Journal de cavale : La Grande Traversée du confinement
Récit d'une traversée du Vercors originale
aquatic hiking
caving
MTB
trail
travel bike
packraft
tekking/hiking
/
When : 3/17/20
Length : 30 days
Length : 30 days
Total distance :
101km
Height difference :
+5862m /
-4419m
Alti min/max : 218m/1925m
Guidebook created by Vinc1
on 16 Apr 2021
updated on 13 Apr
updated on 13 Apr
Eco travel
du pas de la porte au pas de la porte
Possible with
bus
Details :
Départ au col de Comboire (Mahivert) en accès vélo depuis Grenoble (possible en bus aussi)
491 reader(s)
-
Global view
Guidebook : Jour 5 (updated : 13 Apr)
Section distance :
29.9km
Height difference for this section :
+1667m /
-1618m
Section Alti min/max : 1004m/1630m
Report : Jour 5 (updated : 13 Apr)
*** Mont Aiguille ***
Le réveil sonne, c’est l’heure. Déjà les falaises sont baignées sont baignées de lumière. J’avale vite ces délicieux flocons d’avoine agrémentés de quelques fruits secs, je compacte l’ensemble de mes affaires dans mon sac et c’est partie pour une nouvelle journée ensoleillée.
Mon objectif est de rejoindre le plateau du Vercors où je pourrais me cacher plus facilement.
En effet, la réserve naturelle nationale des hauts plateaux du Vercors, créée en 1985 a une une superficie de 17 000 ha ! constituant ainsi la plus grande réserve naturelle terrestre de France métropolitaine. Pas de villages, on y trouve seulement quelques alpages au milieu de vastes forêts et de nombreuses étendues de lapiazs, ces roches calcaires curieusement creusées sous l’effet de la fonte de la neige. Le plateau est constitué de micro-reliefs qui peuvent rendre l’orientation hasardeuse, encore plus bien sûr en cas de mauvais temps, mais c’est aussi un sacré avantage si on ne veut pas se faire repérer.
Pour y accéder à cette saison depuis le Trièves, seuls quelques “Pas” aux chemins bien tracés permettent de franchir des ouvertures entre les falaises de la barrière Est, les autres étant trop engagés à cause de la neige restante et de leur raideur. Le plus proche de moi, le Pas des Bachassons, me semble trop enneigée encore d’autant qu’il oblige à monter jusqu’à 1900m d’altitude. Dommage, car au pied du Grand Veymont, point culminant du Vercors, il permet d’accéder facilement à la petite cabane de l’Aiguillette, 4 places et un ticket pour le sommet et ses bouquetins qui aiment tant y parader. Je me souviens quelle surprise, quand partis en pleine nuit de la cabane pour une chevauché de 24h, leurs formes s’étaient dévoilées tout à coup autour de nous dans la pénombre. Tout doucement la lumière arrivait et nous distinguions leurs longues cornes recourbées. A quelques mètres.
