Eté 2022 : Seatrekking à Ouessant (BZH)
Nage en eau libre itinérante sur 3 jours autour de l'île d'Ouessant
(30 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
(30 min de lecture)
La nage en eau libre et l’apnée de compétition sont des sports. Le seatrekking est leur incarnation et leur fusion spirituelle qui procure une expérience immersive dans l’écosystème marin et qui nous amène à reconsidérer l’échelle du temps et des éléments.
"L'océan est notre campement.
Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents et les courants"
(A. Damasio)
tekking/hiking
apnea
aquatic hiking
swimming
/
Length : 3 days
Total distance :
31.6km
Height difference :
+154m /
-203m
Alti min/max : -78m/54m
Guidebook created by Sov Strochnis
on 08 Sep 2022
updated on 30 Mar 2023
updated on 30 Mar 2023
1440 reader(s)
-
Global view
Guidebook : Jour 3 (updated : 30 Mar 2023)
Section distance :
7.9km
Height difference for this section :
+50m /
-47m
Section Alti min/max : 0m/54m
Description :
Troisième jour du seatrek : Yuzin --> Chaussée de Keller --> Cale de Kalrgrac'h --> Baie de Beninou --> Phare/Port du Stiff
Conditions météorologiques (résumé) : Ensoleillé + bonne brise (28 km/h) matin et après-midi + légère houle + courants
Vent : Nord-Est, 15 nœuds, force force 5 sur l'échelle de beaufort
Houle : Nord-Ouest, période 8s et hauteur 0,7m
Température de l'air : 20°C
Température de l'eau : 14°C
Marées : basses-eaux, coefficient 56 / 63
Conditions météorologiques (résumé) : Ensoleillé + bonne brise (28 km/h) matin et après-midi + légère houle + courants
Vent : Nord-Est, 15 nœuds, force force 5 sur l'échelle de beaufort
Houle : Nord-Ouest, période 8s et hauteur 0,7m
Température de l'air : 20°C
Température de l'eau : 14°C
Marées : basses-eaux, coefficient 56 / 63
Crossed environment :
Environment : [île, côte, falaise, mer, grotte, rivière]
Biotope : [marin, minéral]
Report : Jour 3 (updated : 30 Mar 2023)
08h00 : La métamorphose
Au matin du troisième jour, nous sommes humides au point que le lichen hésite à coloniser notre peau. Quelques courbatures se font sentir et un état de bien-être profond nous envahit. Le petit déjeuner est absorbé dans le calme et la bonne humeur.
Tels des somnambules guidés par le vent, nous nous mettons en route vers notre endroit de mise à l'eau : la cale de Yuzin, où deux dames prennent déjà leur bain matinal.
Au matin du troisième jour, nous sommes humides au point que le lichen hésite à coloniser notre peau. Quelques courbatures se font sentir et un état de bien-être profond nous envahit. Le petit déjeuner est absorbé dans le calme et la bonne humeur.
Tels des somnambules guidés par le vent, nous nous mettons en route vers notre endroit de mise à l'eau : la cale de Yuzin, où deux dames prennent déjà leur bain matinal.
L'eau est fraîche, peu de paroles sont échangées.
Cela fait maintenant quarante-huit heures que nous avons quitté nos familles, nos travails et les scènes de la vie quotidienne. Cette immersion prolongée, ces bruits, ces couleurs raniment en nous des sens mis en hibernation par la modernité de nos modes de vie.
Nous sommes vêtus de noir, de la tête – masquée où notre tuba se dresse comme un fin roseau – aux pieds, largement palmés. Seul le son de nos voix nous distingue des cormorans. Nos sacs sont parfaitement équilibrés et prêts à faire du rodéo sur la crête des vagues.
Cela fait maintenant quarante-huit heures que nous avons quitté nos familles, nos travails et les scènes de la vie quotidienne. Cette immersion prolongée, ces bruits, ces couleurs raniment en nous des sens mis en hibernation par la modernité de nos modes de vie.
Nous sommes vêtus de noir, de la tête – masquée où notre tuba se dresse comme un fin roseau – aux pieds, largement palmés. Seul le son de nos voix nous distingue des cormorans. Nos sacs sont parfaitement équilibrés et prêts à faire du rodéo sur la crête des vagues.
Nous nous sommes tant de fois immergés dans ces alternances terre mer amphibies, que nous en sommes devenus océaniques, mélange d’iode et de quartz. Ce n'est pas la chenille qui devient papillon mais l'homme qui redevient poisson.
À la croisée des vagues nous avançons d'un crawl puissant, nous laissant porter de temps à autre comme des flotteurs de filet à la dérive.
Un bouillonnement d’écume nait du battement de nos pieds et nous n’avons de crainte ni dans notre corps, ni dans notre esprit.
