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Journal de cavale : La Grande Traversée du confinement

(done)
Récit d'une traversée du Vercors originale
tekking/hiking / aquatic hiking packraft trail MTB travel bike caving
When : 3/17/20
Length : 30 days
Total distance : 101km
Height difference : +5862m / -4419m
Alti min/max : 218m/1925m
Guidebook created by Vinc1 on 16 Apr 2021
updated on 13 Apr
Eco travel
du pas de la porte au pas de la porte
Possible with bus
Details : Départ au col de Comboire (Mahivert) en accès vélo depuis Grenoble (possible en bus aussi)
491 reader(s) -
Global view

Guidebook : Jour 6 (updated : 13 Apr)

Section distance : 15.3km
Height difference for this section : +733m / -670m
Section Alti min/max : 1441m/1925m

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Report : Jour 6 (updated : 13 Apr)

Nouvelles du front - Jour 6

*** Maître Renard ***


Les braises étaient désormais éteintes. Réveillé autour d’un bon thé, je parcourais le livre d’or, il finissait avec ces quelques mots :
“Depuis le lever du jour, j’entends le bruit des hélicoptères. Depuis ma fenêtre, j’ai aperçu les bouquetins affolés détaler. Je ne sais pas trop quand je pourrais tenter une sortie. Peut-être demain ou dans la nuit” 
Pas de date de précisée...
Par la fenêtre, tout paraissait pour l’heure si paisible…

J’eus même l’impression d'apercevoir le renard, dont les récits des aventuriers du plateau relatent régulièrement sa présence et parfois son impertinence. On raconte que ce fameux renard est plutôt farceur et s’amuse parfois à subtiliser les affaires des bivouaqueurs peu méfiants… moi-même, je me rappelle cette nuit dégagée où content de m’endormir sous les étoiles juste au devant de la cabane, j’avais prévu ma goretex comme oreiller. Il n’a pas fallu longtemps pour que le maître des lieux tente de me la récupérer, en me la tirant par la manche, heureusement, le sommeil léger, j’avais promptement réagi mais ce n’est qu’après l’avoir éclairé au plus fort avec ma frontale qu’il avait consenti à me laisser en paix.


Jour 6
Je jetais un oeil dans mes provisions : en me rationnant un peu, il me restait de quoi tenir encore 4 jours environ. Je devais donc trouver un moyen de me ravitailler pour la suite, la plus proche épicerie étant à 3 jours minimum à pied. Par chance, la météo annonçait encore quelques belles journées de répit avant la pluie annoncée.
Devais-je aller plutôt vers le sud, en direction de Lus la Croix Haute, vers l’ouest pour rejoindre le  Diois ou partir vers le nord ?

Le village de Lus La Croix-Haute avait été déserté suite à la fermeture de sa gare. Le seul train qui permettait de desservir les Alpes du Sud avait subi une lente agonie jusqu’à son arrêt définitif ; malgré la mobilisation de longue allène de ses habitants, l’entreprise privée qui l’exploitait avait eu encore une fois le dernier mot  face aux citoyens.