Je choisis donc de m’orienter plutôt vers le Pas de l’Aiguille, proposant un passage à 1600m d’altitude seulement. Mais pour l'atteindre, il me faut d’abord franchir le pied du Mont Aiguille : par l’ouest, le col de l’Aupet y passe tout prêt, c’est par là qu’on passe quand on va faire la traditionnelle ascension du Mont Aiguille. Ce singulier rocher, telle une dent posée à avant-poste de la forteresse du Plateau du Vercors fait partie des 7 merveilles du Dauphiné. La légende raconte que des déesses chassées du mont Olympe seraient venues se réfugier sur ce promontoire encore rattaché à l’époque à la falaise orientale du Vercors. Mais elles durent un jour surprises dans leur plus simple appareil par un chasseur nommé Ibicus qui avait choisi d’aller dans ce royaume interdit. L'affaire provoqua le courroux de Jupiter : il lança alors ses foudres contre ces hauteurs profanées. L'incendie dévora entièrement la forêt, les rochers s'écroulèrent dans un grand fracas, et c’est ainsi que désormais le mont sacré se retrouve séparé du reste du Vercors tandis qu’Ibiscus, changé en bouquetin, condamné à errer jusqu'à la fin des siècles, continue d’hanter les lieux. *** Images externes non autorisées utilisez le bouton 'ajouter photos' ***
Si cette histoire, transmis de générations en générations, est encore connue des locaux, le Mont Aiguille doit surtout sa célébrité en tant que berceau de l’alpinisme. En effet, la première ascension de cette montagne autrefois baptisé Mont Inaccessible est considérée par beaucoup comme le début de la grande histoire de l’alpinisme : elle a eu lieu le 26 juin 1492. Antoine de Ville, seigneur venu des Vosges, partit sur ordre du roi de France d’alors Charles VIII en compagnie d’une vingtaine d’homme. C’est ainsi qu’il a gravi la falaise, à l’aide d’échelles mais aussi de gros pitons, des barreaux de fer plantés entre les rochers permettant de faire des points d’ancrages pour la corde servant d’assurage, une technique toujours utilisée aujourd’hui par les grimpeurs, le matériel s’étant bien sûr allégé.*** Images externes non autorisées utilisez le bouton 'ajouter photos' ***
Poursuivant mes pensées, je me rappelais aussi qu’il n’y a pas si longtemps, l’alpinisme avait même été inscrit au patrimoine immatériel de l’Humanité. Et dire que maintenant, cette pratique était totalement proscrite!
Le réveil sonne, c’est l’heure. Déjà les falaises sont baignées sont baignées de lumière. J’avale vite ces délicieux flocons d’avoine agrémentés de quelques fruits secs, je compacte l’ensemble de mes affaires dans mon sac et c’est partie pour une nouvelle journée ensoleillée.
Mon objectif est de rejoindre le plateau du Vercors où je pourrais me cacher plus facilement.
En effet, la réserve naturelle nationale des hauts plateaux du Vercors, créée en 1985 a une une superficie de 17 000 ha ! constituant ainsi la plus grande réserve naturelle terrestre de France métropolitaine. Pas de villages, on y trouve seulement quelques alpages au milieu de vastes forêts et de nombreuses étendues de lapiazs, ces roches calcaires curieusement creusées sous l’effet de la fonte de la neige. Le plateau est constitué de micro-reliefs qui peuvent rendre l’orientation hasardeuse, encore plus bien sûr en cas de mauvais temps, mais c’est aussi un sacré avantage si on ne veut pas se faire repérer.
Pour y accéder à cette saison depuis le Trièves, seuls quelques “Pas” aux chemins bien tracés permettent de franchir des ouvertures entre les falaises de la barrière Est, les autres étant trop engagés à cause de la neige restante et de leur raideur. Le plus proche de moi, le Pas des Bachassons, me semble trop enneigée encore d’autant qu’il oblige à monter jusqu’à 1900m d’altitude. Dommage, car au pied du Grand Veymont, point culminant du Vercors, il permet d’accéder facilement à la petite cabane de l’Aiguillette, 4 places et un ticket pour le sommet et ses bouquetins qui aiment tant y parader. Je me souviens quelle surprise, quand partis en pleine nuit de la cabane pour une chevauché de 24h, leurs formes s’étaient dévoilées tout à coup autour de nous dans la pénombre. Tout doucement la lumière arrivait et nous distinguions leurs longues cornes recourbées. A quelques mètres.
