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Euro vélo 8 - De Turin à Athènes

(réalisé)
En novembre 2022, à la fin de mon premier contrat, j’ai pris une décision presque sur un coup de tête. L'idée de suivre une partie de l’EuroVélo 8 pour un long voyage à vélo s'est imposée à moi, malgré le manque de préparation et l'inconnu qui m'attendait. C'était la première fois que je partais aussi loin, seul, et sans vraiment savoir où tout cela allait me mener. Je me disais finalement que je n'avais rien à perdre.

Les premières journées ont été dures. L'humidité de décembre en Italie m'a surpris, et mes jambes n'étaient clairement pas prêtes pour autant de kilomètres. Mais c'est dans ces moments-là que le voyage prend tout son sens. Des galères, oui, mais aussi des rencontres qui rendent l’aventure incroyable.

À travers ce récit, je vais partager avec vous, sans détour, ce que j’ai vécu : les doutes, les moments de solitude, les surprises et tout ce que cette expérience m’a appris.

Venez, je vous embarque donc avec moi dans cette aventure : rejoindre Athènes à vélo, en partant de Turin. Six pays traversés – l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, l'Albanie, et enfin la Grèce – et quelques milliers de kilomètres parcourus.

Hébergements mixtes : bivouacs, couch surfing, chambre d'hôtes, ... .
Durée : env. 2 mois (fin novembre, décembre et janvier)


Cédric 
vélo de randonnée
Quand : 23/11/2022
Durée : 40 jours
Alti min/max : 0m/927m
Carnet publié par C DRIC ON THE BIKE le 03 nov. 2022
modifié le 18 déc. 2024
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en train bus ferry
Précisions : Pour privilégier la mobilité douce, j'ai pris un FlixBus de Nîmes à Turin (7h, 60 €) pour l'aller. Au retour, j'ai voyagé en ferry de Patras à Ancône (22h, 100 €), suivi de deux trajets en FlixBus : Ancône-Milan (5h, 30 €) et Milan-Marseille (8h, ...
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Vue d'ensemble

Le topo : Croatie 🇭🇷 (mise à jour : 21 oct. 2024)

Distance section : 596km
Dénivelées section : +2385m / -2343m
Section Alti min/max : 0m/383m

Description :

C'est au cœur du quotidien et des célébrations croates que j'ai découvert que le véritable trésor d'un voyage résidait dans les moments partagés et les paysages à couper le souffle, qu'offre la côte Adriatique.

Au menu de cette échappée en Croatie, des rencontres uniques, l'histoire d'un pays, du dénivelé, des plages, des villes et paysages de rêve !


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Le compte-rendu : Croatie 🇭🇷 (mise à jour : 21 oct. 2024)

Les deux peuvent donner des ailes mais pas forcément au même moment !
Les deux peuvent donner des ailes mais pas forcément au même moment !
Bienvenue en Croatie pour la suite de ce voyage ! Comme vous pouvez le voir sur les photos, mon fidèle compagnon, le soleil, est bel et bien au rendez-vous. Probablement un signe de renouveau, un checkpoint validé et une sauvegarde bien effectuée de tout ce qui a été parcouru jusque-là. Et non, rassurez-vous, je ne vais pas reprendre le récit depuis Turin !

On commence par un bivouac insolite au R+1 d'un mirador de chasseurs. C'est ici, en Croatie, que j'ai commencé à affronter de temps en temps des températures négatives durant les nuits en bivouac. Mais pas de panique, j'avais anticipé en achetant une doudoune dans une zone commerciale, à quelques kilomètres après la frontière. Je l’ai utilisée comme une enveloppe supplémentaire autour de mon duvet. Seul mon nez, exposé au froid, restait sans protection.

Mirador
Mirador
Le grand luxe !
Le grand luxe !
Donc ici, la fatigue m'a poussé à improviser ce bivouac, car j'avais la flemme de sortir et d'installer tout mon matériel. Je me suis dit que c'était assez haut et couvert pour être tranquille. Mais j'ai complètement négligé le facteur vent. Résultat : il a fait chuter la température ressentie bien en dessous de zéro. Une mauvaise nuit et une mauvaise récupération à cause de ma paresse.

