Sea trekking dans les eaux corses

Après avoir testé notre matériel de l'autre côté du cap corse entre la bais de Misincu et la baie de Morteda, nous prenons la mer après une première nuit en camping. De retour après le dîner (nous nous offrirons un restaurant délicieux, histoire de prendre des forces avant cette randonnée en autonomie. Randonnée ne veut pas dire isolement et diète), nous découvrons une famille entière de sangliers en train de fouiller autour de notre tente. Immédiatement, la petite famille détale dès notre arrivée. Pas de dégâts dans nos modestes vivres, mais nous déplaçons le sac contenant la nourriture dans notre tente. Après une excellente nuit sous la tente, nous plions notre matériel, nous chargeons les sacs étanches sur nos bouées, et commençons à palmer sous un ciel bleu azur et une mer très calme.

Après avoir passé un premier îlot isolé en sortie de baie, nous taillons notre route avec sous nos palmes une vie foisonnante. L'endroit est en effet relativement isolé, peu accessible (plus de sentiers, bien que les rares traces aient plus à voir avec des progressions dignes de bouquetins). Nous verrons ainsi des mérous, corbs, cigales de mer, murènes, bancs gigantesques de mulets. Cette partie reste l'une des plus belles en terme d'observation de la vie aquatique sur l'ensemble du parcours. Les falaises environnantes, le maquis accroché à flanc d'une montagne abrupte, le silence total sont autant d'éléments qui nous confirment l'adéquation de notre choix de progression et d'aventure. Se nourrir d'une beauté brute, à couper le souffle, s'immerger pour voir la vie côtière puis la rejoindre à souhait selon nos envies, notre niveau d'énergie, notre humeur du moment.

Justement, après ces quelques heures passées à palmer, nous choisissons d'accoster pour nous restaurer et recharger les batteries avec quelques produits du pays. Pour ne pas déroger à la règle, un peu de saucisse corse du village nous permet de refaire le plein en énergie. Une courte sieste (trouver de l'ombre reste compliqué lorsque l'on voit la topographie de la cote, plus particulièrement au niveau de la mer. Toutefois, les rochers offrent toujours une solution pour qui sait être inventif. Nous repartons et apèrs une petite heure de palmage, nous sentons qu'autour de nous, les éléments se sont un peu agités. Une petite joule s'est en effet formée, et ma compagne s'inquiète un peu de l'évolution de la situation. Afin de ne pas prendre de risque (nous prendrons bien évidemment la météo tous les jours, et vu la relative précarité d'un randonneur palmé, nous veillerons à bénéficier d'un régime et d'une fenetre météo fiable et tranquille sur plusieurs jours pour réduire au maximum l'inconfort potentiel de navigation), nous choisissons de progresser un peu plus énergiquement, notre bivouac du soir ne se situant plus qu'à quelques kimomètres.

Arrivé en milieu d'après midi à la marine de Scalu, nous en profitons pour aller saluer quelques connaissances dans ce magnifique lieu si prisé pour sa beauté et son calme. Nous profitons de la rencontre avec des exploitants agricoles locaux qui nous parlent avec passion de leur métier, de leurs contraintes et surtout avec un amour profond de leur territoire. Nous nous installons dans une crique totalement isolée au pied d'une tour génoise. La tente montée, nous allumons notre réchaud et profitons d'instants magiques au coucher du soleil, également d'un repos bien mérité après 7kms de nage palmée, et de plusieurs heures dans l'eau.

En conclusion, cette première journée officielle de notre périple remplit toutes nos attentes : isolement, progression à notre rythme, puis rencontres, contacts, conversations pleine de chaleur, paysages à couper le souffle. Tout est réuni pour faire de cette banale randonnée aquatique une expression vivante de nos rêves.