En l'espace d'une journée dans l'eau, la petite chrysalide anthropique que nous étions au réveil a commencé sa mue vers une autre forme de vie, un autre état sensoriel, qui nous porte vers la prochaine étape du parcours.
À la croisée des vagues nous avançons d'un crawl puissant, nous laissant porter de temps à autre comme des flotteurs de filet à la dérive.
Un bouillonnement d’écume nait du battement de nos pieds et nous n’avons de crainte ni dans notre corps, ni dans notre esprit.
En l'espace d'une journée dans l'eau, la petite chrysalide anthropique que nous étions au réveil a commencé sa mue vers une autre forme de vie, un autre état sensoriel, qui nous porte vers la prochaine étape du parcours.
10h00 : Le labyrinthe
Dans le prolongement de la cale de Yuzin, nous nous engageons dans un dédale de failles et de roches communiquant les unes avec les autres. Le ciel est gris et l'eau froide clapote sur nos cagoules. La fatigue de jours passés commence à se faire ressentir mais le plaisir reste intact.
Les binômes sont changés afin de ne pas toujours nager avec les mêmes coéquipiers et deux groupes de nage sont constitués.
Comme en montagne, le groupe de tête a la charge de trouver la meilleure trace possible pour ceux qui suivent derrière.
Activité ô combien ludique, nous naviguons entre des couloirs granitiques qui débouchent sur des espaces vierges de toute présence humaine.
Chaque mètre parcouru nous rapproche du deuxième point de vigilance du trek : le chenal de l'île de Keller* et les forts courants circulant entre cette dernière et l'île d'Ouessant.
* Keller : petite île difficilement accessible située au nord d'Ouessant. Longtemps propriété de l'Etat, elle a été vendue au début du siècle dernier et la bergerie déjà présente a été transformée en petit manoir de style écossais. Keller est notamment connue des ornithologues qui y ont repéré des huitriers-pies, des tournepierres à collier et des cormorans huppés.
Dans le prolongement de la cale de Yuzin, nous nous engageons dans un dédale de failles et de roches communiquant les unes avec les autres. Le ciel est gris et l'eau froide clapote sur nos cagoules. La fatigue de jours passés commence à se faire ressentir mais le plaisir reste intact.
Les binômes sont changés afin de ne pas toujours nager avec les mêmes coéquipiers et deux groupes de nage sont constitués.
Comme en montagne, le groupe de tête a la charge de trouver la meilleure trace possible pour ceux qui suivent derrière.
Activité ô combien ludique, nous naviguons entre des couloirs granitiques qui débouchent sur des espaces vierges de toute présence humaine.
Chaque mètre parcouru nous rapproche du deuxième point de vigilance du trek : le chenal de l'île de Keller* et les forts courants circulant entre cette dernière et l'île d'Ouessant.
* Keller : petite île difficilement accessible située au nord d'Ouessant. Longtemps propriété de l'Etat, elle a été vendue au début du siècle dernier et la bergerie déjà présente a été transformée en petit manoir de style écossais. Keller est notamment connue des ornithologues qui y ont repéré des huitriers-pies, des tournepierres à collier et des cormorans huppés.
10h30 : Les larmes d'Aphrodite
Une fois le dédale de rochers passés, nous tombons nez à nez sur un bloom* planctonique constitué de noix de mer (mnemiopsis leidyi) et de groseilles de mer (pleurobrachia pileus). A la différence des méduses, elles ne possèdent pas de cellules urticantes et sont donc sans danger pour la baignade. Il y en a des centaines, des milliers. Impossible de les compter. Jamais je n'en ai vu autant. Le tuba m'en tombe de la bouche et une vague d'émotion s'empare de moi devant la beauté et la fragilité de ces petits êtres d'à peine plus de 7-8 cm de long qui dansent devant la vitre de mon masque.
Déjà présents dans l'eau aux premiers balbutiements de la vie sur Terre, huit rangées de peignes constitués de milliers de cils propulsent l'animal. La lumière s’y réfracte en vagues de lumière iridescentes aux couleurs de l'arc-en-ciel. Le spectacle est tout simplement hypnotique. Sommes-nous toujours sur Terre ? Je prends conscience une fraction de secondes du poids des temps géologiques nous ayant précédé et de la présence inaltérable de ces petits êtres dans nos océans au travers des âges.
* Bloom : augmentation relativement rapide de la concentration d'une (ou de quelques) espèce(s) de phytoplancton dans un système aquatique
Une fois le dédale de rochers passés, nous tombons nez à nez sur un bloom* planctonique constitué de noix de mer (mnemiopsis leidyi) et de groseilles de mer (pleurobrachia pileus). A la différence des méduses, elles ne possèdent pas de cellules urticantes et sont donc sans danger pour la baignade. Il y en a des centaines, des milliers. Impossible de les compter. Jamais je n'en ai vu autant. Le tuba m'en tombe de la bouche et une vague d'émotion s'empare de moi devant la beauté et la fragilité de ces petits êtres d'à peine plus de 7-8 cm de long qui dansent devant la vitre de mon masque.