Note à moi même : lorsqu'on part à l'aventure, il ne faut pas repousser les petites difficultés du quotidien. Une douleur ? On soigne. De l'humidité ? On fait sécher au soleil dès que possible. Un problème mécanique ? On répare sans attendre. Sinon, les inconforts s'accumulent et finissent par peser lourdement sur l'effort quotidien.
Au moins, j'avais une vue à 360 degrés sur l'environnement, mais c'est finalement le vent qui m'a eu.
Au moins, j'avais une vue à 360 degrés sur l'environnement, mais c'est finalement le vent qui m'a eu.
Le lendemain, je partis de Karigador en direction de Pula vers le sud de la péninsule de l'Istrie, en longeant la côte. J'ai été frappé par le grand nombre de complexes touristiques d'hôtel, de restaurants et de camping de haut standing, visibles jusqu'à Pula. De grands espaces bien entretenu dépourvu de vacanciers en cette saison.

Une fois arrivé à Pula, j'ai réservé un lit dans une auberge de jeunesse. Là, j'ai fait la connaissance de Simon, un Britannique, et de Danielle, une Américaine. Tous deux voyageaient en mode backpacking, se laissant guider par le hasard de leurs aventures. Nous avons rapidement sympathisé, échangeant des astuces de voyage et des recettes de cuisine, tout en prenant le temps d'apprendre ensemble quelques phrases essentielles en croate. Leur compagnie, à la fois drôle et chaleureuse, a rendu mon séjour encore plus vivant.


Le soir même de mon arrivée j'en ai profité pour assister au match de la coupe du monde sur la place principale qui confronté la Croatie à l'Argentine. Histoire de me mettre directement dans l'ambiance, une bière à la main.

3 🇦🇷 - 0 🇭🇷 c'est la défaite, les supporters étaient visiblement abattus.
3 🇦🇷 - 0 🇭🇷 c'est la défaite, les supporters étaient visiblement abattus.
Mes hôtes croates m'ont montré comment préparer le café directement dans une casserole, une méthode simple et efficace. J'avais l'impression de redécouvrir un savoir ancestral, comme si j'avais découvert le feu pour la première fois. Cela m’a offert une nouvelle manière de savourer le rituel du matin.
A quel moment dois-je filtrer le café ?!
A quel moment dois-je filtrer le café ?!
Pula est une ville riche en histoire, avec de nombreux monuments qui témoignent de son passé romain, vénitien, et austro-hongrois. (Merci Jamy !)
Amfiteatar
Amfiteatar
Slavoluk Sergijevaca
Slavoluk Sergijevaca
Pulski kastel
Pulski kastel
Port de pêche (Pula)
Port de pêche (Pula)
Augustov hram
Augustov hram
Danielle m'a proposé d'aller au théâtre national d'Istrie pour assister à des chants de Noël. Danielle allias Dani, avait à peu près mon âge, soit pas loin de la trentaine. Arrivée en Europe pour découvrir les Balkans, dont la côte Adriatique.

N'ayant pas l'habitude d'entendre les chansons de Noël croates, ce fut une première étonnante en ce qui me concernait.
Chants de Noël à l'amphithéâtre
Chants de Noël à l'amphithéâtre
Une nuit passa, je rata mon café turk du matin car je plaisantait avec Simon... . Simon avait la quarantaine, un accent anglais prononcé (selon Danielle), une tête de prof d'art plastique et l'humour d'un éducateur sportif bien sympa. 

Une fois la morning routine réalisée, je me suis rendu en bus sur la pointe de l'Istrie, d'après les conseils de Simon. Afin de profiter une dernière fois des paysages naturels de la péninsule. 

Il s'est avéré que j'avais pris un bus de ramassage scolaire, avec une multitude de petits arrêts successifs. Malgré la longueur du trajet, c'était fascinant d'observer le quotidien des gens à travers les fenêtres du bus.

