Laisser entrer la lumière (CA70)
Laisser entrer la lumière
Petit, on s’émerveille de tout, chaque expérience de vie mobilise toute l’attention et déclenche des tempêtes d’émotions si puissantes qu’il faut apprendre à les gérer. Elles sont chacune comme une grande fenêtre par où entre une vive lumière qui illumine notre cœur d’enfant.
Avec le temps on multiplie ces expériences ; elles nous font grandir, nous apprennent le monde, nous passionnent. Puis leur multiplication finit par les rendre de plus en plus communes. En acquérant sens critique et finesse d’analyse, on se met à percevoir les schémas sous-jacents des choses, les trames grossières, voire les défauts. Ce qui nous faisait vibrer devient moins intéressant, s’affadit. Alors on tire progressivement des rideaux sur ces fenêtres ; et, à trop suivre son sens critique, on en vient même à croiser aussi les volets. Les rais de lumières se font moins nombreux et l’on s’assombrit, se ferme. On ne s’autorise plus ces émotions pures, puissantes et vibrantes, qui participaient pourtant grandement à ce qui fait l’intérêt de nos vies. Pourtant, acquérir des compétences, aiguiser son intelligence, cultiver de la finesse, permettent aussi d’ouvrir de nouvelles fenêtres, de percevoir ce qu’on ne pouvait deviner, de découvrir un monde toujours plus grand. Comment faire pour que notre esprit critique soit au service d’une telle ouverture plutôt que d’un mécanisme de fermeture qui semble inéluctable ?
Et si nous gardions un regard bienveillant sur ces expériences du passé, afin de laisser diffuser la lumière à travers un fin voilage plutôt que d’obscurs volets en chêne ? Au lieu de lui tourner le dos, accueillir cet enfant émerveillé en quête de découvertes que nous étions. Cultiver cet héritage en ouvrant de nouvelles fenêtres.
Les occasions et les sujets ne manquent pas ! Si l’on peut trouver difficile de continuer à s’émerveiller devant Casimir et L’île aux enfants, on peut ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’effet Casimir1, par exemple, si l’on s’intéresse à la physique. Raviver les lumières qui vacillaient et en allumer de nouvelles, garder les yeux qui pétillent et le cœur brillant.
Le voyage nature offre une source d’émerveillement sans limite. À travers la découverte de nouveaux endroits, mais aussi, l’inépuisable plaisir de la redécouverte de lieux connus, parce qu’ils ne perdent pas leur intérêt et qu’on peut les aborder sous des angles différents, pour mettre en lumière l’insoupçonné2.
Notes :
1. L’effet Casimir est une force attractive entre deux plaques parallèles conductrices et non chargées due aux fluctuations quantiques du vide (qui sont présentes dans toute théorie quantique des champs). L'effet Casimir est dû aux fluctuations du champ électromagnétique, décrit par la théorie de l'électrodynamique quantique. Source Wikipedia.
2. Voir l’Extraterrestre « Le Voyage fractal », et l’édito « Toujours plus ».