Déjà présents dans l'eau aux premiers balbutiements de la vie sur Terre, huit rangées de peignes constitués de milliers de cils propulsent l'animal. La lumière s’y réfracte en vagues de lumière iridescentes aux couleurs de l'arc-en-ciel. Le spectacle est tout simplement hypnotique. Sommes-nous toujours sur Terre ? Je prends conscience une fraction de secondes du poids des temps géologiques nous ayant précédé et de la présence inaltérable de ces petits êtres dans nos océans au travers des âges.
* Bloom : augmentation relativement rapide de la concentration d'une (ou de quelques) espèce(s) de phytoplancton dans un système aquatique
11h00 : Le chenal de Keller
L'émerveillement de l'instant passé avec les cténophores laisse place à la concentration. Nous sommes à quelques dizaines de mètres du début de la zone d'étranglement du chenal de Keller (le détroit entre les deux îles).
Mon frère et moi décidons de débarquer sur un rocher afin de l'escalader et d'appréhender au mieux le passage dans la zone.
Ceux restés dans l'eau ne se doutent de rien mais à quelques encablures de leurs palmes déroule une véritable rivière marine ! L''absence de tourbillon et le fait que le flux soit laminaire écarte tout risque de danger imprévisible. Un bref regard entre nous deux dévoile des sourires de gamins sur le coin de nos lèvres. Ça va être énorme !
On redescend du caillou afin de partager nos observations avec les autres puis chacun se met en route vers le passage.
L'émerveillement de l'instant passé avec les cténophores laisse place à la concentration. Nous sommes à quelques dizaines de mètres du début de la zone d'étranglement du chenal de Keller (le détroit entre les deux îles).
Mon frère et moi décidons de débarquer sur un rocher afin de l'escalader et d'appréhender au mieux le passage dans la zone.
Ceux restés dans l'eau ne se doutent de rien mais à quelques encablures de leurs palmes déroule une véritable rivière marine ! L''absence de tourbillon et le fait que le flux soit laminaire écarte tout risque de danger imprévisible. Un bref regard entre nous deux dévoile des sourires de gamins sur le coin de nos lèvres. Ça va être énorme !
On redescend du caillou afin de partager nos observations avec les autres puis chacun se met en route vers le passage.
Ca y est nous y sommes. A mesure que nous approchons de la pointe, nous apercevons les algues au fond de l'eau s'incliner de plus en plus à l'horizontale dans le sens de la nage. Notre vitesse augmente progressivement et nos mouvements de bras ralentissent.
Nous réalisons des apnées répétées afin de profiter au mieux du flux portant. Le moment est magique. Plus besoin d'effort pour avancer.
Nos corps sont des vaisseaux spatiaux que nos mains sous l'eau pilotent à la manière d'un gouvernail.
Nos corps sont des vaisseaux spatiaux que nos mains sous l'eau pilotent à la manière d'un gouvernail.
Une fois de retour à la surface, l’alliance du flot et de nos muscles nous fait glisser de haut en bas sur le dos des vagues générées par le phénomène de vent contre courant. C'est une force géante, dynamique et bienveillante qui nous pousse en avant.
12h00 : La cale de Calgrac'h
La séance de surf subaquatique* terminée, la cale de Kalgrac’h apparaît enfin. Signifiant « cale des veilles femmes » (au sens sorcières) en breton, elle se situe dans une petite anse abritée de vents dominants d’ouest. J’en profite pour me détendre les muscles de la nage passée et décide de descendre le long d’une chaine épaisse qui relie ces bouées éparses à leur corps-mort lesté au fond.
Les maillons entourés d’un agglomérat algueux et rongés par l’oxydation déposent une empreinte de rouille gluante sur mes mains. Le tintement des chaînes qui se déploient et se rétractent avec les vagues résonne comme le pouls de la mer.
A quelques brasses de nous, repose au fond de l'eau l'épave d'un cargo grec : le Mykonos.
Coulé en 1935, les béliers blancs à son bord auraient contribué à métisser la race ouessantine des moutons noirs mais ce fait n’est ni clairement daté, ni démontré.
* discipline naissante
12h00 : La cale de Calgrac'h
La séance de surf subaquatique* terminée, la cale de Kalgrac’h apparaît enfin. Signifiant « cale des veilles femmes » (au sens sorcières) en breton, elle se situe dans une petite anse abritée de vents dominants d’ouest. J’en profite pour me détendre les muscles de la nage passée et décide de descendre le long d’une chaine épaisse qui relie ces bouées éparses à leur corps-mort lesté au fond.