Il est bon de savoir que le train n'est pas le moyen de transport idéal en Croatie, car il est peu développé et mal adapté au relief. C'est pourquoi les trajets en bus sont la solution la plus courante.
Coucou !
Coucou !
On y voit la pointe de l'Istrie, au second plan.
On y voit la pointe de l'Istrie, au second plan.
Entre-temps, j'avais décidé de réutiliser Couchsurfing pour rencontrer des habitants de la région. J'avais pris l'habitude de contacter plusieurs personnes à l'avance, afin d'augmenter mes chances d'obtenir au moins une réponse à mon arrivée. C'est ainsi que j'ai rencontré un Pulais, avec qui je suis allé au bar pour faire connaissance. Au cours de notre discussion, il m'avait conseillé de prendre directement le ferry pour Zadar, en me disant que le contour de la côte ne valait pas forcément le détour.

Il m'avait également invité à un concert, mais il a finalement posé un lapin, apparemment à cause de la météo pluvieuse. La loose cette pluie !

Je me suis donc retrouvé au milieu de plusieurs blocs soviétiques, sans trop savoir où aller. C’est alors que j’ai entendu de la musique provenant de l’un des bâtiments en béton recouverts de graffitis. La porte s'est ouverte, et un univers underground s'est dévoilé devant moi : des étudiants fumaient, bière à la main, dans les couloirs, tandis qu'à droite, des artistes de rock se produisaient dans une petite salle de concert. L'ambiance était captivante et le concert de qualité. Aucun regret, finalement !

Mais il est où ce club ?!
Mais il est où ce club ?!
Il était temps de partir vers Zadar en ferry, avec la sensation d’avoir écourté un peu mon parcours. Mais après tout, tant mieux ! Ce petit écart avait aussi son côté rock'n'roll : abandonner le tracé GPS suivi à la lettre jusqu'à présent, pour se laisser porter par l'aventure était tout aussi palpitant.
Vue sur les îles depuis le ferry
Vue sur les îles depuis le ferry
Après près de 5 heures de traversée, le ferry accosta à Zadar. Le billet passager m'a coûté environ 20 €, et j’ai payé 5 € supplémentaires pour transporter mon vélo. 

En 2022, les paiements en Croatie se faisaient encore en kuna, avant le passage à l’euro à la nouvelle année, ce qui ajoutait une petite touche d'exotisme lors des achats quotidiens.
Zadar
Zadar
J'ai profité de l'après-midi pour explorer Zadar et découvrir un élément architectural plutôt étrange. En me promenant le long des berges, j'ai commencé à entendre au loin des sons semblables à des klaxons de bateaux. C'était surprenant, car il n'y a jamais de traffic fluvial sur la mer. En fait, c'était l'escalier sur lequel je me tenais qui produisait une mélodie grâce aux vagues qui s'engouffraient dans des tuyaux disposés comme une flûte de pan ou un orgue horizontal (oeuvre de l'artiste Nikola Bašic).

L’orgue de mer est non seulement une œuvre d'art fonctionnelle, mais il est également un excellent point de vue pour admirer les magnifiques couchers de soleil sur la côte.

C'est sur cette plateforme que j'ai rencontré Marco, un personnage atypique qui s'attaquait à une boule d'amarrage avec quelques mouvements de karaté, affichant un air un peu perdu. Nous avons échangé pendant une bonne heure. Marco, un enfant du pays, revenait d'Italie où il avait enchaîné plusieurs petits boulots. Il m’a expliqué qu'il venait régulièrement ici pour pratiquer des arts martiaux et que son rêve était de devenir riche pour fuir les séquelles de la guerre d'indépendance de la Croatie, où de nombreux membres de sa famille avaient perdu la vie en luttant contre l'oppression serbe.