Je choisis donc de m’orienter plutôt vers le Pas de l’Aiguille, proposant un passage à 1600m d’altitude seulement. Mais pour l'atteindre, il me faut d’abord franchir le pied du Mont Aiguille : par l’ouest, le col de l’Aupet y passe tout prêt, c’est par là qu’on passe quand on va faire la traditionnelle ascension du Mont Aiguille. Ce singulier rocher, telle une dent posée à avant-poste de la forteresse du Plateau du Vercors fait partie des 7 merveilles du Dauphiné. La légende raconte que des déesses chassées du mont Olympe seraient venues se réfugier sur ce promontoire encore rattaché à l’époque à la falaise orientale du Vercors. Mais elles durent un jour surprises dans leur plus simple appareil par un chasseur nommé Ibicus qui avait choisi d’aller dans ce royaume interdit. L'affaire provoqua le courroux de Jupiter : il lança alors ses foudres contre ces hauteurs profanées. L'incendie dévora entièrement la forêt, les rochers s'écroulèrent dans un grand fracas, et c’est ainsi que désormais le mont sacré se retrouve séparé du reste du Vercors tandis qu’Ibiscus, changé en bouquetin, condamné à errer jusqu'à la fin des siècles, continue d’hanter les lieux. *** Images externes non autorisées utilisez le bouton 'ajouter photos' ***
Si cette histoire, transmis de générations en générations, est encore connue des locaux, le Mont Aiguille doit surtout sa célébrité en tant que berceau de l’alpinisme. En effet, la première ascension de cette montagne autrefois baptisé Mont Inaccessible est considérée par beaucoup comme le début de la grande histoire de l’alpinisme : elle a eu lieu le 26 juin 1492. Antoine de Ville, seigneur venu des Vosges, partit sur ordre du roi de France d’alors Charles VIII en compagnie d’une vingtaine d’homme. C’est ainsi qu’il a gravi la falaise, à l’aide d’échelles mais aussi de gros pitons, des barreaux de fer plantés entre les rochers permettant de faire des points d’ancrages pour la corde servant d’assurage, une technique toujours utilisée aujourd’hui par les grimpeurs, le matériel s’étant bien sûr allégé.*** Images externes non autorisées utilisez le bouton 'ajouter photos' ***
Poursuivant mes pensées, je me rappelais aussi qu’il n’y a pas si longtemps, l’alpinisme avait même été inscrit au patrimoine immatériel de l’Humanité. Et dire que maintenant, cette pratique était totalement proscrite!
*** Grand Tour ***
Passer par le Col de l’Aupet au pied de ce géant de pierre ne me rassurait pas trop. Surtout à cause de l’amorce de la redescente particulièrement raide et risquée avec la neige.
L’autre option était donc de contourner par l’Est pour en faire le tour. Mais il y a bien longtemps qu’on ne peut plus faire un simple tour du Mont Aiguille : les étroites sentes se sont effondrées à de nombreux endroits, phénomène sans doute amplifié par l’absence de tout arbre sur le Mont, favorisant donc l’érosion. En effet, on raconte que le dernier arbre aurait été abattu pour servir de feu de camp, pratique formellement interdit pourtant à l’époque, mettant fin à la présence des pins à crochet, une espèce pourtant particulièrement résistante. Il me fallait donc effectuer un grand tour par les Col des Pellas et de Papavet.
Pour m’y rendre, je descendis donc en direction de Gresse en Vercors. Ici ou là, on trouvait des cabanes de chasseurs, la seule pratique désormais autorisée en montagne. Heureusement ce jour là, personne.
Afin d’éviter de passer par les routes et le village, je remonte par des pistes oubliés au travers des bois de la montagne de Château Vert: après le franchissement du Rif Clar, je récupère un vague chemin non balisé. Un troupeau à proximité et puis j’aperçois un paysan en train de brûler les premiers arbres coupés récemment. Je contourne donc en montant en pleine pente, récupère une piste peu entretenue et me voilà au col des Deux. Les Deux Demoiselles semblent maintenant bien loin et coiffées d’un chapeau de nuages.
Passer par le Col de l’Aupet au pied de ce géant de pierre ne me rassurait pas trop. Surtout à cause de l’amorce de la redescente particulièrement raide et risquée avec la neige.
