À vélo le long de la Loire par le GR3
1200 km à vélo de Bas-en-Basset (Haute-Loire) à Larmor-Baden (Morbihan) en suivant le GR3.
Toutes les photos et d'autres carnets de routes sur mon blog Latitude 45°
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Guidebook created by pattes_de_poulet
on 11 Oct 2015
updated on 03 Nov 2015
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Eco travel
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Guidebook : Section 2 (updated : 11 Oct 2015)
Section distance :
253km
Height difference for this section :
+5560m /
-5636m
Section Alti min/max : 189m/298m
Report : Section 2 (updated : 11 Oct 2015)
Le Nivernais
Un bruit de moteur. Des portières qui claquent. Des voix. Je suis tiré de mon sommeil par deux pêcheurs qui mettent leur barque à l’eau. Ils sont vraiment matinaux car mon portable, programmé pour six heures, n’a pas encore sonné ! Vérification faite, il s’est éteint pendant la nuit… la batterie n’a pas supporté la fraîcheur nocturne. En fait, il est sept heures moins le quart. Je me lève et regarde les taquineurs de poissons, rejoints par un troisième comparse, prendre le large sur leur embarcation. Après une petite balade matinale à pied, je reprends mon chemin à vélo.
Un bruit de moteur. Des portières qui claquent. Des voix. Je suis tiré de mon sommeil par deux pêcheurs qui mettent leur barque à l’eau. Ils sont vraiment matinaux car mon portable, programmé pour six heures, n’a pas encore sonné ! Vérification faite, il s’est éteint pendant la nuit… la batterie n’a pas supporté la fraîcheur nocturne. En fait, il est sept heures moins le quart. Je me lève et regarde les taquineurs de poissons, rejoints par un troisième comparse, prendre le large sur leur embarcation. Après une petite balade matinale à pied, je reprends mon chemin à vélo.
Je m’arrête dans le petit village de Champvert pour prendre un café et faire le plein d’eau. Passée l’écluse, le chemin de halage longeant le canal du nivernais me conduit aux abords de Decize. Je bifurque alors par un sentier pour m’enfoncer en forêt. Au bord du chemin, des grumes de hêtres sont alignées en épis. Elles me font penser aux bolides des 24 heures du Mans attendant que leurs pilotes les enfourchent après avoir traversé la piste en courant lors du départ de la course.
Aïe ! Mon genou gauche commence à me faire mal. La douleur se situe au niveau du tendon externe. Ce début de tendinite m’inquiète un petit peu. J’essaie de mouliner au maximum afin de ne pas forcer sur l’articulation.
À l’approche de midi, je m’installe sur une plage de galets au niveau d’Imphy. Tandis que je prends mon repas, j’observe le caractère sauvage du fleuve. Des aigrettes blanches et des hérons pêchent, immobiles, tandis que des sternes se disputent leur repas. Je discute un moment avec un vttiste qui part faire une sortie avec ses amis. Ils se préparent pour un raid qui a lieu le week-end prochain. Puis, sous un chaud soleil, je pars pour Nevers en longeant le canal latéral à la Loire. Chemin de halage. Vitesse régulière de vingt-et-un kilomètres à l’heure. La préfecture de la Nièvre est à portée de guidon. Je fais un rapide tour de la cité mais je n’ai pas envie de m’y attarder. Je gagne donc le village de Pougues-les-Eaux situé à vingt bornes de là. Exténué, je décide que le lendemain sera une journée de repos.
Aïe ! Mon genou gauche commence à me faire mal. La douleur se situe au niveau du tendon externe. Ce début de tendinite m’inquiète un petit peu. J’essaie de mouliner au maximum afin de ne pas forcer sur l’articulation.
À l’approche de midi, je m’installe sur une plage de galets au niveau d’Imphy. Tandis que je prends mon repas, j’observe le caractère sauvage du fleuve. Des aigrettes blanches et des hérons pêchent, immobiles, tandis que des sternes se disputent leur repas. Je discute un moment avec un vttiste qui part faire une sortie avec ses amis. Ils se préparent pour un raid qui a lieu le week-end prochain. Puis, sous un chaud soleil, je pars pour Nevers en longeant le canal latéral à la Loire. Chemin de halage. Vitesse régulière de vingt-et-un kilomètres à l’heure. La préfecture de la Nièvre est à portée de guidon. Je fais un rapide tour de la cité mais je n’ai pas envie de m’y attarder. Je gagne donc le village de Pougues-les-Eaux situé à vingt bornes de là. Exténué, je décide que le lendemain sera une journée de repos.