Moske Orgulj
Moske Orgulj
Tiens tiens ? Un message subliminal d'Albert Einstein se trouvait affiché dans les couloirs de l'auberge de jeunesse : "life is like a bicycle..."
Albert me parle.
Albert me parle.
Fin de séjour à Zadar, je reprends la route le long de la côte. C’est le début du relief : enfin, le fameux dénivelé de l’Adriatique ! Ça montera et descendra jusqu’à la fin du voyage. La vitesse de déplacement devient vertigineuse : soit je suis lent comme un escargot dans les montées, soit je file à toute allure dans les descentes, propulsé par la charge du vélo.
Inospitalié vraiment ?
Inospitalié vraiment ?
Je m'étais rajouté un supplément de dénivelé pour atteindre le point de vue du Kamenjak. Un peu de poussé vers la fin du col mais ça en vallait vraiment la peine. Une vue magique sur un enchaînement de petites presqu'îles et l'étang, avec par chance, le coucher de soleil pour illuminer les reliefs.

Je bivouaquerais sur place pour profiter un maximum de la vue et de l'aménagement touristique extérieur pour manger et me protéger de la pluie.
Vidikovac kamenjak
Vidikovac kamenjak
Vue panoramique depuis Kamenjak
Vue panoramique depuis Kamenjak
Dans les terres, les bâtiments et certains vestiges présentent des stigmates de la guerre, avec des impacts de balles et des structures abandonnées. La richesse ne se mesure plus en termes pécuniaires au delà de la côte, mais dans les histoires que ces lieux racontent et la résilience qu'ils incarnent.
Petite bergerie.
Petite bergerie.
Je me suis retrouvé à arpenter les routes de campagne après une rencontre inopinée avec Zoran, lors d'un arrêt à une camionnette vendant des viennoiseries. Il avait remarqué mon vélo chargé et cela l’a incité à m’inviter à boire un café dans le bar du coin. Zoran m’a expliqué qu’il avait accueilli un couple de Français faisant du woofing sur son domaine, avec qui il s’était lié d’amitié. Producteur d’huile d’olive, il a partagé des photos et m’a demandé où je comptais me rendre après notre rencontre. Il m’a alors proposé d’aller voir les cascades du parc naturel Krka, en empruntant des chemins plus bucoliques que mon itinéraire.

Skradin
Skradin
Les cascades du Parc national de Krka
Les cascades du Parc national de Krka
D'habitude, je ne suis pas vraiment du genre à regarder du foot avec une bière à la main, mais vivre la Coupe du monde à l'étranger pendant un voyage, ça change la donne. On se laisse facilement emporter par l'ambiance et on finit par se relâcher. Même si j'ai bien remarqué que tout le monde dans le bar était perplexe quant à la composition de notre équipe, mais pas vraiment pour des raisons stratégiques, si vous voyez ce que je veux dire... La discussion était un peu malaisante, mais je m'en suis bien sorti au final.

On est pas bien là ? Au chaud !
On est pas bien là ? Au chaud !
Après le match, je suis parti de nuit, armé d'une frontale, tel un ermite 2.0 retournant se réfugier dans les montagnes, à la recherche d'un endroit pour bivouaquer.

