GR20 sud - la Corse en solo
Le GR20 est un pique-nique, la preuve, certains le traversent en 4 jours.
Chaussez vos tongues, et embarquez pour cette promenade dominicale.
Chaussez vos tongues, et embarquez pour cette promenade dominicale.
Durée : 7 jours
Distance globale :
92.1km
Dénivelées :
+4330m /
-5021m
Alti min/max : 257m/2094m
Carnet publié par Lö
le 03 nov. 2023
modifié le 09 nov. 2023
modifié le 09 nov. 2023
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
stop
ferry
649 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Section 3 (mise à jour : 09 nov. 2023)
Distance section :
10.4km
Dénivelées section :
+611m /
-706m
Section Alti min/max : 1507m/1968m
Le compte-rendu : Section 3 (mise à jour : 09 nov. 2023)
L’esprit du Baudet 2 (le retour).
Liseret rouge à l’horizon. Petit yoga pour amorcer puis, au premières lueurs roses, je décolle. On est sur les crêtes désormais, c’est plus technique, et on se retrouve régulièrement à quatre pattes. J’ai le ventre vide et quelques sueurs froides sur la paroi rocheuse. Escalader je suis d’accord, même que j’adore, mais pas avec une charge de 15kg qui me limite dans mes mouvements. Je repense à la mûle noire, la veille de mon départ. Il me faut invoquer le baudet en moi et non plus la chèvre des montagnes, pour la simple raison qu’une chèvre ne porte pas de charges.
C’est un autre mode, et mon sac semble peser de plus en plus lourd.
Ça va mieux après le déjeuner.
Sur le GR, je croise plein de couples. Chaque fois, ça me fait marrer, les maris se sentent obligés de se justifier :
"- On y va doucement, c’est pour elle surtout que c’est difficile."
Qu'est ce qu'elle ferait pas pour te faire plaisir.
"- Allez ! On sent plus son corps, on buzze sur l'adrénaline !" Je m’exclame ironiquement, en passant devant la femme de Pat, un ultra-traileur.
"- Euh ouais… bof !" répond-elle découragée et incrédule.
L’adrénaline, je soupçonne, serait un pendant de la testostérone ?
La montée dans la forêt de feuillus est raide. Je marche derrière un des belges que son groupe d'amis plus rapide a semé. Je me calle sur son rythme, aspiré par ses foulés comme un oiseau dans une formation en V. On parle de restauration, je l’écoute me parler de ses rêves et ambitions. J’observe son cheminement intérieur faire surface, suivre son cheminement extérieur. C’est touchant. Ces bribes de partage et la qualité de ces échanges sont l’essence du grand chemin. Son carburant mais aussi sa raison d'être.
Le groupe de Pyrénéens amateurs d’ultra qui ont fait la chouille à Prati jusqu’aux petites heures, s'est posé à l’ombre de la crête, côté Ouest.
Pat m’offre une tranche de saucisson. Les montagnards racontent avoir fait le bonheur des gardiens de refuge corses qui leur ont payé la Myrte, liqueur violacée locale à base de plantes. Ils en voient peu comme eux qui prennent le temps de festoyer et de les rencontrer.
Les gardiens déplorent l'évolution de la marche en course de montagne :
"- Les ultra doublent les étapes, arrivent éclatés, se couchent et bondissent de leur tente avant l’aube. Ils ne prennent pas le rythme de la montagne. Le Gr20 d'y a vingt ans était plus festif et moins performatif." Ces gens n’ont jamais quitté la ville et sa cadence. Ils seront passés à côté de cette danse avec la Montagne, en courant.
Je fais moins de pause aujourd’hui, je commence à prendre en endurance. Je bois plus aussi. J’arrive à midi au refuge d'Usciolu, la gourde vide, mais le regard plein, toujours présent, surtout dans ces derniers cent mètres aux caillou traitres.
Douche et premier plat cuisiné, Happy Yak, du lyophilisé made in Québec. Je découvre le monde du Trail. Le gardien met la musique à fond. Chants corses et mélodies de guitare. Je croise les Pyrénéens qui tirent une longue gueule.
"- Alors, on vous entend moins ce soir ?" Je lance un peu défiant.
Ils me jettent des regards méchants. Leurs canettes de bières s’amoncellent. Ces mecs ont de l’entrainement, ils tiennent la route mais pas seulement.