Grasse matinée jusqu’à dix heures. La fatigue accumulée depuis le départ m’a empêché de bien dormir mais cette pause sera tout de même bénéfique pour mon organisme. Je prends enfin le temps d’inspecter à fond mon matelas et localise le trou dans lequel est fichée une minuscule épine. Problème : le tube de colle à réparer est durci. Le sort s’acharne sur moi ! Je pourrais coller une rustine provisoire mais je préfère dénicher un magasin vendant de la colle pour que la réparation soit plus solide. J’attendrai donc deux nuits supplémentaires au maximum.
À midi, repas en terrasse : pizza, rosé et bière artisanale locale. Je fais quelques courses et vais me détendre à la piscine avant de faire une lessive. À l’office de tourisme, je demande à la jeune – mais pas très souriante – hôtesse où se situe le magasin de matériel de camping le plus proche. Elle me répond qu’il doit sûrement y en avoir un à Nevers – d’où je viens. Quand je lui demande s’il y en a un à Cosne-sur-Loire – où je serai demain – sa moue et ses balbutiements me confirment son ignorance. C’est le deuxième office de tourisme, après celui de Lapalisse, dans lequel la personne ne peut me répondre de façon précise. Ces structures à vocation touristique semblent être devenues des officines ne vendant que des babioles et de l’image. Pour les informations des plus utiles aux visiteurs de passage, le service public a perdu de sa superbe. À l’ère d’internet, un renseignement est pourtant vite trouvé et ces agents devraient s’inspirer du jeune barman de Lapalisse qui a répondu à toutes mes questions avec sourire et empressement tout en me servant un demi !
Voilà cinq jours que je roule. Et depuis deux jours, une question me trotte dans la tête. Pourquoi est-ce que je pédale ? La réponse comporte trois volets : le voyage, le dépassement physique de soi et le bien-être mental, enfin la quête de la sobriété heureuse.
L’idée de ce voyage le long de la Loire est venue naturellement il y a trois ans. En effet, en 2012, j’ai rallié à vélo et en solo les sources de la Loire, au Gerbier, depuis mon domicile. Une fois devant l’écriteau surplombant le mince filet d’eau de la source cadastrale, j’y ai lu « Ici commence ma course vers l’océan ». Je me suis alors dit qu’après avoir voyagé à contre-courant, je devais à mon tour me laisser porter par le cours d’eau jusqu’à son embouchure. Et me voilà pédalant sur les berges du dernier fleuve sauvage d’Europe.
Au cours d’un voyage, j’aime traverser des paysages sauvages. Je prends du plaisir à observer la diversité qu’ils offrent : les forêts, les plaines, les collines, les prairies, les rivières, les montagnes. Je suis à l’affût des sons et des bruits composant le silence de la nature. J’aime être surpris, au détour d’un chemin, par l’envol d’un rapace qui plane en rase-mottes à mes côtés pendant quelques instants. Je suis curieux de découvrir une plante que je ne connais pas. Je prends le temps d’observer chaque chose. J’ai alors l’impression de faire partie intégrante de la pièce du théâtre terrestre qui se joue sous mes yeux. Les voyages, surtout en solo, permettent aussi de faire des rencontres. Certaines se résument à un simple bonjour tandis que d’autres sont des mini-récits de tranches de vies. Il y a des gens qui aiment se raconter et raconter leur environnement au voyageur. Le temps d’un échange, on découvre leurs passions, leurs espoirs mais aussi parfois, leurs angoisses sur le monde et la vie. Beaucoup sont prompts à nous renseigner et à nous offrir un abri, de l’eau voire un repas.
Pédaler est une sorte de défi physique. Mais pas un défi au sens de record et de performance mais plutôt au sens de dépassement de soi. Je ressens le besoin de me prouver que je peux rouler plus d’un millier de kilomètres, seul et en autonomie. J’aime me rapprocher de mes limites physiques. « (Je) ne peu(x) pas mourir sans avoir tout donné, sans cesser de pleurer à cause de la douleur et des blessures, (je) ne peu(x) pas abandonner (…) Il faut lutter, souffrir et mourir. » (manifeste du sky-runner). Mais je garde toujours à l’esprit la notion de plaisir en restant à l’écoute de mon corps. Aujourd’hui, je pédale également en quête d’un bien-être mental. Je suis curieux des questions de développement personnel. De plus, surpris et déçu par la conception qu’ont des personnes de mon entourage des relations humaines, je me pose des questions. Mais les réponses ne viendront que de ces personnes-là. En attendant, seul sur mon vélo, je prends du recul en chassant ces pensées et en me concentrant sur mon « moi » intérieur. En quelque sorte, je médite à bicyclette… et cela s’acquiert au fil des kilomètres. Il me faut faire plus d’effort mental que physique !