Rien de bien exceptionnel cette nuit-là, peut-être parce que j'avais installé mon bivouac un peu trop près de la route ? Ou bien c'est simplement que j'avais passé trop de nuits en auberges de jeunesses avant ça.
Ville de Šibenik
Ville de Šibenik
Le lendemain court passage à Šibenik, une jolie ville côtière. Mais mon objectif était de rejoindre Split avant la nuit.
Berges de Šibenik
Berges de Šibenik
Le chemin jusqu'à Split.
Le chemin jusqu'à Split.
Une fois arrivé à bon port, je découvris Split. La nuit était déjà tombée, alors je me rendis directement à l'auberge de jeunesse pour prendre une chambre. Après avoir échangé quelques mots avec l'hôte, j'aperçus soudain Danielle dans l'espace détente. Incroyable ! Je n'y croyais pas. Nous nous suivions sans le savoir, chacun à notre manière, mais avec un timing parfait.
Dobrodošli u Split !
Dobrodošli u Split !
Split est une ville côtière classé au patrimoine mondial de l'UNESCO avec un mélange unique d'architecture romaine et moderne. Ses plages et son port en font une très jolie ville.
Des espaces publics toujours bien accueillant
Des espaces publics toujours bien accueillant
Le ferry qui permet d'aller sur les îles.
Le ferry qui permet d'aller sur les îles.
En attente d'une petite coupe de cheveux
En attente d'une petite coupe de cheveux
L'auberge de jeunesse était un lieu propice pour faire des rencontres avec des voyageurs venus des quatre coins du monde. J'avais sympathisé avec deux Australiennes, Julia et Emmie, avec qui j'avais partagé de très bons moments pendant le voyage. Cela m'avait permis de pratiquer mon anglais et de recevoir des corrections en direct. Depuis mon départ d'Italie, j'avais certes progressé, mais pas assez pour tenir de longues conversations sans difficulté. C'était parfois un peu frustrant, mais comme je l'avais déjà souligné lors de ma rencontre avec Manuel, l'essentiel reste les échanges humains, au-delà des mots.

Le lendemain, Julia et Emmie me proposèrent de les accompagner à Bol, un village de pêcheurs situé sur l'île de Brač, juste en face de Split. C'est pendant cette escapade que j'ai appris à les connaître. Julia et Emmie voyageaient seules avec un sac à dos et n'en étaient pas à leur premier voyage. Elles étaient pleines d'enthousiasme et vraiment très inspirantes.


Oh my god ! La taille des croissants !
Oh my god ! La taille des croissants !
Bol, village sur l'île de Brač
Bol, village sur l'île de Brač
La pêche du jour, qui nous a intrigué. Bébés requins ou pas ?
La pêche du jour, qui nous a intrigué. Bébés requins ou pas ?
Un petit paradis ce village.
Un petit paradis ce village.
Plages de galets
Plages de galets
Je découvris un nouveau mirador en longeant la plage, cette fois appartenant aux sauveteurs locaux. J'en profitai pour m'offrir un moment d'introspection, bercé par le bruit des vagues. Tant de kilomètres déjà parcourus, et autant de rencontres, chacune plus fascinante que la précédente.

La solitude que j'avais subie tout au long de l'Italie n'aurait-elle pas fini par m'avoir ? Aller d'auberge de jeunesse en auberge de jeunesse était devenu un remède miracle pour continuer ce périple. J'avais finalement trouvé un équilibre précieux entre moments de solitude et sociabilité, que j'appréciais de plus en plus.

Le mirador de l'introspection.
Le mirador de l'introspection.
En avant, Guingamp ! Le lendemain, je reprenais la route pour de nouvelles aventures, en disant un dernier au revoir à Danielle et un « à bientôt » à Julia et Emmie, qui se rendaient à Dubrovnik.

L'étape suivante s'annonçait courte : une vingtaine de kilomètres le long de la côte dalmate, depuis Split. Rien d'anormal en vue, pourtant… Une crevaison ? Non. La transmission cassée ? Toujours pas. Un problème de santé ? Non plus. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? Je vous explique.

Alors que je longeais une falaise, un tronçon de la route était ralenti par des travaux. Soudain, un automobiliste derrière moi klaxonna à plusieurs reprises. Intrigué, je jetai un coup d'œil rapide autour de moi avant de m'approcher de la fenêtre passagère pour voir ce qu'il voulait. Il me demanda où j'allais. Je lui répondis que je me dirigeais vers Makarska, prochaine étape sympathique de mon itinéraire. Il acquiesça et me lança : "Ok, suis-moi, je t'invite à boire un kava (café) dans mon kamping." J'hésitai un instant, puis décidai finalement de le suivre. On verra bien...
Tous les paysages ne se valent pas. Tant mieux, d'ailleurs.
Tous les paysages ne se valent pas. Tant mieux, d'ailleurs.
Je ne me souviens plus du prénom de cet homme qui devait avoir la soixantaine bien tassée. On l'appellera Marcelinović l'homme qui parlait aux cyclistes. 