Avant de partir, la rumeur affirmait que le village démocratique de Saillans, situé juste à côté de Die, était encore debout et gouverné par ses habitants. Son influence s’était amplifiée depuis des élections qui avaient conduit à élire une équipe collégiale qui donnait les pleins pouvoirs aux habitants pour proposer et prendre leurs décisions. Inédit dans notre dictature où désormais chaque commune était à la solde des préfets désignés par le pouvoir et où les régions avaient déployées leurs dispositifs de surveillances. Les caméras et bientôt des drones pouvaient suffire à nous faire condamner. Il faut remonter à l’époque de la Grèce antique pour retrouver une telle démocratie.
Si ce lieu pouvait encore constituer un refuge, cela me semblait une bonne option à envisager… 
Bien que ce n’était pas le plus près, je décidais donc d’y mettre le cap :
Le Col du Rousset aurait pu être un accès facile pour rejoindre le Diois mais justement sans doute un peu trop facile car une des principales routes d’accès au plateau du Vercors y passait, sans nul doute elle serait surveillée… c’est pourquoi il me semblait préférable de quitter le plateau et rejoindre Saillans par des chemins secondaires.
Je me dirigeais donc d’abord vers le vallon de Combeau. De nuit, je partis pour la montée pour le Tête Chevalière , sublime belvédère sur le Mont Aiguille, frappés à mon arrivée par les premiers rayons du soleil qui éclairairent sa falaise d’un orange intense. Un peu plus loin, je retrouvais les failles de la falaise de Chamousset dont les scientifiques scrutaient l’effondrement : ils étudiaient à l’aide de capteur sonores les vibrations des roches pour tenter de déterminer quand les pans de falaises basculeraient dans le vide. La principale faille s’était déjà fortement élargie depuis mon dernier passage.
En regardant au loin vers le sud, je percevais soudain des tâches sombres qui semblaient se rapprocher de moi… Un peu gros pour une harde de chamois… je jetais un coup d’oeil à mes jumelles et je constatais qu’il s’agissait en fait de chevaux… En observant plus précisément, je pus voir qu’ils étaient montés par des gardes de la réserve et que les différents accès au vallon étaient verrouillés par leurs nombreuses équipes disposées ça et là.
Je dû donc obliquer plus à l’Est vers la montagne du Glandasse : ma carte indiquait une sente passant par les ruines des jasses de Chamousset, de l’Echelle et des Fourmies mais sur le terrain, on avait bien du mal à trouver la trace… En déviant légèrement de ma trajectoire, je finis par tomber sur la fontaine pourrie ! J’en profitais alors pour me ravitailler en eau. Sur cette partie sud du plateau la douceur avait fait fondre le peu de neige qui restait après un nouvel hiver où les précipitations neigeuses avaient été bien faibles. Je retrouvais alors une trace menant à l’ancienne Jasse du Jardin du Roy, la bergerie à proximité étant malheureusement fermée à double tour. Il me fallait donc poursuivre pour trouver un abri… si possible avant la nuit.
Après avoir croisé un petit gouffre, je retrouvais assez vite des sentiers bien marqués au lieu dit du carrefour des 4 chemins d’Aubaise. Ici, le GR93 redescendait sur le Cirque d’Archiane. Ce vaste cirque qui accueille encore un petit hameau de quelques maisons et un gite est réputé et apprécié pour ses falaises : pour les grimpeurs bien sûr mais aussi pour la cinquante de vautours qui y niche chaque année. Non loin de là se trouvait la vire de Sombardou, un secteur délicat à arpenter, et dans lequel des spéléologues ont retrouvé au fond d’une petite grotte des ossements d’ours et de nombreux autres animaux qui avaient dû s’y égarer. 
D’autres ours ont été retrouvé dans le Vercors dans différentes cavités, notamment plus au nord à Corrençon en Vercors.
L’ours, bien présent dans les Alpes jusqu’au 18ème siècle a été déclaré "nuisible” en 1844
“les ours pourront être détruits partout, en tout temps et par tous moyens et en tous lieux...". 
Jusqu’au début du 19ème siècle, de nombreuses battues sont organisées ce qui va conduire à la disparition de l’espèce déjà menacée par le morcellement de ses territoires de vie grignottés par l’expansion des habitats humains. Le dernier ours à avoir été aperçu en vie se trouvait du côté de Saint Martin en Vercors en 1937.
N’ayant pas dans l’idée de finir comme eux, je préférais passer mon chemin et privilégier une autre option !

En prenant le GR93 vers le nord, j’allais pouvoir rejoindre la plaine du Roi et la Cabane de St Roman. Ce n’est pas la cabane qui fait la plus rêvée car malgré ses dimensions imposantes, le bâtiment est ouvert aux quatre vents  !  En arrivant, je constate en plus que la moitié de la cabane est désormais à terre et le plancher suspendu n’inspire pas vraiment confiance… Dormir dehors ? Les températures se sont bien rafraîchies et le vent s’est levé… alors je préfère quand même m’installer dans un coin de la bâtisse encore debout qui me semble plus sûr.

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