L’autre option était donc de contourner par l’Est pour en faire le tour. Mais il y a bien longtemps qu’on ne peut plus faire un simple tour du Mont Aiguille : les étroites sentes se sont effondrées à de nombreux endroits, phénomène sans doute amplifié par l’absence de tout arbre sur le Mont, favorisant donc l’érosion. En effet, on raconte que le dernier arbre aurait été abattu pour servir de feu de camp, pratique formellement interdit pourtant à l’époque, mettant fin à la présence des pins à crochet, une espèce pourtant particulièrement résistante. Il me fallait donc effectuer un grand tour par les Col des Pellas et de Papavet.
Pour m’y rendre, je descendis donc en direction de Gresse en Vercors. Ici ou là, on trouvait des cabanes de chasseurs, la seule pratique désormais autorisée en montagne. Heureusement ce jour là, personne.
Afin d’éviter de passer par les routes et le village, je remonte par des pistes oubliés au travers des bois de la montagne de Château Vert: après le franchissement du Rif Clar, je récupère un vague chemin non balisé. Un troupeau à proximité et puis j’aperçois un paysan en train de brûler les premiers arbres coupés récemment. Je contourne donc en montant en pleine pente, récupère une piste peu entretenue et me voilà au col des Deux. Les Deux Demoiselles semblent maintenant bien loin et coiffées d’un chapeau de nuages.
Je contourne le village par les remontées mécaniques elles aussi à l’arrêt. Il faut dire qu’avec un départ à une altitude de seulement 1200 mètres, les champs restent désormais verts une partie de l’hiver.
Après la fontaine du Clot qui coule encore bien, je franchis le col de l’Allimas. Une route y parvient aussi et c’est pourquoi je suis obligé de tracer hors sentier à travers les pins, pour rejoindre plus discrètement le petit ruisseau de Mouna non loin du hameau de la Bâtie. Malgré les nuages qui commençaient à charger, le soleil dominait toujours et me laissait espérer encore de bonnes heures pour marcher. Je fis une pause au ruisseau afin d’y faire ma toilette et ma lessive.
Après la fontaine du Clot qui coule encore bien, je franchis le col de l’Allimas. Une route y parvient aussi et c’est pourquoi je suis obligé de tracer hors sentier à travers les pins, pour rejoindre plus discrètement le petit ruisseau de Mouna non loin du hameau de la Bâtie. Malgré les nuages qui commençaient à charger, le soleil dominait toujours et me laissait espérer encore de bonnes heures pour marcher. Je fis une pause au ruisseau afin d’y faire ma toilette et ma lessive.
Il me fallait à présent remonter 250m, en passant par le hameau des Pellas. Ce hameau était presque désert fort heureusement, bien que je croisais quand même quelqu’un dans la dernière bâtisse. Il fallait en avoir envie de vivre ici, si isolé de tout. A ma vue, il me demanda si je ne n’avais besoin de rien et quel était mon chemin. Sur l’instant et pris par son amabilité, je lui dis mes plans et il m'encouragea dans mon périple, néanmoins, c’était peut-être fort imprudent car il aurait pu avertir les autorités de ma présence. La pente se raidissait fortement avant d’atteindre un premier col, puis je me trouvai vite au milieu d’un cimetière d’arbres. La crête avait été balafrée récemment et les troncs gisaient encore à même le sol. J’entendais même les tronçonneuses faire encore leurs sales besognes, sans trop savoir d’où ça venait. Autrefois, la forêt était considérée avant tout comme une richesse qu’il fallait préserver, aujourd’hui, on coupait et vendait le bois à tout va. Le démantèlement de l’Office National des Forêts au profit de multinationales privées avait sonné le glas de la sauvegarde de notre patrimoine forestier, pourtant indispensable pour jouer son rôle de réservoir de carbone. En effet, les plantes absorbent le CO2 de l'atmosphère, stockent une partie de ce carbone prélevée et rejettent de l'oxygène permettant de limiter la concentration de gaz à effet de serre dans notre atmosphère. Le carbone dans un arbre peut ainsi représenter jusqu’à 50% de son poids total. Ce spectacle était désolant.