Donc, Marcelinović m’offre un café et me fait découvrir son "kamping". Il m'explique avec enthousiasme qu'il dispose de superbes emplacements pour camping-cars, vans, et tentes, tous avec une vue imprenable sur les pins et la mer. À ce moment-là, je réalise que Marcelinović n'est pas seulement sympa, mais aussi un sacré businessman. Il essaie clairement de me convaincre de passer quelques nuits dans son camping.


Je commence à chercher une excuse pour m'éclipser discrètement, mais avant même d'avoir le temps de dire quoi que ce soit, il me présente fièrement des vacanciers allemands qui reviennent régulièrement ici. "Ce sont des habitués," dit-il, comme pour souligner la qualité de son lieu. Ils me saluent chaleureusement, et je comprends vite que l’évasion ne sera pas si simple…

Je fais alors la rencontre de Hulf (un Allemand) ainsi que de Bernt et Ivy (lui, Allemand, et elle, Polonaise). Ce sont des quadragénaires, je dirais, amoureux des Balkans. On a rapidement sympathisé et échangé sur nos aventures respectives.

Sans plus attendre, Bernt m'explique que le camping-car de Hulf avait un souci mécanique et qu'ils devaient l'emmener chez un garagiste local. Ils me proposent de les accompagner dans leur mission. Ni une ni deux, je me retrouve dans le camping-car avec eux, en route pour le garage. Je me suis dit que mon périple commençait à être en roue libre… et que j'adorais ça.
Bernt et Hulf chez le garagiste.
Bernt et Hulf chez le garagiste.
Finalement, je passai deux nuits chez Marcelinović, qui me proposa de dormir dans le restaurant du camping, à l’abri de la pluie et du vent, contre quelques kuna.

C'était l’occasion idéale pour partager un bon repas avec mes amis allemands, mais aussi avec un couple d’Anglais tout aussi sympathique. Pour couronner le tout, Marcelinović avait fait venir un ami chanteur et guitariste pour l'occasion, histoire de mettre un peu d'ambiance. La soirée prit rapidement des allures de fête de Noël improvisée, entre discussions animées, chants et musique live.

En discutant avec mes compagnons de table anglais, je découvris qu'ils étaient eux aussi de grands voyageurs, parcourant les routes avec leur van aménagé, qu'ils avaient baptisé Arty the Boxer. Ils furent assez étonnés d’apprendre que j’effectuais mon périple sur un VTT des années 90. Je leur expliquai que j'avais amélioré le confort du vélo avec un cintre et une potence hollandais, une selle en cuir avec amortisseurs à ressorts, et même une béquille centrale. Leur réaction fut un mélange de surprise et d'admiration face à l’aspect un peu vintage et bricolé de ma monture.


Contemplation du clapotis des vagues avant d'aller au lit.
Contemplation du clapotis des vagues avant d'aller au lit.
Avant de dire au revoir à mes compagnons de camping, auxquels je m’étais attaché, Bernt me recommanda quelques lieux à ne pas manquer en Albanie. Il m'indiqua deux ou trois spots à découvrir absolument lors de ma traversée. "Merci, man !" lui lançai-je en guise d’adieu, reconnaissant pour ses conseils et pour ces moments partagés autour de cette petite parenthèse improbable.
On the road again !
On the road again !
Makarska
Makarska
Après avoir quitté le camping de Marcelinović, je reprenais la route en direction de Makarska, cette petite ville nichée entre la mer Adriatique et le massif impressionnant du Biokovo. La ville se dévoilait peu à peu, avec son port pittoresque où des bateaux de pêche côtoyaient des yachts plus modernes.

