyage est de flatter son propre ego, une aventure a peu de sens, pour les autres en tout cas.

17 mai 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
ln :

et pourquoi pas l'Everest en roller ? :grin

Le Kilimandjaro a déjà été fait en roller http://www.skatelog.com/countries/tz/mt-kilimanjaro.htm

11 juin 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Je ne partage pas exactement l'avis de Jean: "Il faut pouvoir ressentir une certaine empathie, même rêvée, avec les auteurs".
Là, je sors d'un festival du film d'aventures qui nous a présentés 6 films. Dans ceux qui m'ont touché, il y a des petites aventures toutes simples, réalisables par n'importe qui (donc par moi) voulant prendre un jour la même décision; et puis des "grandes" aventures qui ne seront jamais pour moi mais qui ont le mérite de me faire rêver, de vivre des choses par procuration. Je trouve que les deux se complètent: parfois de l'empathie, parfois de l'admiration. Et pour ma part, je trouve que CA a trouvé un bon équilibre entre les deux.

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