Mais je n’y pouvais plus rien et il ne fallait pas traîner ici. Je rejoins vite le col de Papavet et j’entame la descente. Je contemple le profil changeant du Mont Aiguille qui désormais ressemble un peu plus à une aiguille.
Mais je n’y pouvais plus rien et il ne fallait pas traîner ici. Je rejoins vite le col de Papavet et j’entame la descente. Je contemple le profil changeant du Mont Aiguille qui désormais ressemble un peu plus à une aiguille.
Mais c’est alors que j’aperçois au niveau de la Chapelle de Trézanne une fourgonnette bleue qui fait demi-tour. Pas d’humains en vue, juste les quelques chevaux qui se trouvent toujours là. Je la laisse partir avant de poursuivre sur des pistes en forêt, offrant de belles fenêtres sur les imposantes falaises du Mont Aiguille. Je me souviens de ses quelques ascensions, et même un bivouac mouvementé avec des compagnons d’infortunes. Le vent avait soufflé toute la nuit dans la bâche nous servant d’abri. Mais quelle beauté indescriptible ces rayons de soleil au réveil…
*** Gai Soleil ***
Je me rapproche de la Richardière. Ce hameau ou plutôt cette auberge du Gai Soleil qui permettait d’arroser comme il se doit les fins de journée passées en montagne. Désormais, l’auberge était fermée, l’accueil des clients n’était plus possible et de toute façon, s’il en était autrement, personne n’irait tant le risque était grand de se réunir. Alors que j’allais arriver à hauteur de l’auberge, je n’eu que le temps de me jeter contre le mur pour m’éloigner de la route, à la vue de la même fourgonnette bleue déjà aperçue auparavant. Lucas avait dit vrai, la surveillance s’était donc intensifiée.
Il me fallait pourtant trouver un moyen de passer, alors que l’accès paraissait bien gardé.
Heureusement, j’avais maintes fois repéré le ruisseau du Pas de l’Aiguille, lors d'entraînement en orientation. Son lit a la particularité d’être bien souvent à sec et la sécheresse du moment allait être mon alliée. Plutôt que de prendre la route, je choisis donc de m'engouffrer dans son dédale de cailloux. Après 3 kilomètres, je me trouvais à l'embranchement avec le ruisseau des Marionnents, descendant depuis la falaise de Chevalière. La pénombre s’établissait et je me sentais plus en sécurité d’autant que j’étais désormais assez éloigné de la route. Je décidais donc de quitter le lit de la rivière qui se raidissait pour rejoindre la forêt menant au Pas de l’Aiguille. Depuis un promontoire, j’aperçu les phares de la fourgonnette, au niveau du parking des Fourchaux. Un cycliste s’y trouvait également… mais pas pour longtemps, car je le vis embarqué sans ménagement. Les phares s’éloignèrent dans la nuit. Les étoiles déjà tapissaient la voute céleste.
Il me restait encore 200m à gravir par la sente désormais recouverte de neige. J’atteignis la croix puis le pas et son saisissant monument aux morts où repose les corps de huit hommes morts le 22 juillet 1944. Ce mémorial en pierre taillé est encadré d’une grande croix de lorraine.
Durant une féroce bataille, des résistants se sont réfugiés dans une grotte à proximité durant plus de 30 heures. La tentative de s’enfuir en pleine nuit en contrebas de la pente fit de nombreux morts.
Une pancarte dans la grotte appelle à leur mémoire :
"Passant découvre toi. Ici les 22, 23, 24 juillet 1944, 25 volontaires du maquis Vercors-Trièves, cernés de tous côtés par un ennemi très supérieur en nombre, ont tenu et lutté pendant 30 heures avec la mort pour seule issue. 7 sont tombés, 18 survivants miraculeusement réchappés mais presques tous blessés, ont continué la lutte pour la libération du Trièves et de la France".
*** Chaumailloux***
La bergerie de Chaumailloux était bien fermée à double tours, puis quelques mètres encore d’efforts dans la nuit faiblement éclairée par la lune. La cabane octogonale du Chaumailloux se tenait enfin devant moi. Mais quelle ne fut pas ma surprise d'apercevoir un filet de fumée s’en échapper...
