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L'effet prix Nobel (CA69)

par L'Extraterrestre dans Extraterrestre 30 déc. 2022 161 lecteurs Soyez le premier à commenter
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L’effet prix Nobel


Résoudre un problème de mathématiques ou de physique nécessite des connaissances, du savoir-faire et la maîtrise d’un ensemble de processus très fins. La maturation est lente, et même lorsque tout cela est acquis, maintenir le niveau exige du travail (seriez-vous encore capable de résoudre un problème de math du Bac ?). Pendant les études, on est confronté à la résolution de problèmes qui, s’ils semblent complexes et nous demandent un effort important, sont finalement relativement simples dans le sens où leur solution est connue. Il est ainsi facile de savoir si notre raisonnement est juste ou faux : notre raisonnement est donc évaluable. Et pour obtenir une évaluation positive, il nous faut produire un effort marqué.

Dans la vraie vie, les problèmes à résoudre sont généralement bien plus compliqués, multifactoriels. Ils n’ont bien souvent pas un résultat juste ou faux, notamment lorsqu’ils concernent des systèmes complexes, comme une société humaine face à une pandémie, des tensions géopolitiques majeures, une crise énergétique… Pour autant, nombre d’entre nous ont des avis tranchés et définitifs sur ce genre de questions, même des personnes qui ont une formation scientifique poussée et qui connaissent la subtilité de la construction d’un raisonnement argumenté. Le bon diplôme, ou mieux encore, une distinction pour son travail scientifique (un prix Nobel par exemple), estampillent une personne comme « élite », détentrice du « savoir » et de la « vision juste ». Ce statut social fait malheureusement tourner la tête, même bien remplie, de certains. Et pour ceux-là, le travail nécessaire pour produire un résultat ou un avis devient optionnel, présupposant qu’un cerveau « labellisé » ne peut produire que des résultats pertinents, même sans effort. L’autocritique s’envole parfois aussi haut que le titre reçu. L’égo (déjà difficile à gérer pour le commun des mortels), se retrouve dopé aux hormones, un vrai champion. La parole ne peut plus être mise en doute. Syndrome de l’infaillibilité.

Heureusement, toutes les personnes « estampillées » ne se comportent pas comme cela, mais le phénomène est suffisamment visible pour l’évoquer. Et surtout, cette réflexion est sans doute utile pour nous tous. Conserver son sens de l’autocritique – savoir se remettre en question et accepter de le faire régulièrement – semble assez sain.
Finalement, l’effet prix Nobel se rapproche de « l’effet Trump » ; l’estampille n’est alors pas scientifique mais financière, comme si être riche à millions permettait de produire des idées spontanément justes…
Diplôme, distinction, argent ou tout autre melon, gardons l'œil affûté envers nous-mêmes et nos jugements.

 

Notes
- Ce billet n’est évidemment pas du bashing anti scientifiques, au contraire. Il met simplement en garde contre l’éloignement des principes scientifiques.
- En appliquant un peu d’autocritique à ce texte, je dirais que tout cela semble assez évident, qu’il enfonce des portes ouvertes. Pour autant, on observe tellement ces phénomènes dans nos sociétés qu’il est à se demander si enfonceur de portes ouvertes ne serait pas un métier d’avenir…

 

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