Enfin, je trouve que les voyages en autonomie font prendre conscience que l’on peut vivre sobrement. Partir deux semaines en bivouaquant avec seulement dix kilos de bagages et de vivres est une expérience enrichissante. On se rend alors compte que le minimum est largement suffisant pour vivre tout en prenant du plaisir à découvrir, apprendre et partager. La sobriété est un mode de vie qui rapproche de l’essentiel et bannit le superflu imposé par la société de consommation. S’abriter, se nourrir et vivre intensément le moment présent sont les seuls ingrédients d’une telle aventure.
Pour moi, voyager, c’est échapper au monde avant que le monde ne m’échappe.
À midi, repas en terrasse : pizza, rosé et bière artisanale locale. Je fais quelques courses et vais me détendre à la piscine avant de faire une lessive. À l’office de tourisme, je demande à la jeune – mais pas très souriante – hôtesse où se situe le magasin de matériel de camping le plus proche. Elle me répond qu’il doit sûrement y en avoir un à Nevers – d’où je viens. Quand je lui demande s’il y en a un à Cosne-sur-Loire – où je serai demain – sa moue et ses balbutiements me confirment son ignorance. C’est le deuxième office de tourisme, après celui de Lapalisse, dans lequel la personne ne peut me répondre de façon précise. Ces structures à vocation touristique semblent être devenues des officines ne vendant que des babioles et de l’image. Pour les informations des plus utiles aux visiteurs de passage, le service public a perdu de sa superbe. À l’ère d’internet, un renseignement est pourtant vite trouvé et ces agents devraient s’inspirer du jeune barman de Lapalisse qui a répondu à toutes mes questions avec sourire et empressement tout en me servant un demi !
Voilà cinq jours que je roule. Et depuis deux jours, une question me trotte dans la tête. Pourquoi est-ce que je pédale ? La réponse comporte trois volets : le voyage, le dépassement physique de soi et le bien-être mental, enfin la quête de la sobriété heureuse.
L’idée de ce voyage le long de la Loire est venue naturellement il y a trois ans. En effet, en 2012, j’ai rallié à vélo et en solo les sources de la Loire, au Gerbier, depuis mon domicile. Une fois devant l’écriteau surplombant le mince filet d’eau de la source cadastrale, j’y ai lu « Ici commence ma course vers l’océan ». Je me suis alors dit qu’après avoir voyagé à contre-courant, je devais à mon tour me laisser porter par le cours d’eau jusqu’à son embouchure. Et me voilà pédalant sur les berges du dernier fleuve sauvage d’Europe.
Au cours d’un voyage, j’aime traverser des paysages sauvages. Je prends du plaisir à observer la diversité qu’ils offrent : les forêts, les plaines, les collines, les prairies, les rivières, les montagnes. Je suis à l’affût des sons et des bruits composant le silence de la nature. J’aime être surpris, au détour d’un chemin, par l’envol d’un rapace qui plane en rase-mottes à mes côtés pendant quelques instants. Je suis curieux de découvrir une plante que je ne connais pas. Je prends le temps d’observer chaque chose. J’ai alors l’impression de faire partie intégrante de la pièce du théâtre terrestre qui se joue sous mes yeux. Les voyages, surtout en solo, permettent aussi de faire des rencontres. Certaines se résument à un simple bonjour tandis que d’autres sont des mini-récits de tranches de vies. Il y a des gens qui aiment se raconter et raconter leur environnement au voyageur. Le temps d’un échange, on découvre leurs passions, leurs espoirs mais aussi parfois, leurs angoisses sur le monde et la vie. Beaucoup sont prompts à nous renseigner et à nous offrir un abri, de l’eau voire un repas.