Etait-il possible que d’autres avant moi soient venus se réfugier sur le plateau ? Pas de lumière, je décide tout de même de me faufiler dans la cabane. J’ouvre discrètement la porte.
La cabane semblait totalement vide malgré le poêle encore tiède. Rien. Pas d’affaires, pas d’humain.
Je me jette épuisé sur les bacs flancs, tout juste je prends le temps de sortir mon duvet.
Je me rapproche de la Richardière. Ce hameau ou plutôt cette auberge du Gai Soleil qui permettait d’arroser comme il se doit les fins de journée passées en montagne. Désormais, l’auberge était fermée, l’accueil des clients n’était plus possible et de toute façon, s’il en était autrement, personne n’irait tant le risque était grand de se réunir. Alors que j’allais arriver à hauteur de l’auberge, je n’eu que le temps de me jeter contre le mur pour m’éloigner de la route, à la vue de la même fourgonnette bleue déjà aperçue auparavant. Lucas avait dit vrai, la surveillance s’était donc intensifiée.
Il me fallait pourtant trouver un moyen de passer, alors que l’accès paraissait bien gardé.
Heureusement, j’avais maintes fois repéré le ruisseau du Pas de l’Aiguille, lors d'entraînement en orientation. Son lit a la particularité d’être bien souvent à sec et la sécheresse du moment allait être mon alliée. Plutôt que de prendre la route, je choisis donc de m'engouffrer dans son dédale de cailloux. Après 3 kilomètres, je me trouvais à l'embranchement avec le ruisseau des Marionnents, descendant depuis la falaise de Chevalière. La pénombre s’établissait et je me sentais plus en sécurité d’autant que j’étais désormais assez éloigné de la route. Je décidais donc de quitter le lit de la rivière qui se raidissait pour rejoindre la forêt menant au Pas de l’Aiguille. Depuis un promontoire, j’aperçu les phares de la fourgonnette, au niveau du parking des Fourchaux. Un cycliste s’y trouvait également… mais pas pour longtemps, car je le vis embarqué sans ménagement. Les phares s’éloignèrent dans la nuit. Les étoiles déjà tapissaient la voute céleste.
Il me restait encore 200m à gravir par la sente désormais recouverte de neige. J’atteignis la croix puis le pas et son saisissant monument aux morts où repose les corps de huit hommes morts le 22 juillet 1944. Ce mémorial en pierre taillé est encadré d’une grande croix de lorraine.
Durant une féroce bataille, des résistants se sont réfugiés dans une grotte à proximité durant plus de 30 heures. La tentative de s’enfuir en pleine nuit en contrebas de la pente fit de nombreux morts.
Une pancarte dans la grotte appelle à leur mémoire :
"Passant découvre toi. Ici les 22, 23, 24 juillet 1944, 25 volontaires du maquis Vercors-Trièves, cernés de tous côtés par un ennemi très supérieur en nombre, ont tenu et lutté pendant 30 heures avec la mort pour seule issue. 7 sont tombés, 18 survivants miraculeusement réchappés mais presques tous blessés, ont continué la lutte pour la libération du Trièves et de la France".
*** Chaumailloux***
La bergerie de Chaumailloux était bien fermée à double tours, puis quelques mètres encore d’efforts dans la nuit faiblement éclairée par la lune. La cabane octogonale du Chaumailloux se tenait enfin devant moi. Mais quelle ne fut pas ma surprise d'apercevoir un filet de fumée s’en échapper...
Etait-il possible que d’autres avant moi soient venus se réfugier sur le plateau ? Pas de lumière, je décide tout de même de me faufiler dans la cabane. J’ouvre discrètement la porte.
La cabane semblait totalement vide malgré le poêle encore tiède. Rien. Pas d’affaires, pas d’humain.
Je me jette épuisé sur les bacs flancs, tout juste je prends le temps de sortir mon duvet.