Les maillons entourés d’un agglomérat algueux et rongés par l’oxydation déposent une empreinte de rouille gluante sur mes mains. Le tintement des chaînes qui se déploient et se rétractent avec les vagues résonne comme le pouls de la mer.
A quelques brasses de nous, repose au fond de l'eau l'épave d'un cargo grec : le Mykonos.
Coulé en 1935, les béliers blancs à son bord auraient contribué à métisser la race ouessantine des moutons noirs mais ce fait n’est ni clairement daté, ni démontré.
* discipline naissante
13h30 : La baie de Béninou (signifiant « Découpures » en breton)
Nous sommes étendus au soleil, la tête calé sur le haut de nos sacs dégonflés. C’est l’heure exquise. Nous respirons le parfum chaud et poivré de la lande qui fait renaitre en nous les forces et les espoirs érodés par le froid et les efforts de la matinée.
Notre pause du midi terminée, la horde se scinde en deux : un groupe de marche et un autre de nage. Certains d'entre nous souffrent de brûlures au cou et aux aisselles à cause des frottements de la combinaison sur la peau et préfèrent continuer à pied. D'autres souhaitent profiter tout simplement d'une belle randonnée à terre et faire des photos. Thomas, Olivier et moi décidons de repartir à l'eau afin de découvrir ce que la baie de Béninou a dans le ventre.
Nous entamons la traversée dans la baie par un trait de côte haché menu par l’assaut répété des vagues de la mer d’Iroise.
Le clapot créé par le vent de nord-est qui s'engouffre depuis la pointe de Kadoran rend la nage usante et technique au démarrage. Le dos des mains tape sur la crête des vagues et nos corps se désynchronisent comme si nous avions perdu nos repères. C'est un peu désagréable au début mais le cerveau s'adapte très vite et donne les consignes du mouvement parfait au reste du corps. Nous allongeons les bras et poussons comme des marmules sur nos paumes inclinées sous l'eau tout en essayent de réguler le rythme cardiaque et la fréquence pulmonaire. Un peu de cardio n'a jamais fait de mal à personne.
Nous sommes étendus au soleil, la tête calé sur le haut de nos sacs dégonflés. C’est l’heure exquise. Nous respirons le parfum chaud et poivré de la lande qui fait renaitre en nous les forces et les espoirs érodés par le froid et les efforts de la matinée.
Notre pause du midi terminée, la horde se scinde en deux : un groupe de marche et un autre de nage. Certains d'entre nous souffrent de brûlures au cou et aux aisselles à cause des frottements de la combinaison sur la peau et préfèrent continuer à pied. D'autres souhaitent profiter tout simplement d'une belle randonnée à terre et faire des photos. Thomas, Olivier et moi décidons de repartir à l'eau afin de découvrir ce que la baie de Béninou a dans le ventre.
Nous entamons la traversée dans la baie par un trait de côte haché menu par l’assaut répété des vagues de la mer d’Iroise.
Le clapot créé par le vent de nord-est qui s'engouffre depuis la pointe de Kadoran rend la nage usante et technique au démarrage. Le dos des mains tape sur la crête des vagues et nos corps se désynchronisent comme si nous avions perdu nos repères. C'est un peu désagréable au début mais le cerveau s'adapte très vite et donne les consignes du mouvement parfait au reste du corps. Nous allongeons les bras et poussons comme des marmules sur nos paumes inclinées sous l'eau tout en essayent de réguler le rythme cardiaque et la fréquence pulmonaire. Un peu de cardio n'a jamais fait de mal à personne.
15h00 : L’antre de Polyphème
Au détour d'une pointe nous découvrons l'entrée d'une grotte qui attise notre curiosité. Polyphème* n’a qu’à bien se tenir.
La houle quasi nulle et le faible ressac font que nous n'avons pas besoin de compter les séries de vagues** ni de choisir le moment le plus opportun avant de s'engager dans le boyau.
Nous replions les drapeaux sur le haut des sacs afin de pouvoir avancer le plus amont possible sans toucher le plafond de la grotte. Les quelques rayons du soleil qui parviennent à atteindre le fond, éclairent la mer par le dessous pour lui donner une couleur vert émeraude.
Nous avançons mètres après mètres par de petits coups de palme et sans bruit. L'obscurité prend progressivement le dessus. L'eau est noire. Le plafond est noir. Tout est noir. Comment distinguer le haut du bas dans cette pénombre ? Nos pupilles dilatées, les yeux écarquillés, nous tentons de déceler la moindre source lumineuse afin d'avancer encore plus loin et découvrir ce qu'il se cache au fond.
