Croatie en kayak
Photos : Carnets d'Expé
Cet article tel qu'il est paru dans Carnets d'Expé n°4 est disponible en PDF (cliquez bouton droit et "enregistrez cible sous" pour le télécharger sur votre ordinateur).
Un archipel de 1 185 îles dont seulement 66 habitées, en Méditerranée, là, pas loin de chez nous, un climat agréable, un tourisme pas encore trop envahissant… Un paradis pour kayakistes. Récit et impressions d’un voyage au fil de l’eau dans cet archipel qui borde sur 500 km le littoral croate.
Le petit village de Plomin Luka, à l’est de la péninsule de l’Istrie, est choisi pour l’embarquement. Nous déchargeons les kayaks et sortons des voitures ce que nous devons emporter : un monticule d’affaires, de matériel et de nourriture ! Comment tout cela va-t-il rentrer ? Comme à chaque voyage kayak, nous nous posons la même question… et comme à chaque fois, à force de compactage, de tri et de persévérance, nous parvenons à tout insérer dans les compartiments étanches et au fond des cockpits (*). Quelques affaires potentiellement utiles en navigation trouvent leur place sur les ponts (gilets de sauvetage, bidons étanches d’appareil photo, barres de céréales, eau, masques et tubas…).
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Nos premiers coups de pagaie nous emmènent vers l’île de Cres. Après une heure de navigation, nous faisons une rencontre surprenante sous ces latitudes : un macareux (**) – égaré peut-être mais pas farouche pour autant – qui se laisse gentiment photographier ! Mis à part quelques orages nocturnes, la météo est clémente et nous permet de naviguer dans de bonnes conditions ; les côtes offrent de nombreux sites parfaits pour le bivouac… l’archipel croate nous accueille plutôt bien !
Les nuits sont très silencieuses et notre sommeil est réparateur. Ponctuellement, tout de même, quelques décibels parviennent à nos oreilles, vent, orage, va et vient des vagues, passage d’animaux… Dès l’apparition du soleil, alors que la faune nocturne s’est cachée depuis plusieurs heures, une autre – diurne – prend le relais de façon vigoureuse : les cigales… des centaines, des milliers de cigales chantent en cœur dans les nombreuses pinèdes de l’archipel. En mer, leur chant lointain vient parfois se mêler au clapotis rythmé des pagaies pour bercer agréablement notre navigation.
Cres est pleine de variété. Un jour, les cigales, le maquis et d’accueillantes pinèdes baignées de soleil offrent une ambiance méditerranéenne estivale. Le lendemain s’imposent de hautes falaises calcaires qui appellent à la varappe. Un autre jour – nuageux celui-ci –, c’est en montagne que l’on se croirait en longeant une vallée bordée de grands conifères ! Sans oublier l’habitat des vautours-fauves, protégés sur Cres, qui nous survolent ou nous observent depuis les pentes escarpées de ce côté de l’île.
En direction de l’île de Lošinj, le vent est portant. Sensation grisante de filer à toute vitesse ! Nous nous amusons à faire la course en beuglant des commentaires effrénés, version journaliste sportif commentant en direct l’arrivée d’une étape du Tour de France ! Sur Lošinj, nous faisons un arrêt ravitaillement au village de Mali Lošinj auquel nous trouvons, comme à quelques autres patelins colorés et fleuris de l’archipel, des airs de Saint-Tropez, la masse des touristes en moins. Nous sommes souvent étonnés de constater combien quelques jours de vie nomade dans la nature suffisent à nous déshabituer de la civilisation. Comme des gamins qui découvrent une nouveauté, nous contemplons avec amusement la profusion de nourriture dans une petite épicerie ou le luxe d’un lavabo avec savon et essuie-mains dans un café !
Continuant notre route vers le sud‑est, nous serpentons entre les nombreuses îles. Par endroits, il s’en dresse dans toutes les directions, on n’aperçoit alors plus la lointaine ligne d’horizon, on se croirait sur un lac ! Puis c’est la réserve des Kornati qui s’étend devant nous, un groupe d’îles, assez différentes de celles que nous avons vues avant ou que nous verrons après, mais assez semblables entre elles : rocailleuses et pauvres en végétation, recouvertes d’herbe jaunie qui leur donne des allures de dunes sahariennes. Nous nous perchons sur les sommets de deux de ces îles, le panorama est superbe ; c’est agréable, après des jours au ras de l’eau, de prendre un peu de hauteur pour quelques instants ! Les plaisanciers, pourtant très rares dans certaines belles zones de l’immense archipel, sont présents en plus grand nombre dans les Kornati, peut-être parce qu’il y a écrit “réserve naturelle” dans les guides touristiques… Même si nous trouvons l’endroit joli, notre préférence se porte sur le nord de l’archipel.
Lire l'encart apnées et balades aquatiques.
Nous terminons notre périple sur Hvar. Bordée de plusieurs petits îlots et de baies et plages accueillantes, cette île est relativement plus touristique que les autres. Plutôt que deux d’entre nous aillent chercher les voitures, garées au nord dans l’Istrie, en stop ou en bus, nous décidons d’essayer de remonter en ferry. La compagnie de ferry accepte-t-elle des kayaks en fret ? Seul le capitaine du navire peut prendre ce genre de décision, nous dit l’hôtesse du standard téléphonique. Nous tentons directement notre chance au guichet de vente des billets, 2 heures avant le départ de “notre” ferry. L’employé, après avoir compris de quoi il relevait en voyant la photo des kayaks sur le petit écran de l’appareil numérique, est amusé par le fait que nous venions du nord de la Croatie avec ces embarcations. Il nous en demande les dimensions approximatives afin de calculer le tarif qui dépend du volume. Il fait un calcul qu’il arrondit largement au chiffre inférieur avec un sourire. Nous payons une misère, merci monsieur ! Munis du précieux ticket, nous transportons les kayaks dans le ventre du navire, au milieu des voitures et des bus. Retour à la civilisation, le bivouac ce soir c’est sur la moquette du ferry…
Ont participé à ce voyage : Yves, Stéphane, Jean, Floriane, Sébastien, ainsi qu’Olivier et Johanna de Carnets d’Expé.
* Selon le volume du cockpit et la longueur des jambes de la personne, il reste plus ou moins de place au fond, derrière les pieds, pour mettre quelques affaires.
** Macareux : Oiseau vivant dans des pays du nord de l’Europe et de l’Amérique. Vers le sud, on en trouve en France dans les Côtes d’Armor.
J'envisage de faire un voyage similaire cet été avec un ami et voulait vous demander si premièrement il est nécessaire d'avoir déjà de l'expérience dans la rando kayak avant car nous n'en avons jamais fait, j'ai fait un peu de voile et du surf mais jamais du kayak. Est t'il nécessaire de savoir bien lire les cartes marines etc?
Ensuite, je voulais savoir si vous aviez loué vos kayak sur place ou avez vous enmenné les votrse?
Merci
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