Pédaler est une sorte de défi physique. Mais pas un défi au sens de record et de performance mais plutôt au sens de dépassement de soi. Je ressens le besoin de me prouver que je peux rouler plus d’un millier de kilomètres, seul et en autonomie. J’aime me rapprocher de mes limites physiques. « (Je) ne peu(x) pas mourir sans avoir tout donné, sans cesser de pleurer à cause de la douleur et des blessures, (je) ne peu(x) pas abandonner (…) Il faut lutter, souffrir et mourir. » (manifeste du sky-runner). Mais je garde toujours à l’esprit la notion de plaisir en restant à l’écoute de mon corps. Aujourd’hui, je pédale également en quête d’un bien-être mental. Je suis curieux des questions de développement personnel. De plus, surpris et déçu par la conception qu’ont des personnes de mon entourage des relations humaines, je me pose des questions. Mais les réponses ne viendront que de ces personnes-là. En attendant, seul sur mon vélo, je prends du recul en chassant ces pensées et en me concentrant sur mon « moi » intérieur. En quelque sorte, je médite à bicyclette… et cela s’acquiert au fil des kilomètres. Il me faut faire plus d’effort mental que physique !
Enfin, je trouve que les voyages en autonomie font prendre conscience que l’on peut vivre sobrement. Partir deux semaines en bivouaquant avec seulement dix kilos de bagages et de vivres est une expérience enrichissante. On se rend alors compte que le minimum est largement suffisant pour vivre tout en prenant du plaisir à découvrir, apprendre et partager. La sobriété est un mode de vie qui rapproche de l’essentiel et bannit le superflu imposé par la société de consommation. S’abriter, se nourrir et vivre intensément le moment présent sont les seuls ingrédients d’une telle aventure.
Pour moi, voyager, c’est échapper au monde avant que le monde ne m’échappe.
Nouvelle journée de vélo. Le ciel est très nuageux. Il fait lourd. Dès les premiers tours de pédales, la douleur à mon genou se réveille. La journée risque d’être longue… Au début, pour soulager mon tendon, je longe le GR par une petite route. Mais l’appel des chemins est trop fort et je bifurque en forêt. Après une vingtaine de bornes, ma trace GPS s’éloigne considérablement du balisage. Un choix cornélien s’offre à moi : balisage ou GPS ? Je suis mon instinct qui me dit de laisser tomber la technologie au profit du marquage sur le terrain. Plus tard, le doute s’installe à nouveau car je pars plein ouest alors que la trace GPS est loin à l’est. Je fais un petit détour par le village de Champvoux et tombe sur le maire. Aidé de sa secrétaire, il déballe ses cartons à archives à la recherche d’une carte des sentiers de la région. Ils retrouvent ainsi un plan indiquant que le tracé du GR3 a été modifié et qu’une partie est commune au GR654 qui longe la Loire. Cela me confirme donc que je suis dans la bonne direction. Ouf ! Je remercie chaleureusement ces deux personnes et repars aussitôt. Et c’est ainsi que j’arrive à La Charité-sur-Loire, très belle ville aux rues pavées que je reviendrai sûrement visiter quand j’en aurai l’occasion. En plus, par sa disponibilité et sa gentillesse, le personnel de l’office de tourisme me réconcilie avec ces organismes. Pause-déjeuner à Pouilly-sur-Loire, face au fleuve. Malheureusement, le repas n’est pas agrémenté du fameux vin local. Si j’achète une bouteille, je serai obligé de la boire entièrement sur place pour ne pas avoir à la transporter. Et dans ce cas-là, je ne pourrai repartir que le lendemain, avec une armée de petits soldats martelant ma tête. Tant pis. Je remonte en selle et emprunte la voie romaine qui mène aux vignobles dans lesquels je m’égare plusieurs fois. Je prends de la hauteur. La vue est magnifique.
En fin de journée, je pénètre dans Cosne-sur-Loire où l’hôtesse de l’office de tourisme m’indique deux magasins de sport à trois kilomètres du centre. Je vais au premier pour acheter de la colle pour réparer mon matelas. La patronne est gracieuse comme une porte de prison et affirme que cela ne se répare pas ! Je cherche la deuxième enseigne mais ne la trouve pas. Je retourne en centre-ville et entre dans un commerce d’articles de pêche. Un client m’apprend que ledit magasin est en contre-bas du premier, au fond de la zone commerciale. Allez hop, j’y retourne et déniche enfin un tube de colle ! Résultat de mes allers-retours : douze kilomètres de plus au compteur qui en affiche quatre-vingt-dix quand je me pose finalement au camping. Et pour couronner le tout, la colle n’est pas de bonne qualité et ne tient pas. Je pose donc une rustine provisoire qui, je l’espère, tiendra quelques nuits.