L'écho des vaguelettes sur les parois se répercute dans toutes les directions pour venir résonner à nos tempes. Nous enlevons nos masques, fermons les paupières et laissons les lourdes gouttes glacées du plafond tomber sur nos visages. Le temps s'est arrêté, comme figé.
Le boyau s'avère finalement bien plus long que nous le pensons. En l'absence de lampe, nous rebroussons chemin et retrouvons la lumière du jour.
------------------------------------------------------------
* Polyphème : Cyclope anthropophage, fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa. Il habite une caverne près de l‘Etna. Ulysse, qu'il avait gardé prisonnier et dont il avait dévoré six compagnons, creva son œil unique.
** Compter les séries de vagues : Malgré le chaos apparent de la mer, les vagues obéissent à un cycle de vie identifiable avec l’expérience et qui n'a rien à voir avec la croyance populaire de la septième vague. La puissance d’une vague augmente bien souvent avec sa fréquence. A titre d’exemple, pour une houle de 10 à 14 s de période, les séries de vagues arrivent en moyenne toutes les 4 à 8 min (c’est la fréquence). Et jusqu’à 20-25 minutes pour les houles ayant une fréquence supérieure à 14 s (voire 1h pour les houles de 20s et plus). Nombre de vagues par séries : 4-5 vagues aux séries pour les houles de 10 à 14 secondes, pouvant aller jusqu’à 6-7-8 vagues pour les houles les plus longues.
Au détour d'une pointe nous découvrons l'entrée d'une grotte qui attise notre curiosité. Polyphème* n’a qu’à bien se tenir.
La houle quasi nulle et le faible ressac font que nous n'avons pas besoin de compter les séries de vagues** ni de choisir le moment le plus opportun avant de s'engager dans le boyau.
Nous replions les drapeaux sur le haut des sacs afin de pouvoir avancer le plus amont possible sans toucher le plafond de la grotte. Les quelques rayons du soleil qui parviennent à atteindre le fond, éclairent la mer par le dessous pour lui donner une couleur vert émeraude.
Nous avançons mètres après mètres par de petits coups de palme et sans bruit. L'obscurité prend progressivement le dessus. L'eau est noire. Le plafond est noir. Tout est noir. Comment distinguer le haut du bas dans cette pénombre ? Nos pupilles dilatées, les yeux écarquillés, nous tentons de déceler la moindre source lumineuse afin d'avancer encore plus loin et découvrir ce qu'il se cache au fond.
L'écho des vaguelettes sur les parois se répercute dans toutes les directions pour venir résonner à nos tempes. Nous enlevons nos masques, fermons les paupières et laissons les lourdes gouttes glacées du plafond tomber sur nos visages. Le temps s'est arrêté, comme figé.
Le boyau s'avère finalement bien plus long que nous le pensons. En l'absence de lampe, nous rebroussons chemin et retrouvons la lumière du jour.
------------------------------------------------------------
* Polyphème : Cyclope anthropophage, fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa. Il habite une caverne près de l‘Etna. Ulysse, qu'il avait gardé prisonnier et dont il avait dévoré six compagnons, creva son œil unique.
** Compter les séries de vagues : Malgré le chaos apparent de la mer, les vagues obéissent à un cycle de vie identifiable avec l’expérience et qui n'a rien à voir avec la croyance populaire de la septième vague. La puissance d’une vague augmente bien souvent avec sa fréquence. A titre d’exemple, pour une houle de 10 à 14 s de période, les séries de vagues arrivent en moyenne toutes les 4 à 8 min (c’est la fréquence). Et jusqu’à 20-25 minutes pour les houles ayant une fréquence supérieure à 14 s (voire 1h pour les houles de 20s et plus). Nombre de vagues par séries : 4-5 vagues aux séries pour les houles de 10 à 14 secondes, pouvant aller jusqu’à 6-7-8 vagues pour les houles les plus longues.
A mesure que nous ressortons de la grotte, des ricanements se font entendre au-dessus de nos têtes. Ce sont les cris de goélands croyant leurs positions menacées par nos indésirables silhouettes sombres et silencieuses.
Ils s’envolent en bloc pour nous dominer et passent au-dessus de nos têtes d’un vol somptueux et ralenti, souvent en pirouettes comme pour nous montrer leur ventre d’une blancheur immaculée ou le dessus de leurs plumes cendrées. Lorsque tout danger est écarté, le bruit diminue et petit à petit ils retournent vaquer à leurs occupations d’avant.
Ils s’envolent en bloc pour nous dominer et passent au-dessus de nos têtes d’un vol somptueux et ralenti, souvent en pirouettes comme pour nous montrer leur ventre d’une blancheur immaculée ou le dessus de leurs plumes cendrées. Lorsque tout danger est écarté, le bruit diminue et petit à petit ils retournent vaquer à leurs occupations d’avant.