Je tire ma révérence, tandis qu’au loin un nuage d’incendie grisâtre recouvre la vallée où nous nous dirigeons demain.
Liseret rouge à l’horizon. Petit yoga pour amorcer puis, au premières lueurs roses, je décolle. On est sur les crêtes désormais, c’est plus technique, et on se retrouve régulièrement à quatre pattes. J’ai le ventre vide et quelques sueurs froides sur la paroi rocheuse. Escalader je suis d’accord, même que j’adore, mais pas avec une charge de 15kg qui me limite dans mes mouvements. Je repense à la mûle noire, la veille de mon départ. Il me faut invoquer le baudet en moi et non plus la chèvre des montagnes, pour la simple raison qu’une chèvre ne porte pas de charges.
C’est un autre mode, et mon sac semble peser de plus en plus lourd.
Ça va mieux après le déjeuner.
Sur le GR, je croise plein de couples. Chaque fois, ça me fait marrer, les maris se sentent obligés de se justifier :
"- On y va doucement, c’est pour elle surtout que c’est difficile."
Qu'est ce qu'elle ferait pas pour te faire plaisir.
"- Allez ! On sent plus son corps, on buzze sur l'adrénaline !" Je m’exclame ironiquement, en passant devant la femme de Pat, un ultra-traileur.
"- Euh ouais… bof !" répond-elle découragée et incrédule.
L’adrénaline, je soupçonne, serait un pendant de la testostérone ?
La montée dans la forêt de feuillus est raide. Je marche derrière un des belges que son groupe d'amis plus rapide a semé. Je me calle sur son rythme, aspiré par ses foulés comme un oiseau dans une formation en V. On parle de restauration, je l’écoute me parler de ses rêves et ambitions. J’observe son cheminement intérieur faire surface, suivre son cheminement extérieur. C’est touchant. Ces bribes de partage et la qualité de ces échanges sont l’essence du grand chemin. Son carburant mais aussi sa raison d'être.
Le groupe de Pyrénéens amateurs d’ultra qui ont fait la chouille à Prati jusqu’aux petites heures, s'est posé à l’ombre de la crête, côté Ouest.
Pat m’offre une tranche de saucisson. Les montagnards racontent avoir fait le bonheur des gardiens de refuge corses qui leur ont payé la Myrte, liqueur violacée locale à base de plantes. Ils en voient peu comme eux qui prennent le temps de festoyer et de les rencontrer.
Les gardiens déplorent l'évolution de la marche en course de montagne :
"- Les ultra doublent les étapes, arrivent éclatés, se couchent et bondissent de leur tente avant l’aube. Ils ne prennent pas le rythme de la montagne. Le Gr20 d'y a vingt ans était plus festif et moins performatif." Ces gens n’ont jamais quitté la ville et sa cadence. Ils seront passés à côté de cette danse avec la Montagne, en courant.
Je fais moins de pause aujourd’hui, je commence à prendre en endurance. Je bois plus aussi. J’arrive à midi au refuge d'Usciolu, la gourde vide, mais le regard plein, toujours présent, surtout dans ces derniers cent mètres aux caillou traitres.
Douche et premier plat cuisiné, Happy Yak, du lyophilisé made in Québec. Je découvre le monde du Trail. Le gardien met la musique à fond. Chants corses et mélodies de guitare. Je croise les Pyrénéens qui tirent une longue gueule.
"- Alors, on vous entend moins ce soir ?" Je lance un peu défiant.
Ils me jettent des regards méchants. Leurs canettes de bières s’amoncellent. Ces mecs ont de l’entrainement, ils tiennent la route mais pas seulement.
Je tire ma révérence, tandis qu’au loin un nuage d’incendie grisâtre recouvre la vallée où nous nous dirigeons demain.
Lo et Ju quant à eux déclarent forfait et prendront la liaison pour Cozzano. Ju s’est blessée à la cheville ce matin, trop crispée dans la difficulté des crêtes. Je perds mes compagnons en chemin, réussirai-je à trouver le courage d’avancer ?
Vous le saurez en lisant la prochaine section des "Aventures de Lolo et la Montagne" !
Vous le saurez en lisant la prochaine section des "Aventures de Lolo et la Montagne" !