En arrivant à Makarska, je me suis laissé envahir par l’ambiance méditerranéenne. Les ruelles pavées du centre historique étaient bordées de vieilles maisons en pierre, et l'odeur du poisson grillé se mêlait à celle des pins maritimes. La place principale, avec ses palmiers et son église baroque, était animée par des locaux et des touristes se relaxant en terrasse, profitant du doux soleil.
Monument to a Tourist
Monument to a Tourist
Coucher de soleil bordé de nuages.
Coucher de soleil bordé de nuages.
Le temps passe, et voilà enfin le jour de Noël ! Pour l'occasion, je décide de mettre un bonnet aux couleurs festives et un pull de Noël bien chaud.
Hé hé !
Hé hé !
C'était en effet mon premier Noël sans la famille, et ce fut un peu étrange. Mais en même temps, cela m'a permit de me déconnecter de l'imaginaire et de la hype souvent associés à cette fête. C'est l'occasion de vivre Noël d'une manière différente, de réfléchir à ce qui compte vraiment pour moi et d'apprécier la simplicité de l'instant.

Un couple m'avait offert deux mandarines et un bouquet d'herbes aromatiques durant le trajet. Comme quoi les lutins du Père Noël sont partout.

Magnifique !
Magnifique !
Pull de Noël et legging, le style à toute épreuve.
Pull de Noël et legging, le style à toute épreuve.
Il était temps de prendre le large en direction de Trpanj, la ville d’arrivée du ferry sur la presqu'île qui permet de rejoindre l’autre partie de la Croatie (sud) sans avoir à faire un passage rapide par la Bosnie-Herzégovine.
Ploče
Ploče
Ferry again
Ferry again
Une fois arrivé sur l'île, je suvi le parcours prévu. Il y avait encore beaucoup de dénivelé positif. J'avançais tel un escargot en quête d'une prairie, où l'herbe serait propices à l'installation du bivouac. Ce fut finalement derrière un champs d'oliviers.
Croatie 🇭🇷
Pour les repas, je préparais généralement de la semoule mélanger avec de la soupe déshydratée. Cette soirée là, j'avais testé une soupe de nouilles, pour essayer de varier les plaisirs et de me réchauffer en même temps.
Teste de la soupe de nouilles déshydratée.
Teste de la soupe de nouilles déshydratée.
Cette nuit-là, j’ai entendu des hurlements, peut-être de loups ou de coyotes. Deux meutes semblaient se répondre, leurs cris résonnaient dans la nuit, brisant le silence autour de moi. C’était un moment un peu flippant mais fascinant.

Allô Papa ? Je suis à Putnikovići !
Allô Papa ? Je suis à Putnikovići !
Les champs d'oliviers étaient visiblement de bons spot de bivouac. 
Dépackage
Dépackage
Repackage
Repackage
Petit arrêt rapide à Banja pour déjeuner. J'en ai profité pour me dégourdir les jambes, car je n'en pouvais plus de rester assis sur le vélo avec tout ce dénivelé positif. Le paysage était beau, mais la montée incessante devenait mentale. Manger un morceau et m'étirer m'ont fait du bien avant de reprendre la route, même si je savais que d'autres côtes m'attendaient encore.

Croatie 🇭🇷
Le spot de bivouac parfait, juste au bord de la plage et sous une tonnelle de guinguette, était idéal avec la petite tempête prévue pour la nuit.

Je regardais quotidiennement les prévisions météo, heure par heure, depuis Météo Blue. L'application s'est avérée fiable et pratique. Ça m'avait permis d'être au sec à plusieurs reprises lors des mauvaises prévisions.


Protection optimale
Protection optimale
À l'intérieur de la tente, j'ai tout organisé pour avoir l'essentiel à portée de main. Le matelas gonflable bien centré du côté droit, mon sac de couchage déjà déplié et les sacs de compression dans le coussin pour le rembourrer. Je plaçais la lampe frontale et la bouteille d'eau à côté de moi, ainsi que le téléphone et sa batterie externe. Mes bagages et les affaires plus encombrantes étaient calés près de l'entrée, pour ne pas gêner mais tout de même accessibles. De cette façon, j'étais prêt à affronter la nuit sans avoir à fouiller ou retourner toute la tente pour une paire de bouchons d'oreille par exemple. 

