L'effet prix Nobel (CA69)
L’effet prix Nobel
Dans la vraie vie, les problèmes à résoudre sont généralement bien plus compliqués, multifactoriels. Ils n’ont bien souvent pas un résultat juste ou faux, notamment lorsqu’ils concernent des systèmes complexes, comme une société humaine face à une pandémie, des tensions géopolitiques majeures, une crise énergétique… Pour autant, nombre d’entre nous ont des avis tranchés et définitifs sur ce genre de questions, même des personnes qui ont une formation scientifique poussée et qui connaissent la subtilité de la construction d’un raisonnement argumenté. Le bon diplôme, ou mieux encore, une distinction pour son travail scientifique (un prix Nobel par exemple), estampillent une personne comme « élite », détentrice du « savoir » et de la « vision juste ». Ce statut social fait malheureusement tourner la tête, même bien remplie, de certains. Et pour ceux-là, le travail nécessaire pour produire un résultat ou un avis devient optionnel, présupposant qu’un cerveau « labellisé » ne peut produire que des résultats pertinents, même sans effort. L’autocritique s’envole parfois aussi haut que le titre reçu. L’égo (déjà difficile à gérer pour le commun des mortels), se retrouve dopé aux hormones, un vrai champion. La parole ne peut plus être mise en doute. Syndrome de l’infaillibilité. Heureusement, toutes les personnes « estampillées » ne se comportent pas comme cela, mais le phénomène est suffisamment visible pour l’évoquer. Et surtout, cette réflexion est sans doute utile pour nous tous. Conserver son sens de l’autocritique – savoir se remettre en question et accepter de le faire régulièrement – semble assez sain.
Notes
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