Nous continuons notre route et sortons de l'eau au niveau de la dernière crique avant la pointe de Kadoran, où nous attendent ceux ayant emprunté le sentier côtier.
C'était la dernière nage de notre séjour.
En route maintenant pour la pointe du Stiff et l'embarcadère où nous avons débarqué quatre jours plus tôt.
C'était la dernière nage de notre séjour.
En route maintenant pour la pointe du Stiff et l'embarcadère où nous avons débarqué quatre jours plus tôt.
17h00 : Le Stiff
Nous marchons en file indienne le long de la côte Est de l'île où un vent soutenu souffle depuis plusieurs jours. Ça moutonne au large et nous assistons au ballet des goélands jouant dans les couloirs de vent ascendants au sommet des falaises.
Nous passons le phare du Stiff.
Situé au point culminant de l’île (60 m) et mis en service en 1700 par Vauban, le phare du Stiff (« ar Stiv, Stivell » lavoir en breton) est le premier des cinq gardiens de l’île à avoir été construit. Son faisceau culmine à une trentaine de mètres par rapport au sol et presque 90 mètres par rapport au niveau de la mer. Il est aujourd’hui électrifié, automatisé et télécontrôlé à partir du Créac’h et se reconnait la nuit à ses deux éclats rouges toutes les vingt secondes d’une portée de 24 milles nautiques (environ 44 km).
Tout autour de lui, la lande et la bruyère tapissent ses pieds. Les courts ajoncs jaunes et les tiges violacées de la bruyère dominent le bleu de la mer sous nos pieds.
L’Odyssée se termine. Nos yeux se plissent. De timides sourires naissent au coin de nos lèvres et déforment la peau de notre visage burinée par le soleil et le sel. Nous peinons à en saisir l’instant. Les cœurs se serrent d’émotion, plus aucune parole n’est échangée.
Chacun tente de se rassembler dans sa tête les innombrables souvenirs pour ne pas en perdre une miette. Nous prenons conscience de ce que nous venons de vivre, de qui nous sommes devenus.
L’océan est notre campement.
Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents et les courants.
Nous marchons en file indienne le long de la côte Est de l'île où un vent soutenu souffle depuis plusieurs jours. Ça moutonne au large et nous assistons au ballet des goélands jouant dans les couloirs de vent ascendants au sommet des falaises.
Nous passons le phare du Stiff.
Situé au point culminant de l’île (60 m) et mis en service en 1700 par Vauban, le phare du Stiff (« ar Stiv, Stivell » lavoir en breton) est le premier des cinq gardiens de l’île à avoir été construit. Son faisceau culmine à une trentaine de mètres par rapport au sol et presque 90 mètres par rapport au niveau de la mer. Il est aujourd’hui électrifié, automatisé et télécontrôlé à partir du Créac’h et se reconnait la nuit à ses deux éclats rouges toutes les vingt secondes d’une portée de 24 milles nautiques (environ 44 km).
Tout autour de lui, la lande et la bruyère tapissent ses pieds. Les courts ajoncs jaunes et les tiges violacées de la bruyère dominent le bleu de la mer sous nos pieds.
L’Odyssée se termine. Nos yeux se plissent. De timides sourires naissent au coin de nos lèvres et déforment la peau de notre visage burinée par le soleil et le sel. Nous peinons à en saisir l’instant. Les cœurs se serrent d’émotion, plus aucune parole n’est échangée.
Chacun tente de se rassembler dans sa tête les innombrables souvenirs pour ne pas en perdre une miette. Nous prenons conscience de ce que nous venons de vivre, de qui nous sommes devenus.
L’océan est notre campement.
Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents et les courants.
EPILOGUE
- Membres de la horde et compagnons d'Odyssée.
Nageur régulier en Méditerranée, c'était sa première expérience de seatrekking. Passionné de biodiversité marine, il a su nous éclairer sur certaines questions environnementales et nous apporter la fraicheur de son jeune âge.
Il parcourt Ouessant à pied et en vélo depuis son plus jeune âge. Curieux par nature, nageur occasionnel en mer et débutant en seatrekking, c'était la première fois qu'il s'immergeait sur une aussi longue distance pour découvrir la richesse des fonds marins.
Une encyclopédie ouessantine à lui tout seul et un marin aguerri. Habitant l'île avec sa femme, il a découvert le seatrekking sur le tas durant cette excursion. Depuis, il n'a de cesse depuis de parcourir de nouvelles sections de nage et de nous les partager.
Montagnard et nageur confirmé, son calme et son humour font de lui un formidable compagnon de randonnée. Premier seatrek pour lui également, il a apprécié cette liberté d'évolution le long de la côte et l'alternance hybride du mode de déplacement nage / marche.