Équipé de deux gourdes et d'un thermos, j'essayais toujours d'avoir au moins une gourde pleine pour le bivouac. Cela me permettait de préparer le repas, de me laver les dents et de m'hydrater pendant la nuit. L'idéal était d'avoir les deux gourdes remplies, mais avec le relief, je réduisais leur volume pendant la journée pour alléger la charge du vélo. Je faisais en sorte de récupérer de l'eau avant de m'arrêter pour la nuit, afin de ne pas être pris au dépourvu.


L'organisation quotidienne.
L'organisation quotidienne.
Les nuages sombres s'accumulerent et une quantité d'eau importante tomba dans la nuit.
Les nuages sombres s'accumulerent et une quantité d'eau importante tomba dans la nuit.
Direction Dubrovnik. La route était sinueuse, avec de superbes paysages côtiers à chaque tournant. En avançant, je pouvais apercevoir la mer Adriatique d'un bleu profond et les falaises abruptes qui la bordaient.

J'avais hâte de découvrir cette ville !



Croatie 🇭🇷
Je suis arrivée le 29 décembre, et j'avais l'impression que le timing était parfait, car je souhaitais célébrer le Nouvel An entourée de personnes pour marquer le moment, ce qui est plus facile que pour Noël, une fête généralement familiale. J'ai donc réservé un lit dans une auberge de jeunesse le soir même, sans plus attendre.
Dortoirs de l'auberge de jeunesse.
Dortoirs de l'auberge de jeunesse.
Salle commune et conviviale.
Salle commune et conviviale.
J'ai fait la rencontre d'Ellen, originaire du Brésil, de Rushin, d'Inde, et de Yoshi, du Japon. Ce sont des backpackers en voyage à travers les Balkans avec qui j'avais sympathisé pendant les quelques jours passés à Dubrovnik.

Il s'est avéré que la rencontre avec les autres résidents avait été facilitée le jour où la poignée de la porte du dortoir était restée coincée dans ma main..!
Oups... !
Oups... !
J'ai pu explorer la ville à trois reprises : une première fois seul, une seconde en m'improvisant guide pour Rushin, et la troisième avec Julia et Emmie, qui m'avaient informé de leur passage dans la ville. Cela ne m'a pas dérangé, car la vieille cité est très jolie, et cela m'a permis de réaliser une série de photos et d'y découvrir des endroits moins fréquentés ainsi qu'une vue à couper le souffle depuis une petite randonnée sur le versant de la montagne.
Vue sur Dubrovnik depuis la montagne.
Vue sur Dubrovnik depuis la montagne.
Des clémentines !
Des clémentines !
Châtiment local pour les arracheurs de poignée...
Châtiment local pour les arracheurs de poignée...
Ça sentait bon la lessive dans les ruelles.
Ça sentait bon la lessive dans les ruelles.
Ça me rappelle tout de même Venise
Ça me rappelle tout de même Venise
Fort Lovrijenac
Fort Lovrijenac
J'ai célébré le Nouvel An 2023 dans la vieille ville, entouré des autres résidents de l'auberge de jeunesse. Ce fut un moment très agréable et une manière étonnante de commencer la nouvelle année à l'étranger.

De plus, la Croatie avait officiellement adopté l'euro à ce moment-là, rendant nos kunas restants uniques mais aussi inutiles que des lunettes de soleil pour un hibou.
Happy new year !
Happy new year !
Alcool de poire à boire avec modération !
Alcool de poire à boire avec modération !
Un trésor restant, dont la vraie valeur restera dans les souvenirs
Un trésor restant, dont la vraie valeur restera dans les souvenirs
C'est la fin de ce chapitre en Croatie, riche en rencontres et en moments forts. Le voyage atteint presque la moitié de son itinéraire, avec mon arrivée à la frontière le lendemain du Nouvel An.

Prochaine étape : les côtes montagneuses du Monténégro !

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