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Euro vélo 8 - De Turin à Athènes

(réalisé)
En novembre 2022, à la fin de mon premier contrat, j’ai pris une décision presque sur un coup de tête. L'idée de suivre une partie de l’EuroVélo 8 pour un long voyage à vélo s'est imposée à moi, malgré le manque de préparation et l'inconnu qui m'attendait. C'était la première fois que je partais aussi loin, seul, et sans vraiment savoir où tout cela allait me mener. Je me disais finalement que je n'avais rien à perdre.

Les premières journées ont été dures. L'humidité de décembre en Italie m'a surpris, et mes jambes n'étaient clairement pas prêtes pour autant de kilomètres. Mais c'est dans ces moments-là que le voyage prend tout son sens. Des galères, oui, mais aussi des rencontres qui rendent l’aventure incroyable.

À travers ce récit, je vais partager avec vous, sans détour, ce que j’ai vécu : les doutes, les moments de solitude, les surprises et tout ce que cette expérience m’a appris.

Venez, je vous embarque donc avec moi dans cette aventure : rejoindre Athènes à vélo, en partant de Turin. Six pays traversés – l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, l'Albanie, et enfin la Grèce – et quelques milliers de kilomètres parcourus.

Hébergements mixtes : bivouacs, couch surfing, chambre d'hôtes, ... .
Durée : env. 2 mois (fin novembre, décembre et janvier)


Cédric 
vélo de randonnée
Quand : 23/11/2022
Durée : 40 jours
Alti min/max : 0m/927m
Carnet publié par C DRIC ON THE BIKE le 03 nov. 2022
modifié le 18 déc. 2024
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train bus ferry
Précisions : Pour privilégier la mobilité douce, j'ai pris un FlixBus de Nîmes à Turin (7h, 60 €) pour l'aller. Au retour, j'ai voyagé en ferry de Patras à Ancône (22h, 100 €), suivi de deux trajets en FlixBus : Ancône-Milan (5h, 30 €) et Milan-Marseille (8h, ...
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Vue d'ensemble

Le topo : Grèce 🇬🇷 (mise à jour : 18 déc. 2024)

Distance section : 761km
Dénivelées section : +3699m / -3861m
Section Alti min/max : 4m/927m

Description :

De Joannina à Athènes en passant par Patras, le voyage m’a offert un contraste saisissant entre les paysages montagneux et les vastes champs d'arbres fruitiers.

Après avoir quitté Joannina, avec ses montagnes imposantes et ses lacs tranquilles, j’ai traversé des villages pittoresques avant d’arriver à Patras en compagnie de Chris. Cette ville portuaire, dynamique et vibrante, marquait une étape importante pour notre duo de cyclistes acharnés.

En continuant vers Athènes en solo, le chemin s’est fait plus urbain, avec la traversée du canal de Corinthe et des zones industrielles qui ont précédé la capitale. À chaque étape, la Grèce m’a révélé une nouvelle facette de sa diversité, entre nature, culture et modernité.



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Le compte-rendu : Grèce 🇬🇷 (mise à jour : 18 déc. 2024)

Nous sommes donc bien arrivé en Grèce après avoir passé les postes de douanes et franchie la rivière Sarantaporos. L'idée était de rejoindre Joannina en deux jours pour prendre la route des montagnes en direction des Météores, en Thessalie.
Frontière Albanie / Grèce
Frontière Albanie / Grèce
Premier bivouac après une série de kilomètres dans les terres où nous avions fait notre second et dernier feu de camps en raison du froid et des pluies fréquentes. Entre nous soit dit, en hiver le feu ça réconforte vraiment ! Nous ressemblions à des Homo-sapiens devant l'évolution.
Première nuit en Grèce.
Première nuit en Grèce.
Petit brasier qui crépite
Petit brasier qui crépite
Le lendemain matin, nous nous sommes rendus à Joannina pour acheter des provisions et une nouvelle bonbonne de gaz. Il nous fallait un modèle avec un raccord à "pas de vis" et non à "percussion", comme ceux de chez Butagaz. Après avoir écumé les magasins spécialisés sans succès, je me suis résolu à tenter ma chance dans une supérette. À ma grande surprise, j’y ai enfin trouvé le bon modèle. Pendant ce temps, Chris s’occupait des courses pour le repas du soir.

Nous avions décidé de prendre la route menant vers les montagnes avant la tombée de la nuit, afin de gagner du temps pour la journée suivante. En chemin, nous avons cherché un nouvel emplacement pour bivouaquer et planter nos tentes.

Au bord des routes, nous croisions fréquemment de petites chapelles. Ces édicules, souvent touchants, sont érigés par des survivants d’accidents pour exprimer leur gratitude d’avoir échappé au pire, qu’ils aient été légèrement blessés ou totalement indemnes. Ils servent aussi à conjurer le sort pour l’avenir.
Petite chapelle du souvenir
Petite chapelle du souvenir
Nous nous sommes réveillés sous un ciel gris. La pluie tombait doucement sur notre campement, et nous n'avions pas eu le temps de faire sécher nos affaires avant de partir. Nous avons pris la route malgré la pluie qui devenait de plus en plus forte, et après une descente de trente minutes, nous sommes arrivés dans une vallée. Là, face aux montagnes et sous un ciel menaçant, nous avons discuté du plan à suivre. 