Passionné de swimrun et de chasse sous-marine, c'est une machine sportive sans faille dotée d'un grand cœur et d'un humour à tout épreuve. Ce n'est pas le plus bavard d'entre nous mais ses punchlines font du bien quand elles sortent. C'était son quatrième seatrek à nos côtés.
Nageur confirmé et amateur de swimrun c'était son quatrième seatrek en Bretagne. L'humour et la déconnade pourraient définir sa vision de la vie mais ce serait omettre les valeurs ancrées au plus profond de son âme telles que la générosité et la fraternité.
La force tranquille et l'ainé de la fratrie. Son sang-froid, son expérience de l'outdoor et du minimalisme en randonnée rayonne autour de lui. La passion avec laquelle il partage son expérience font de lui un pédagogue hors pair.
Frère cadet de la fratrie, il est l'un des co-fondateurs de l'association Watch The Sea et moniteur d'apnée. Sans sa vision artistique et organisée nous n'aurions aucunes photos de nos excursions ni même de guide (spirituel) pour développer la pratique du seatrekking.
Discret par nature et benjamin de la fratrie, je partage avec Olivier et Philippe le même ADN aquatique et la même soif d'exploration. Une fois réunis, nos qualités et nos défauts opèrent une alchimie entre elles qui repoussent les limites de notre curiosité. Membre actif dès les premiers instants de l'association, j'ai à cœur de développer la science participative et de partager mon expérience du seatrekking par des excursions et des récits dans lesquels j'essaye de transposer les émotions qui nous parcourent.
EPILOGUE (suite)
Table des matières
Introduction
Jour 0
17h00 : L’embarquement au Conquet
18h00 : Traversée de la Mer d’Iroise
19h00 : L’arrivée au Stiff puis au bourg de Lampaul
23h30 : Les bras de Morphée
Jour 1
07h00 : Le réveil
09h30 : Les rives du Styx
17h00 : « L’Arlantide »
11h30 : Pause midi
12h30 : Au commencement
15h00 : La chèvre Amalthée
15h30 : Poésie de l’eau
17h00 : Le chant des sirènes : l'apnée
17h30 : Penn ar Roc'h
18h30 : Fin de la nage
22h00 : Songes homériques
Jour 2
07h00 : Réveil humide
09h00 : La côte "méridionale"
10h00 : Les Cyclopes de Porz Goret
10h15 : Le rituel
10h45 : Youc'h Korz ou les Colonnes d'Hercule
11h30 : Le cormoran
12h00 : La pointe de Pern
15h00 : Le Colosse
18h00 : Yuzin
Jour 3
08h00 : La métamorphose
10h00 : Le labyrinthe
10h30 : Les larmes d'Aphrodite
11h00 : Le chenal de Keller
12h00 : La cale de Calgrac'h
13h30 : La baie de Béninou
15h00 : L’antre de Polyphème
17h00 : Le Stiff
Epilogue
------------------------------------------------------------------------------
La responsabilité
Certains jugent ceux qui s’aventurent dans ce genre d’environnements hostiles comme de saugrenus irresponsables.
Alpinistes, wingsuiters, tourdumondistes à la voile, explorateurs polaires, aventuriers perdus au fin fond de la jungle, spéléologues, apnéistes, etc. Tous récoltent un jour ou l’autre, les fruits d’une frustration communautaire parfois condescendante, parfois légitime. Par respect envers la liberté d’opinion, il m’est évidemment impossible de prendre position pour l’un ou pour l’autre.
J’observe simplement que beaucoup de personnes oublient que la peur s’immisce à tous les étages de la vie et conduit parfois à des situations absurdes au sein même de son foyer. « Un monde qui tend vers le risque zéro est comme un signe de défaite. C’est la négation de notre vulnérabilité pourtant essentielle aux étapes d’évolution du monde vivant. » (Guillaume Néry).
J’espère avoir retranscrit du mieux possible avec ce nouveau récit de seatrekking, cette passion qui dépasse le cadre sportif et l’envie d’étaler en public une quelconque performance.
C’est une quête bien plus profonde et spirituelle, mettant en exergue la camaraderie et la reconnexion avec les éléments nourriciers que constituent la mer, le vent et le soleil.