Chris m'a fait comprendre que continuer vers les montagnes serait risqué à cause du froid et de la pluie, surtout sans abris pour nous protéger. Nous avons donc fait demi-tour pour reprendre la route vers les plaines. Ce choix, bien que frustrant après notre faux départ, était le plus raisonnable. Nous avons roulé sous la pluie, nos vêtements trempés et nos pieds glacés.

Chris, avec son expérience, m'a convaincu que cette décision nous éviterait de nous exposer à des conditions encore plus difficiles en altitude. Et effectivement, cela nous a permis de continuer notre trajet en toute sécurité, malgré la fatigue de devoir revenir sur nos pas. 




Patatra..direction Patras
Patatra..direction Patras
Nous avions finalement pris la nationale en direction de Patras, avec déjà du retard sur notre journée. Comme deux petites fourmis dans la vallée, nous étions à la merci de la pluie, des rafales de vent et des véhicules qui nous frôlaient. Nous luttions avec acharnement contre cette force invisible qui freinait notre progression, nous empêchant d'avancer autant que nous l'aurions voulu.

Jusqu'à atteindre une petit abris où nous y trouverions refuge pour la nuit.

Est-ce une petite bergerie ?
Est-ce une petite bergerie ?
Un petit abris de fortune mais qui nous a mis au sec toute la nuit malgré les gouttes d'eau qui tombaient du toit.

Bon par contre les affaires et les chaussures commençait à sentir le fauve car elles n'étaient toujours pas sèches. Il a fallu y remédier en mettant tout d'abord les chaussures dehors. Les habits et les tentes pourront sécher dès que le soleil reviendrait.
Grèce 🇬🇷
Nous sommes partis de bonne heure le lendemain, malgré une nuit difficile. Le confort était sommaire, et le sommeil n’avait pas été au rendez-vous.

Le ciel était encore gris, mais la pluie venait tout juste de s’arrêter, laissant derrière elle une fraîcheur humide. Notre moral était un peu en berne et la fatigue physique se ressentait.
Le bleu du ciel que nous espérions après le gris
Le bleu du ciel que nous espérions après le gris
Chris en éclaireur
Chris en éclaireur
Le vent chassa une partie des nuages pour un créneau de quelques heures, nous avions sauter sur l'occasion pour faire sécher nos affaires. Nous avions donc tout sorti en plein parc public, ce qui intriguait les passants, à juste titre.

Nous étions au bord d'un cours d'eau et les rafales de vent étaient épisodiques, on prêtait donc attention à ne pas perdre nos tentes et habits, a l'aide de pierres et de ficelles que nous avions récupéré durant le voyage.
Silence... ça sèche !
Silence... ça sèche !
Une fois nos affaires sèches, le trajet devint agréable. Nous atteignîmes les abords du golfe Ambracique, où nous trouvâmes un nouveau spot de bivouac, niché au fond d’un champ d’oliviers et bordé par l’eau.

Grèce 🇬🇷
Conscients des prévisions météo, qui annonçaient une violente tempête aux alentours de deux heures du matin, nous avions pris nos précautions. Les tentes furent solidement arrimées avec des sardines et renforcées à l’aide de ficelles pour rigidifier la toile face aux éventuelles rafales.

Vers trois heures du matin, la tempête éclata, encore plus brutale que prévu. Une forte averse s’abattit, accompagnée de grêle, d’éclairs déchirant le ciel et de rafales de vent déchaînées. Pris au cœur de cette furie, je me suis retrouvé à tenir les arceaux de ma tente pour l’empêcher de se plier sous la violence des éléments. La grêle frappait mes doigts, et les éclairs illuminaient l’intérieur de la tente comme en plein jour. Ce furent les trente minutes les plus longues de ma vie, mêlant frayeur et une étrange excitation face à la puissance de la nature.

Puis, soudain, une dernière rafale balaya le campement, suivie d’un calme absolu. Alors que je reprenais mes esprits, j’entendis la voix de Chris briser le silence : « Toujours en vie ? T’as vu la grêle qui recouvre le sol ? »
La fameuse grêle
La fameuse grêle
Nous nous etions remis de nos émotions après une courte nuit et un long petit déjeuner. La dette de sommeil commençait à être conséquente.
Côte Adriatique
Côte Adriatique
Nous arrivions bientôt au port de Patras, mais pour cela il fallait traverser un long viaduc. Nous avions retrouvé l'Adriatique que nous avions quitté depuis Tirana, il y a déjà plusieurs semaines de ça.
Le viaduc
Le viaduc
Nous voilà à Patras, où des étudiants en colocation, que nous avions contactés la veille via Couchsurfing, nous attendaient. Une belle rencontre et un excellent week-end s’annonçaient.
Les toits de Patras
Les toits de Patras
Nos hôtes se sont montrés très accueillants et sympathiques. Ils nous ont même fait découvrir le centre-ville à travers une visite improvisée.
Grèce 🇬🇷
Ils nous ont proposé d’aller dîner dans un restaurant proposant des plats traditionnels. Nos ventres ont bien entendu et accepté la proposition. Nous avons pu goûter et partager des spécialités grecques comme la moussaka, un gratin d’aubergines et de viande, ou encore des tomates et poivrons farcis. 

Grèce 🇬🇷
Après ce week-end reposant et chaleureux, il était temps pour Chris et moi de nous séparer. Bien que nous nous rendions tous les deux à Athènes, je tenais à arriver seul dans la capitale, comme pour clore ce chapitre de manière intime et introspective. Ce voyage, commencé en solitaire, m’avait permis de me redécouvrir et de vivre pleinement chaque moment. Arriver seul à Athènes symbolisait pour moi un retour à cette quête personnelle. Grâce à cette aventure l'avenir ne me faisait finalement plus vraiment peur.

Des citrons gigantesques
Des citrons gigantesques
Je retrouve la solitude après plusieurs mois d'itinérance en duo. C'était un retour aux anciennes habitudes.

Ces mois passés ensemble avaient laissé leur empreinte : je continuais à avoir des réflexions en anglais, comme un écho de cette complicité partagée.
Grèce 🇬🇷
Il était temps pour moi d’atteindre mon objectif principal, mais pour cela, je devais longer le golfe de Corinthe et traverser son célèbre canal.

Canal de Corinthe
Canal de Corinthe
Après avoir traversé le canal de Corinthe et pas très loin de la banlieue d'Athènes, je me suis retrouvé face à une immense zone industrielle. L’air était lourd, saturé par l’activité de la raffinerie d’Aspropyrgos, l’une des plus grandes de Grèce. Les cheminées crachaient de fines volutes de fumée, tandis que, juste au large, plusieurs pétroliers attendaient leur tour, ancrés dans le golfe de Saronique. Ce décor brut, presque oppressant, tranchait radicalement avec les paysages marins et les villages traversés jusque-là.
Raffinerie de pétrole
Raffinerie de pétrole
Cependant, j’ai fini par trouver une jolie plage, nichée en contrebas de la corniche, où j’ai installé mon bivouac. Le sable et les galets sous ma tente, et le bruit apaisant des vagues qui s’écrasaient sur le rivage m’a servi de berceuse, m’offrant une nuit réparatrice après une journée un peu plus rude. C’était un moment de calme bien mérité, loin de l’agitation de la route et de l’industrie qui vous surplombe.

Grèce 🇬🇷
Après plusieurs kilomètres en direction d'Athènes, je me suis retrouvé sur la Leof. Athinon, un périphérique bruyant et très animé. La route grimpait fortement, les camions et les voitures me frôlaient à toute vitesse, l’air vibrant sous leur passage. Le bruit des moteurs envahissait mon esprit, mais il m'était impossible de m'arrêter ici.

J'avais conscience que ce n'était pas ma place, au milieu de cette agitation, mais je n'avais pas trouvé d'itinéraire plus adapté. La route semblait m'imposer son rythme, et je n'avais d'autre choix que de continuer, en espérant bientôt trouver un peu de calme en approchant du centre d'Athènes.


Ruelles d'Athènes
Ruelles d'Athènes
Enfin arrivé en plein centre-ville, je n’avais qu’une seule envie : apprécier ma réussite. J'ai pris la direction de la colline Filopappou, et, une fois en haut, j’ai pu contempler le Parthénon, majestueux, se dressant au loin.

Ce moment, ce regard sur Athènes, marquait l'aboutissement de mon premier long voyage, parcourus à vélo depuis Turin. Un exploit personnel, qui me semblait au départ presque inaccessible, mais que j'avais fini par accomplir.


Il y avait une immense joie, mais aussi une profonde gratitude envers moi-même. Ce voyage m’avait appris tant de choses, non seulement sur l’endurance physique, mais aussi sur ma manière d’aborder les défis. Ce qui paraissait complexe au quotidien, ce qui semblait insurmontable, avait été démystifié sur la route. Chaque étape franchie, chaque difficulté surmontée avait fait sauter des verrous et des barrières psychologiques, me prouvant que je pouvais affronter bien plus que ce que j’imaginais. Ce sommet, aussi modeste soit-il, symbolisait tout cela : un point culminant dans ma tête autant que sur la carte.

La peur de l’inconnu peut être paralysante, mais c’est en l’affrontant que l’on atteint des horizons inattendus, souvent bien plus vastes et gratifiants que ce que l’on imaginait. Grâce à ce type d'expérience on voit le monde sous un autre angle.

Colline Filopappou
Colline Filopappou
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