EPILOGUE (suite)
Table des matières
Introduction
Jour 0
17h00 : L’embarquement au Conquet
18h00 : Traversée de la Mer d’Iroise
19h00 : L’arrivée au Stiff puis au bourg de Lampaul
23h30 : Les bras de Morphée
Jour 1
07h00 : Le réveil
09h30 : Les rives du Styx
17h00 : « L’Arlantide »
11h30 : Pause midi
12h30 : Au commencement
15h00 : La chèvre Amalthée
15h30 : Poésie de l’eau
17h00 : Le chant des sirènes : l'apnée
17h30 : Penn ar Roc'h
18h30 : Fin de la nage
22h00 : Songes homériques
Jour 2
07h00 : Réveil humide
09h00 : La côte "méridionale"
10h00 : Les Cyclopes de Porz Goret
10h15 : Le rituel
10h45 : Youc'h Korz ou les Colonnes d'Hercule
11h30 : Le cormoran
12h00 : La pointe de Pern
15h00 : Le Colosse
18h00 : Yuzin
Jour 3
08h00 : La métamorphose
10h00 : Le labyrinthe
10h30 : Les larmes d'Aphrodite
11h00 : Le chenal de Keller
12h00 : La cale de Calgrac'h
13h30 : La baie de Béninou
15h00 : L’antre de Polyphème
17h00 : Le Stiff
Epilogue
------------------------------------------------------------------------------
La responsabilité
Certains jugent ceux qui s’aventurent dans ce genre d’environnements hostiles comme de saugrenus irresponsables.
Alpinistes, wingsuiters, tourdumondistes à la voile, explorateurs polaires, aventuriers perdus au fin fond de la jungle, spéléologues, apnéistes, etc. Tous récoltent un jour ou l’autre, les fruits d’une frustration communautaire parfois condescendante, parfois légitime. Par respect envers la liberté d’opinion, il m’est évidemment impossible de prendre position pour l’un ou pour l’autre.
J’observe simplement que beaucoup de personnes oublient que la peur s’immisce à tous les étages de la vie et conduit parfois à des situations absurdes au sein même de son foyer. « Un monde qui tend vers le risque zéro est comme un signe de défaite. C’est la négation de notre vulnérabilité pourtant essentielle aux étapes d’évolution du monde vivant. » (Guillaume Néry).
J’espère avoir retranscrit du mieux possible avec ce nouveau récit de seatrekking, cette passion qui dépasse le cadre sportif et l’envie d’étaler en public une quelconque performance.
C’est une quête bien plus profonde et spirituelle, mettant en exergue la camaraderie et la reconnexion avec les éléments nourriciers que constituent la mer, le vent et le soleil.
Watch The Sea
La lecture de ce trek peut paraître déroutante voir inaccessible au premier abord à ceux qui souhaiteraient vivre la même expérience. Il fut certes, l’un des plus engagés physiquement et techniquement de la communauté, mais il ne constitue pas la norme de ce que nous proposons au travers de l’association Watch The Sea qui œuvre au quotidien pour :
Nous proposons pour cela dans un cadre associatif, différents formats d’excursions que nous adaptons selon le niveau des participants intéressés et accueillons bien évidemment avec la plus grande bienveillance, toutes les personnes éventuellement intéressées à nous rejoindre et s’engager dans ce projet.
La lecture de ce trek peut paraître déroutante voir inaccessible au premier abord à ceux qui souhaiteraient vivre la même expérience. Il fut certes, l’un des plus engagés physiquement et techniquement de la communauté, mais il ne constitue pas la norme de ce que nous proposons au travers de l’association Watch The Sea qui œuvre au quotidien pour :
- la démocratisation de la pratique par le partage de notre expérience,
- la reconnexion avec la nature (mise en valeur par le nom de l’association),
- la préservation des océans par des mesures concrètes de sciences participatives.
Nous proposons pour cela dans un cadre associatif, différents formats d’excursions que nous adaptons selon le niveau des participants intéressés et accueillons bien évidemment avec la plus grande bienveillance, toutes les personnes éventuellement intéressées à nous rejoindre et s’engager dans ce projet.
Remerciements
Je tiens à remercier tout particulièrement :
- Ma femme et mes enfants, pour leurs encouragements et leurs sourires qui éclairent mes nages tout au long de l’année,
- Mes frères, pour les innombrables stimulations sportives et intellectuelles depuis notre enfance qui ont forgé une partie de ma personnalité,
- Mes parents, pour nous avoir communiqué à tous les trois cette soif de l’inconnu, de l’ailleurs et de la rencontre,
- Les autres membres de la famille et nos amis respectifs pour leurs questions et le partage de notre passion du seatrekking autour d’eux,
- Les auteurs de mes lectures diverses (Asimov, Homère, Damasio, Grall, Nery, Geistdoerfer, etc.) pour le talent avec lequel ils orchestrent la langue française,
- Nos partenaires (Décathlon, Soöruz, Labocéa, CVE, La Fondation de la Mer, etc.) pour leur confiance portée en notre projet associatif,
- L’accueil des ouessantins et tout particulièrement Patricia pour sa disponibilité,
- La fraternité sans faille des gens de la mer,
- Et enfin, les membres de la « Horde » pour leur humour au quotidien, ce liant essentiel à la cohésion d’un groupe face à toutes les situations.